S.U.P. – Octa

Le 15 novembre 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Line up : Ludovic Loez – Chant, Guitares / Fabrice Loez – Guitares / Thierry Berger – Batterie / Frédéric Fievez – Bass

Style:

New Goth Metal

Date de sortie:

26 mai 2023

Label:

Autoproduction

Note du Soilchroniqueur (Hostlost) : 9.75/10 (10 c’est pour Hegemony héhéhé)

Revenons, si vous le voulez bien, à l’époque de l’effervescence du Death Metal, à la toute fin des années 80, afin de comprendre le parcours des nordistes de S.U.P.
Les lillois de Loudblast, référence en matière de Metal extrême français, ont mis un gros coup de projecteur sur le Noôôrd avec leur premier album « Sensorial Treatment » et au début des 90’, des jeunes metalheads ont emboité le pas du « grand frère » avec des formations comme DagonScrotumNocturnal FearsSepulchralKrhomadeathInfestDisgust … Des consonances peu engageantes pour les non-initiés.

Etsicroxe, non loin de là, change de nom en Supuration et commence lui aussi à se faire un nom dans l’underground. Quelques années plus tard, le groupe de Wallers souhaite diversifier ses compositions en modifiant sa direction musicale, tout en gardant ses racines Death Metal. Les solides barrières de ce dernier ont été pulvérisées avec du chant clair sur «1308.JP.08 », titre figurant sur la compilation  Obsurum per Obscurius, et offre de nouveaux horizons et perspectives plus avant-gardistes. The Cube, premier album français à sortir un CD en Digipack sur le label Reincarnate Records sort fin février 1993. Pari suicidaire pour certains puristes (quelle hérésie de mélanger du chant non growlé à du Death Metal !), génie précurseur pour d’autres. La sortie suivante, l’EP Still in the sphere, se verra gratifier d’une surprenante reprise de Tears For Fears, « Shout ». « Agnus Dei » de Mylène Farmer est également passé récemment à la moulinette, c’est dire si le groupe ne s’impose aucune limite et bousculera les codes à cette époque ; lorsqu’on évolue dans la sphère du métal de la mort, c’est foutrement osé.

Résidant sur Lille à cette époque, j’ai eu la chance de les voir grossir et d’assister très souvent à leurs concerts dans des clubs minuscules ou dans des plus grandes salles, comme lors de leur première partie des Tambours du Bronx ou des anglais de Carcass. J’attendais impatiemment une suite à mon album de chevet, mais ce que je ne savais pas, c’est qu’il allait falloir attendre une décennie avant d’être récompensé…

Quelle surprise de voir les quatre musiciens, dans un nouveau projet appelé Spherical Unit Provided (S.U.P), s’éloigner complètement de là où l’on les attendait ! Une fois de plus, ils prenaient plaisir à brouiller les pistes, mais hélas pour moi, la rupture était amorcée. Encore aujourd’hui, je n’arrive toujours pas à apprécier Anomaly, hormis les morceaux « Pain injection », « The Work » ou « Ocean Of Faces ». Disons que le Deathster que je suis ne jurait que par DeathGorefest ou Paradise Lost et je voulais continuer à adorer ce que les créateurs du cube de cristal avaient encore à proposer. C’est qu’il fallait être sacrément ouvert d’esprit, ce que je n’étais pas à l’époque … et guère beaucoup plus maintenant.
Le second album, Room Seven m’a fait replonger dans leur univers si particulier, mais surtout, j’avais trouvé la clé pour ouvrir cette fameuse porte de la chambre n°7 pour ne plus jamais en ressortir. Chaque nouvel album, depuis lors, est synonyme d’excellence, et toujours en avance avec son temps. Réécoutez-les et vous verrez qu’ils n’ont pas pris une ride …

Depuis le départ, la tête pensante et principal compositeur Ludovic Loez, passionné de S.F et de gore, nous raconte ses histoires bien tordues et assemble la musique de S.U.P selon ses humeurs et envies. De manière épicée, avec une prépondérance de riffs massifs et de growls caverneux (l’un des meilleurs du circuit !), qui auraient naturellement pu figurer sur un album de Supuration (Hegemony), ou donnant une saveur plus douce et moins agressive typée Gothic/Cold-wave avec une majorité de chant clair (Coucou Imago). Le mélange fonctionne parfaitement et quel que soit le dosage, la magie opère toujours ! Ne manque qu’un peu plus de reconnaissance pour ce groupe considéré comme culte par beaucoup de connaisseurs, tout en restant confidentiel pour une large majorité de metalleux. Tout ce cheminement nous amène aujourd’hui à la huitième offrande : Octa.

Lorsque Migou, connaissant mon amour inconsidéré pour ce groupe du Valenciennois, depuis plus de 30 ans, a voulu me confier la chronique du dernier joyau en date, j’ai de suite botté en touche. Le petit dernier a quelques mois derrière lui et pas mal de webzines ont déjà donné leur avis dessus. Soit dit en passant, je ne pense pas qu’un seul d’entre eux ait été mitigé ou négatif. À quoi bon une nouvelle chronique ? Plusieurs raisons m’ont fait revoir mon refus, la principale étant QU’IL EST TOUJOURS BON DE RAPPELER A QUI VEUT L’ENTENDRE DE NE PAS PASSER A  CÔTE DE LEUR DISCOGRAPHIE EXEMPLAIRE !

