Kaatarakt – Echoes of the Past

Le 7 octobre 2019 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Marvin Brand : chant
  • Nicolas Sanchez : guitare
  • Yoann Giacomelli : guitare
  • Marty Kohler : guitare
  • Gaëtan Reichenbach : basse
  • Malo Civelli : claviers
  • Dylan Watson : batterie

Style:

Folk metal

Date de sortie:

12 mai 2018

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10
« Eiginn máttr ok megin », littéralement : « chacun dispose du pouvoir et du don de réussir ». Expression nordique inspirée de la Hamingja.

Depuis plusieurs années, je ressentais comme un essoufflement généralisé du genre Folk Metal. Je n’étais auparavant resté que sur des groupes assez mainstream comme Korpiklaani ou Bran Barr, véritable légende du Folk Metal français. Sans oublier Cruachan en Irlande qui a jeté des bases celtiques sur un Metal assez varié. Mais je n’avais jamais remarqué de vagues Neofolk Metal digne de porter ce nom, comme il y avait dans le genre Black Metal par exemple. Comme si les traditions folkloriques avaient condamné ce genre à garder les mêmes codes pour attester d’une quelconque authenticité historique et artistique. Cependant, ma soif d’histoire et de traditions m’ont toujours conforté dans l’idée qu’il s’agissait d’un des meilleurs genres de Metal. Parvenir à mêler des instruments amplifiés et acoustiques relève déjà, non pas d’une prouesse, mais d’un vrai challenge à relever pour avoir un son optimal. Sans oublier tout le folklore à respecter avec des costumes ou des décors de scène qui mettent en avant ce savant mélange. D’où cette expression que je trouve fondamentale du « Máttr ok megin » qui résume bien l’importance du pouvoir individuel que l’on retrouve dans beaucoup de contes guerriers, et qui se marie bien avec la pensée Folk Metal. Et surtout, d’où la mise en lumière dans cette article d’un groupe dont j’avais déjà chroniqué le premier EP et dont je n’avais pas tari d’éloges : Kaatarakt.

Kaatarakt est un groupe suisse composé de sept membres, avec notamment trois guitaristes, et dont le principal compositeur est le claviériste. Né en 2014 et originaire de Genève, Kaatarakt a sorti deux EPs à ce jour : « Follow the Raven » et donc « Echoes to the Past » dont je me ferai l’écho (justement) dans cette chronique. Le premier EP avait jeté les bases d’un Metal Folk aux accents Finntrolliens très prononcés, et j’avais déjà loué, à l’époque, le talent de composition. Mais quelque chose m’avait laissé sur ma faim, directement en lien avec mon introduction : le manque de renouveau. J’ai adoré « Follow the Raven » mais ce n’était pas le CD le plus innovant que j’avais écouté. J’espérais donc secrètement qu’il y ait un peu de changement dans ce deuxième acte pour me sentir transporté. Je n’ai pas été déçu, loin de là !

Mais, dans un premier temps, petite nouveauté et non des moindres : l’artwork est beaucoup plus élaboré, ce qui me laisse à penser que « Follow the Raven » était plus une démo qu’un véritable EP. En tout cas, force est de constater que les moyens ont été mis pour nous offrir ce splendide graphisme! C’est très joli, mais surtout plus raccord avec la musique qui va suivre. C’est un travail intelligent qu’il me faut louer car on sent qu’il y a une volonté de cohérence pour nos Suisses folkloriques et ça fait plaisir ! Niveau décor, les échos du passé ont toute leur place avec cette nature enchanteresse, ce drakkar qui vogue vers un arbre immense qui s’élève jusqu’aux cieux (Yggdrasil ?), et l’on retrouve les corbeaux, si chers au groupe, qui semblent guider le navire tels Hugin et Munin. Je trouve qu’il y a une dimension très spirituelle dans cet artwork, comme une volonté de se rapprocher des Ases qui émane dans l’intention, et donc sûrement dans la musique. D’où le lien très fort avec Máttr ok megin que j’évoquais plus haut qui est, en fait, une forme de sublimation de l’Homme pour atteindre les rangs des Dieux. Bon, je me perds comme d’habitude, mais je voulais tout simplement dire que l’artwork est de toute beauté, et de bon augure pour la suite. Je languis !

