Malepeste – Ex Nihilo

Le 7 novembre 2025 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Nostra : basse
  • Flexor : batterie
  • Xahaal : guitare lead
  • Larsen : chant
  • Herjann : guitare rythmique

Style:

Black Metal (Occulte)

Date de sortie:

07 novembre 2025

Label:

Les Acteurs de l'Ombre Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

 

« Impossible de partir de rien ; pour créer il faut d’abord détruire ce qui est, puis bâtir avec des débris. » Jean-Yves Soucy

Cette société sent le chaos à plein nez, et jamais je n’ai trouvé autant de sens dans le caractère nihiliste de la musique black metal. Et j’irais même jusqu’à croire que nous sommes proches de toucher du doigt l’anomie. Emile Durkheim a dit cette chose qui peut surprendre par son caractère actuel : « Si l’anomie est un mal, c’est avant tout parce que la société en souffre, ne pouvant se passer, pour vivre, de cohésion et de régularité. Une réglementation morale ou juridique exprime donc essentiellement des besoins sociaux que la société seule peut connaître. » Vous n’avez pas l’impression que nous sommes en plein dedans ? Le Larousse définit l’anomie comme une « désorganisation sociale résultant de l’absence de normes communes dans une société. » Il est vrai qu’aujourd’hui, le clivage politique n’a manifestement jamais été aussi flagrant. Et pourtant, notre président voulait faire le contraire : rompre ce clivage. Il aura réussi l’exploit de faire l’exact contraire de ce qu’il promettait. Bien joué ! Jamais les idées n’auront autant essayé de bafouer les autres. La musique ne déroge pas à la règle et encore moins le metal. Certains styles sont aujourd’hui attaqués par la bien-pensance qui tente d’imposer ces propres idées. Pourquoi certaines seraient plus intéressantes au point de prendre le dessus sur les autres ? Qu’il y ait une dimension dérangeante et volontairement provocatrice, je crois que dans la musique metal – je dis bien metal et non les genres précis – cela a toujours existé, y compris cette marginalisation. La musique metal, de nos jours, devient un style de moins en moins underground pour avoir une place plus importante dans la sphère grand public. Volontairement ou pas, certains groupes de metal extrême, qui il y a encore une certaine époque seraient restés dans les tréfonds de l’underground, se voient propulsés sur des rangs supérieurs et avec une visibilité accrue, conférant au metal, style nihiliste et provocateur par essence, une place qui n’est pas forcément la sienne au regard des années anciennes. Alors, je sais ce que vous allez dire : les puristes nous emmerdent, etc. A titre personnel, je ne suis ni pour ni contre (bien au contraire comme dirait l’autre). On peut accepter comme refuser cette hégémonie du metal, cela ne me pose aucun souci. Je trouve autant mon compte dans des groupes mainstreams que dans des groupes underground, et je pense être la preuve vivante que c’est possible. Maintenant, est-ce que pour autant, l’un doit prendre le pas sur l’autre ? Ne peut-on pas tout simplement accepter que l’on se retrouve dans un code commun : le metal ? Enfin… Moi cela m’interroge. Cette orientation que prend la société, chaotiquement parlant, cela m’inspire des choses pas très joyeuses. Merci donc au prochain groupe de m’avoir inspiré cette introduction qui n’intéressera surement pas grand monde, mais qui aura au moins le mérite de planter un décor. En release du jour, voici Malepeste et son prochain album nommé « Ex Nihilo« , qui aura donc produit cette introduction.

« Ex Nihilo » signifiant en latin « à partir de rien ». Concernant Malepeste, c’est l’histoire d’une très bonne surprise ! Je connais la formation lyonnaise, qui a posé ses premières bases en 2010 (excusez du peu !), depuis le premier album nommé « Dereliction« . Je suivais la formation jusqu’à ce qu’elle tombe dans les limbes de l’inaction en 2018 avec un split nommé « Ce qui fut, Ce qui est, Ce qui sera » avec Dysylumn. Mon grand regret avait été de ne pas les voir en concert, malgré le fait inexcusable que j’habitais en banlieue lyonnaise pendant six ans. Et puis, le Dark Medieval Fest 2025 est arrivé et Malepeste avait été annoncé sur l’affiche. Grand bonheur pour moi et grosse claque du festival ! Et j’ai su que le groupe serait signé chez Les Acteurs de l’Ombre Productions et que je serai amené à les faire en chronique. Voilà donc pourquoi je suis content de vous parler de « Ex Nihilo » qui constitue donc le troisième album du groupe, avec au compteur aussi deux splits et une démo. Enfer et damnation se transforment alors en paradis et bénédiction !

