Hell Gate – Vagues d’Amertume

Hell Gate – Vagues d’Amertume

Note du Soil Chroniqueur (Fast Freddy) : 8,5/10

Après plus de dix ans d’existence, force est de constater qu’Hell Gate n’a pas été d’une grande productivité en matière de discographie depuis ses débuts ! Seuls deux EP, « 41 » et « 6T », sortis respectivement en 2015 et 2016, et « Par-delà l’existence », un album qui a vu le jour en 2020, sont à afficher à leur crédit. Le groupe n’en est pas pour autant resté inactif, arpentant les scènes françaises, belges et helvètes pour répandre son post black originaire du massif Vosgien.
Après une orientation black-death à leurs débuts que l’on retrouve sur les deux premiers EP, Hell Gate s’est progressivement tourné vers le post black, qui semble plus convenir aux quatre membres du groupe. La fin de l’année 2023 voit donc l’arrivée de « Vagues d’Amertume », leur deuxième réalisation long format, résolument tournée vers les flots tourmentés des océans à travers les huit titres qu’elle contient, comme le laisse également deviner l’artwork de la pochette représentant un navire en fâcheuse posture au milieu d’une mer démontée, semblant inexorablement prendre le chemin des abysses !

C’est une ambiance pesante qui plane en permanence sur les titres de cet album, et ce dès « Au plus loin de la terre », le premier morceau ! Sonorités shoegaze de circonstance, les changements de rythmes nous font ressentir les différentes impressions que l’on peut ressentir, embarqué sur un navire dans l’immensité océanique, les parties tourmentées faisant référence à une mer agitée et celles plus calmes, au calme après la tempête !
Le clapotis en intro de « Par le fond » ne laisse que peu d’interprétation possible quand au devenir de l’embarcation qui a fait s’accroitre le nombre d’épaves gisant au fond des mers du globe ! Musicalement oppressant, ce morceau peut retranscrire la bravoure et le désespoir des marins dans leur combat contre les éléments pour la survie de leur navire et de son équipage… En vain !
Le post black prend toute sa mesure sur « L’océan aux mille tempêtes » avec une intro limite expérimentale bien vite balayée par des sonorités sombres dont les rythmes varient à l’envie comme pour mieux marquer les différents degrés d’intensité des tempêtes évoquées, avec là encore une fin plus douce musicalement sur laquelle un chant parlé vient se plaquer mêlant désarroi et rage.

Il est à noter qu’un travail particulier a été fait pour soigner les intros, celle de « Les naufragés », épique à souhait, en témoigne. Ce morceau se révèle lui aussi intéressant au niveau de sa composition et de sa structure et caractérise pleinement l’orientation musicale prise par le groupe ! C’est à la fois intense et immersif !

« Errance » est parfaitement imagé par une musique calme, limite atmosphérique, qui peut allègrement évoquer les moments de doute qu’on l’on pourrait ressentir en pareilles circonstances, sans savoir si l’on est voué à mourir là où les courants nous ont menés ou alors si nous serons secourus et sortis de cette fâcheuse situation !
L’intensité qui se dégage sur « Epave » te donne le souffle court à travers un rythme plus lourd dans lequel la ligne de basse a toute sa part !
« Phare » est probablement le titre le plus puissant, qui pourrait être d’inspiration et d’influence de groupes tels que Gaerea, le post black gardant ici une certaine agressivité, tempérée l’espace d’un excellent break au milieu du titre avant de revenir crescendo sur une ambiance plus lourde sur sa dernière partie avec un chant hurlé et plaintif à souhait ! En ce qui me concerne, c’est le titre phare, si je puis dire, de cet opus !

« Grève », du haut de ses presque dix minutes, ponctue ce deuxième album d’Hell Gate en livrant une atmosphère encore une fois pesante parfaitement maitrisée. Les variations du chant d’Hell Max méritent d’être soulignées tant elles y contribuent grandement !