Rentrons dans le vif du sujet. Tout d’abord l’objet, car ce que l’on voit en premier c’est l’artwork. Matthieu Carton s’est une nouvelle fois occupé du visuel d’Octa. Je n’aimais pas le précédent, trop 3D, rappelant ceux de leurs débuts crées par Laurent Bessault (graphiste et également ancien bassiste du groupe) mais cette fois-ci, la pochette lumineuse est vraiment réussie avec ces différentes teintes de jaune ensoleillé. Les nouveautés sur le merchandising du groupe bigCartel n’en sont que plus alléchantes !

Quant au concept de l’histoire et pour faire court, cela se déroule dans une prison moderne, où des détenus sont enfermés par huit et, une fois leurs boites crâniennes vidées, sont reliés les uns aux autres par la machine Octa. Chaque cerveau contient les souvenirs d’un autre, un rêve ou un cauchemar. Dès les premières notes du titre d’ouverture « Pseudopodic Phantasm », on a cette impression d’une personne qui lutte pour ne pas se faire emmener de force par ces deux formes vêtues de blanc vers quelque chose qui la terrifie d’avance. Peine perdue de résister. Tout comme les auditeurs qui seront pris par le tourbillon de cette mélodie entêtante. Clarity the enemy in my view. On reconnait de suite la griffe made in Wallers. Les quelques notes de l’intro de « Not Icarus », et que l’on retrouvera durant le morceau pour lui donner une coloration très Dark-wave, semblent tout droit sorties du cerveau de Jimmy Somerville, le chant haut perché et l’atmosphère enjouée en moins. « Atramentous Sea » avec sa rythmique dissonante me rappelle aussitôt l’esprit de Room 7.

Derrière ses fûts, Thierry se fait plaisir avec ses pieds, avant de se calmer sur le plus Doomy « The lights of Eden » pour mieux repartir sur la dynamique « Queen Quintessence », certainement le titre que je préfère de l’album. There’s no way out of here. Aucun moyen de sortir, j’essaie de m’enfuir prisonnier de mon corps …. Sur « Open eye », l’ensemble sonne très martial, pour mon plus grand plaisir. Un morceau qu’il serait bien de voir prendre vie sur scène, tant il est taillé pour le live. Les Flash in my eyes qui seraient accompagnés de grosses lumières blanches à s’en décoller la rétine ; et que dire de ce final qui procure une irrésistible envie de secouer la tête jusqu’à la faire toucher ses omoplates ? From so far away … No angel … I must never awake. La frontière entre les deux entités S.U.P et Supuration est infime sur l’avant dernier titre, « Hebdomath ». Paradoxalement, sur les dernières secondes, on a l’impression de sortir de ce cauchemar éveillé et de pouvoir enfin respirer à pleins poumons. Comme si cette torture allait se terminer façon happy end. Haunted by echoes of memory, Octa holds the only key to unlock truth. « Torment » te fera vite changer d’avis. Quelle chape de plomb, mes aïeux ! C’en est fini d’imaginer une quelconque libération. Ne souhaiter qu’une mort rapide. Avant d’entrevoir la fameuse lumière blanche au bout du tunnel, il va falloir passer par la case souffrance ultime. Torture … My tongue torn out … unable to scream. Les samples horrifiques qui terminent Octa sont terriblement effrayants et foutent les poils à la verticale ! Je ne peux m’empêcher d’imaginer ce cauchemar arriver à son terme de la même manière que pour l’histoire de One de qui vous savez …

Une fois les 47 mn écoulées je n’ai eu qu’une seule envie : réappuyer sur play encore et encore. Depuis sa sortie, il m’est tout simplement impossible d’écouter les nombreuses autres nouveautés, tant Octa accapare pratiquement tout mon temps consacré à la musique et cela, sans ressentir la moindre once de lassitude. Même que les moutons que je croise sur les routes du Limousin pour me rendre à mon travail reconnaissent certaines mélodies, c’est dire ! Ah si, j’écoute autre chose tout de même qu’Octa … Leurs reprises sublimes « Love You To Death » de Type O Negative, de Depeche Mode – « Never Let Me Down Again » – et de The Cure – « Lullaby » – qui ne figurent pas sur mon disque de l’année. Tous les éléments (mélodique, froid, martial, hypnotique, dansant, …) qui caractérisent leur univers sont présents. Ces 8 joyaux hétérogènes forment un ensemble difficilement dissociable et l’enchaînement des titres, qui a été habilement travaillé, arrive à créer une réelle montée en puissance dopée par une production massive où chaque instrument est sublimé. Les onze longues années entre Hegemony et son successeur m’avaient fait adorer Dissymmetry plus que de raison. Le précédent est un très bon cru, excellent même, cependant Octa le dépasse de la tête. Nous savons déjà qu’un prochain album serait en train de mûrir tranquillement. J’ai le temps les amis deuch’nord car j’ai la curieuse impression que votre dernière offrande n’a pas encore révélé tout ce qu’elle avait à m’offrir !

Pour les gars du fond collés au radiateur, qui n’auraient pas encore posé les deux oreilles sur ce nouveau bijou de noirceur : FONCEZ !!!

 

NB : Thierry Berger est mon cogneur préféré depuis The Cube. Alors que, comme il le précise dans le livre de Jérémie Grima « Trace écrite », il ne se sent pas batteur dans l’âme. Pas la peine d’en faire des tonnes, des patterns des plus compliqués pour épater ceux qui sont incapables de les reproduire. Je vous invite à admirer sa frappe de bûcheron si ce n’est pas déjà fait sur la vidéo disponible ci-dessous :

 

Tracklist :

1. Pseudopodic Phantasm (6:26)
2. Not Icarus (4:44)
3. Atramentous Sea (4:13)
4. The Lights of Eden (8:24)
5. Queen Quintessence (5:29)
6. Open Eye (6:10)
7. Hebdomath (5:55)
8. Torment

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