Et franchement, la première découverte m’a d’ores et déjà conquis. La pochette, signée par le bassiste du groupe Nostra, est absolument magnifique. On y voit ce qui ressemble à la personnification du renouveau, dont on serait tenté d’imaginer que le groupe a représenté, c’est une hypothèse, la théorie du Big-Bang, cette immense explosion d’où serait né l’Univers. Cela reste une théorie, découlant de celle de la relativité générale d’Einstein, mais il est vrai que cette explosion serait une représentation du Chaos assez intéressante. D’ailleurs, dans la mythologie grecque, Chaos est une entité primordiale d’où serait né l’Univers, et donc des Dieux. Difficile en l’état de ne pas penser à cette mythologie en découvrant ce personnage masculin qui ressemble aux iconographies antiques et qui tient dans sa main gauche une sphère lumineuse qui fait penser fortement au Soleil et donc, à la lumière d’un point de vue physique, mais aussi philosophique. Je suis marqué par l’air triste du personnage qui dénote avec le côté lumineux de cette renaissance et qui me fait penser que Malepeste a voulu peut-être donner une dimension dramatique à cette dite renaissance. En tout cas, j’adore le choix des couleurs. Le digipack est splendide avec ce bleuc indiscutablement penser à un trou noir. Le trou noir emprisonnant toute matière qui passe à sa portée, cela pourrait donc être une belle allégorie de la destruction. Bref ! Une pochette extrêmement intelligente, reprenant le concept que le titre de l’album « Ex Nihilo » reprend et conduisant à la fin de l’écoute, vers la destruction et donc la renaissance qui en découle, etc. C’est juste tout ce que je recherche dans un groupe et a fortiori dans une pochette. En plus de cela, vous ajoutez que le design est absolument superbe et vous avez déjà validé l’album. En attendant la musique, évidemment ! Mais assurément, Malepeste a signé LA plus belle pochette qui m’a été donné de chroniquer en 2025. Tout simplement exceptionnelle ! Dommage qu’encore une fois, la qualité du digipack est médiocre et trop sombre pour que l’on voit bien le design… Ce n’est pas faute de l’avoir signalé mais bon…

Vous le sentiez probablement en lisant la présentation du groupe que la musique me plairait forcément. Je ne vais donc pas vous étonner en disant que la musique de Malepeste sur « Ex Nihilo » m’a pleinement convaincu. Je retrouve l’ingrédient qui fait la particularité et la singularité de ce projet, que l’on peut aussi retrouver dans Grande Loge qui est l’autre projet regroupant les protagonistes : le côté spirituel, limite ésotérique. Le black metal ici est très accompagné d’une dimension mystique, avec une musique certes incisive et froide, qui est la condition stricto sensu pour définir ce style, mais avec un univers artistique véritablement spirituel, avec un chant caractéristique, sur lequel nous reviendrons plus bas, mais aussi des riffs guitares et des accompagnements en fond qui rajoutent un côté céleste, divin et très thaumaturgique si j’ose dire. Il y a aussi cette variabilité rythmique qui font qu’on ne s’ennuie jamais à l’écoute, le tout jonglant suffisamment habilement pour ne pas perdre l’auditeur ni pour l’endormir. J’ai vu passer des comparaisons avec des groupes estampillés black metal mélodique comme Uada, Mgła ou Groza. En vérité, cela n’a strictement rien à voir et les personnes ayant osé cette comparaison n’ont manifestement rien compris, et je le dis sans gêne aucune. Il faut, en fin de compte, aller au-delà de la simple écoute primaire, il faut se laisser porter par la musique de Malepeste qui recèle un fort appel à la spiritualité, à quelque chose de pas forcément très cathartique selon moi, mais plus « religieux » dans le sens où la musique fonctionne assurément – et je l’ai vérifié en concert – comme un égrégore, avec cette facilité déconcertante à influencer les auditeurs. On n’est donc pas sur un black metal mélodique au sens musical du terme, mais plutôt un black metal occulte par exemple, avec un vrai appel à ce qu’il y a de plus sombre en nous et ce que l’univers conserve de plus insondable et plus effrayant. Sur la musique en elle-même, il serait donc surprenant que je ne trouve pas les compositions bien faites, harmonieuses, pas trop longues ni trop courtes, le tout étant sur un juste milieu efficace et raisonnable, techniquement très bon. Donc, Malepeste revient (enfin) aux affaires de la meilleure des manières, avec un album black metal occulte qui en première écoute, fonctionne très bien et transporte l’auditeur. Excellent ! nuit et cet astre orange, le mélange des couleurs est parfait, vraiment parfait. L’intérieur du digipack reprend les couleurs mais donnant un sentiment de vent galactique ou en tout cas d’une perturbation violente, et le quatrième de couverture est très significatif : on y voit un grand rond noir avec le nom des pistes dedans, entouré par des éclats de verre qui semblent tourbillonner autour, faisant don

Pour la production, on est sur ce qui fonctionne en ce moment, sans réelle nouveauté non plus. Un son que l’on entend désormais un peu partout, avec une empreinte moderne caractéristique qui à titre personnel, ne me déplait pas, mais découragerait surement les puristes. En tout cas, je me rends compte que l’on retrouve de plus en plus les mêmes noms, probablement que ces personnes ont trouvé le truc qui fait que cela fonctionne bien. A savoir le Benjamin Lesous de B-Blast Records que l’on voit sur pas mal de sorties actuelles en black metal qui s’occupe ici uniquement du mastering, le mixage ayant été assuré par un home studio qui pourrait être celui des musiciens de Malepeste, probablement, et qui répond au nom de Studio Arashik. Bon, si l’on part de l’hypothèse d’un enregistrement dans un studio non-indépendant, je trouve que le rendu final est excellent, et largement à la hauteur des sorties récentes plus huppées. C’est peut-être d’ailleurs ce qu’il fait penser aux groupes que j’ai nommés plus haut, parce qu’effectivement, sonoriquement parlant, on peut trouver des similitudes. Mais cela s’arrête là, clairement. Donc, on est bel et bien sur une production très bonne, pas surprenante non plus mais qui fait le job, surtout dans cette époque où le black metal devient un peu plus mainstream. Malepeste a joué le jeu impeccable pour aller vers un « Ex Nihilo » qui remplit son contrat.

