by Metalfreak | Nov 7, 2025 | Chrocorico Soil, Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Impossible de partir de rien ; pour créer il faut d’abord détruire ce qui est, puis bâtir avec des débris. » Jean-Yves Soucy
Cette société sent le chaos à plein nez, et jamais je n’ai trouvé autant de sens dans le caractère nihiliste de la musique black metal. Et j’irais même jusqu’à croire que nous sommes proches de toucher du doigt l’anomie. Emile Durkheim a dit cette chose qui peut surprendre par son caractère actuel : « Si l’anomie est un mal, c’est avant tout parce que la société en souffre, ne pouvant se passer, pour vivre, de cohésion et de régularité. Une réglementation morale ou juridique exprime donc essentiellement des besoins sociaux que la société seule peut connaître. » Vous n’avez pas l’impression que nous sommes en plein dedans ? Le Larousse définit l’anomie comme une « désorganisation sociale résultant de l’absence de normes communes dans une société. » Il est vrai qu’aujourd’hui, le clivage politique n’a manifestement jamais été aussi flagrant. Et pourtant, notre président voulait faire le contraire : rompre ce clivage. Il aura réussi l’exploit de faire l’exact contraire de ce qu’il promettait. Bien joué ! Jamais les idées n’auront autant essayé de bafouer les autres. La musique ne déroge pas à la règle et encore moins le metal. Certains styles sont aujourd’hui attaqués par la bien-pensance qui tente d’imposer ces propres idées. Pourquoi certaines seraient plus intéressantes au point de prendre le dessus sur les autres ? Qu’il y ait une dimension dérangeante et volontairement provocatrice, je crois que dans la musique metal – je dis bien metal et non les genres précis – cela a toujours existé, y compris cette marginalisation. La musique metal, de nos jours, devient un style de moins en moins underground pour avoir une place plus importante dans la sphère grand public. Volontairement ou pas, certains groupes de metal extrême, qui il y a encore une certaine époque seraient restés dans les tréfonds de l’underground, se voient propulsés sur des rangs supérieurs et avec une visibilité accrue, conférant au metal, style nihiliste et provocateur par essence, une place qui n’est pas forcément la sienne au regard des années anciennes. Alors, je sais ce que vous allez dire : les puristes nous emmerdent, etc. A titre personnel, je ne suis ni pour ni contre (bien au contraire comme dirait l’autre). On peut accepter comme refuser cette hégémonie du metal, cela ne me pose aucun souci. Je trouve autant mon compte dans des groupes mainstreams que dans des groupes underground, et je pense être la preuve vivante que c’est possible. Maintenant, est-ce que pour autant, l’un doit prendre le pas sur l’autre ? Ne peut-on pas tout simplement accepter que l’on se retrouve dans un code commun : le metal ? Enfin… Moi cela m’interroge. Cette orientation que prend la société, chaotiquement parlant, cela m’inspire des choses pas très joyeuses. Merci donc au prochain groupe de m’avoir inspiré cette introduction qui n’intéressera surement pas grand monde, mais qui aura au moins le mérite de planter un décor. En release du jour, voici Malepeste et son prochain album nommé « Ex Nihilo« , qui aura donc produit cette introduction.
« Ex Nihilo » signifiant en latin « à partir de rien ». Concernant Malepeste, c’est l’histoire d’une très bonne surprise ! Je connais la formation lyonnaise, qui a posé ses premières bases en 2010 (excusez du peu !), depuis le premier album nommé « Dereliction« . Je suivais la formation jusqu’à ce qu’elle tombe dans les limbes de l’inaction en 2018 avec un split nommé « Ce qui fut, Ce qui est, Ce qui sera » avec Dysylumn. Mon grand regret avait été de ne pas les voir en concert, malgré le fait inexcusable que j’habitais en banlieue lyonnaise pendant six ans. Et puis, le Dark Medieval Fest 2025 est arrivé et Malepeste avait été annoncé sur l’affiche. Grand bonheur pour moi et grosse claque du festival ! Et j’ai su que le groupe serait signé chez Les Acteurs de l’Ombre Productions et que je serai amené à les faire en chronique. Voilà donc pourquoi je suis content de vous parler de « Ex Nihilo » qui constitue donc le troisième album du groupe, avec au compteur aussi deux splits et une démo. Enfer et damnation se transforment alors en paradis et bénédiction !
Et franchement, la première découverte m’a d’ores et déjà conquis. La pochette, signée par le bassiste du groupe Nostra, est absolument magnifique. On y voit ce qui ressemble à la personnification du renouveau, dont on serait tenté d’imaginer que le groupe a représenté, c’est une hypothèse, la théorie du Big-Bang, cette immense explosion d’où serait né l’Univers. Cela reste une théorie, découlant de celle de la relativité générale d’Einstein, mais il est vrai que cette explosion serait une représentation du Chaos assez intéressante. D’ailleurs, dans la mythologie grecque, Chaos est une entité primordiale d’où serait né l’Univers, et donc des Dieux. Difficile en l’état de ne pas penser à cette mythologie en découvrant ce personnage masculin qui ressemble aux iconographies antiques et qui tient dans sa main gauche une sphère lumineuse qui fait penser fortement au Soleil et donc, à la lumière d’un point de vue physique, mais aussi philosophique. Je suis marqué par l’air triste du personnage qui dénote avec le côté lumineux de cette renaissance et qui me fait penser que Malepeste a voulu peut-être donner une dimension dramatique à cette dite renaissance. En tout cas, j’adore le choix des couleurs. Le digipack est splendide avec ce bleuc indiscutablement penser à un trou noir. Le trou noir emprisonnant toute matière qui passe à sa portée, cela pourrait donc être une belle allégorie de la destruction. Bref ! Une pochette extrêmement intelligente, reprenant le concept que le titre de l’album « Ex Nihilo » reprend et conduisant à la fin de l’écoute, vers la destruction et donc la renaissance qui en découle, etc. C’est juste tout ce que je recherche dans un groupe et a fortiori dans une pochette. En plus de cela, vous ajoutez que le design est absolument superbe et vous avez déjà validé l’album. En attendant la musique, évidemment ! Mais assurément, Malepeste a signé LA plus belle pochette qui m’a été donné de chroniquer en 2025. Tout simplement exceptionnelle ! Dommage qu’encore une fois, la qualité du digipack est médiocre et trop sombre pour que l’on voit bien le design… Ce n’est pas faute de l’avoir signalé mais bon…
Vous le sentiez probablement en lisant la présentation du groupe que la musique me plairait forcément. Je ne vais donc pas vous étonner en disant que la musique de Malepeste sur « Ex Nihilo » m’a pleinement convaincu. Je retrouve l’ingrédient qui fait la particularité et la singularité de ce projet, que l’on peut aussi retrouver dans Grande Loge qui est l’autre projet regroupant les protagonistes : le côté spirituel, limite ésotérique. Le black metal ici est très accompagné d’une dimension mystique, avec une musique certes incisive et froide, qui est la condition stricto sensu pour définir ce style, mais avec un univers artistique véritablement spirituel, avec un chant caractéristique, sur lequel nous reviendrons plus bas, mais aussi des riffs guitares et des accompagnements en fond qui rajoutent un côté céleste, divin et très thaumaturgique si j’ose dire. Il y a aussi cette variabilité rythmique qui font qu’on ne s’ennuie jamais à l’écoute, le tout jonglant suffisamment habilement pour ne pas perdre l’auditeur ni pour l’endormir. J’ai vu passer des comparaisons avec des groupes estampillés black metal mélodique comme Uada, Mgła ou Groza. En vérité, cela n’a strictement rien à voir et les personnes ayant osé cette comparaison n’ont manifestement rien compris, et je le dis sans gêne aucune. Il faut, en fin de compte, aller au-delà de la simple écoute primaire, il faut se laisser porter par la musique de Malepeste qui recèle un fort appel à la spiritualité, à quelque chose de pas forcément très cathartique selon moi, mais plus « religieux » dans le sens où la musique fonctionne assurément – et je l’ai vérifié en concert – comme un égrégore, avec cette facilité déconcertante à influencer les auditeurs. On n’est donc pas sur un black metal mélodique au sens musical du terme, mais plutôt un black metal occulte par exemple, avec un vrai appel à ce qu’il y a de plus sombre en nous et ce que l’univers conserve de plus insondable et plus effrayant. Sur la musique en elle-même, il serait donc surprenant que je ne trouve pas les compositions bien faites, harmonieuses, pas trop longues ni trop courtes, le tout étant sur un juste milieu efficace et raisonnable, techniquement très bon. Donc, Malepeste revient (enfin) aux affaires de la meilleure des manières, avec un album black metal occulte qui en première écoute, fonctionne très bien et transporte l’auditeur. Excellent ! nuit et cet astre orange, le mélange des couleurs est parfait, vraiment parfait. L’intérieur du digipack reprend les couleurs mais donnant un sentiment de vent galactique ou en tout cas d’une perturbation violente, et le quatrième de couverture est très significatif : on y voit un grand rond noir avec le nom des pistes dedans, entouré par des éclats de verre qui semblent tourbillonner autour, faisant don
Pour la production, on est sur ce qui fonctionne en ce moment, sans réelle nouveauté non plus. Un son que l’on entend désormais un peu partout, avec une empreinte moderne caractéristique qui à titre personnel, ne me déplait pas, mais découragerait surement les puristes. En tout cas, je me rends compte que l’on retrouve de plus en plus les mêmes noms, probablement que ces personnes ont trouvé le truc qui fait que cela fonctionne bien. A savoir le Benjamin Lesous de B-Blast Records que l’on voit sur pas mal de sorties actuelles en black metal qui s’occupe ici uniquement du mastering, le mixage ayant été assuré par un home studio qui pourrait être celui des musiciens de Malepeste, probablement, et qui répond au nom de Studio Arashik. Bon, si l’on part de l’hypothèse d’un enregistrement dans un studio non-indépendant, je trouve que le rendu final est excellent, et largement à la hauteur des sorties récentes plus huppées. C’est peut-être d’ailleurs ce qu’il fait penser aux groupes que j’ai nommés plus haut, parce qu’effectivement, sonoriquement parlant, on peut trouver des similitudes. Mais cela s’arrête là, clairement. Donc, on est bel et bien sur une production très bonne, pas surprenante non plus mais qui fait le job, surtout dans cette époque où le black metal devient un peu plus mainstream. Malepeste a joué le jeu impeccable pour aller vers un « Ex Nihilo » qui remplit son contrat.
