Hauméa – Leaving

Le 30 août 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Andy : Guitares Léa : Basse Niko : Chant Seb : Batterie

Style:

(tout) Nu Metal

Date de sortie:

31 Mars 2020

Label:

Kulpa Asso (association du groupe)

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

« La musique c’est le complément de la parole, du bruit et du silence qui relie, notre corps et notre esprit conscient et inconscient, à tous les univers sensibles et insensibles, perceptibles et imperceptibles, finis et infinis. » Jean (Quan)Toba

C’était la chronique des étoiles cette fois-ci. NON ! Je n’ai pas regardé Star Wars avant, n’étant pas d’humeur belliqueuse je ne risquais pas de me lancer dans l’aventure Lucasienne, d’autant que nous avons vécu le dernier épisode il y a peu (du moins jusqu’à la prochaine, vous connaissez le principe de la machine à fric désormais). Toutefois, le prochain groupe dont le devoir de chronique m’échoit porte le nom d’une planète naine découverte en 2004 dite « cebuwano », c’est à dire au-delà de l’orbite de Neptune, dernière planète du Système Solaire reconnue – Pluton n’étant plus considérée comme telle – et se situant dans une ceinture d’éléments gelés, restes de la formation de notre système, appelée ceinture de Kuiper. Hauméa est une des rares planètes naines reconnues avec Pluton et Makémaké. Il faut savoir, parenthèse mythologique que je dois à ma femme, férue de croyances ancestrales, que Hauméa est le nom d’une divinité hawaïenne, celle de la fertilité et de la naissance et les deux satellites de la planète portent le nom de ses enfants : Hiʻiaka et Namaka. Il faut savoir que cette divinité n’est pas vraiment bienveillante, et qu’elle a tendance à se transformer pour donner naissance à des créatures pas franchement attrayantes, et aurait tendance aussi à l’inceste (comme dans beaucoup de mythologies vous me direz). Alors, la question qui m’anime en commençant la chronique de l’EP Leaving, c’est : quel est le choix de sens motivé par Hauméa? Mythologique ou planétaire, ou les deux?

Groupe prenant ses racines à Alençon, en Normandie donc, le groupe est composé de quatre musiciens et s’est démarqué des nombreuses étoiles, montantes ou établies dans le ciel musical depuis des lustres dans une année-lumière que l’on ignore encore. L’absence d’informations ne renforce pas franchement la curiosité d’ailleurs, une petite mise à jour serait de bon aloi. D’autant que j’ai constaté que le premier EP avait été chroniqué par notre ancien acolyte mais néanmoins président-correcteur à vie Willhelm von Graffenberg et qu’il n’avait guère plus d’informations à l’époque non-lointaine, soit en 2018/2019. Je subodore donc que le groupe existe depuis l’entre 2015 – 2020. Toujours est-il que le groupe en est à deux EPs en comptant celui-ci, le premier se nommant Unborn et vous pourrez retrouver la chronique ici .

Je vais essayer de ne pas faire de parallèle avec ce qui avait été dit par mon confrère souffrant de trouble de l’identité saint-michelienne, mais l’artwork ici présent a au moins le mérite de mettre de la couleur là où précédemment il n’y en avait pas et que mon Willhelm avait trouvé un peu rédhibitoire. Ici, on a donc un artwork assez simple, avec un fond noir d’où se démarquent une main légèrement pixellisée en fuchsia, avec une ombre de femme qui semble s’en aller par une ouverture jaune flashy. Voilà à peu près ce que l’on a se mettre sous la dent, ce n’est pas folichon je dois dire. On est à peu près raccord avec le nom de l’EP Leaving avec cette silhouette féminine qui s’en va, mais après c’est un peu trop succinct pour qu’il y ait vraiment un intérêt. Je dirais même que cela annonce une musique assez peu attirante d’un point de vue metal, parce que ce cliché de départ de la femme qui s’en va et qu’une main implore, c’est beaucoup trop déjà vu pour être intéressant et il y a un côté « fragile » dans la démarche qui n’amène pas cette dose de brutalité que j’attends de la part d’un groupe estampillé par mon confrère « rock metal ». J’ai envie de dire : ça va qu’il s’agit d’un EP, si ça avait été un album j’aurais trouvé cet artwork totalement hors d’intérêt et j’aurais, en tant qu’auditeur qui achèterait son CD, passé mon chemin sans m’intéresser à la musique. Un artwork qui, en résumé, ne présente strictement aucun intérêt, vivement l’album pour voir s’il y a enfin de la suite dans les idées…

