Line-up sur cet Album


  • Æni : guitare lead, chant clair
  • Regicide : chant, guitare rythmique
  • Daemonicus : batterie

Style:

Black Metal Mélodique

Date de sortie:

10 octobre 2025

Label:

Les Acteurs de l'Ombre Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

 

« C’est un vrai bâtard du temps celui qui ne se pénètre pas des mœurs qu’il observe. » William Shakespeare

On sent comme un vent de fraicheur qui souffle sur le roster du label Les Acteurs de l’Ombre Productions. Fort de groupes fidèles depuis longtemps, on sentait toutefois que certains étaient tellement en sommeil qu’il fallait renouveler le cheptel et on ne peut pas dire que la France manque de potentiels bons groupes en la matière. C’est ainsi que le label a choisi de nouvelles formations pour alimenter son insufflation qui consiste à créer une sorte de nouvelle vague black metal. Oui ! Le mot est lâché, le label a été une sorte de fer de lance pour amener sur la scène de manière plus concrète des formations qui me semblent cathartiques. Jusqu’à présent, le black metal était considéré comme un genre totalement en dehors des normes, avec ce paradoxe latent qui était construit autour d’une aversion totale pour les codes sociétales, en prônant une liberté de composition totale, mais tout en se codifiant soi-même au point d’avoir crée une forme de purisme maladif qui rejetterait les groupes libres de faire comme bon leur semble. Le label aura eu le mérite non négligeable non seulement de donner chance à des formations jeunes et montantes, parfois avec des résultats spectaculaires, mais aussi de donner vie à une nouvelle vague black metal plus cathartique et beaucoup moins consensuelle que les puristes ne le voudraient. C’est devenu un jeu de mon côté, de deviner quelle formation serait susceptible de se voir proposer une signature sur le label pour la fin d’année ou l’année prochaine. Bon, j’avoue que dans le cas de Malepeste, même si j’adore leur musique, je ne m’y attendais pas. Déjà que le groupe était resté selon moi beaucoup trop en sommeil, je ne pensais pas que le prochain album allait être signé chez les Acteurs de l’Ombre Productions. Concernant Galibot, je le sentais venir. Je sentais que le groupe collectionnait tout ce qu’il fallait pour être signé : un visuel autour d’un concept déjà utilisé par d’anciennes formations mais qui a le mérite d’avoir eu une hype plus intéressante. La musique, pas forcément exceptionnelle, avait donc au moins le mérite d’avoir un potentiel visuel à développer beaucoup plus intéressant. Et enfin, le groupe qui nous intéresse ce jour, je m’y attendais aussi. En fait, on s’aperçoit qu’un groupe aujourd’hui peut proposer une musique intéressante mais sans plus, tant qu’il a une visibilité accrue sur les réseaux sociaux, sous le joug des différents relais proposés, on sait qu’il a une chance. C’est donc sans surprise que j’ai découvert la signature du groupe Les Bâtards du Roi pour la sortie de l’album « Les Chemins de l’Exil« . C’est de cet album dont je vais vous parler ce jour avec plaisir !

Pour l’anecdote, j’ai connu Les Bâtards du Roi lors d’un concert à Orléans, dans leur ville d’origine donc, en ouverture de Hell Gate et de Pénitence Onirique, autre groupe du label. J’avais beaucoup aimé leur prestation que je trouvais quand même empreinte d’une certaine forme de naïveté, sans que ce soit un terme péjoratif mais on sentait que le groupe était encore en phase de rodage concernant sa scénographie. Les costumes avec des capuches et des masques pour cacher leur visage, détail que je trouve personnellement trop utilisé actuellement dans le black metal, me faisaient penser à des moines-soldats. L’univers était intéressant donc mais sans plus. C’est à l’écoute du premier album nommé éponymement que j’ai compris qu’il y avait du potentiel qui allait attirer les labels. Me voici donc de fort bon aloi à l’écoute de « Les Chemins de l’Exil » qui est à ce jour le second album du projet. Deux sorties concrètes en l’espace de trois ans – le groupe ayant commencé son activité en 2022 – et la dernière sur un gros label, forcément ! Cela rend curieux et questionne le chroniqueur chevronné que je suis. Mais je dois admettre que je partais plutôt serein tant le premier album m’avait plu.

