Line-up sur cet Album


  • Guillaume Cazalet (CZLT) : guitare, chant
  • Jean-Jacques Duerinckx : saxophone baryton, sopranino
  • Didié Nietzsch : paysage sonore, spectral
  • Reshma Goolamy : basse
  • Joaquin Bermudez : guitare
  • Romain Martini : guitare
  • Lucas Bouchenot : percussions
  • Stephane Fedele : batterie
  • Alice Thiel : synthétiseur

Style:

Drone Metal/ Noise Rock Psyché / Jazz

Date de sortie:

23 avril 2021

Label:

I, Voidhanger Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10

« Parfois, la folie procure ce petit quelque chose de doux qui donne tout son sens à notre existence. » Nicolas Carteron

De doux, de doux… Il faut le dire vite! La Folie a quelque chose de piquant surtout. Mais de totalement fascinant et c’est en cela que je me suis lancé dans ce deuxième chapitre d’un groupe que je considère encore aujourd’hui comme l’un des plus barrés que je connaisse. J’avais fait l’expérience du quatrième album en 2020, durant l’été, qui m’avait fait l’effet d’une bombe. J’avais été dans un manque cruel de mansuétude en accordant un 8/10 au dit album tant la complexité musicale m’était, au moment de la chronique, encore difficile à aborder. Il faut dire que déjà, de base, tout ce qui est drone, que ce soit metal ou ambient, voire noise, n’est pas une chose aisée à rencontrer quand on a les tympans sensibles, alors imaginez l’ultra complexité que produirait un mélange de ce drone machin-truc avec des moments psychédéliques, des moments jazz et de la (dark?) ambient. Et vous obtiendrez ce qui s’apparente à une forme de sacrifice auditif, d’acte de bravoure et d’héroïsme mais la gloire en moins, d’un saut dans le vide sans élastique. Mais! J’ai réécouté le triple album de l’époque. Oui oui, vous avez bien lu « triple album ». Et je me suis aperçu qu’en fait, au-delà du génie artistique que j’avais bien identifié, c’était surtout un vrai conte musical. Hautement élaboré certes, pas franchement du calibre « livre pour enfants » ou « roman de plage à la Marc Lévy » (beurk), mais plutôt les Contes des Mille et une Nuit en esperanto! Bref, en deux mots, j’ai adoré. Et j’ai répondu à la Folie furieuse par la Folie passagère (du moins je l’espère) en achetant ce fameux et truculent triple album. Vous n’auriez surement pas compris de qui je cause si vous n’aviez pas lu le nom du groupe en haut de la page de chronique, mais je vais quand-même dans un élan d’inutilité cynique, vous spoiler de quel groupe il s’agit : Neptunian Maximalism. Et vous savez ce qu’est le pire dans tout cela? Eh bien, je vais faire la chronique du cinquième album. Après Eons qui m’avait donc retourné l’hippocampe, voici venu le temps de définitivement me lobotomiser avec Solar Drone Ceremony!

Comme je suis parfois une belle feignasse, je vais reprendre ma présentation de la chronique précédente que vous pouvez retrouver ici. « Petite présentation du groupe originaire de Bruxelles, et non de Neptune comme on pourrait naïvement le penser. En fait, je pense que décrire Neptunian Maximalism comme étant un groupe est une fausse information, je dirais plutôt un collectif de musiciens tous d’horizons différents et le groupe mélange divers instruments comme deux batteries, guitares, synthétiseurs, basse, mais aussi saxophone, sitar, « paysages sonores », saz, et « black magic scenography » dont je pense qu’il s’agit d’une mise en scène pendant les concerts mais que je n’ai pas trouvé en farfouillant sur YouTube. Le collectif a été initié en 2018 sous l’impulsion d’un des musiciens, multi-instrumentalistes de surcroît qui se nomme Guillaume Cazalet, et qui a vu plusieurs changements dans son line up mais là, les informations sont plus floues. J’ai surtout remarqué que le groupe sortait cet album, qui est en fait le quatrième CD du groupe, sous le label I, Voidhanger Records, qui avait sorti Esoctrilihum que j’avais trouvé excellent mais extrêmement… délirant, ou perché. Donc, je m’attends à une musique très expérimentale, difficile d’accès mais hyper riche. » Et ce constat de prime écoute prévaut encore pour ce Solar Drone Ceremony qui s’annonce dans la même veine onduleuse qu’Eons. Cela promet!

