Godisdead – Nous aussi

Le 17 juin 2018 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Alex : chant, basse
  • Pascal : guitare
  • François : guitare
  • Mathias : batterie

Style:

Thrash/Black Metal

Date de sortie:

12 Décembre 2017

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Lusaimoi) : 8/10

Godisdead n’est plus. Et lorsqu’il a annoncé sa fin, les regrets sont immédiatement venus. Les regrets de ne plus pouvoir écouter de nouvelle offrande, et de ne plus pouvoir assister à un de leurs concerts, tant le seul que j’ai pu voir m’a marqué. Heureusement, comme petite consolation, l’une de ces deux déceptions a été atténuée par l’annonce d’un album posthume, le bien nommé Nous aussi.

Godisdead a toujours été le genre de groupe à se foutre de ce qu’on pense de lui. Ça, ça se ressent quand on regarde l’évolution de leur discographie. Si la différence entre l’album éponyme et II – passant d’un Thrash/Black brut et mal produit à un mélange entre Thrash/Black, Punk et Stoner – semblait se justifier par une maturité acquise et la trouvaille d’un producteur digne de ce nom, Just… die a complètement cassé les attentes, en partant sur un tout autre chemin, avec un album plus technique et désarçonnant complètement l’auditeur ayant connu les Avignonnais sur son prédécesseur. Les gars sont capables d’insérer un passage dubstep en plein milieu d’un morceau, parce que… pourquoi pas ? Alors quand on sait que maintenant, suite à leur séparation, ils n’ont plus rien à perdre, on se dit que toutes les folies sont permises.

Pour autant, le groupe ne confond pas « tout se permettre » et « faire n’importe quoi ». L’indigeste aurait pu si vite arriver. Ici, je placerais Nous aussi entre l’éponyme et II. On est proche du Thrash/Black des débuts, avec un son un peu plus raw que d’habitude, mais qui, contrairement au premier album, n’enlève en rien la puissance dégagée. On peut même dire qu’après une intro mélancolique, signe de la fin d’une ère, c’est à quelque-chose de particulièrement enlevé qu’on a affaire. « Conclusion » est très rapide, et nerveux, avec une batterie bien mise en avant et un aspect légèrement grandiloquent, « Dormir ou mourir » va dans la même veine, tout en apportant le côté plus destructeur d’une violence brute et « Eau », après un démarrage lent et grandiose, retourne au Thrash/Black speedé des titres précédents.

La haine est là, présente, suintante. Et si ma description peut sembler aller à l’encontre du lâcher prise promis par mon intro, ce n’est pas le ressenti que l’on a lors de l’écoute. Déjà parce que la retenue, Godisdead ne semble pas la connaître, et ensuite, parce que les gars n’ont pas non plus perdu leur sens de l’aventure. Que citer comme exemple ? Déjà, le premier solo (?!?), fou et rapide de « Conclusion », qui mène à un second, plus classique, tandis que les autres instruments poursuivent dans leur lignée. Puis la seconde partie de ce même titre, où tout se calme d’un coup, où les hurlements deviennent chuchotements, pour des minutes majestueuses durant lesquelles les Avignonnais reprennent les longues plages à la limite de l’expérimentation qu’ils aiment tant.

Il faut également mentionner le chant en français, pour la première fois. Une sorte de pari pour eux, pour un résultat qui peut perturber. En effet, l’écriture parait recherchée, mais parfois, des détails semblent presque improvisés. En fait, c’est comme si les textes n’étaient pas forcément adaptés à une mise en musique. Néanmoins, un titre comme « Mon amie la corde » justifie à lui seul ce choix. Morceau complètement expérimental, basé presque entièrement sur le duo basse/voix, il développe une ambiance malsaine, grotesque et déviante, qui ne va qu’en s’amplifiant. Imaginez-vous, assistant au discours avant la pendaison d’un homme au charisme égal à celui de Tom Hardy dans Peaky Blinders, qui domine toute la scène au point de prendre le dessus sur son auditoire lorsqu’il émet son dernier souffle.

Nous Aussi aurait pu se conclure là, mais c’est dans l’ambiance lente, mortuaire et plombante de « Crevez tous », que Godisdead décide de nous quitter. Ce morceau, dont le titre résume à lui seul la totalité des paroles, nous laisse imaginer le cortège funèbre d’un condamné à mort, traversant un village du Far-Ouest jusqu’à son exécution, tandis qu’au-dessus, les vautours dessinent des cercles dans le ciel brûlant en attendant de pouvoir attaquer leur repas. Et le final, silencieux, nous laisse seul avec ses décombres rongés par les vers jusqu’à devenir de la poussière balayée par le vent.

Godisdead n’est donc plus. C’est naturellement dans son ambiance la plus pessimiste qu’il nous quitte. Un album pas parfait, mais authentique jusqu’au bout, et dont les défauts possèdent au final un certain charme.
Godisdead est mort, et c’est dommage tant ceux qui les ont connus peuvent émettre des spéculations sur la suite de leur discographie, si l’aventure avait continué.
Godisdead s’est tué avant de n’avoir plus rien à dire, alors c’est tout naturellement qu’après avoir rongé ce Nous aussi jusqu’à l’os, on va se tourner vers ses rejetons qui, bien que différents, nous ont déjà dévoilé des choses intéressantes.

Tracklist :

1. Praeludium
2. Conclusion
3. Dormir ou mourir
4. Mon amie la corde
5. Eau
6. Crevez tous

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