Heureusement, quelque part, que je fais la chronique de l’EP, sinon je ne me serais pas intéressé à la musique et cela aurait été fort dommageable. La musique du groupe sonne effectivement bien metal, plus que rock d’ailleurs. Étonné par la dénomination un peu vague de mon vénéré correcteur, il est vrai toutefois que définir la musique de Hauméa va s’avérer être un petit chemin de croix. Il me semble avoir identifié une base très thrash metal sur les riffs principaux, avec des passages plus aériens et plus rythmiques qui sont classiques du genre heavy, voir effectivement un peu rock. Je pense, sans être un spécialiste du genre ni même un féru certain, que le groupe surfe sur la vague un peu devenue désuète du nu metal. Avec cette alternance d’éléments groovy et lourds typiques du thrash et de quelques incorporations plus rock, ce mélange des genres est typique de la démarche nu metal même si les références me manquent et que le style vestimentaire, le fait de rester sur une base instrumentale très commune et n’incorporant pas d’autres instruments comme une platine DJ, et qu’il n’y a pas de chant rapé ou lyrique, ou d’autres originalités du genre n’étayent pas forcément dans le bon sens mon ressenti et mon analyse. Je partirais tout de même donc sur l’idée que Hauméa surfe sur la vague nu metal, même si seul le groupe peut me le confirmer ou me l’infirmer. Rejetant en fait le principe de la dénomination « metal alternatif » de manière maladive, il fallait bien que je tente d’apporter quelques éclairages moi-même au risque de ma casser la gueule, mais c’est un risque que je prends avec plaisir.

Ce mystère autour de l’identité musicale du groupe n’enlève en rien la qualité irréfragable du groupe en matière de production. Ce qui apparait comme d’autant plus méritant est que Hauméa a fait appel, au-delà du studio en lui-même que je ne connais pas, à Magnus Lindberg pour le mastering, qui est un suédois travaillant en freelance et que j’avais démarché pour mon groupe, tant j’avais aimé son travail et qui a masterisé l’album Penumbra du groupe Barrens qui est un véritable chef d’œuvre, que je recommande vivement. Cela m’a donc immédiatement mis la puce à l’oreille de voir son nom mentionné sur la pochette, même si l’EP de Hauméa n’apparait pas dans son roster… Mais la qualité est tout simplement au rendez-vous, le son est bien lourd quand il faut, bien aérien quand il faut aussi et l’ensemble est très bien orchestré. Rendant cet EP particulièrement agréable à l’écoute sur n’importe quel support et attestant encore une fois que l’on peut pondre un CD formidable tout en se donnant les moyens de le faire, peu importe le prix à payer. Vous aurez donc un EP très appréciable en termes de son, ce qui est très encourageant pour un futur album! Rien que pour le son j’y jetterai une oreille attentive dans le futur.

Les compositions sont sur le même ton si je puis dire. Difficilement nommable, le style que j’identifie à tort ou pas comme du nu metal a effectivement un fonctionnement assez binaire : des parties agressives et lourdes très thrash metal et des passages beaucoup plus aériens. En elles-mêmes, je ne suis pas certain que le groupe révolutionne quoique ce soit dans sa musique, mais j’ai vraiment aimé l’écoute de l’album. J’ai surtout beaucoup apprécié l’intelligence de composition des instruments avec des guitares très bonnes dans les harmoniques, qui sont techniques quand il faut, et plus atmosphériques le cas échéant ; la batterie qui suit le mouvement, à moins que ce ne soit l’inverse, et qui se montre très alternative dans sa base rythmique sans tomber soit dans le trop aérien, soit dans le trop-plein de technique ; une basse un poil trop en retrait mais qui remplit bien son boulot du peu que j’ai entendu. C’est assez intéressant de voir ce que l’on peut construire lorsque l’on a l’esprit de cohérence mais de variabilité. Cela donne des morceaux fort bien menés, qui s’écoutent de manière fluide et avec beaucoup d’entrain! Cet album transpire décidément le potentiel par tous les pores du talent! Vraiment une très bonne surprise cet EP.
J’ai aussi beaucoup apprécié la variabilité même des atmosphères dans les morceaux, et plus particulièrement le deuxième morceau qui sonne très dramatique et qui prend aux tripes au point de me donner des frissons. En fin de compte j’ai un tout petit reproche à faire aux morceaux, qui avait déjà été le cas pour le premier EP semble-t-il : la longueur des morceaux. Ils sont définitivement trop courts et laissent sur la faim chaque fois. C’est bon signe n’est-ce-pas?