Et l’artwork, contrairement au précédent qui m’avait laissé un peu sur la réserve, annonce d’emblée la couleur. On est bien face à une cérémonie, du genre transe chamanique ou cérémonie sacrificielle mais avec des figures divines et des iconographies détournées sur un registre un peu martien. Il doit y avoir une créature extraterrestre dans ce bassin d’eau et qui semble jaillir pour engloutir toute entière une femme dénudée et se soumettant entièrement. Encore une fois, c’est pour le décorum général parce que Neptunian Maximalism fait dans le total maximalisme justement avec une abondance de symboles, de détails et de couleurs qui font presque un peu trop! Mais au moins, je salue l’effort qui a été fait pour proposer un artwork bien plus représentatif de la musique des belges, mais surtout bien plus clair. Le précédent était une sorte d’œuvre détournée dont on ne comprenait pas énormément de choses, ici au moins on comprend. On comprend que le groupe mélange des choses normalement mélangeables que dans la science-fiction avec cette civilisation reculée et ce temple dédié à un peuple cosmique, voire reptilien, ce côté sacrifice humain qui semble ériger au rang de divinité philosophique et hédoniste le dit peuple d’ailleurs. Bref! Neptunian Maximalism fait du Neptunian Maximalism, c’est à dire un croisement entre l’absurde, le non-sens et le pointillisme. Un artwork à l’image de la formation musicale, apparaissant comme totalement paralogique mais qui finalement prend du sens. L’esthétisme étant au rendez-vous, je valide largement le choix de la pochette. J’aurais juste préféré qu’il soit mentionné le nom du groupe au moins, car n’importe qui va chez un disquaire, je ne suis pas certain qu’il choisisse le CD vu qu’il ne saurait pas à qui il a affaire. Mais bon!

Première surprise avant l’écoute de Solar Drone Ceremony : il n’y a qu’un morceau. Bon. En principe, un groupe comme Neptunian Maximalism ne se contente pas d’un seul morceau. Entendons-nous : ils ne se contentent pas d’un seul morceau « normalement long », ou « normalement court ». Je m’attends donc à une piste d’une heure, dont acte. Je suis très réticent avec cette initiative puisqu’un seul morceau ne permet pas forcément de se poster sur un passage précis, l’avantage de le couper en plusieurs pistes étant qu’au moins on démarre plus ou moins où on veut. Mais bon! Avec les belges, on n’est plus à une bizarrerie près. En tout cas la musique reprend sur les mêmes bases en innovant un peu plus. Donc on reste sur un mélange complètement dingue de drone « plein-de-choses », de jazz et de rock psychédélique, voire de dark ambient et noise rock. Pour l’anecdote, il faudra attendre treize bonnes minutes avant de tomber sur un début de morceau metal, le début étant une longue, très longue procession chamanique faite de bruits en tous genres, d’incorporations industrielles, de dark ambient, etc. C’est tout simplement impossible de décrire le croisement « corniaud » de la musique de Neptunian Maximalism, mais j’ai envie de dire, normal! Le groupe est cinglé de base. En tout cas, et très étonnamment surtout, l’écoute se fait super bien, sans accroc ni moments de faiblesse. J’ai même été surpris de constater qu’une heure environ s’était écoulée à la fin de l’écoute. Et là, l’énorme claque dans la gueule les copains et copines! En fait, la toute fin du morceau m’a permis de constater que cet album est en fin de compte… Un album live! On entend distinctement des applaudissements et des hourras à la fin! Putain de merde quoi! Je ne m’y attendais vraiment pas du tout! Et cette énorme, gigantesque surprise m’a laissé sur le carreau, vous allez comprendre pourquoi! Retenez donc que cette première écoute a été une expérience géniale, encore une belle prise que cette nouvelle sortie pleine de promesses. J’adore définitivement le groupe, c’est officiel.

Je me disais aussi! Comment peut-on tenir un enregistrement studio aussi complexe et sans pause, sans se gourer ni même s’essouffler? J’ai la réponse à ma question, et elle est encore plus folle : ce n’est pas du studio, c’est bel et bien du concert! Et là, l’immensité musicale de Neptunian Maximalism prend un sens inouï. Il faut vous représenter l’incroyable qualité sonore de ce CD, quand on se rend compte qu’en fait c’est enregistré en condition concert, avec normalement quelques imperfections qui sont souvent les symptômes de ce charme que l’on n’a qu’en concert, y compris quand on est dans la fosse. Et qu’il y a quasiment aucune fausse note. Aucun pet de travers! Et que le groupe tient sa performance scénique sur une heure entière sans fléchir. Purée! Alors là, dire que je suis épaté relève du plus profond euphémisme! Je suis ébloui. Franchement, sans vouloir tomber dans l’exagération et le sentimentalisme, je ne suis pas certain d’avoir entendu meilleure qualité concert dans ce genre de musique bizarre, et je trouve la production bien meilleure que la plupart des albums studio qu’il m’est arrivé de chroniquer, ou tout simplement de découvrir. Le mec qui a mixé et masterisé le tout, je lui tire mon chapeau bas. On tombe que trop rarement dans le noise rock pur, il y a de réels instants ambiants et de moments drone metal où les distorsions à l’extrême sont aussi audibles que les élucubrations psychédéliques voire industrielles. Rendez-vous compte quoi! En condition concert, pondre un album live aussi propre, aussi pur et aussi magnifique, je suis… Ouais! C’est ça! Je suis tout simplement sur le cul. L’un des meilleurs albums lives en termes de production qu’il m’a été donné de chroniquer, voire d’écouter. Du pur génie artistique, à montrer dans les écoles d’ingénieurs sonores.