Il y a une introduction et quatre morceaux dans ce deuxième opus et l’introduction démarre sur un son bien différent de ce que j’ai connu ! On n’est plus du tout sur du Finntroll, ou alors très peu. Un énorme changement qui me laisse médusé. Dès la première note de l’introduction qui se nomme « Echoes to the Past », on tape sur une qualité incroyable. C’est audacieux au possible, extrêmement bien composé, homérique je dirais ! Alors le lien direct avec l’imagerie guérrière n’est pas hyper flagrant, on serait plutôt sur un versant plus navigateur que guerroyant, mais putain ! (cri du cœur) Qu’est-ce que c’est beau ! Franchement, quand je vois tout ce que je me bouffe en Folk Metal, avec les introductions alambiquées et redondantes, là je suis sur le cul. C’est bourré de poésie, de voyage et de maturité ! Kaatarakt va nous envoyer du lourd, j’en suis absolument convaincu !

C’est dans ce décor onirique que démarre le très puissant « The Gathering », avec son début à la guitare très lourd et le chant growlé qui arrive et rajoute cette épaisseur. La ligne mélodique devient plus épique, avec cet aspect tragique qui apporte une nouvelle palette de sons et le chant devient scream. Dans la musique de Kaatarakt, il faut savoir que c’est Malo Civelli, le claviériste, qui compose les morceaux. Donc il y a une mise en avant des nappes de claviers et cela pourrait être rédhibitoire. Mais ici, pas du tout ! Simplement, les instruments Metal accompagnent les lignes de claviers plus que l’inverse, donc il faut être habitué. Moi je le suis, et j’adore ! Je suis frappé par la qualité du mastering, complètement aux antipodes du premier EP ! On m’avait dit qu’il y aurait des moyens de mis dans ce nouvel opus, et manifestement on ne m’a pas menti. La qualité est non seulement au rendez-vous, mais elle dépasse toutes mes espérances d’au moins dix étages ! Je me dois cependant d’être honnête, ce n’est pas le morceau qui me laissera la plus grande impression. Un peu trop répétitif comparé aux autres, surtout sur les riffs guitares. Voire même un peu trop lent sur le tempo. C’est le morceau qui se démarque de l’EP, mais pas forcément en bien. La suite va me montrer le contraire !

Puisque vient le morceau qui m’a valu l’inspiration pour une citation : « Màttr Ok Megin ». Alors là, si vous êtes amateurs de Metal Folk très mainstream genre EnsiferumTurisas ou Arkona, arrêtez tout ! Parce que là, on a un morceau EXCEPTIONNEL. Jamais je n’ai été autant pris de frissons en écoutant un morceau Folk, jusqu’aux larmes (véridique) ! Il y a vraiment un truc en plus dans « Màttr Ok Megin », je vous jure c’est monstrueux. La composition est parfaite, le chant est puissant, les lignes de claviers sont à la fois épiques, rythmées et mènent la cadence pour les autres instruments. La batterie est rondement exécutée aussi, on a vraiment envie de lever le bras avec une épée et partir au champ de bataille pour en découdre. Le clou ultime intervient vers deux minutes et cinquante secondes avec ce passage explosif où mes cervicales me supplient de me contenir à chaque fois. Je crois que, sans déconner, c’est un chef d’oeuvre d’exception… Je n’ai JAMAIS autant pris mon pied sur un morceau Folk de toute ma vie, et pourtant les Dieux savent que du Folk j’en mange à toutes les sauces et à tous les râteliers. Je suis intimement convaincu que ce qui démarque ce morceau des autres (en général) réside dans le mystère de l’atmosphère voulue par le groupe. On dit que les voies du Seigneur sont impénétrables, moi je crois que parfois le Seigneur est musicien, car ce qui fait son omnipotence n’est que le mystère de ses intentions. Et Kaatarakt a cette capacité d’insuffler de l’inconnu qui prend aux tripes et fait remonter les émotions les plus enfouies. Franchement, je mets les genoux à terre, avec tout mon respect. Bravo, mille fois bravo pour ce morceau, du jamais entendu !