Mais rapidement, à la lecture de la pochette, j’ai ressenti une déception, et ce sera la seule. Je la trouve en fait très naïve. Stylistiquement parlant, je ne la trouve pas franchement intéressante ni attirante. Le style graphique en petits points, cela peut être beau si c’est remis dans un contexte autre, selon moi, que celui très moyenâgeux du groupe Les Bâtards du Roi. Il y a cet aspect vintage mais récent comparé à l’univers du groupe qui ne colle pas. En attendant, la représentation d’un chemin d’exil aurait mérité mieux qu’une représentation littéralement identique au nom de l’album. Je m’explique : les possibilités de mettre en avant un exil d’un point de vue iconographique sont infinies, je pense donc que le groupe aurait pu proposer quelque chose de bien plus original que la vision de ces chevaliers encapuchonnés dont on ignore tout. En tout cas, le groupe orléanais sera resté fidèle au procédé d’une pochette en noir et blanc, mais en gardant un côté naïf voire tout simplement bâclé au détriment de la musique. C’est étonnant quand on connait les velléités du label à aller sur des projets hyper visuels… Je ne m’attarderais ainsi pas davantage sur la pochette qui illustre « Les Chemins de l’Exil » car elle est totalement dispensable et ne mérite pas plus de considération que cela. Y compris d’ailleurs dans la typographie du nom de l’album, beaucoup trop simpliste. Désolé pour le créateur du design, mais c’est ainsi.

En revanche, la musique m’a frappé très rapidement de son épée meurtrière. La musique du groupe Les Bâtards du Roi prend tout de suite l’auditeur de court par son côté plus brutal qu’incisif. Après une courte introduction qui sert plus selon moi à promouvoir les futures prestations du groupe en concert, le black metal va directement sur un versant à la fois mélodique et brutal. Là où certaines autres formations du roster sont plutôt atmosphériques, les orléanais se situeraient plus selon moi vers ce que font Griffon. A savoir un black metal mélodique qui se pare de nombreux apparats dont des samples en fond, des lignes de guitares pas toujours linéaires mais bien travaillées, un chant très présent en français, et donc ce caractère historique qui ressort de la musique et qui m’évoque vraiment ce que font Griffon, en moins chiadé quand même. Le black metal de « Les Chemins de l’Exil » est puissant, avec un profond caractère et une dimension magnifiquement majestueuse et solennelle qui rend extrêmement bien. J’adore les parties batterie, qui ne vont pas uniquement sur un mid tempo pompeux et déjà-vu, qui s’essayent à des variations qu’un vrai batteur talentueux peut proposer, le tout couplé avec une sonorisation quasiment parfaite, j’y reviendrai. En tout cas, Les Bâtards du Roi frappent très fort ! On voit une nette différence avec le précédent album qui sonnait certes déjà plutôt bien, mais qui avait encore ce degré de maturation à gagner pour monter en grade. Force est de constater que pour « Les Chemins de l’Exil« , le groupe a mis les petits couverts dans les grands et s’est fabuleusement retroussé les manches pour sortir cette musique black metal puissamment mélodique et grandiloquente. On sent déjà qu’en première écoute, cet album ne laissera pas grand monde indifférent et que le trio d’Orléans porte déjà haut. Maintenant, s’il s’agit de faire dans la dithyrambe, il n’en demeure pas moins que quelques points seront à améliorer encore pour avoir un troisième opus – souvent le décisif – mais déjà, en première intention, je me suis pris totalement au jeu de revenir à cette époque lointaine où la maie opérait rien que dans les récits et les contes. Que Les Bâtards du Roi y parvienne en musique, c’est d’ores et déjà un bel exploit ! Chapeau !

La production est revenue à quelqu’un qui n’est plus un inconnu pour moi désormais tant il a fait un travail exceptionnel pour le dernier Darkenhöld. Il s’agit donc de Ben Lesous qui s’est occupé de mettre en son ce nouvel album de Les Bâtards du Roi. Et manifestement, le gars a fait un boulot remarquable. Le son est impeccable, on retrouve cette puissance extrêmement prenante en lien avec les mélodies guitares qui donnent un ensemble comme je le disais plus haut, à la fois majestueux et émotif. La batterie est elle aussi très très bien placée, en témoigne sa force de frappe dans la rythmique mais aussi dans les moments plus calmes qui méritent en effet un côté plus percussif. Le chant, qui ne jouit pourtant pas de la meilleure technique vocale pour être autant mis en avant dans un mixage, a été placé d’une manière intéressante pour que l’on puisse comprendre malgré l’articulation qui est difficile avec cette technique précise, le texte qui est chanté. En fait, cela se passe de plus de commentaires. Le son est vraiment excellent, je l’ai trouvé opportun dans cette mouvance moderne d’un black metal plus puissant que réellement froid et incisif, à la limite sonoriquement parlant de ce que font certains groupe de thrash metal moderne. Et je note qu’en plus de cela, les compositions se prêtent parfaitement à l’exercice de ce son moderne qui peut faire peur à certains puristes, ceux qui glorifient l’époque du black metal sale et médiéval, mais qui, loin d’être antithétique dans le cas présent de « Les Chemins de l’Exil« , fonctionne étonnamment bien. Très bien même. Donc, mention à cette production qui signe un son particulièrement redoutable et efficace pour nous plonger dans l’histoire de ce deuxième album.