Après, me farcir une deuxième ou troisième écoute d’un album live d’une heure sans pause, pour l’analyse et pas pour le simple plaisir, je n’en ai pas eu la force. Ce qui ne veut pas dire que je ne reviendrai pas dessus, au contraire! Mais uniquement pour mon plaisir intime, pas pour reprendre toute mon analyse de départ et reprendre ce que j’ai dit précédemment. En même temps, quand les voies musicales sont impénétrables comme celles de Neptunian Maximalism, une écoute suffit à mettre tout le monde d’accord. La composition de cet album relève du génie artistique, tout simplement. J’avais trouvé la bonne formule en conclusion de ma précédente chronique : « il faut vraiment être balèze pour retranscrire l’immensité du pouvoir créatif de Guillaume Cazalet qui est soit un génie quasiment absolu de la musique et un musicien hors pair, soit l’esclave d’un cerveau en totale perte de contrôle et en free-lance depuis des années. Allez savoir! ». C’est exactement cela. Le maître à bord de ce projet musical saugrenu, c’est toujours Guillaume Cazalet donc et il y a encore eu un line up tout neuf, tout beau, pour ce Solar Drone Ceremony. Pas étonnant! Mais la composition est un tel travail de sape, une telle explosion de différents genres musicaux et d’une telle complexité quasiment mathématique et métaphysique que, définitivement, la musique de Neptunian Maximalism relève du génie quasiment absolu. Ce serait un euphémisme que de dire que je me suis retrouvé en totale extase sur l’écoute de ce Solar Drone Ceremony, j’ai passé un moment spirituel complètement fou. Voilà! En gros, si vous ne l’avez pas compris, j’ai adoré! Ce sera forcément un de mes albums de chevet.

Bref, pas besoin de tergiverser ni de tomber dans la pompeuse redondance. Guillaume Cazalet est un musicien exceptionnel, que ce soit aux instruments qu’il affectionne sur scène ou au chant. Les autres qui l’accompagnent sont tous aussi bons les uns que les autres, je suis même assez étonné de voir que malgré tous les changements de line up, le mec parvient à trouver des perles rares dans tous les instruments qu’il choisit. Ici, pour la forme, on va les nommer : il y a un saxophone baryton, un saxophone sopranino, synthétiseurs, basse, guitare, percussions en tous types, batterie, claviers spectral, theremin je crois, et une MAO pour les effets indus et ambient. Rien que pour cela, il faut se procurer l’album. Cazalet fonctionne comme un gourou (s’il n’en est pas un, il faudrait lui demander), il fédère tout son monde autour de son génie créatif et parvient à disséquer la moindre parcelle de talent dans chacun. Il sublime les musiciens!

Bon ben voilà, je me suis fait ma deuxième expérience sonore Neptunian Maximalism! Il me suffirait de conclure cette chronique en restant sur ce constat de sublimation musicale quasiment chaotique, mais ce serait un peu raccourcir l’évidence. Les belges, sous la houlette de leur Mamamouchi dantesque Guillaume Cazalet, nous offre l’expérience musicale de l’année! Pas forcément un simple album de musique exceptionnelle, encore qu’on est presque là. Pas forcément non plus un concert avec une magie scénique à faire couper le siffler des plus indécis d’entre vous! Non! C’est encore plus malade que cela. A travers son étendard multi-styles, Neptunian Maximalism est une expérimentation artistique qui relève du génie quasiment absolu. Une poésie. Une sublimation chaotique des méandres des inconscients les plus explosifs. Que même les drogues dures les plus pures ne peuvent pas réveiller! Solar Drone Ceremony est bel et bien un truc de fou, mais un truc de fou qui se vit, qui se ressent et qui s’épouse merveilleusement bien avec votre perception de la musique, même la plus abstraite. En ce qui me concerne, ce cinquième album est l’une des expériences à la fois spirituelles et musicales les plus extraordinaires qu’il m’ait été donné de faire. Et une bonne fois pour toutes, Neptunian Maximalism est LE GROUPE le plus barré que je connaisse! Il en fallait un, qui restera gravé à vie en moi, que je ressortirais même en EHPAD au bord de la mort, et parmi la foule de possibilités, ce groupe sera des leurs. De la magie, tout simplement.

Tracklist :

1. Solar Drone Ceremony 54:34

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