Côté production, la batterie gagnerait à être mise plus en avant, étant trop en retrait de mon point de vue.

Album que je qualifierai de riche et varié par ses compositions, d’intéressant musicalement car il explore à travers ses différentes sonorités le post black dans toute sa dimension, et qu’il immerge complètement l’auditeur dans le monde dans lequel Hell Gate souhaite l’amener !
Bon boulot les gars !

Tracklist :

01. Au plus loin de la terre 06:38
02. Par le fond 06:12
03. L’océan aux mille tempêtes 04:51
04. Les naufragés 07:45
05. Errance 03:05
06. Epave 07:04
07. Phare 06:21
08. Grève 09:57

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Miara – Hungering Inside

Miara – Hungering Inside

Note du Soil Chroniqueur (Fast Freddy) : 7/10

 

La scène metal transalpine est non seulement riche, mais également de qualité et ce dans tous les registres et subdivisions que compte notre musique préférée ! Et elle semble intarissable, de nouveaux groupes ne cessant d’émerger, à l’instar de Miara, jeune combo de death melo dont la naissance remonte à l’année dernière ! A peine né que le groupe semble vouloir brûler les étapes, ayant cette année atteint la finale du Wacken Metal Battle, rien que ça ! Qu’à cela ne tienne, le quintette de Bologne, fruit d’un projet porté initialement par les frères Grillo, nous propose déjà un album proche des quarante minutes et fort de neuf titres, fort de l’adage qui dit qu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud.

Honnêtement, ne connaissant pas le groupe, on te fait écouter l’album, tu as l’impression d’être en présence d’un groupe suédois, issue de la scène de Göteborg, tant les sonorités sont celles que l’on trouve chez In Flames ou At the Gates pour ne citer qu’eux ! Ce n’est ni un reproche, ni un compliment mais juste un constat. Pour le coup, il ne faut pas chercher ailleurs pour les influences qui ont bercé le groupe !
Avec Markus au chant, la touche suédoise est physiquement présente, soit dit au passage !

Fort de ces éléments, il n’y a guère de surprise sur le contenu de cet album, c’est un death melo alliant modernité et technicité dans le son et les compos, tout en gardant une certaine puissance et des mélodies qui accrocheront tous les fans de ce registre musical. Certes l’originalité n’est pas au rendez-vous, les morceaux ayant un air de déjà entendu, mais il faut avouer qu’ils sont agréables à l’écoute, efficaces et bien amenés, que ce soient ceux affichant une grosse intensité musicale comme « The Gate of Hell » ou encore « Fit Into the Mold » ou ceux à l’ambiance plus calme comme « Trying »

Le contraste entre puissance et mélodie se ressent également dans la voix, celle furieuse de Markus et celle soft et lissée des chœurs qui habillent plusieurs titres. Côté musiciens, il faut reconnaitre une certaine maîtrise et un talent évident que la production soignée met parfaitement en évidence.
Le travail des guitares est conséquent, à travers les riffs lourds et consistants, les mélodies bien posées ainsi que sur les breaks, « Save Me » en est un exemple.
« Broken Bond », qui fait office d’intermède instrumental, n’amène fondamentalement pas de plus-value à l’album, étant plutôt fade au final.

L’album se termine par deux titres plus en phase avec tout ce que Miara a montré depuis le début, « My Will Dominates » plus dynamique et avec de l’énergie à revendre, et « Trying » plus mélodique avec une intro sympa au piano et un refrain entrainant.

Nul doute que les amateurs de death melo aux accents scandinaves sauront apprécier à sa juste valeur celui que Miara décline à la sauce bolognaise !

 

Tracklist :

1. Hungering Inside 3:40
2. You Still Remain 4:19
3. The Gate of Hell 4:12
4. Fit into the Mold 3:36
5. Save Me 4:42
6. Broken Bond 1:42
7. My Will Dominates 4:38
8. Trying 5:22

 

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Sadus – The Shadow Inside

Sadus – The Shadow Inside

Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 8/10.