Il convient néanmoins de préciser un élément qui m’a un peu surpris dans la lecture des textes. Je pensais que l’on avait à faire avec un album conceptuel autour d’un exil, que ce soit d’un point de vue spirituel ou tout simplement historique. Or, je me suis aperçu qu’en fin de compte, il s’agissait d’un album qui faisait plus office de recueil que de conception. C’est un peu dommage, je suis resté sur ma faim parce que vous le savez, j’adore les albums conceptuels. Je pensais que les Bâtards du Roi, tout en y mettant une touche très personnelle qui n’est en aucun cas un souci, allaient nous conter une histoire chevaleresque ou quelque chose de l’ordre de l’introspection, comme c’est d’usage dans les sorties du label. Eh bien non. Ou en tout cas, pas de manière totalement assumée. C’est un peu dommage mais cela reste néanmoins un très bon album, bien écrit dans les textes. J’ai eu quelques doutes sur l’utilisation d’une IA pour la rédaction des textes que je trouvais pour la plupart un peu trop lambda, mais il s’avère que rien ne le prouve vraiment, qu’un texte a pu être généré par de l’IA ou non. Quoiqu’il advienne, cela n’enlève en rien la qualité certaine de ce deuxième album qui a été bien écrit dans son ensemble, y compris dans les textes même si j’ai trouvé comme je le disais certains d’entre eux un poil trop habituel. Il y a une dimension poétique indéniable dans « Les Chemins de l’Exil » et qu’il convient de souligner. Bref ! Après plusieurs écoutes, il faut me rendre à l’évidence : j’ai adoré ce deuxième album. Musicalement parlant, c’est extrêmement solide et prometteur pour la suite. La marge de progression existe mais elle apparait déjà bien minime quant au résultat de « Les Chemins de l’Exil« .

Et pour terminer, un grand classique dans mes chroniques : un paragraphe consacré au chant. Celui-ci ne fera pas exception, je trouve en effet la technique vocale bien utilisée, dans un scream en voix gutturale qui à mon avis, a dû donner quelques fils à retordre au chanteur tant on sent que la gorge a pris cher ! Après, il convient de dire que les techniques d’enregistrement permettent de faire croire à un chant puissant en faisant simplement des lignes de chant discrètes. Je pense, peut-être à tort, que ce fut le cas dans le processus d’enregistrement de « Les Chemins de l’Exil« , sinon gare aux cordes vocales. J’aime surtout l’effort important qui a été produit pour articuler les textes qui sont, je le rappelle, dans la majorité très bien écrits, poétiquement parlant, et qui méritaient qu’on les mette en valeur. Un effort notable dans la mesure où on arrive à comprendre une bonne partie de ces derniers. Un chant enraillé qui, ma foi, loin de dénaturer le caractère grandiloquent de la musique, comme Griffon, amène un côté macabre qui ne me laisse pas indifférent du tout.

Pour terminer, Les Bâtards du Roi sortent en cette fin d’année 2025 un deuxième album nommé « Les Chemins de l’Exil« , sortie qui succède à l’annonce de la signature du projet orléanais chez les Acteurs de l’Ombre Productions. Un belle rentrée pour le trio de musiciens qui font la part belle à un univers moyenâgeux et un brin mélancolique, le tout amené par un black metal puissant, fervent et surtout très mélodique. J’ai été très agréablement surpris par la maturité gagnée par le groupe en peu de temps, lui qui il y a encore un an faisait la cour à la scène orléanaise, loin de se douter probablement qu’ils iraient vers un début de consécration aussi fort dans l’underground. Mais au moins, le trio s’est donné largement les moyens pour assumer cette nouvelle ascension et ce deuxième album, très très bon, sonne comme un ensemble très prometteur. Une musique qui se veut à la fois au service de l’Histoire, mais aussi de leur propre histoire car qu’on se le dise, avec ce deuxième album, les Bâtards du Roi ne vont pas tarder à regagner le rang royal qu’ils méritent ! Le chemin est long, mais il est déjà bien entamé.

 

Tracklist :

  1. La forêt 05:25
  2. L’âme sans repos 04:27
  3. Vers l’étoile solitaire 03:52
  4. Le chevalier au corbeau 03:44
  5. Ord Vil Merdos 05:00
  6. Le val dormant 07:25
  7. Les chemins de l’exil 04:11
  8. La chevauchée cadavérique 04:36
  9. Sous la couronne de l’éternité 08:08

 

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