En fait, certains diront que la musique de Malepeste ne révolutionne rien dans le paysage du black metal français bien encombré. J’ai lu des critiques assez négatives sur le chant et sur la soi-disant production 1.0 qui rappelle les groupes de black metal mélodique que j’ai cités, enfin. Des critiques totalement infondées quand on se souvient que le groupe, tout d’abord, existe depuis déjà 2010 et qu’en soit, il n’a rien à envier à qui que ce soit. Ensuite parce que la dimension cathartique étant à la mode dans le black metal actuel, quand on se risque à explorer un truc plus spirituel, que ce soit religieux ou ésotérique, dès lors que la musique se veut plus libératrice et rassembleuse. Moi, je ressens véritablement la musique de Malepeste comme un égrégore, et je pense que l’on ne doit pas forcément chercher une dimension cathartique. C’est mon interprétation, je ne dis pas que les lyonnais font cela. Mais on sent que la musique de « Ex Nihilo » fonctionne comme quelque chose de spirituel, visant à transcender plus qu’à délivrer de la pudeur. Alors oui ! Dans le paysage actuel, cela questionne, voire cela dérange. Mais je trouve excellent que les Acteurs de l’Ombre Productions, habitué aux projets cathartiques, donne la chance à des groupes comme Malepeste ou plus récemment, Vígljós (que pourtant je n’ai pas trouvé à la hauteur), qui explorent sur des concepts plus rassembleurs et tous aussi bien travaillés ! Et pour les puristes, le problème viendra du fait que le groupe qui s’inscrit dans une démarche potentiellement messianique, ne parle pas de Satan, tout bêtement ! Voilà où est allée mon analyse, elle vaut bien évidemment ce qu’elle vaut, et elle n’engage pas le groupe. Mais en tout cas, je suis personnellement très content que Malepeste fasse partie du roster de ce très bon label, car non seulement c’est mérité au regard de la qualité indéniable de la musique et du concept autour, mais aussi parce que Malepeste peut réellement amener quelque chose en plus dans le paysage français. Comme quoi, il n’y a pas que le visuel dans la vie…
Passons à la singularité qui fait en grande partie que j’adore Malepeste et Grande Loge : le chant. Exit les high screams typiques du black metal, le bizarrement nommé Larsen (un comble pour un chanteur) aborde des techniques de chant particulières qui vont vers le chant diphonique extrêmement graves et profonds, souvent sur la même tonalité comme une nappe de fond qui rajouterait à la fois de l’épaisseur au son et une profondeur globale manifeste, et des chants déclamés, presque scaldiques, qui sont totalement opportuns à toute l’hypothèse purgative que j’ai développée plus haut. C’est bel et bien le nec plus ultra du black metal de Malepeste, y compris sur scène où le chanteur se meut dans des postures de prières ou chamaniques, pour laisser sortir ces déclamations mystérieuses, chantées tantôt en anglais, tantôt en français, qui ont un sens qui rejoint ce que je décrivais. En fin de compte, outre la technique de chant qui est d’une qualité excellente, le procédé rentre totalement à propos de la musique, et je maintiens que, malgré les détracteurs, ce chant est unique et exceptionnel.
Pour terminer ici cette chronique, Malepeste ressort enfin de l’ombre léthargique dans laquelle il s’était enfermé, pour proposer « Ex Nihilo« , troisième album sorti avec tout le mérite qui incombe au groupe chez les Acteurs de l’Ombre Productions. Je le dis sans complexe, vu que je suis et adore le groupe depuis les débuts. Fort d’une musique black metal que je pourrais qualifier d’occulte, Malepeste offre avec ce troisième album une sorte de cure de jouvence, en proposant un son très actuel mais tout en conservant ce qui faisait sa force, à savoir une dimension spirituelle très puissante et une capacité à transporter l’auditeur vers une dimension céleste avec beaucoup de facilité. Si la musique doit être vue selon moi comme un fantastique égrégore, il n’en demeure pas moins que cette dernière, qui se démarque ainsi de cette habitude de faire dans la catharsis, va devoir peut-être, et je ne le souhaite pas, faire son trou avec plus de difficultés. Mais rassurez-vous, je serai là pour vous soutenir car « Ex Nihilo » est excellent ! A découvrir !
Tracklist :
1. Ab Chaos (3:34)
2. Quaestionis (5:58)
3. Imperium (6:16)
4. Stupor (4:46)
5. Acceptio (5:54)
6. Relapsus (8:04)
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by Metalfreak | Oct 21, 2025 | Chrocorico Soil, Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
« C’est un vrai bâtard du temps celui qui ne se pénètre pas des mœurs qu’il observe. » William Shakespeare
On sent comme un vent de fraicheur qui souffle sur le roster du label Les Acteurs de l’Ombre Productions. Fort de groupes fidèles depuis longtemps, on sentait toutefois que certains étaient tellement en sommeil qu’il fallait renouveler le cheptel et on ne peut pas dire que la France manque de potentiels bons groupes en la matière. C’est ainsi que le label a choisi de nouvelles formations pour alimenter son insufflation qui consiste à créer une sorte de nouvelle vague black metal. Oui ! Le mot est lâché, le label a été une sorte de fer de lance pour amener sur la scène de manière plus concrète des formations qui me semblent cathartiques. Jusqu’à présent, le black metal était considéré comme un genre totalement en dehors des normes, avec ce paradoxe latent qui était construit autour d’une aversion totale pour les codes sociétales, en prônant une liberté de composition totale, mais tout en se codifiant soi-même au point d’avoir crée une forme de purisme maladif qui rejetterait les groupes libres de faire comme bon leur semble. Le label aura eu le mérite non négligeable non seulement de donner chance à des formations jeunes et montantes, parfois avec des résultats spectaculaires, mais aussi de donner vie à une nouvelle vague black metal plus cathartique et beaucoup moins consensuelle que les puristes ne le voudraient. C’est devenu un jeu de mon côté, de deviner quelle formation serait susceptible de se voir proposer une signature sur le label pour la fin d’année ou l’année prochaine. Bon, j’avoue que dans le cas de Malepeste, même si j’adore leur musique, je ne m’y attendais pas. Déjà que le groupe était resté selon moi beaucoup trop en sommeil, je ne pensais pas que le prochain album allait être signé chez les Acteurs de l’Ombre Productions. Concernant Galibot, je le sentais venir. Je sentais que le groupe collectionnait tout ce qu’il fallait pour être signé : un visuel autour d’un concept déjà utilisé par d’anciennes formations mais qui a le mérite d’avoir eu une hype plus intéressante. La musique, pas forcément exceptionnelle, avait donc au moins le mérite d’avoir un potentiel visuel à développer beaucoup plus intéressant. Et enfin, le groupe qui nous intéresse ce jour, je m’y attendais aussi. En fait, on s’aperçoit qu’un groupe aujourd’hui peut proposer une musique intéressante mais sans plus, tant qu’il a une visibilité accrue sur les réseaux sociaux, sous le joug des différents relais proposés, on sait qu’il a une chance. C’est donc sans surprise que j’ai découvert la signature du groupe Les Bâtards du Roi pour la sortie de l’album « Les Chemins de l’Exil« . C’est de cet album dont je vais vous parler ce jour avec plaisir !
Pour l’anecdote, j’ai connu Les Bâtards du Roi lors d’un concert à Orléans, dans leur ville d’origine donc, en ouverture de Hell Gate et de Pénitence Onirique, autre groupe du label. J’avais beaucoup aimé leur prestation que je trouvais quand même empreinte d’une certaine forme de naïveté, sans que ce soit un terme péjoratif mais on sentait que le groupe était encore en phase de rodage concernant sa scénographie. Les costumes avec des capuches et des masques pour cacher leur visage, détail que je trouve personnellement trop utilisé actuellement dans le black metal, me faisaient penser à des moines-soldats. L’univers était intéressant donc mais sans plus. C’est à l’écoute du premier album nommé éponymement que j’ai compris qu’il y avait du potentiel qui allait attirer les labels. Me voici donc de fort bon aloi à l’écoute de « Les Chemins de l’Exil » qui est à ce jour le second album du projet. Deux sorties concrètes en l’espace de trois ans – le groupe ayant commencé son activité en 2022 – et la dernière sur un gros label, forcément ! Cela rend curieux et questionne le chroniqueur chevronné que je suis. Mais je dois admettre que je partais plutôt serein tant le premier album m’avait plu.