En fait, certains diront que la musique de Malepeste ne révolutionne rien dans le paysage du black metal français bien encombré. J’ai lu des critiques assez négatives sur le chant et sur la soi-disant production 1.0 qui rappelle les groupes de black metal mélodique que j’ai cités, enfin. Des critiques totalement infondées quand on se souvient que le groupe, tout d’abord, existe depuis déjà 2010 et qu’en soit, il n’a rien à envier à qui que ce soit. Ensuite parce que la dimension cathartique étant à la mode dans le black metal actuel, quand on se risque à explorer un truc plus spirituel, que ce soit religieux ou ésotérique, dès lors que la musique se veut plus libératrice et rassembleuse. Moi, je ressens véritablement la musique de Malepeste comme un égrégore, et je pense que l’on ne doit pas forcément chercher une dimension cathartique. C’est mon interprétation, je ne dis pas que les lyonnais font cela. Mais on sent que la musique de « Ex Nihilo » fonctionne comme quelque chose de spirituel, visant à transcender plus qu’à délivrer de la pudeur. Alors oui ! Dans le paysage actuel, cela questionne, voire cela dérange. Mais je trouve excellent que les Acteurs de l’Ombre Productions, habitué aux projets cathartiques, donne la chance à des groupes comme Malepeste ou plus récemment, Vígljós (que pourtant je n’ai pas trouvé à la hauteur), qui explorent sur des concepts plus rassembleurs et tous aussi bien travaillés ! Et pour les puristes, le problème viendra du fait que le groupe qui s’inscrit dans une démarche potentiellement messianique, ne parle pas de Satan, tout bêtement ! Voilà où est allée mon analyse, elle vaut bien évidemment ce qu’elle vaut, et elle n’engage pas le groupe. Mais en tout cas, je suis personnellement très content que Malepeste fasse partie du roster de ce très bon label, car non seulement c’est mérité au regard de la qualité indéniable de la musique et du concept autour, mais aussi parce que Malepeste peut réellement amener quelque chose en plus dans le paysage français. Comme quoi, il n’y a pas que le visuel dans la vie…

Passons à la singularité qui fait en grande partie que j’adore Malepeste et Grande Loge : le chant. Exit les high screams typiques du black metal, le bizarrement nommé Larsen (un comble pour un chanteur) aborde des techniques de chant particulières qui vont vers le chant diphonique extrêmement graves et profonds, souvent sur la même tonalité comme une nappe de fond qui rajouterait à la fois de l’épaisseur au son et une profondeur globale manifeste, et des chants déclamés, presque scaldiques, qui sont totalement opportuns à toute l’hypothèse purgative que j’ai développée plus haut. C’est bel et bien le nec plus ultra du black metal de Malepeste, y compris sur scène où le chanteur se meut dans des postures de prières ou chamaniques, pour laisser sortir ces déclamations mystérieuses, chantées tantôt en anglais, tantôt en français, qui ont un sens qui rejoint ce que je décrivais. En fin de compte, outre la technique de chant qui est d’une qualité excellente, le procédé rentre totalement à propos de la musique, et je maintiens que, malgré les détracteurs, ce chant est unique et exceptionnel.

Pour terminer ici cette chronique, Malepeste ressort enfin de l’ombre léthargique dans laquelle il s’était enfermé, pour proposer « Ex Nihilo« , troisième album sorti avec tout le mérite qui incombe au groupe chez les Acteurs de l’Ombre Productions. Je le dis sans complexe, vu que je suis et adore le groupe depuis les débuts. Fort d’une musique black metal que je pourrais qualifier d’occulte, Malepeste offre avec ce troisième album une sorte de cure de jouvence, en proposant un son très actuel mais tout en conservant ce qui faisait sa force, à savoir une dimension spirituelle très puissante et une capacité à transporter l’auditeur vers une dimension céleste avec beaucoup de facilité. Si la musique doit être vue selon moi comme un fantastique égrégore, il n’en demeure pas moins que cette dernière, qui se démarque ainsi de cette habitude de faire dans la catharsis, va devoir peut-être, et je ne le souhaite pas, faire son trou avec plus de difficultés. Mais rassurez-vous, je serai là pour vous soutenir car « Ex Nihilo » est excellent ! A découvrir !

 

Tracklist :

1.     Ab Chaos (3:34)
2.     Quaestionis (5:58)
3.     Imperium (6:16)
4.     Stupor (4:46)
5.     Acceptio (5:54)
6.     Relapsus (8:04)

 

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