Le chant va également passer à l’étude et m’aura surtout laissé une très bonne impression générale. Doué de technique et par sa capacité à varier d’un chant typique du thrash metal, c’est à dire grunt mais sans exagérer (un peu old school en quelque sorte), à un chant clair sans exagération lyrique mais dans un truc plus posé et donc sans prétention scabreuse, il remporte l’autre palme des points positifs de l’album pour moi. Rares sont les chanteurs qui ne cherchent pas à en faire des caisses, allant jusqu’à se rendre parfois ridicules que ce soit scéniquement ou en studio, et je salue vraiment ce chant sans prétention aucune, qui n’est là lui aussi que pour appuyer les différentes alternances de riffs et qui apporte simplement sa pierre à l’édifice. C’est limite un chant « dans l’ombre » qui me plait bien. J’espère que cela va perdurer dans le temps, croisons les doigts!

C’est juste les textes que j’ai eu un peu de mal à comprendre dans toute cette flopée de points très positifs. Autant l’alternance de chant français et anglais est une pratique que je saluerais aimablement tant j’aime entendre du français dans le rock et le metal, mais dans le cas précis de Hauméa, il y a quelque chose qui m’échappe. Dans toute cette cohérence générale qui offre un EP excellent, les textes sont des plus incohérents. Bon, je ne reviendrai pas sur les sujets mille fois piétinés sur des questions pseudo-existentiels à tel point qu’ils agissent comme un jardin trop arpenté sur lequel le gazon ne pousse plus du tout avec l’épuisement, mais sincèrement je ne comprends vraiment pas l’utilisation des deux langues. Je trouve que cela dénature suffisamment la musique pour être souligné, j’aurais vraiment préféré que du français ou même pire (venant de moi c’est un comble) que de l’anglais! Contrairement à des groupes comme Anorexia Nervosa qui se servait de l’alternance des langues pour faire des effets coups de poing sur les morceaux, ici c’est tellement mou que si je pouvais enlever le chant par moment je le ferai. Je suis un peu dur mais s’il y avait un point à gommer tout de suite, ce serait les textes. Les rendre plus originaux, traiter des sujets un peu plus neufs et ne conserver qu’une langue sans crainte des soucis esthétiques, ce serait vraiment un axe d’amélioration à traiter urgemment selon moi.

Bon, nous allons conclure cette chronique cher(e)s lecteur(e)s. Hauméa n’est pas un OVNI contrairement à ce que l’on pourrait croire, simplement une exoplanète qui ne demande qu’à incorporer le cercle solaire musical du metal par la grande porte et commence de plus en plus à y rentrer. Avec ce deuxième EP qui apporte une musique extrêmement intelligente et qui, malgré au moins un axe d’amélioration, sonne comme déjà d’une grande maturité, est pour moi une très bonne surprise et découverte. Le vivier français, normand de surcroit, n’en finit pas de donner des millésimes à en devenir et je suis très satisfait qu’un EP comme Leaving ne parte pas dans les oubliettes justement. A découvrir rapidement, et je remercie le groupe pour son travail et abnégation.

Tracklist :

01. Sick – 4:00
02. Breath – 3:17
03. Erasing us from life – 1:22
04. Bones – 3:04
05. I know them – 3:42
06. Lorelei – 4:02
07. Marbre – 3:44

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