Mais rapidement, à la lecture de la pochette, j’ai ressenti une déception, et ce sera la seule. Je la trouve en fait très naïve. Stylistiquement parlant, je ne la trouve pas franchement intéressante ni attirante. Le style graphique en petits points, cela peut être beau si c’est remis dans un contexte autre, selon moi, que celui très moyenâgeux du groupe Les Bâtards du Roi. Il y a cet aspect vintage mais récent comparé à l’univers du groupe qui ne colle pas. En attendant, la représentation d’un chemin d’exil aurait mérité mieux qu’une représentation littéralement identique au nom de l’album. Je m’explique : les possibilités de mettre en avant un exil d’un point de vue iconographique sont infinies, je pense donc que le groupe aurait pu proposer quelque chose de bien plus original que la vision de ces chevaliers encapuchonnés dont on ignore tout. En tout cas, le groupe orléanais sera resté fidèle au procédé d’une pochette en noir et blanc, mais en gardant un côté naïf voire tout simplement bâclé au détriment de la musique. C’est étonnant quand on connait les velléités du label à aller sur des projets hyper visuels… Je ne m’attarderais ainsi pas davantage sur la pochette qui illustre « Les Chemins de l’Exil » car elle est totalement dispensable et ne mérite pas plus de considération que cela. Y compris d’ailleurs dans la typographie du nom de l’album, beaucoup trop simpliste. Désolé pour le créateur du design, mais c’est ainsi.
En revanche, la musique m’a frappé très rapidement de son épée meurtrière. La musique du groupe Les Bâtards du Roi prend tout de suite l’auditeur de court par son côté plus brutal qu’incisif. Après une courte introduction qui sert plus selon moi à promouvoir les futures prestations du groupe en concert, le black metal va directement sur un versant à la fois mélodique et brutal. Là où certaines autres formations du roster sont plutôt atmosphériques, les orléanais se situeraient plus selon moi vers ce que font Griffon. A savoir un black metal mélodique qui se pare de nombreux apparats dont des samples en fond, des lignes de guitares pas toujours linéaires mais bien travaillées, un chant très présent en français, et donc ce caractère historique qui ressort de la musique et qui m’évoque vraiment ce que font Griffon, en moins chiadé quand même. Le black metal de « Les Chemins de l’Exil » est puissant, avec un profond caractère et une dimension magnifiquement majestueuse et solennelle qui rend extrêmement bien. J’adore les parties batterie, qui ne vont pas uniquement sur un mid tempo pompeux et déjà-vu, qui s’essayent à des variations qu’un vrai batteur talentueux peut proposer, le tout couplé avec une sonorisation quasiment parfaite, j’y reviendrai. En tout cas, Les Bâtards du Roi frappent très fort ! On voit une nette différence avec le précédent album qui sonnait certes déjà plutôt bien, mais qui avait encore ce degré de maturation à gagner pour monter en grade. Force est de constater que pour « Les Chemins de l’Exil« , le groupe a mis les petits couverts dans les grands et s’est fabuleusement retroussé les manches pour sortir cette musique black metal puissamment mélodique et grandiloquente. On sent déjà qu’en première écoute, cet album ne laissera pas grand monde indifférent et que le trio d’Orléans porte déjà haut. Maintenant, s’il s’agit de faire dans la dithyrambe, il n’en demeure pas moins que quelques points seront à améliorer encore pour avoir un troisième opus – souvent le décisif – mais déjà, en première intention, je me suis pris totalement au jeu de revenir à cette époque lointaine où la maie opérait rien que dans les récits et les contes. Que Les Bâtards du Roi y parvienne en musique, c’est d’ores et déjà un bel exploit ! Chapeau !
La production est revenue à quelqu’un qui n’est plus un inconnu pour moi désormais tant il a fait un travail exceptionnel pour le dernier Darkenhöld. Il s’agit donc de Ben Lesous qui s’est occupé de mettre en son ce nouvel album de Les Bâtards du Roi. Et manifestement, le gars a fait un boulot remarquable. Le son est impeccable, on retrouve cette puissance extrêmement prenante en lien avec les mélodies guitares qui donnent un ensemble comme je le disais plus haut, à la fois majestueux et émotif. La batterie est elle aussi très très bien placée, en témoigne sa force de frappe dans la rythmique mais aussi dans les moments plus calmes qui méritent en effet un côté plus percussif. Le chant, qui ne jouit pourtant pas de la meilleure technique vocale pour être autant mis en avant dans un mixage, a été placé d’une manière intéressante pour que l’on puisse comprendre malgré l’articulation qui est difficile avec cette technique précise, le texte qui est chanté. En fait, cela se passe de plus de commentaires. Le son est vraiment excellent, je l’ai trouvé opportun dans cette mouvance moderne d’un black metal plus puissant que réellement froid et incisif, à la limite sonoriquement parlant de ce que font certains groupe de thrash metal moderne. Et je note qu’en plus de cela, les compositions se prêtent parfaitement à l’exercice de ce son moderne qui peut faire peur à certains puristes, ceux qui glorifient l’époque du black metal sale et médiéval, mais qui, loin d’être antithétique dans le cas présent de « Les Chemins de l’Exil« , fonctionne étonnamment bien. Très bien même. Donc, mention à cette production qui signe un son particulièrement redoutable et efficace pour nous plonger dans l’histoire de ce deuxième album.
Il convient néanmoins de préciser un élément qui m’a un peu surpris dans la lecture des textes. Je pensais que l’on avait à faire avec un album conceptuel autour d’un exil, que ce soit d’un point de vue spirituel ou tout simplement historique. Or, je me suis aperçu qu’en fin de compte, il s’agissait d’un album qui faisait plus office de recueil que de conception. C’est un peu dommage, je suis resté sur ma faim parce que vous le savez, j’adore les albums conceptuels. Je pensais que les Bâtards du Roi, tout en y mettant une touche très personnelle qui n’est en aucun cas un souci, allaient nous conter une histoire chevaleresque ou quelque chose de l’ordre de l’introspection, comme c’est d’usage dans les sorties du label. Eh bien non. Ou en tout cas, pas de manière totalement assumée. C’est un peu dommage mais cela reste néanmoins un très bon album, bien écrit dans les textes. J’ai eu quelques doutes sur l’utilisation d’une IA pour la rédaction des textes que je trouvais pour la plupart un peu trop lambda, mais il s’avère que rien ne le prouve vraiment, qu’un texte a pu être généré par de l’IA ou non. Quoiqu’il advienne, cela n’enlève en rien la qualité certaine de ce deuxième album qui a été bien écrit dans son ensemble, y compris dans les textes même si j’ai trouvé comme je le disais certains d’entre eux un poil trop habituel. Il y a une dimension poétique indéniable dans « Les Chemins de l’Exil » et qu’il convient de souligner. Bref ! Après plusieurs écoutes, il faut me rendre à l’évidence : j’ai adoré ce deuxième album. Musicalement parlant, c’est extrêmement solide et prometteur pour la suite. La marge de progression existe mais elle apparait déjà bien minime quant au résultat de « Les Chemins de l’Exil« .
Et pour terminer, un grand classique dans mes chroniques : un paragraphe consacré au chant. Celui-ci ne fera pas exception, je trouve en effet la technique vocale bien utilisée, dans un scream en voix gutturale qui à mon avis, a dû donner quelques fils à retordre au chanteur tant on sent que la gorge a pris cher ! Après, il convient de dire que les techniques d’enregistrement permettent de faire croire à un chant puissant en faisant simplement des lignes de chant discrètes. Je pense, peut-être à tort, que ce fut le cas dans le processus d’enregistrement de « Les Chemins de l’Exil« , sinon gare aux cordes vocales. J’aime surtout l’effort important qui a été produit pour articuler les textes qui sont, je le rappelle, dans la majorité très bien écrits, poétiquement parlant, et qui méritaient qu’on les mette en valeur. Un effort notable dans la mesure où on arrive à comprendre une bonne partie de ces derniers. Un chant enraillé qui, ma foi, loin de dénaturer le caractère grandiloquent de la musique, comme Griffon, amène un côté macabre qui ne me laisse pas indifférent du tout.
Pour terminer, Les Bâtards du Roi sortent en cette fin d’année 2025 un deuxième album nommé « Les Chemins de l’Exil« , sortie qui succède à l’annonce de la signature du projet orléanais chez les Acteurs de l’Ombre Productions. Un belle rentrée pour le trio de musiciens qui font la part belle à un univers moyenâgeux et un brin mélancolique, le tout amené par un black metal puissant, fervent et surtout très mélodique. J’ai été très agréablement surpris par la maturité gagnée par le groupe en peu de temps, lui qui il y a encore un an faisait la cour à la scène orléanaise, loin de se douter probablement qu’ils iraient vers un début de consécration aussi fort dans l’underground. Mais au moins, le trio s’est donné largement les moyens pour assumer cette nouvelle ascension et ce deuxième album, très très bon, sonne comme un ensemble très prometteur. Une musique qui se veut à la fois au service de l’Histoire, mais aussi de leur propre histoire car qu’on se le dise, avec ce deuxième album, les Bâtards du Roi ne vont pas tarder à regagner le rang royal qu’ils méritent ! Le chemin est long, mais il est déjà bien entamé.