Cela faisait un bail que les Californiens de Sadus n’avaient pas sorti d’album studio, dix-sept années exactement, « Out For Blood » datant de… 2006 ! Depuis, à part un album live paru en 2015, plus rien si ce n’est la parution de deux singles que l’on retrouve sur « The Shadow Inside » qui constitue leur sixième méfait long format, ce qui est tout, sauf loin d’être énorme, le groupe ayant vu le jour en 1985 !

Les quelques notes calmes de l’intro de « First Blood » contiennent quelque chose de malsain qui présage d’un changement de rythme et de tonalité à venir ! Il faut tout de même attendre quasiment deux minutes avant de rentrer dans le vif du sujet pour qu’un riff thrashisant au possible n’intervienne afin de siffler la fin de la récréation en envoyant la soudure vitesse grand « V » ! Chant basé sur des textes courts saccadés, solo bien énervé et aucun répit qui ne te sera proposé jusqu’au bout des presque sept minutes que le titre contient ! Imagine toi dans une bagnole lancée à tombeaux ouverts, toi avec la tête par la fenêtre et ton pote au volant qui rase un interminable enchevêtrement de mûriers pour que tu puisses sentir chacune des branches te lacérer le visage en guise de bonjour… c’est sensiblement le ressenti qui se dégage de cette entrée en matière !
Un ressenti que tu auras avec bien d’autres titres, comme le terrible « It’S The Sickness », ou « Ride the Knife » qui défonce tout sur son passage même si la fin du titre se joue sur un tempo plus lent.

Les années passent et le temps semble n’avoir aucune emprise sur Darren qui dégage encore une put1 d’énergie dans le chant, ses cordes vocales n’accusant pas le coup, les hurlements sur « Scorched and Burnt » en attestent ! La voix est souvent le maillon faible des groupes qui perdurent, surtout dans un style aussi agressif que Sadus, c’est pourquoi sa performance est à souligner, car elle contribue à faire de cet album un opus qui ne souffre d’aucun à peu près, ni de faiblesse à ce niveau là !
Que dire de la furie développée derrière les fûts par Jon si ce n’est qu’elle est dévastatrice ; ça déboule à cent à l’heure et lorsque tu te dis qu’il est au maximum de ses capacités, il t’impressionne davantage sur le morceau suivant ! Une machine, le type !
Des morceaux comme « Anarchy » me font constater que « The Shadow Inside » est un album moins technique, moins lissé, plus rapide et féroce que ce que le groupe a pu produire précédemment ! Ces longues années restées sans composer les ont fait emmagasiner une rage débordante qui se retranscrit sur cette dernière galette et franchement, qui va s’en plaindre ? Alors oui, « The Devil In Me » ou « Pain » peuvent ponctuellement me faire mentir, mais l’ambiance générale de l’album est quand même plus tournée sur la mailloche que sur le tricotage, la poterie médiévale et le macramé !

« No Peace » alterne rythme ultra rapide et tempo plus lourd et au vu de l’agressivité qu’il recèle, on comprend bien que le climat de paix n’est pas au programme ! Dommage que la production ne mette pas suffisamment la batterie en exergue sur ce morceau en particulier !
« New beginnings » nous rapproche de la fin en nous gratifiant de deux minutes de calme appréciable en guise d’intermède musical avant que « The Shadow Inside » ne vienne conclure l’opus à travers un thrash dont la violence est contrôlée comme pour montrer que Sadus garde la situation bien en main !

Pour ceux qui se demandent si après avoir disparu autant de temps des écrans radars, un groupe peut revenir et continuer à botter des culs comme avant… La réponse est clairement oui pour Sadus, un peu à l’instar de Carcass en son temps !
« The Shadow Inside » n’est peut-être pas l’album thrash de l’année, mais il est solide et tient son rang sans faiblesse ni faux pas !

