Salò – L’Appel du Néant

Le 12 mars 2024 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • HCT – Basse, chant
  • AVS – Guitare
  • DLE – Claviers, samples
  • Thomas Njord - Batterie
  • Guests : Diego Janson (Karras) sur 3 – Mütterlein - Narration sur 7 et 8

Style:

Black Metal Industriel

Date de sortie:

23 février 2024

Label:

Source Atone Records

Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 9/10

La sortie d’un premier album est toujours un moment particulier, elle permet de marquer le point de départ, l’origine et l’âme d’un groupe. Dans tous les registres musicaux, on a tous à l’esprit pour nombre de formations, le premier album qui nous a secoué, bouleversé ou encore sonné comme une révélation, là où d’autres ne nous ont pas donné l’envie d’y revenir ! « L’appel du néant », premier opus long format des Normands de Salò, (l’inverse n’est pas vrai) figure dans la première catégorie, et ce, sans qu’il n’y ait besoin de photo finish pour trancher ! Alors certes, « Sortez vos morts » un EP six titres qui constituait leur premier méfait, laissait déjà transparaitre que Salò avait sa propre griffe au sein d’un black proposant une offre toujours plus complète. Mais « L’appel du néant » est un véritable marquant, scellant le son de Salò comme singulier, celui d’un black industriel à l’esprit punk qui ne laisse personne indifférent et qui confère une place de choix au groupe sur la scène hexagonale.

Le caractère malsain et dérangeant qui jalonne les huit titres que contient ce nouvel album, tant sur le plan musical que sur celui des sujets abordés et la manière de les traiter, constitue la ligne directrice et agira sur toi sans répit, tout au long des presque quarante minutes toutes en intensité musicale et émotionnelle.

Musicalement justement, c’est un tourbillon tout droit sorti des entrailles de l’enfer. Le martèlement permanent alimenté par des blast beat incessants, la puissance de la rythmique et les riffs dissonants à l’envie plantent une ambiance pesante, t’oppressant et te comprimant la cage thoracique pour te rendre le souffle court au point de te procurer une sensation d’étouffement. Les hurlements de HCT, quant à eux, te maintiennent dans un état de sidération et visent à te faire prendre en pleine face la gravité des thèmes évoqués qui sont tout sauf légers, jugez plutôt : viol, violences faites aux femmes, atrocités de la guerre, infertilité, violence endémique, déni de réalité, perte de libertés ou encore extinction de la vie sur terre pour n’en citer que les principaux. De quoi jeter un voile sombre façon « gomme à effacer le sourire » lors des repas dominicaux en famille, pas sûr qu’en fonction de l’approche prise pour traiter ces sujets tonton René n’échappe à l’infarctus !
Le caractère nauséeux est encore accentué par l’ajout de dialogues d’extraits de films qui ajoutent une touche dramatique, si tant est qu’il en manquait, en particulier sur « Un Homme ça Ne S’Empêche » dont les extraits de « Baise-moi » de Virginie Despentes, « Irréversible » de Gaspar Noé et « Dupont Lajoie » de Yves Boisset assombrissent un tableau déjà bien noir à travers leur caractère cru. La violence comme l’expression d’un art provoquant visant à interpeller les consciences prend ici tout son sens.

Que les morceaux soient envoyés sur un tempo rapide comme « Le goût su sang » ou « Qu’ils crèvent » ou alors plus lent comme « Et pourtant j’essaie », ils dégagent tous une intensité extrême sachant t’acculer et te pousser dans tes derniers retranchements pour affronter l’instant !

C’est encore une certaine forme de violence dont il est question dans « Liberté surannée » à travers la privation des libertés et la manipulation des masses que le morceau évoque. Imposer la vérité des grands de ce monde, qui à s’affranchir de la vérité dictée par les faits ou à travestir le passé pour qu’il vienne appuyer le nouveau discours afin de le faire paraitre comme le seul crédible, l’alpha et l’oméga de la pensée qui doit guider le mortel que nous sommes ! C’est une fois encore musicalement intense, comme pour t’empêcher de penser autrement… L’ajout, au sein du morceau, de lecture de passages de 1984, chef d’œuvre d’Orwell, coule de source !
C’est sur l’excellent « La cendre et le sang » que se clôture l’album, l’un des meilleurs morceaux de mon point de vue, variant les tempos et les mélodies qui s’enchainent naturellement pour se conclure par la narration de Mütterlein qui achève de te plonger dans le néant. Sublime !
L’artwork de la pochette retranscris parfaitement le contenu musical de l’album, en faisant référence à l’approche cinématographique qu’il contient tout en ayant un caractère subversif au sens ou les principes et les repères vont s’avérer bouleversés. La production est pleinement en phase avec le registre musical et l’ambiance si particulière dégagée tout au long des huit morceaux.

Avec « L’appel du néant », Salò livre un album de toute beauté qui ne laissera personne indemne ! Estomac noué et gorge serrée procurés par l’ambiance malsaine mais coup de massue musical à t’en faire rentrer la tête dans les épaules !
A dévorer de toute urgence !

Tracklist :

1. Un Homme ça Ne S’Empêche 6:23
2. Le Gout Du Sang 3:31
3. J’Affronte La Mort 4:44
4. Est-ce Là Mon Avenir 4:50
5. Il Faut Qu’Ils Crèvent 2:45
6. Liberté Surannée 5:25
7. Et Pourtant J’Essaie 5:20
8. La Cendre Et Le Sang 5:58

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