Tracklist :
- La forêt 05:25
- L’âme sans repos 04:27
- Vers l’étoile solitaire 03:52
- Le chevalier au corbeau 03:44
- Ord Vil Merdos 05:00
- Le val dormant 07:25
- Les chemins de l’exil 04:11
- La chevauchée cadavérique 04:36
- Sous la couronne de l’éternité 08:08
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by Metalfreak | Sep 19, 2025 | Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.5/10
“Les seules limites sont, comme toujours, celles de la vision.” James Broughton
Jamais je n’avais trouvé cette citation aussi parlante dans le milieu artistique. Avec l’avènement des réseaux sociaux dans le paysage musical, on se rend compte de plus en plus que faire de la bonne musique n’est plus un critère de sélection en soi. Il faut désormais faire du visuel, de la visibilité même. Maintenant, on regarde le nombre d’écoutes sur Spotify, on regarde les vues sur YouTube, etc. Quid de la qualité de la musique ? Eh bien, s’il serait idiot d’avérer que la musique n’est pas toujours de bonne qualité dans le milieu mainstream, ni dans ce processus global qui consiste à partir à la chasse aux statistiques, on se rend compte parfois, de l’avis des auditeurs, que la musique n’est pas forcément le choix numéro un des partenaires. A titre personnel, étant moi-même musicien, je comprends un peu cette volonté de devoir faire une communication démesurée pour palier au fait que la musique ne suffisent plus, et qu’il faille avoir une identité visuelle propre, mais une grande part de moi, nostalgique et idéaliste, aimerait quand-même que l’on aime plus ma musique que ma beauté naturelle dans un clip (je blague). N’oublions pas que la première chose que l’on fait naître dans un projet, c’est la musique. Avec évidemment une identité propre qui sert de fondations, mais la musique est le premier pas vers la reconnaissance. Et je sais qu’il fut une époque où, les réseaux sociaux n’existant pas, il y avait tout un processus underground dans le metal qui consistait à se servir des outils discrets pour se faire passer de la musique, qui permettait de se concentrer dessus et non sur le visuel. D’ailleurs, j’ai du mal à savoir quel est le premier groupe qui a tout misé sur le visuel en premier. En tout cas, fort de ce constat, nonobstant le fait qu’on en est là à ce jour, que faire ? Est-ce une bataille perdue ? Est-ce quelque chose que l’on peut inverser, une tendance bancale qui finira par mourir lentement ? Ou est-on condamné à porter haut plutôt que de chanter haut ?… Ne vous détrompez pas, pour au moins un de mes projets, je suis bien entendu d’accord avec ce sacrifice. Mais pour les autres, je sais que je demeurerai toujours un amoureux profond et sincère du metal underground, celui qui décide de ne pas être mis en lumière comme il le devrait, mais qui garde cette ombrage qui lui permet de faire une musique sincère. Au moins. Parce qu’on fait d’abord et avant tout de la musique pour soi-même, pas pour les autres. La musique est un pansement. Pourquoi je vous bassine avec cet état d’âme ? Parce que ce jour, je suis amené à faire la chronique d’un projet chez les Acteurs de l’Ombre Productions qui, pour une fois, n’a pas l’air de faire l’unanimité alors que tout est fait pour le mettre en avant en communication et visuellement. Au détriment de la musique ? Cela, nous le verrons ci-contre. Je vous présente donc ce jour, en release du jour, Vígljós et son deuxième album nommé « Tome II: Ignis Sacer« .
S’agissant du groupe, ce qui frappe en premier se situe sur le concept qui fit naître le groupe qui nous vient de Bâle, en Suisse alémanique. Un concept qui se situe autour de l’apiculture, de la vie des abeilles et des maladies qui viennent de tout ce qui est agriculture ou Nature. Ce n’est tout de même pas inintéressant sur le papier ! Moi qui adore les concepts chiadés et qui sortent de l’ordinaire, au moins là-dessus, je suis servi ! D’ailleurs, j’ai acheté peu de temps après l’annonce de la sortie de « Tome II: Ignis Sacer » le premier album sorti en 2024 nommé « Tome I: Apidæ« . Le premier album, en traduction latine, faisait d’ailleurs bien référence à l’apiculture (au Moyen-Âge au regard des costumes des musiciens), alors que ce deuxième album peut se traduire par « feu sacré ». Toujours est-il que pour une formation qui existe depuis « seulement » 2023, avec des musiciens dont je connais aucun groupe en parallèle de Vígljós, l’ascension est belle ! Et donc prometteuse sur le papier. Musicalement, le premier album m’avait plu, j’ose donc croire que ce deuxième méfait sera du même acabit. Ou en mieux ! Nous verrons cela. En tout cas, les costumes des musiciens ont subi quelques quolibets bien regrettables, qui traduisent bien l’indélicatesse et la brutalité des réseaux sociaux… On peut débattre de ce que devient le black metal, sans aucun souci ! Mais je vous assure, vous qui vous moquiez idiotement, que vous perdriez à l’échange.
Nous disions donc que Vígljós base son concept autour de l’apiculture au Moyen-Âge. Il allait donc de soi que la pochette allait suivre le même chemin. Là où la pochette du premier album copiait allègrement, ou reprenait une pochette du groupe Sunn 0))), au moins le deuxième semble se parer d’un visuel qui me semble plus authentique, sinon moins copié. Fait par Adrian Smith dont on doit notamment les pochettes de Debauchery que j’adore, c’est tout de même étonnant de voir l’écart entre les deux groupes ! Mais passons. Cet artwork aborde une couleur sympathique, sur des tons « céréaliers » et très raccord avec l’univers artistique, plus en accord en tout cas que la pochette violette du premier. On peut y voir les fameux apiculteurs, qui font une sorte de procession dans un champ de blé avec un encensoir. Cette symbolique n’est à mon avis pas innocente car les agriculteurs à cette époque remerciaient Dieu pour la bonne récolte, notamment à la période des Cendres, et j’y vois ici un double sens : la fumée de l’encensoir qui a donc cette connotation religieuse mais aussi purement agricole, car la fumée éloigne les abeilles quand on veut accéder à la ruche. J’aime les doubles sens potentiels ! Ensuite, il ne nous aura pas échappé qu’au-dessus et en dessous du blé s’agglutinent des corps ou des esprits macabres, ou des formes démoniaques dans les cieux. Je pense aussi qu’il y a un double sens : ces présences mortuaires sont une représentation de la dangerosité des cultures de l’époque, avec de multiples maladies dues aux récoltes frelatées (ergotisme, brucellose, etc.) que l’on connait bien en France avec l’affaire du pain maudit de Pont Saint Esprit par exemple ; et d’une attaque démonique contre les croyances. C’est donc un artwork qui plante très bien le décorum général, puisque le nom des morceaux est en lien avec tout cela, et en plus c’est plein de double sens dans la représentation. L’intérieur de la jaquette est du même ressort avec même une citation d’Albert Hoffmann, chimiste suisse qui a découvert le LSD (cela ne s’invente pas) et quatrième de couverture qui montre selon moi l’envers du décor métaphorique de la pochette, à savoir un blé frappé d’ergotisme et un sol desséché. En cela, par l’originalité du concept autour de Vígljós et de surcroit, de l’album « Tome II: Ignis Sacer« , il allait de soi qu’il y aurait matière à faire quelque chose de cool ! C’est parfaitement le cas ici. Contrat rempli ! Petit bémol toutefois : le titre de l’album est écrit beaucoup trop petit. Pensez aux myopes enfin !
Vous vous souvenez de mon introduction ? Sur le côté visuel au détriment de la qualité musicale. On est en plein dedans parce que j’ai mis plusieurs écoutes à comprendre deux choses dans le cas de Vígljós. La première, qui sera détaillée ici, concerne la musique. La communication avait été faite sur la qualité musicale du projet suisse, et le dirigeant du label s’était même épanché sur le cas du groupe en parlant de gros coup de cœur personnel. En soi, c’est hyper vendeur ! Mais alors, pourquoi se retrouver avec un black metal mélodique aussi simple dans sa conception ? Cela reviendrait à dire un bête « tout cela pour cela ? ». Alors, attention ! Je ne suis pas en train de dire que la musique est mauvaise, loin de là ! Mais compte tenu de la communication faite par le label autour de ce projet, digne de Houle à leurs débuts, je m’attendais vraiment à un truc sensationnel. Il n’en est rien, Vígljós propose un black metal qui est selon moi mélodique mais qui souffre de quelques errances notamment sonores qui passent difficilement. J’y reviendrai en bas. La composition est intéressante, les riffs sont variés, la rythmique est linéaire et basique, rappelant donc le black metal traditionnel et brut, et c’est ce qui m’a perdu pendant au moins deux écoutes. Je trouve qu’il y a une dissonance flagrante entre l’intention mélodique – qui est purement théorique – et les fondations plutôt old school sur le plan composal des morceaux. Il n’y a pas tant de brisure rythmique, la batterie sonne d’une manière constante et clinique, sans s’amuser de plusieurs variations pourtant inhérentes à des riffs guitares mélodiques. Je note néanmoins que pas mal de morceaux fonctionnent bien et paradoxalement, j’ai beaucoup plus accroché aux pistes minimalistes comme « The Rot » par exemple. Comme quoi, quand on fait trop dans le sophistiqué au détriment de l’authenticité, on s’égare… Après, je ne suis pas spécialement dérouté par l’écart entre le concept ultra calibré et la musique finalement assez sobre, j’aurais vu à la rigueur quelques arrangements plus ambiants mais au final, cela me sied comme cela. Le groupe m’évoque beaucoup (et ce n’est pas un hasard) le groupe Ergotism qui faisait exactement pareil et qui arrivait à transcender mes sombres oreilles. Il est probablement question de mettre en exergue la noirceur qui régnait à l’époque de ces maladies liées aux cultures et il va de soi qu’une musique black metal est une illustration sans risque particulier. En tout cas, en première(s) écoute(s), je dirais que c’est un album qui promettait pas mal sur le papier, mais qui s’avère être une sortie intéressante sans plus. Je note que le label est revenu à des fondamentaux plus old school avec cette signature, ce qui tranche avec ce qui fait la patte incontestable du label dans le paysage français, et cela m’en réjouit, mais je trouve que la musique manque un peu de cohérence. Bon, c’est une jeune formation. On va leur accorder le bénéfice du doute mais je préfère « Tome I: Apidæ« , étonnamment plus travaillé que son petit frère.