Tracklist :

1. First Blood 6:53
2. Scorched And Burnt 4:29
3. It’S The Sickness 4:29
4. Ride The Knife 5:27
5. Anarchy 2:47
6. The Devil In Me 6:07
7. Pain 4:15
8. No Peace 5:08
9. New Beginnings 2:06
10. The Shadow Inside 5:22

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Vansind – Mørket

Vansind – Mørket

Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 8/10

 

La famille du folk metal ne cesse de s’agrandir, peu importe la subdivision défendue par les nouveaux venus, celtique, scandinave, médiévale, etc. Avec Vansind, combo danois qui a vu le jour il y a à peine quatre ans sur l’île de Seeland, c’est bien évidemment dans les traditions scandinaves que l’inspiration va se chercher ! Après un premier EP prometteur intitulé « MXIII » paru en 2021, Vansind sort « Mørket », qui signifie l’obscurité, son premier opus long format qui contient huit titres pour nous plonger au cœur du terroir de ce royaume aux confins septentrionaux de l’Europe !

« Den store ask » ne laisse pas de doute, le voyage dans la mythologie nordique prend vie dans cette courte intro !
L’excellent « Grib til våben », sorti en single l’année précédente, retentit et propose un folk viking dans toute sa splendeur ! Des riffs lourds pour donner du courage aux guerriers harangués par la voix éraillée et les cris de J.Asgaard, là où celle claire et charmeuse de Line saura les guider tel le chant d’une sirène bienveillante, une mélodie accrocheuse à la cornemuse qui pour le coup apporte une touche celtique, une rythmique basse-batterie classique comme pour cadencer le tout et un solo en phase pour contribuer à rendre le tout épique, il ne manque rien pour faire de ce titre un morceau phare de cet album !

A vrai dire, le folk metal n’est pas ma tasse de thé quotidienne, étant souvent rapidement blasé par l’aspect répétitif de ce style amenant une certaine monotonie. Ici, je ne ressens rien de tout ça et même si la sonorité classique du folk metal est là, je trouve que chaque titre est différent que ce soit dans sa construction, ses rythmes ou dans l’ambiance qu’il diffuse. L’inspiration et la manière de la retranscrire amènent une sorte d’originalité, ce qui rend l’écoute agréable. Peut-être est-ce dû au fait que le groupe est constitué de musiciens arrivant d’horizons et de groupes différents et que le rendu résulte de la confrontation des différentes influences.

Ainsi, on passe d’un morceau guerrier, dans lequel on s’imagine aisément les combats sanglants, à un autre plus festif comme « Blodmosen », où l’on se voit une corne à la main danser lors d’un banquet, à un autre plus classique et traditionnel comme sur le magistral « Frigg », ou encore « Den første fejde » dont les chœurs sont enivrants.

« Før dagen gryr », dans lequel quelques passages à la flûte sont à noter, permet à Mickael d’envoyer quelques lignes de basse efficaces ! Par ailleurs, les paroles chantées en danois – n’ayant pas la chance de le parler, je présume qu’il s’agit de danois au vu des origines du groupe – renforcent l’immersion dans les contrées froides et rudes du grand nord.
« Blót » est un régal pour les oreilles sous la forme d’une balade scandinave de toute beauté, mettant en exergue le mariage réussi des voix claire et éraillée sur un fond mélodique savamment posé.

L’artwork de la pochette est pleinement en phase avec le registre du groupe, et la production aux petits oignons nous permet d’apprécier cette galette comme il se doit !
C’est un premier album de toute beauté que Vansind nous propose avec « Mørket », nous offrant un voyage puissant et plaisant au cœur de la mythologie scandinave !

Un album, qui à n’en pas douter, ravira les fans de folk metal, mais pas seulement !