Difficile de redescendre après cela. Je redoute un peu le contrecoup en me penchant sur « Little Troll’s Tale », qui, de nom, me laisse croire qu’on va retomber dans la nostalgie Finntrollienne du groupe… Je croise les doigts, honnêtement, pour que ce ne soit pas cela. Eh bien non ! Toujours cet esprit de voyage, d’aventure avec ce piano et ces claviers plus « classiques » on va dire, mais pas de référence à Finntroll. Quand le morceau s’emballe, on dirait presque un jeu vidéo ! Cela sent un peu la composition délire, festive ! Finalement, on retrouve encore cet aspect étrange, presque féérique qui désarçonne l’auditeur. J’ai trouvé qu’en termes de composition, c’était certainement la plus aboutie de toutes, les parties étant plus changeantes que les autres morceaux. D’ailleurs « Little Troll’s Tale » est le seul morceau qui a bénéficié d’un clip. Ce n’est pas mon préféré mais, objectivement parlant, je le trouve plus abouti que les autres en tout cas. Marvin laisse plus de place au growl dans ce morceau, preuve que Kaatarakt se détache un peu plus du Black Folk du premier opus pour explorer d’autres horizons. Comme quoi, « Echoes of the Past » sonne comme le titre parfait : les échos du passé pour mieux avancer et progresser.

Enfin, la dernière chanson intitulée « Sunless Dawn » porte bien son nom car elle a une dimension plus tragique que les précédentes. L’intro au clavier est juste sublime, définitivement comme de la magie. C’est étonnant de distiller une dimension magique sur une musique Metal autre que symphonique ! Toujours est-il que l’un des points forts de cet EP est le travail qui est fait aux claviers, et les parties Metal n’en sont pas moins intéressantes car se marient bien avec. C’est probablement aussi le morceau où ce travail de composition est le plus mis en avant, les claviers ayant un rôle encore plus prépondérant. Une belle conclusion de CD, qui sonne comme la fin d’un film !

Le travail en studio n’en est pas moins excellent, quels que soient vos supports d’écoute, tout sonne comme cela devrait. Décidément, les CDs de groupes suisses m’épatent de plus en plus… On ne peut que louer les travaux qui sont faits par les studios de là-bas, parce que chaque CD produit est excellent.

J’espère avoir apporté assez de ciment pour motiver les fondations d’un nouveau public de fans avec cette chronique parce que, décidément, cet EP est une merveille ! Un gros travail qui est fait, dont on ne peut que comparer le résultat avec le premier EP qui apportait des bases intéressantes. Kaatarakt a largement le niveau pour s’imposer dans ce milieu assez retors du Folk Metal, s’ils persévèrent à progresser, à nous faire rêver comme il nous a été permis de le faire sur « Echoes to the Past« . Alors, si vous voulez faire un geste, vous qui aimez le Folk Metal, je vous en conjure : ne passez pas à côté de ce bijou ! Vous donnerez une vitrine plus que méritée à ces petits jeunes qui ne demandent qu’à percer !

Tracklist :

1. Echoes to the Past
2. The Gathering
3. Máttr ok Megin
4. Little Troll’s Tale
5. Sunless Dawn

Facebook : https://www.facebook.com/KAATARAKT/
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCnaq1i … EGTKxank2g
Bandcamp : https://kaatarakt.bandcamp.com/

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