L’errance principale vient donc de la production. Là, j’avoue que je ne comprends pas. Il y a quand-même beaucoup de ratés dans le son. Ne vous méprenez pas, j’adore tout ce qui est « raw« , si vous suivez mes chroniques vous le savez par ailleurs. Mais ici, quand on contextualise avec la communication faite par le label, l’idée de faire un black metal mélodique qui est censé rappeler des heures sombres de l’Histoire, se parer d’une production aussi brouillonne me laisse pleinement perplexe. L’intention « raw » découle d’une démarche normalement personnelle, anticonformiste et allant vers une saleté volontaire. Or, je vois mal Vígljós faire intentionnellement cela, on dirait plutôt une erreur de casting. Parce que je ne connais pas le gonze derrière le studio qui a enregistré, mixé et masterisé « Tome II: Ignis Sacer« , mais j’imagine qu’il a un minimum de formation (que ne fut pas ma stupeur quand j’ai découvert qu’il s’agissait de Marc Obrist de Zeal & Ardor !) et qu’il a donc suivi les recommandations du groupe. Mais alors, si c’est le cas… Pourquoi ? Sincèrement, pourquoi ? Parce que si la volonté est de faire un son raw, autant aller jusqu’au bout de la logique, et ne pas tenter un hybride maladroit et raté. Pour vous détailler plus ce qui ne va pas à mon sens dans la production, vous avez pêle-mêle une batterie (programmée ?) extrêmement mal sonorisé, avec une grosse caisse beaucoup trop mise en avant, une caisse claire itou, le tout parvenant à l’exploit de parfois couvrir les guitares. La basse est aussi trop mise en avant à mon gout, et ce même si l’on part du postulat que le groupe officie dans un black metal mélodique et qu’il faut que la basse ait un rôle plus prépondérant qu’une simple accompagnatrice rythmique. Le mellotron, on ne l’entend pas beaucoup, et c’est dommage parce que c’était un peu LE truc en plus dans la musique. Et le chant… Bon, on en parlera plus bas. Quoiqu’il en soit, mon analyse pourrait être corréler avec le contexte d’un label qui nous avait habitué à des productions plus « modernes », et un black metal plus atmosphérique dans l’ensemble. Mais je pense qu’il ne faut pas tomber dans ce piège, et qu’il faut imputer cette erreur manifeste de production au groupe qui a pêché par inexpérience ou par naïveté. En résumé, cet espèce d’entre-deux sonore entre le raw et le propre ne fonctionne pas du tout ici, et c’est dommage.
Dans l’ensemble, si l’on fait fi de cette horrible production, la musique de Vígljós est intéressante. Maintenant, il demeure une véritable interrogation pour moi : pourquoi avoir mis autant de moyens dans la communication autour de ce projet sur les réseaux sociaux pour un rendu aussi moyen ? La réponse vient selon moi directement de mon introduction : pour le visuel. Vígljós est un groupe qui est probablement taillé pour le live, avec des costumes originaux, un concept quasiment unique (d’autres groupes comme Tabernis a posteriori et They Came From Visions l’ont fait, merci Facebook !) et qui, dans les propos alambiqués du label, « est fortement influencé par les protagonistes norvégiens de la deuxième vague de Black Metal, Darkthrone, Immortal et Burzum, pour n’en citer que quelques-uns. Vígljós mélange le son du Black Metal des années 90 avec des nuances de synthé, de tremolo picking, de riffs et de rythmes légers de rock’n roll, le tout soutenu par des passages atmosphériques de mellotron. » Bon. Honnêtement, si c’est cela le son des années 90, alors il y a quelque chose qui m’échappe. Je n’ai en tout cas pas retrouvé la magie de cette époque, et j’ai du mal à percevoir en quoi le groupe suisse réveillerait les nostalgiques du genre. Le son des années 90 n’est en aucun cas un son aussi brouillon, il dégageait certes quelque chose d’ancien, mais delà à s’aventurer dans une comparaison aussi fallacieuse, je trouve cela presque malhonnête sur le plan intellectuel. Après, que le visuel devienne hélas une prérogative pour être signé sur un label, si à titre personnel je le déplore, je peux comprendre que l’on se mette à l’époque moderne et manifestement, Vígljós fera des concerts, critère important de sélection pour qu’un label rentre dans ses frais. Ainsi, si Vígljós n’est pas un groupe mauvais en soi, loin s’en faut, il faudra tout de même à l’avenir corriger pas mal de choses pour le mettre officiellement sur ce fameux piédestal que les Acteurs de l’Ombre Productions ont voulu pour eux. Le chemin est encore long avant le sommet comme on dit, et pour l’instant, je pense que Vígljós ne mérite pas autant d’apparat de la part du label. C’est un groupe intéressant, mais qui est en milieu de roster quoi.
La faute par ailleurs à un chant… Malaisant. J’ai mis du temps à chercher le mot idoine pour décrire ce que je ressens, étant moi-même chanteur. Je vais vous raconter une anecdote : j’écoutais l’album dans ma voiture, ma fille de huit ans était à l’arrière. Rodée, avec un père comme moi qui la biberonne malgré elle au metal extrême, en général elle divague dans ses pensées et écoute la musique, et surtout commente rarement. Là, quand « Tome II: Ignis Sacer » a retenti et que dès les premières secondes, ce… Cri s’est fait entendre, ma fille a sursauté et m’a demandé « mais… C’est quoi ça ??? » Bonne question ma chérie ! Ceci est censé être du chant metal. Malheureusement, cela s’apparente plus à un cri de jouissance ou à un truc bizarre entre l’extase et la transcendance. Il fait faire le distinguo entre deux types de chants qui résonnent dans l’album : un chant black metal classique, en technique high scream, avec un son guttural finalement peu retouché et old school, qui fonctionne bien, malgré l’errance sonore générale ; et ce truc. Incompréhensible. J’ai une hypothèse : à mon avis, le chanteur a voulu reproduire une sorte de transe chamanique, à mettre en lien avec ce côté démoniaque qui transparait de la pochette et cette métaphore avec l’ergotisme. Mais alors, cette théorie, je suis allé la chercher loin ! C’est vraiment histoire d’avoir une explication rationnelle. Et le pire est que d’autres groupes ont fait ce genre de chant étrange, des groupes connus comme Shining, des moins connus comme Lethvm ! Mais la différence est très simple : ils y ont cru. Leurs chants a quelque chose de profondément cathartique, qui ne semble pas spécialement calculé. Or, dans le cas des suisses, on sent que c’est réfléchi, préparé. Et c’est là le problème : ce type de chant ne fonctionne que s’il est spontané. Voilà peut-être une des explications possibles à pourquoi je le trouve catastrophique. Encore une fois, pourquoi le label a choisi de produire cet album avec un chant aussi mauvais ?… Il y a des voies qui sont impénétrables dans le milieu artistique manifestement… En tout cas, si la partie classique en high scream est bonne, l’autre partie devrait définitivement disparaître. C’est ni fait, ni à faire.
Bon ! Il fallait bien que cela arrive un jour. Après un quasi sans-faute de la part du label les Acteurs de l’Ombre Productions, on s’achemine, pour conclure, vers une première déception. « Tome II: Ignis Sacer » est le deuxième album des suisses alémaniques de Vígljós. Basé sur un concept global très intéressant pour les plus curieux d’entre nous, notamment ceux comme moi qui sont férus de Moyen-Âge et des grandes maladies d’époque, le groupe coche toutes les cases visuelles pour être signé sur un label, c’est incontestable. Et ceux qui se sont moqués idiotement des costumes, je les conchie. En revanche, sur le plan musical, il n’y a rien selon moi qui justifie que le projet soit autant mis en avant. La musique black metal (mélodique ?) est intéressante, pas spécialement prometteuse mais surtout dispensable. La faute à une errance incompréhensible d’un point de vue sonore, au regard du gars qui a produit l’album, et au niveau du chant qui mériterait quand-même une refonte complète. Les riffs ne sont pas dénués d’intérêt, loin de là ! Mais ces deux maladresses majeures que sont le chant et la production (années 90 ?… Ah bon ?) ne permettent pas au projet d’être mis autant sur un piédestal. Il y a trop de brouillons à corriger pour justifier que le projet soit aussi mis en avant. Mais à voir en concert ! Car je suis persuadé que Vígljós est plus un projet live que studio. Peut-être viendrai-je à Nantes pour leur concert.