 

Tracklist :

1. Den store ask 1:19
2. Grib til våben 5:36
3. Blodmosen 6:41
4. Før dagen gryr 7:51
5. Den første fejde 6:14
6. Blót 6:10
7. Rejsen mod nord 6:15
8. Frigg 5:23

 

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Obsidyen – Litany of Iah

Obsidyen – Litany of Iah

Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 9/10

C’est à Albi, appelée ville rouge et qui compte pour tous les adeptes du catharisme, qu’Obsidyen a vu le jour en 2019. Un an après sa formation, le combo albigeois sort un premier opus intitulé « Antediluvian Scriptum », basé sur un post black évoquant les écrits sacrés et les mythologies bibliques ; sans chauvinisme aucun, Obsidyen montre d’emblée qu’il dispose d’un gros potentiel au vu du succès rencontré par leur première galette. Vont-ils confirmer sur leur lancée avec « Litany of Iah » qui sort au cœur de l’automne ? Soil Chronicles vous donne la réponse ici !

« Litany of Iah » est le premier volet d’une trilogie mythologique créée autour du « culte du serpent » par Omega, le créateur d’Obsidyen. Il prend vie dans l’Egypte ancienne, Iah étant une divinité égyptienne liée à l’astre lunaire, appelée parfois « disque blanc » ou « seigneur du ciel » au gré des écrits. Les Egyptiens ayant constaté l’influence de la lune sur le comportement humain, et notamment en termes de fécondité, Iah est vu comme le dieu du renouveau, de la renaissance et du rajeunissement. On reste donc à proximité immédiate de la théorie de l’astronaute antique, qui lie la vie extraterrestre à une époque ancienne, lire les écrits d’Erich von Däniken à ce propos, sujet mystérieux, voire subversif pour certains, cher et déjà abordé par le groupe, mêlant les astres, la science-fiction et les croyances antiques, en y apportant un éclairage différent et dérangeant sur l’humanité.
Pour ce qui est du serpent, il est vu différemment en fonction des croyances, des légendes et des mythologies : signifiant parfois le mal, la fourberie, la ruse, symbolisant l’esprit de gardien dans les récits homériques, les nordiques le représentant en un monstre gardien du Midgard, l’affublant de la magie de la guérison chez les Romains, il est principalement associé à l’immortalité ainsi qu’aux dieux de l’ancien et du moyen empire chez les Egyptiens, un peu à l’instar des Celtes pour ce qui est de l’immortalité. Voilà pour le décor enrobant ce nouvel album et pour comprendre l’esprit qui a animé et guidé le groupe pour composer le premier chapitre de cette trilogie.

« Ceux qui viennent d’en-haut » ouvre le bal, dans des sonorités aussi mystérieuses qu’inquiétantes, plongeant l’auditeur dans un monde incertain, qui semble ténébreux mais qui pourrait tout aussi bien signifier que la lumière ne semble pas loin, et qu’un dénouement aussi inespéré qu’heureux est envisageable. Les voix envoûtantes, comme en suspension, qui résonnent ainsi que la répétition régulière d’un choc lourd et lointain, renforcent cette atmosphère prenante !
Sans surprise, le deuxième morceau, qui a donné son nom à l’album, évoque Iah, à travers un black torturé par des riffs répétés à l’envie et une voix éraillée lente et déterminée, comme pour mieux introduire la divinité évoquée, le tout sur une rythmique qui ne souffre d’aucune faiblesse, histoire d’appuyer voire d’ancrer le propos dans le marbre ou dans nos crânes, au choix !

