Sühnopfer – Nous sommes d’hier

Le 6 octobre 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Ardraos – Tous les instruments et le chant Guest : Vindsval (Blut Aus Nord) – Choeurs, guitares (piste 3)

Style:

Black metal

Date de sortie:

06 octobre 2023

Label:

Debemur Morti Productions

Note du Soilchroniqueur (Seblack) : 10/10 

 

Un peu plus de quatre années après que l’album « Hic Regnant Borbonii Manes » soit sorti, déjà chez Debemur MortiSühnopfer est de retour avec ce nouvel opus intitulé « Nous sommes d’hier ».
Et quel retour ! A l’image de ce souverain capétien surgissant de sa crypte, et qui orne l’artwork,  le one man band signe avec ce quatrième album un come-back fracassant au sein de la scène black metal.
Preuve en est donnée dès le morceau d’ouverture, « D.S.F.R », qui donne résolument le ton de ce nouveau chapitre imprégné d’histoire, de religiosité, de légendes et de cette terre du Bourbonnais, fief de la famille royale des Bourbons. « D.S.F.R », disais-je donc, entame de la plus belle des manières les hostilités. S’ouvrant sur quelques lignes de cordes acoustiques, très vite on assiste à un véritable déchaînement musical. Le riffing acéré et rapide se mêle étroitement aux lignes mélodiques, le chant est agressif et la batterie n’en parlons même pas. Mieux encore « D.S.F.R » qui est l’acronyme de « Domine Salvum Fac Regen » (Seigneur sauve le roi)  voit se glisser subtilement les notes de ces motets retravaillés par Marc Antoine Charpentier à la fin du XVIIe et qui constituaient de fait l’hymne de la royauté française. Outre la qualité de cette réinterprétation, dans laquelle se glissent des chœurs très travaillés, ce qui force le respect c’est la manière dont Ardraos est parvenu à l’intégrer de manière habile au morceau sans que cela sonne de manière ampoulée ou que cela arrive comme un chien dans un jeu de quilles. Voilà une entame réellement captivante, avec une musique frénétique et aiguisée comme la plus redoutable des lames.

Après une telle entame, on serait en droit de se demander si la suite va être du même niveau. Eh bien elle l’est, l’album « Nous sommes d’hier » ne souffre d’aucun temps mort et d’aucune faiblesse, que ce soit musicalement ou thématiquement. Il y a, disons le, un travail d’orfèvre sur l’instrumentation, la composition et la manière dont sonne le tout. N’ayant pas encore eu accès aux lyrics je me cantonnerai à quelques impressions et aux informations glanées à droite ou à gauche ; mais là aussi il y a un vrai travail de recherche, de réflexion, de création qui contribue à donner tout son sens à « Nous sommes d’hier ». 
Historiquement, on se situe principalement entre le XVII et le XIXe siècle avec beaucoup de références à l’Auvergne et au Bourbonnais.  « Le sermon sur le trépassement » est inspiré du Sermon pour la mort du pêcheur  de Jean Baptiste Massillon (évêque de Clermont au début du XVIIIe siècle et prédicateur apprécié de Louis XIV lui même) . « Derniers sacrements » évoque, dans un mélange de rage et de chœurs tragiques, les derniers jours du fils de Louis XVI, mort dans la prison du Temple en 1795.  « Céron » nous parle quant à elle, d’une des dernières sorcières du Bourbonnais au XIXe siècle et « Pays d’Allen » est une référence explicite à la devise des Bourbons.
Musicalement « Nous sommes d’hier » montre une inclinaison certaine pour la deuxième vague black metal. De part la puissance mélodique, on ne peut s’empêcher de penser à Dissection ou aux premiers Satyricon pour le coté un peu médiéval. Mais plus encore, peut-être, Sühnopfer se veut l’héritier d’une geste black metal à la française avec ce côté très travaillé, très littéraire, baroque et un peu élitiste. Il y a bien sûr le chant en français également, cette manière de réinvestir le patrimoine historique mais aussi musical. Cela dépasse d’ailleurs le simple cadre du black metal, le groupe puisant de belles inspirations dans la musique sacrée, le baroque mais aussi la variété française…Car comment ne pas évoquer la reprise du titre de Michel Polnareff « Le bal des Laze » à la toute fin de l’album. Nous rapportant les pensées d’un roturier condamné à mort pour avoir tué le fiancé de la jeune femme noble qu’il aimait, cette chanson à fois pleine de tristesse, d’amour et de haine est superbement retranscrite avec une superposition de chants clair et saturé. Là encore le travail sur l’instrumentation est remarquable avec des lignes mélodiques de guitares magnifiques qui se glissent en lieu et place des sonorités d’orgue utilisées par Michel Polnareff. Un choix de titre pertinent d’une part et une transposition magistrale d’autre part.

Très inspiré, soucieux du moindre détail et probablement très exigeant avec lui-même Sünhopfer offre avec « Nous sommes d’hier » un album qui dépasse de très loin les standards du black metal épique et mélodique. Cette œuvre, pour ne pas dire ce chef d’œuvre, dégage une impression de faste et d’opulence qui lui confère une aura à la fois majestueuse et féroce. Du grand, du très grand black metal à la française, au sens le plus noble du terme.

 

Tracklist

1. D.S.F.R. (08:05)
2. Nous sommes d’hier (07:07)
3. Sermon sur le trépassement (09:47)
4. Pays d’Allen (09:57)
5. Céron (06:38)
6. Derniers sacrements (08:52)
7. Le bal des Laze (Michel Polnareff cover) (04:52)

 

https://suhnopfer.bandcamp.com/album/nous-sommes-dhier
https://www.facebook.com/SuhnopferOfficial
https://www.deezer.com/en/artist/7182976
https://open.spotify.com/intl-fr/artist/6XHbuOX6w1yNAjIm8Bc3JY

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