Tracklist :
- Sowing 02:24
- A Seed of Aberration 06:42
- The Rot 06:02
- Claviceps 05:16
- Delusions of Grandeur 07:23
- Decadency and Degeneration 06:02
- Harvest 07:04
- Fallow – A New Cycle Begins 01:57
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by Metalfreak | Juin 6, 2025 | Chrocorico Soil, Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10
“Le Moyen-Age ne m’a retenu que parce qu’il avait le pouvoir quasi magique de me dépayser, de m’arracher aux troubles et aux médiocrités du présent et en même temps de me le rendre plus brûlant et plus clair.” Jacques Le Goff
C’est une citation tout à fait opportune ce jour, et tellement vraie. Qui n’a jamais fantasmé sur les exploits qui sont décrits au Moyen-Age ? Je discutais récemment avec un dirigeant de label bien connu en France, et nous nous amusions à chercher des créatures mythiques très folklores de notre ancienne France, notamment du côté de chez moi, en Ardèche. Moi-même, je suis très épris de cette période qui mélange fascination et mysticisme total. On parlait du diable avec un camarade musicien, c’est la même chose ! En fait, il y a quelque chose d’insondable dans cette période de l’histoire. Quelque chose qui attire les gens, même les plus « modernes » et les moins rêveurs d’entre nous. Vous ajoutez à cela une forme de sensibilité accrue, et une ruine, un château abandonné, ou même le simple fait de déambuler dans des remparts, vous fait remonter le côté enfantin qui sommeille en vous. J’ai habité pendant des années un village fortifié de la Drôme provençale, je peux vous garantir que j’adorais m’y promener, y compris le soir, pour respirer les ondes qui se dégageaient de ces lieux qui ont traversé les siècles sans s’effondrer. Le nombre de fois où je me suis demandé combien de morts pouvaient hanter ces endroits… La maison maternelle était par ailleurs très « habitée » justement, on avait retracé une partie de l’historique de la bâtisse qui a connu, comme je le disais, d’âpres batailles, pas forcément moyenâgeuses d’ailleurs (une femme de confession juive avait été brulée vive sous les escaliers qui menaient au premier étage). Après, nous avons tous de la curiosité morbide. Plutarque signalait que la fascination malsaine est la désobéissance de la raison et que nous l’avons tous, d’une certaine façon, déjà pratiquée. Autrement dit, nous sommes attirés par l’interdit, le tabou, pour s’y confronter. Quelque part, si l’on réfléchit bien, le Moyen-Age collectionne les tabous et les épisodes morbides. En cela, je ne suis pas étonné, encore de nos jours, de trouver des formations dans la musique metal qui centralisent leur univers artistique autour des mythes de cette glorieuse époque pleine de mystères ! Le metal, après tout, n’est-il pas aussi un concentré de tabous et d’interdits ? N’éprouvons-nous pas une attirance morbide pour ce style outrancier et antisocial dans ses bases séculaires ? Voilà pourquoi je suis content de proposer en release du jour le nouvel album des grandissimes Darkenhöld, ce dernier s’appelant « Le Fléau du Rocher« . Finalement, cette chronique, c’est un énième assouvissement de mes pulsions d’auditeurs metal.
Mon histoire avec Darkenhöld a commencé pourtant bien avant qu’il n’ait sa propre dénomination. Avant, il y avait une formation nommée Artefact, qui a pour connexion logique le même compositeur de talent, sieur Aldébaran. Nom de scène de Guillaume Vrac. Ce dernier aura eu le mérité non négligeable de faire partie des formations comme Artefact certes, mais aussi de Continuum que j’ai beaucoup aimé en son temps. Et puis, en l’an 2008, notre camarade a fondé Darkenhöld, qui est aujourd’hui plus qu’un groupe de metal, c’est presque une entité légendaire. Fort de six albums en comptant ce dernier, mais également quatre splits, le groupe originaire de Nice écume la scène underground française dans son registre si singulier avec brio. C’est presque un sans-faute pour le trio de musiciens qui comprend Aldébaran mais aussi Cervantes et Aboth, et je ne suis pas surpris d’entamer l’écoute de ce fameux « Le Fléau du Rocher » avec confiance. Mon instinct me dit que Darkenhöld ayant toujours repris les mêmes codes qui font sa réussite, je ne serai pas déçu ! Fidèle aux Acteurs de l’Ombre Productions en plus de cela depuis 2018 – le label ayant entre temps réédité les albums précédents – tout est réuni pour que je passe un excellent moment ! J’ai hâte !
Je l’ai dit en préambule, Darkenhöld a tendance à prendre toujours les mêmes codes et c’est là tout le bonheur ! Encore une fois, la pochette a été peinte et imaginée par madame Claudine Vrac, je suppose épouse de sieur Guillaume Vrac. Elle fait partie des personnes qui, à mon avis, œuvrent dans l’ombre du groupe et qui permettent à chaque album de sortir quelque chose d’unique, d’exceptionnel, mais qui ressemble tout de même à la constante à laquelle le groupe nous a habituée. Ici, nous avons donc un artwork plein de couleurs, qui représente un point de vue qui peut s’apparenter au bord d’une falaise avec un bâtiment qui domine une terre vallonnée. On distingue au loin un bord de mer et un soleil levant magnifique mais un peu perturbé par quelques nuages sombres sur le côté gauche. J’ai envie de dire que ce décor bucolique, cette vue imprenable que n’importe quel randonneur expérimenté chercherait, je le vois quelque part comme un fléau. Une sorte de vision dont on resterait prisonnier, comme on perd son regard dans l’horizon lointain. Cet émerveillement a un côté enchanteur si on réfléchit bien. Je trouve par ailleurs la présence humaine dans ce paysage peint, mise au second plan. Et ce n’est pas pour rien à mon sens ! Même si l’album ressemble plus à un rassemblement de compositions diverses et variées, sans réel concept, il n’en demeure pas moins qu’il y a selon moi une belle leçon métaphorique de l’humanité. Qui sommes-nous dans cette immensité verte et luxuriante ? Sinon une sorte de verrue dans ces paysages comme le pourraient être les immenses bâtiments qui surplombent la vallée. Il y a donc, selon moi, dans cet artwork certes une ode au Moyen-Age avec ces contreforts et forteresses qui servaient à leur propre défense en étant sur des hauteurs difficiles à franchir, mais aussi et surtout une sorte de nostalgie d’une époque où la Nature dominait largement les débats et les croyances. Une sorte de paganisme quoi ! Ou de mystère. Bref, tout ce qui fait que Darkenhöld continue à nous en mettre plein la vue avec des pochettes superbes ! Magnifique travail qui mérite d’être valorisé.
Musicalement parlant, le groupe niçois arrive tout de même à nous surprendre, et même si les ingrédients sont pratiquement les mêmes, ils parviennent à se recréer pour proposer des pistes aux mélodies qui attirent incontestablement l’oreille. Darkenhöld, c’est d’abord du black metal, et les cases sont toutes cochées une à une. Les guitares incisives, l’absence de lourdeur exagérée avec une basse qui accompagne davantage la batterie sur le plan rythmique qu’ayant un enjeu mélodique réel, le chant évidemment enraillé. Mais le black metal ci-contre est aussi très mélodique, avec des variations de riffs qui offrent une véritable richesse sonore. Des parties lead guitare qui donnent tantôt une dimension épique, tantôt mystiques, tantôt plus noires, le tout sur un fond médiéval dont finalement peu de formations européennes peuvent se targuer de l’effectuer avec tant de justesse. Parce qu’en ce qui me concerne, j’ai tendance à voir l’appellation « médiévale » comme quelque chose qui ne devrait pas exister en tant que genre de metal. Un peu comme les acerbes « metal viking » ou « metal pirate » qui me font pleurer des yeux. Toutefois, quand on y met autant de cœur et d’authenticité, voire même de passion, on se dit que, quelque part, cela peut exister ! Mais il ne faut pas se louper. Concernant « Le Fléau du Rocher« , c’est un sans-faute. Du début jusqu’à la fin, la première écoute fonctionne comme l’on boirait du petit lait. C’est prenant, cela vous secoue les entrailles, vous avez envie de remonter le temps et de vivre les légendes narrées par Cervantes au chant et ses troubadours sombres ! Et le plus incroyable dans l’histoire, comme je disais en haut, c’est que Darkenhöld garde la même recette globale. Vous prenez les albums précédents, hormis de légères variations sur le plan sonore, vous retrouvez ce black metal mélodique puissant et narratif, accompagné par quelques passages en instrumentations claires très folkloriques et de courts moments en chant clair qui font parfois figuration de déclamations. Vous avez donc un sixième album qui suit les autres avec une fluidité et une facilité déconcertante. Ce black metal fonctionne tel quel depuis le début et il a ce côté authentique qui a le mérite incroyable de fonctionner ainsi sans être obligé de se faire piéger dans la compromission. Darkenhöld réussit encore à nous éblouir, et c’est en cela qu’il convient d’aller découvrir pour les ignorants, ce « Le Fléau du Rocher » qui est magique, tout simplement.
Vous sentez venir la suite ? Vous avez raison. On reste encore et encore dans ce qui fait la richesse sonore de Darkenhöld, avec ce black metal qui jouit d’une production étonnante mais redoutable dans le paysage de la scène actuelle. Dites-vous bien que la majorité des sorties que j’ai faites en chronique pour le même label, avait la manie de vouloir aller sur des sonorités modernes, atmosphériques et surtout, à tourner le dos à ces sonorités qui faisaient la gloire d’une époque que l’on connait bien quand on adore comme moi, le black metal. Peut-être est-ce une sorte de pièce manquante que « Le Fléau du Rocher » propose, même si l’on remarque quand-même une propension à aller sur les années anciennes. Je trouve toutefois que, comme le black metal est mélodique à souhait et très épique, il convenait de faire des sonorités moins linéaires qu’un black metal old school durablement mid tempo ou arrosé de blast beat suggèrerait. Résultat : on discerne très aisément les bases rythmiques et le lead prend une place légèrement au-dessus pour laisser couler dans nos esgourdes les envies irrépressibles de batailles et de plonger dans les contes. Darkenhöld réussit, et ce encore une fois depuis toujours, à trouver un compromis intelligent entre la modernité qui sied et l’ancienneté sonore qui plait aux nostalgiques comme moi. Et le pire, c’est que cela marche ! Darkenhöld écrit encore davantage de lignes dans sa légende avec la même plume et la même encre sans faire aucune tâche sur son palimpseste. Je ne m’en cache pas de toute manière, je suis un grand amateur des sonorités sur les albums des Niçois. Et « Le Fléau du Rocher » est loin de me décevoir ! Probablement la claque qui a réveillé mon inconscient nostalgique ce jour, et il m’en faut beaucoup pour me bouleverser ainsi.
