Tungs10 – The lost manuscript

Le 28 novembre 2019 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Madeleine : chant Pierre-Yves : guitare Cédric : guitare/chant Charles : batterie Sébastien : basse

Style:

Metal Industriel

Date de sortie:

1er mai 2019

Label:

Wprod

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

« Love the machine, hate the factory. » Devise Steampunk

Pour moi, aujourd’hui, c’est un petit souvenir du Hellfest que je me remémore. Premier jour d’arrivée, après une nuit à rouler entre Grenoble et Clisson, une petite sieste pour tenir jusqu’au soir et attendre ma camarade bien-aimée BloodyBarbie avec mon docteur ès-chronique Metalfreak, et nous voilà partis pour le Off. Donc, pour ceux qui ne connaissent pas, le Off c’est une version plus « fête de la musique » du Hellfest, avec ses deux remorques de poids-lourds qui servent de scène et l’enchaînement clinique des groupes. La fosse, c’est le parking du Leclerc de Clisson ! Présenté ainsi, c’est vrai que c’est difficile de se dire que c’est une journée sérieuse en quelque sorte, mais en fait ça l’est complètement ! Puisqu’il y a des stands de labels, etc. Et aussi, je ne m’attendais pas du tout à découvrir des groupes, et ce fut le cas. Avec notamment celui que j’ai choisi pour chronique et qui présente un univers assez singulier : Tungs10.

Tungs10 01

Tungs10 nous vient tout droit du beau pays de Breizh et plus précisément de Morlaix. Se présentant comme un groupe de metal mélodique à chanteuse, il existe depuis l’été 2015 et a depuis sorti deux albums : Season One et donc The Lost Manuscript que je vais chroniquer ce jour. Niveau concert, on a peu de traces d’exportation en dehors de la Bretagne mais avec deux CDs, il me paraît certain que le groupe va jouer ailleurs que dans leur pays et Clisson ! Autre point intéressant : le groupe est dans une mouvance artistique que l’on voit peu dans le metal, ou du moins sans être pleinement assumé : le steampunk. De fait, le nom du groupe est une transcription de l’élément chimique « Tungstène » que l’on retrouve principalement dans des composants électroniques par exemple. Une référence directe à l’univers steampunk qui se situe dans un mélange de l’époque industrielle, de l’époque victorienne que j’adore, et d’une espèce de volonté uchronique, c’est-à-dire de réécrire l’Histoire pour donner un monde apocalyptique, voire futuriste.

La présentation de leur style musical me semblait assez vague et, effectivement, l’étude de leur artwork ne me donnera pas d’indication particulière. En revanche, ce dernier est très agréable à regarder, très joliment élaboré ! On peut voir une sorte de grimoire posé sur une table en bois, avec une main qui s’apprête à l’ouvrir ou le saisir, et quelques outils de chirurgie sont disposés autour. Le logo du groupe apparaît en brillant bleu au milieu de la couverture du livre et semble dégager une forme de pouvoir surnaturel, ou d’aura. Bon, si je dois admettre que le design suit le titre de l’album, cette présence d’outils chirurgicaux me questionne : est-ce hors sujet? Ou y-a-t-il un sens caché qui m’échappe ? Peut-être le propriétaire de cette main calleuse voudra le disséquer comme une grenouille en classe de troisième ? Bon ok… Je chipote un peu. Cet artwork est superbe et donne envie d’écouter l’album, c’est donc bien qu’il remplit son rôle !

Vous aussi, vous avez ressenti le suspense de savoir quelle musique propose le groupe ? N’attendez plus, ô lecteurs avisés ! Tungs10, selon mon propre avis, propose surtout du metal industriel avec effectivement quelques riffs par-ci par là mélodiques. En réalité, il me semble un peu présomptueux de dire que Tungs10 produit du metal mélodique. Certes, les samples utilisés sont excellents et d’une qualité indéniable et répondent surtout à l’interrogation du terme « mélodique ». Mais niveau metal, on est majoritairement sur des riffs qui accompagnent rythmiquement les samples et le chant féminin, ce qui, en conclusion, s’apparente de beaucoup plus près au metal industriel. Rien que le début de l’album et le morceau « This Morning of November » et son introduction électro aux accents apocalyptiques sonne rigoureusement indus. Ce sera d’ailleurs l’un de mes favoris avec « The Awakening » et « The Machine Behind » qui fait directement écho à la pensée steampunk par son titre.