Démarrant sur un arpège aux sonorités orientales, « An Ancient Age » se joue sur un tempo moyen, propice pour invoquer le dieu serpent ainsi que le caractère maléfique des reptiles à langue fourchue, émissaires des ténèbres et responsables de l’envoi du savoir par-delà les étoiles, figeant par là-même l’âge ancien ! C’est une atmosphère particulière qui règne tout au long du morceau, à la fois pesante, étrange, mais semblant en harmonie avec les éléments !
« The Passenger of Nout » est un morceau alliant brutalité musicale et harmonie mélodieuse, comme pour imager l’écart et le contraste entre la terre des mortels et le ciel habité par les divinités dont Nout, mère de tous les astres, en est la déesse. Les édifices érigés ici-bas en leur honneur sont vus comme des passerelles les rapprochant des dieux, leur donnant l’espoir d’un accès au voyage divin !
« The Eternal Confinement » évoque le douât, passage de la lumière dans les ténèbres de la nuit ; les Egyptiens redoutaient la nuit et voyaient dans les chats, les gardiens de  dans l’obscurité profonde et ceux permettant son retour au bout de la nuit. Bastet étant leur incarnation divine, elle lutte contre le dieu serpent, représentant Apophis, dieu de la nuit et des forces mauvaises s’opposant au retour de la lumière ! Le douât est également le séjour de l’âme des morts dans l’au-delà, récompense divine avant la réincarnation ! Vu par Obsidyen, cela se traduit par une approche musicale d’abord calme voire hypnotique à travers une incantation vocale se lamentant, avant que le combat pour ou contre la lumière en fonction de l’angle d’approche, ne prenne les traits d’un déluge puissant, basé sur des hurlements et des riffs dévastateurs, et lourd, par une mélodie froide en mid-tempo plaquée dessus diffusant une ambiance irrémédiablement dantesque ! Le break aux deux tiers du morceau renforce cette impression, calme en premier lieu puis massif à souhait pour un final somptueux refermant le tombeau scellant le début d’un confinement éternel !

Le chaos voulu par Apophis est évoqué dans un morceau éponyme d’une dizaine de minutes ! C’est le temps qu’il faut pour dépeindre tout le malheur dont il est capable ! La transcription musicale d’Obsidyen ne laisse aucun doute sur la brutalité et sur tous les stratagèmes qu’il mettra en œuvre pour parvenir à ses fins à travers une première partie de morceau qui s’exprime dans un black intense te poussant dans tes retranchements et tourmentant ton âme pour la contraindre à suivre le chemin du mal, avant qu’une nouvelle fois un break plus calme ne retentisse, sans pour autant te sauver la mise tant il confère une atmosphère malsaine, la voix incitative d’Omega et le martèlement sonore y contribuant grandement, te laissant sans défense face aux turpitudes reptiliennes qui t’empêchent d’accéder à la lumière ! Encore un moment de toute beauté !
Le voyage mythologico-cosmique aurait pu s’arrêter là qu’on en aurait déjà largement eu pour notre argent ! C’est sans compter sur Obsidyen qui enfonce le clou avec « Under the Sphinx », titre bonus qui vient clore ce deuxième album. C’est une nouvelle fois un morceau superbe et intense, capable de décupler les énergies d’où qu’elles viennent, de par sa puissance musicale ou les évocations qu’il contient !
De mon point de vue, cet album s’apprécie à sa juste valeur en prenant le soin de décrypter les paroles pour mieux en comprendre le sens musical que le groupe a voulu imprimer. L’artwork de la pochette est parfaitement en phase avec le concept de l’album et a été réalisé de main de maître par Macchabée Artworks sur lesquels je ne saurais trop vous conseiller d’aller jeter un œil, pour vous faire une idée sur la qualité de leurs productions ! Puisque l’on parle de production, celle-ci est soignée, sachant d’un côté préserver le côté brut des parties agressives, tout en magnifiant les passages plus atmosphériques ainsi que les arrangements.

Si tant est qu’il en existe encore, certains qui auraient des doutes sur la qualité de la scène hexagonale en matière de black metal, je ne saurais que trop vous recommander l’écoute de « Litany of Iah », une pépite en la matière, qui prouve qu’Obsidyen est un groupe sur lequel il faut dès à présent compter !
A écouter de toute urgence !

Tracklist :

1. Ceux qui viennent d’en-haut 2:25
2. Litany of Iah 7:08
3. An Ancient Age 7:52
4. The passenger of Nout 9:11
5. The Eternal Confinement 9:14
6. Apophis 10:52
7. Under the Sphinx (Bonus) 6:13

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