Tout l’enjeu de cette chronique est de comprendre comment Darkenhöld parvient à nous fasciner de la sorte ? C’est vrai ! La carte du Moyen-Age est jouée à de maintes reprises par d’autres groupes. Pourquoi eux ? Pour moi, la réponse se trouve dans mon introduction. Parce qu’ils mélangent subtilement la nostalgie de l’enfant qui a (trop) baigné dans ses rêves et la noirceur de sa musique black metal. Je pense que le Moyen-Age a une dimension multiple, aussi bien féérique que sombre. Il y a un réalisateur de films qui le fait excellemment bien et qui fascine justement plusieurs générations pour cela, et la comparaison est élogieuse : Tim Burton. Je crois indéniablement que « Le Fléau du Rocher« , et ses grands frères, ont tous réussi ce tour de force de susciter des émotions qui cohabitent pourtant dans des esprits tourmentés. Les plus enfantins s’extasient dans les récits épiques et les mélodies puissantes de Darkenhöld, tandis que les plus souffrants de vague à l’âme vont se reconnaître dans l’authenticité et l’incision terrible de la musique black metal. Voilà comment je perçois l’efficacité de Darkenhöld et voilà pourquoi selon moi, ils sont les seuls à mériter cette appellation de « black metal médiéval« . Ils font partie des groupes les plus exceptionnels de la scène. Sans aucunement varier d’un iota, la musique est redoutable et continue à me bercer comme aux tous débuts. Franchement, c’est la meilleure sortie du label de 2025 ! Haut la main.
Il ne le sait pas, et je fais une révélation aujourd’hui : j’adore Cervantes. D’abord parce que c’est un chouette type, très cultivé, qui parle de chant avec autant de justesse que de passion qu’il ne maîtrise son sujet quand il nous propose des photographies de ses randonnées sur Facebook et que, même si notre échange avait été bref, il reste à ce jour un de mes meilleurs souvenirs du Dark Medieval Fest 2019. Ensuite et surtout, parce que j’adore son chant. Pas forcément puissant vocalement parlant, mais juste dans sa manière de le poser, dans son phrasé général et même dans son articulation. Je pense qu’il fait partie de ces chanteurs que je ne peux que respecter car ils ont compris que cela ne sert à rien de s’échiner à écrire des textes intéressants et captivants si l’on n’y met pas un minimum d’effort dans l’articulation. La technique vocale varie un peu, mais sans plus, sans que cela soit obligatoire pour faire vivre la musique. En fait, Cervantes pose son chant un peu comme un narrateur des ténèbres. Il y a un aspect narratif très important dans l’univers de Darkenhöld et a fortiori dans « Le Fléau du Rocher » qui nécessite que le chant ne soit pas trop puissant. Et résultat des courses : on se prend au jeu. Le chant rend vivant les textes d’une manière cruciale et je pense que c’est aussi en cela que le trio de musiciens fonctionne parfaitement. Aldébaran s’occupe de la musique avec Aboth pour la partie rythmique, et Cervantes se sert de la musique pour mettre en narration le chant. Et évidemment, c’est juste excellent.
Concluons ainsi cette diatribe soilienne ! Mes ami(e)s, voici venu le temps d’honorer comme il se doit Darkenhöld et son nouvel album, le sixième, appelé « Le Fléau du Rocher« . Sorti chez Les Acteurs de l’Ombre Productions, ce nouveau chapitre des contes et légendes de nos amis niçois ne fait que confirmer haut la main tout le bien que je pense du groupe. Le black metal médiéval ici proposé n’a pas bougé d’un iota dans sa conception globale, hormis évidemment les nouvelles mélodies qui sont proposées ici et qui font de ce nouvel écueil un ouvrage d’exception. Il faut quand-même se rendre compte à quel point Darkenhöld réussit un exploit qui rendrait envieux n’importe lequel d’entre nous : celui de faire une musique qui garde ses bases séculaires loin du chant des sirènes de la modernité, loin des pièges du consumérisme pour ne presser que le jus de l’authenticité et de la passion pour cette fantastique époque du Moyen-Age. Et en cela, je crois qu’on ne peut qu’être pantois d’admiration pour eux. Ce « Le Fléau du Rocher » est incontestablement la sortie de l’année pour moi sur le roster du label. Extraordinaire.
Tracklist :
- Codex de la chevalerie 04:27
- Le cortège royal 05:52
- Temps enfouis 01:06
- L’ascension du mage noir 06:24
- Dans l’antre de la vouivre 05:04
- Troubadour 03:14
- Le fléau du rocher 04:47
- Gardienne des dryades 04:25
- Sortilège ancestral 02:10
- La cavalerie fantôme 05:26
- Pour le royaume 04:43
by Metalfreak | Mai 26, 2025 | Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10
“La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses.” Platon
Le choix de la citation n’est pas anodin. Platon a été précurseur de bons nombres de principes philosophiques et sociétaux que l’on continue encore aujourd’hui de parfois citer en exemple. Cependant, cette citation montre que bien connaître ce dont on parle est la base d’une bonne compréhension de la réalité qui nous entoure. Je suis souvent curieux de comprendre pourquoi untel groupe utilise untel mot pour s’offrir une identité artistique. Selon les styles de metal, on sait déjà à quoi s’attendre. Dans le domaine du death metal, on tombe assez facilement dans la simplicité avec des noms qui évoquent des trucs macabres, ou bien « evil » si vous ajoutez une bonne dose de doom metal. Dans le black metal en revanche, c’est beaucoup plus varié, surtout à notre époque où cette musique franchit le cap d’une musique plus élaborée, moins bestiale, pour aller sur des albums-concepts chiadés et philosophiques. Le choix des mots devient donc crucial pour se donner une identité qui à la fois va se démarquer des autres groupes, et va apporter cette touche personnelle qui fait que les émotions transparaissent plus facilement ou non. Et puis, vous avez des groupes qui maintiennent une forme d’old school dans leur approche. Avec un black metal plus froid, de la définition de la froideur comme étant soit » un manque de sensibilité, de passion » ; « un manque d’empressement, de chaleur pour quelque chose ou quelqu’un » ou « un manque de chaleur, de vie, d’éclat, en particulier dans une œuvre littéraire ou artistique, dans une composition décorative » (Petit Robert). Dans toutes les définitions amenées ci-contre, il y a la notion de manque qui revient tout le temps. Le manque étant en lien avec l’insuffisance ou l’absence, on peut donc se demander à quel moment ces groupes de black metal, qui font de la froideur, de l’incision même, une revendication artistique, parviennent à nous faire ressentir de l’émotion. A quel moment cette musique laisse place à des ressentis chez son auditoire, mais aussi à son concepteur. Quel est la finalité première ? On parle souvent de nihilisme, de chaos pour parer le black metal, surtout à l’époque des années 90 / 2000 où cette musique a puisé son identité la plus majestueuse et légendaire qui soit. Au point que moi, qui suis pourtant né durant cette période et qui de fait ne l’a pas connue dans sa quintessence profonde, j’en sois un profond nostalgique. Pourquoi je me suis lancé dans cette diatribe introductive ? D’abord, parce que je suis féru de philosophie, et que ce type d’interrogation didactive, j’en consomme régulièrement. Ensuite et enfin, parce que la formation que je m’apprête à vous présenter porte un nom qui évoque la philosophie platonicienne qui interroge la notion de l’espace, et donc de l’existence. Il s’agit en effet de Khôra et son album sorti cette année chez les Acteurs de l’Ombre Productions et nommé « Ananke« .
J’aurais dû faire cet album en release du jour, mais un envoi tardif et l’hésitation de savoir s’il fallait de facto en faire une chronique ont retardé les choses. Mais qu’importe ! Je suis fier et honoré de présenter ce projet, d’autant que des grands noms du metal underground le jonchent de part en part. A la base, cette formation établie d’abord en Allemagne, ensuite en Irlande est née en 2012 et n’était qu’un one-man band d’un certain Ole, qui a porté son projet tout seul jusqu’en 2020 et l’apparition d’un certain Kjetil Ytterhus, musicien norvégien faisant ainsi de Khôra un projet européen, aux claviers, d’un bassiste en 2022 nommé Göran Setitus. Et non des moindres, l’arrivée au chant d’Achenar, nom de scène de Frédéric Gervais, que l’on connait bien dans le milieu underground français, musicien dans les formations Cor Serpentii, Orakle et Sa Main (moins connue mais que je recommande vivement !), et gérant du studio d’enregistrement Studio Hénosis à Poitiers, qui a produit de très belle sorties récentes comme A/Oratos, Aorlhac, Pensées Nocturnes, Moonreich, Griffon, etc. Un beau pedigree donc pour entourer ce deuxième album « Ananke« , le premier étant sorti en 2020 et portant le nom de « Timaeus« . A noter une démo en 2016, « Málenkij robot« . Voilà pour les présentations ! Je vais donc me lancer à l’assaut de cet album qui s’annonce sur le papier très prometteur.