La composition des morceaux me semble tout aussi harmonieuse, chacun jouit d’une structure bien travaillée et cohérente et, surtout, chacun a son récit qui lui est propre. Ce que j’aime c’est qu’aucun des morceaux du CD ne se ressemble mais parvient tout de même à trouver un lien entre eux indissociable qui construit un album. C’est largement le cas ici, et l’album s’écoute d’un jet sans peine aucune.
Le point fort de cet album est son concept et donc son cheminement qui fait penser à un conte. Je suis friand des albums qui cherchent à partir d’un incipit jusqu’à l’excipit en basant un univers bien précis, émaillé de péripéties et partant d’un élément perturbateur (petit cours de français de 1ère L bonjour). Ici, outre une ambiance très post-apocalyptique, on a surtout une référence directe à un âge industriel qui conduisit l’Homme vers sa perte. Cela, c’était pour le tableau idéal!
Du reste, c’est un peu plus complexe que cela. J’ai lu les textes et outre la qualité d’écriture et de rythme dans les morceaux, il y a surtout une énorme part de mystère. Je pensais tomber sur une chronologie bien précise, et je me surprends à ne pas comprendre le sens des morceaux. Très chiadé, trop peut-être. Alors, je demeure circonspect : y-a-t-il vraiment un concept derrière ? Naïvement – mais avec moi, on commence à avoir l’habitude -, je pensais qu’oui. Du coup, je reste sur ma faim…

Il y a un gros travail qui a été fait en studio en tout cas, et la qualité du son est tout à point au rendez-vous. Je suis même très étonné de voir qu’aucun instrument ne prend la place des autres, et vice versa. Un mixage comme tel, cela fait du bien parce qu’on est toujours en train, quand on étudie la chose, de trouver qu’untel instrument est trop en retrait, et que l’autre est trop en avant, etc. Là, tout est niquel! Bien placé, bien carré, du très bon son qui dénote avec celui que j’avais découvert en live, où la façade ne rendait pas honneur au groupe. Du coup, il y a même une sorte d’atmosphère qui fait… planer. Je ne sais pas si le mot est juste, mais on s’imagine sans peine un scénario de film catastrophe avec cette musique en bande-son. Une musique propice à développer l’imagination est forcément une musique qui remplit son rôle! Bravo en ce cas précis! Je veux pour exemple le morceau No Guilt No Regrets qui est vraiment dans cette mouvance de transport émotionnel.

Par contre, et là c’est une énorme révolution ! J’adore le chant de Madeleine ! Je le trouve bien sûr très juste techniquement, beaucoup de travail a été accompli pour en arriver là c’est une évidence. Mais surtout, il est rempli à ras-bord d’émotions et j’adore cette douceur dans le chant qui dénote complètement avec la musique agressive. Il fallait oser mélanger les deux, et le résultat est vraiment génial! Je ne m’attendais pas du tout à une telle douceur, un chant aussi posé mais aussi débordant de peine et de tristesse… Il m’a pris aux tripes et certains des morceaux ont tourné en boucle dans ma tête des fois uniquement grâce au chant féminin. Alors, autant en live il manquait un peu de présence, autant sur CD c’est bluffant!
Je serai cependant un peu plus sceptique sur l’utilisation du chant masculin. Pour faire court, et après je développerai : je ne le trouve pas approprié du tout. Déjà, le scream utilisé ici n’est pas mon préféré. Bon, ce n’est pas un facteur péremptoire du tout, mais si l’on superpose les parties metal et le scream, on s’aperçoit qu’ils ne collent pas ensemble. En plus, il est saupoudré si je puis dire : une pincée par ici, un soupçon par là. On a du mal à lui donner de l’importance alors que s’il est là, on pourrait penser que ce n’est pas pour faire plaisir au guitariste qui aime chanter occasionnellement, ni pour faire joli en quelque sorte. Alors, réellement, je m’interroge : pourquoi mettre ce chant? Et la question se pose d’autant plus qu’il varie, passant tantôt du scream au growl, tantôt au chuchotement. Je ne comprends pas du tout pourquoi Tungs10 a voulu mettre ce chant là… Inutile de dire que je ressors de l’écoute très partagé, pour ne pas dire déçu.

A la rigueur, j’aurais préféré avoir du chant masculin clair comme sur les morceaux « No Guilt No Regrets » ou « Wandering Around the World » !

Alors, vous me direz : qu’est-ce que l’on peut conclure sur Tungs10 ? Que c’est un très bon groupe, qui fut une de mes surprises en concert malgré le son médiocre, et que cette bonne disposition s’est confirmée à l’écoute du CD. Deuxième album de très bonne composition qui semble être la confirmation d’une base solide pour les bretons. Tout n’est pas parfait, comme souvent, mais rien de définitivement irrévocable n’est à relever ici. Toutefois, il me tarde de comprendre pourquoi ce groupe n’a que très peu franchi les frontières de sa Brittanie, parce que, en dehors du fait qu’ils soient endorsés par un label important en France, ce manque d’ouverture extérieure me questionne beaucoup. Est-ce un souci de réception musicale ? Est-ce que les défauts pointés du doigt ici sont à ce point dérangeants ? Pour moi, absolument pas. Alors, mesdames et messieurs, si vous voulez me faire plaisir et leur rendre honneur, allez les écouter et devenez leur public hexagonal pour qu’ils puissent enfin amener leur apocalypse industriel chez vous ! Que le steampunk soit avec vous les ami(e)s !

Tracklist :

01. This Morning Of November
02. How Do I Feel
03. Wandering Around The World
04. The Lost Manuscript
05. In The Fire
06. Let Me Leave
07. The Machine Behind
08. No Guilt No Regrets
09. Theyre Coming
10. The Awakening
11. The Flame Is Fading Away

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