Étant en présence d’un support physique, pour mon plus grand bonheur de collectionneur compulsif, me voilà donc prêt à évoquer le premier élément que nous regardons tous ou presque quand nous achetons un CD : la pochette ! Petite parenthèse importante, qui rejoint ce que je disais plus haut : l’ananké est un concept philosophique qui tend à définir ce qui est inévitable. On parle de nos jours de la fatalité pour comprendre plus aisément ce concept, son opposé étant le skholé, ou la liberté dans le temps. A noter que Ananké est aussi une figure allégorique du destin dans la mythologie grecque. Moi qui suis un adepte de la théorie selon laquelle il n’y a pas de hasard, autant vous dire qu’un nom comme « Ananke » me parle beaucoup. La question demeure néanmoins sur la figuration qui sert de pochette. Reprenant des codes que l’on connait avec le serpent et cette figure humanoïde qui représente soit une présence démoniaque, soit une figure ésotérique et mystique (théorie corroborée par le talisman en bas avec les symboles chamaniques qui ressemblent étrangement à une langue), on sent surtout que la pochette plante un décor qui parle plus qui ne fait réfléchir. On était comme je l’expliquais en introduction, que certains groupes perdurent dans une démarche old school. Je pense donc que Khôra a probablement voulu utiliser les symboles qui fonctionnent dans le sens où l’auditeur retrouvera l’essence de ce qui fait la musique dûment présentée ici. Après, qu’il y ait une dimension ésotérique ou religieuse, seuls les artistes le savent vraiment. Graphiquement en tout cas, la pochette est très belle ! J’aime ce style qui n’évoque pas de peinture, qui va sur du graphisme informatique pur, mais qui n’en fait pas des tonnes. Qui pose les bases et va droit au but donc ! Il convient ainsi de saluer le travail effectué par Simon Chognot, qui signe cette pochette simple mais redoutablement efficace !
J’ai vu des commentaires extrêmement élogieux avant d’avoir rédigé cette chronique. C’est le piège parce que, c’est comme quand on vous vend un blockbuster comme le film de l’année, que vous y allez les mains dans les poches pour au final vous ronger les ongles jusqu’à l’os d’affliction. Ici, ce n’est heureusement pas le cas, loin s’en faut ! Khôra tient manifestement toutes les promesses déjà engagées dans les commentaires lus à droite et à gauche. Fort d’un black metal qui frise la frontière entre l’atmosphérique et le symphonique, « Ananke » s’impose comme un album d’une richesse sonore très importante. La frontière existe parce que le groupe fait ce que j’appelle avec beaucoup de recul du black metal symphonique « raisonnable », soit pas grandiloquent. Les nappes de claviers sont là uniquement pour amener des ambiances sombres et profondes, au détriment d’une dimension plus explosive comme le ferait des groupes comme Fleshgod Apocalypse qui tartinent de parties symphoniques leur metal, pour donner de la grandeur sonore, de la grandiloquence à outrance ! Certains ont parlé de références comme Emperor, Ihsahn, et d’autres gloires des années 90 / 2000. J’avoue ne pas être totalement en phase avec ces constats, mais cela n’empêche pas de trouver la musique fortement bien construites. Les compositions vont droit au but, avec donc ces nappes de claviers qui posent des bases obscures, les riffs guitares qui ne font pas vraiment de concession, le chant bien à propos mais un brin trop absent à mon gout, le tout respire néanmoins un vrai black metal old school dans l’intention très sombre et froide que je décrivais. Difficile en l’état de percevoir quelles seraient les émotions que les parties plus atmosphériques amènent, puisque la musique est entièrement dédiée à la manifestation d’une forme de Mal. Je suis toutefois un peu étonné de ne pas avoir un apparent album-concept, les morceaux me semblent plus fonctionner comme un enchainement, un recueil de pistes, qu’un vrai album qui graviterait littéralement autour d’un sujet précis comme l’attesterait le nom « Ananke« . J’apprécie particulièrement la durée des pistes, raisonnable et suffisamment percutante pour que l’on reste un peu sur notre faim et que l’on veuille reprendre de la dope tout de suite après. En comparaison de ce que le label a sorti récemment, j’y vois un peu la même intention que Borgne par exemple. Ce black metal racé, ombragé et dur au mal, qui va à l’essentiel, soit vers le démonisme, soit vers quelque chose de beaucoup plus ensorcelé. C’est en cela que « Ananke » remplit son contrat avec une facilité déconcertante. Enfin, à moitié quand on connait le talent et la réputation de certains protagonistes du projet.
On a parlé en amont du métier que fait Frédéric Gervais, il était donc fort à parier une ou deux phalanges que le son de l’album allait être excellent. Sans suspense, c’est le cas ! Je ne m’aventurerais pas dans une pseudo analyse de la production étant donné le ponte qui va peut-être me lire, et je ne veux pas paraitre ridicule. Simplement, je trouve que la force de cet album réside justement dans l’occupation du spectre sonore. La musique occupe l’espace juste en somme, chaque instrument est à ce qu’il me semble, à sa juste place dans le mixage, le tout donne un effet effectivement très atmosphérique, plantant une ambiance vraiment pesante, incisive. Je n’ai rien à gagner à essayer d’entrer dans des considérations techniques, mais franchement la production est ce qui se fait de mieux actuellement sur la scène black metal européenne. Il y a cet aspect agressif dans le son que je comparerais volontiers à des groupes comme Mgła par exemple, et en même temps ce talent qui permet d’insérer un côté un peu planant sur certains passages, et qui ajoute donc de la richesse sonore dans des compositions déjà bien élaborées. En somme, un album très bien produit !
Maintenant, quand on écrit une chronique, nous avons une mission : celle de donner envie aux gens d’aller à la rencontre d’un album, ou l’inverse le cas échéant, si toutefois l’on conserve une honnêteté intellectuelle comme chez Soil Chronicles. Ce qui me frappe dans les différentes écoutes effectuées sur « Ananke« , c’est que l’on sent à quel point la musique qui semble pourtant bien old school dans son approche globale, se met en fait au service de quelque chose de profondément personnel et, comme son nom l’indique, philosophique. Outre l’aspect fondamentalement noir, il y a cette part insondable qui fait que l’on ignore si l’on tombe sur un ouvrage démoniaque, qui parle de la condition humaine ou encore d’une simple noirceur conceptuelle. Une chose est certaine, cet album véhicule un nombre important de parts émotives, qui fait que l’on se sent happé par une force artistique. Et tout cela avec une complicité manifeste entre les différents protagonistes qui parviennent à se rassembler dans un maelström créatif et faire cause commune pour faire naître les idées de son concepteur principal, le dénommé Ole. Le black metal a de facto cette capacité d’hypnotiser les auditeurs quand il fait avec force, authenticité et talent. Bref ! Cet album promettait monts et merveilles par le pedigree de ces têtes pensantes, le talent idoine. On a eu effectivement ce qui se rapproche de cela. Franchement je n’ai pas senti une quelconque maladresse, l’album est fluide, direct et ambiant. Tout ce qu’il faut pour que le tout soit une franche réussite. Pour un deuxième album, c’est du très très lourd dans le domaine !
Enfin, j’aime parler du chant, c’est une habitude. Je me dois d’être honnête : je n’avais pas tant accroché avec Orakle pour lequel pourtant je reconnais beaucoup de talent mais qui à mon avis sortait des albums qui passaient malheureusement en second plan de ce que j’écoutais à cette époque ; beaucoup plus avec Cor Serpentii et Sa Main. Pourtant, le chanteur est le dénominateur commun entre les deux précédents cités, et donc Khôra. En fin de compte, je suis convaincu que Khôra est le meilleur projet pour la voix d’Achernar, alias de Frédéric Gervais. D’abord parce que la profondeur de scream de ce dernier est indéniablement fait pour un black metal qui a des ingrédients atmosphériques, une autre profondeur sonore qui permet au chant d’ajouter une touche supplémentaire d’oppression et de sombritude. Ensuite parce qu’il faut le dire, « Ananke » est récent. Les techniques d’enregistrement n’étaient pas les mêmes avant, et on sent une nette différence entre le premier album d’Orakle et cet album qui jouit donc de la chronique ci-contre. Enfin, parce que j’ai envie simplement de dire que tous les gouts sont dans la Nature et qu’un projet d’un musicien peut très bien ne pas plaire, tandis qu’un autre étonnamment le peut. Le tout est une question d’alchimie, et je sens, moi qui suis très sensible à l’osmose dans les groupes de musique, que derrière Khôra, il y a cette parfaite entente artistique. Frédéric Gervais est un musicien que j’admire autant par le parcours, le talent, que par l’apport et l’influence qu’il a dans notre scène underground, et son chant ne fait pas exception. Bravo !
Pour conclure cette chronique, Khôra, projet européen au préalable one-man band suédois (résident allemand, puis irlandais) d’Ole, propose un deuxième album nommé « Ananke« . Le premier avec d’autres musiciens dont le chanteur et compositeur français Frédéric Gervais. Proposant une musique black metal avec quelques infiltrations atmosphériques voire symphoniques, cette musique plaira forcément aux amateurs de black metal old school, progéniture d’une époque qui, avec des projets aussi talentueux, continue de faire vivre sa légende. Sorti chez les Acteurs de l’Ombre Productions, c’est probablement une des meilleures pioches du label qui continue de renouveler son roster avec des groupes pas forcément français, ce qui apparait comme un très bon choix, même si l’on aime que les groupes de notre pays jouissent toujours d’une visibilité méritée. Finalement, cet album, on pourrait considérer qu’il relève justement de l’ananké : cela devait arriver ainsi. A force de cheminement, de recrues de choix, Khôra pourrait devenir une formation majeure du metal noir européen. Dommage que des perspectives de concerts soient faméliques tant la musique siérait au live. A découvrir vite !
Tracklist :
1. Empyreal Spindle 05:18
2. Legion of the Moirai 04:39
3. Wrestling with the Gods 03:57
4. In the Throes of Ascension 03:54
5. Arcane Creation 02:33
6. On a Starpath 04:08
7. The Sentinel 04:01
8. Supernal Light 04:33
9. Crowned 06:47
10. Q.E.D 01:19
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