Elefant Talk – Elefant Talk

Le 11 juillet 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Sébastien Necca : batterie / Gaby Vech : basse, chant

Style:

Stoner Rock

Date de sortie:

19 mars 2021

Label:

M&O Music

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

« La patrouille des éléphants,
S’achemine pesamment.
La trompe en avant.
Les oreilles au vent.
Et circule militairement.
Et circule militairement
. » (Le Livre de la Jungle)

Je me répète au fur et à mesure que je chronique du stoner, mais je suis ébahi par cette fascination quasiment unanime pour les éléphants. Je crois que, de mémoire, j’en suis à trois ou quatre chroniques d’un groupe qui parle ou qui soumet de loin le sujet des éléphants. Il convient de dire que je sais un peu pourquoi il y a un rapprochement aussi pachydermique, je l’ai appris à mes dépends : c’est pour la rythmique lourde qui est inhérente au genre doom metal. Après, quand il y a du stoner c’est encore mieux parce que cela amène un côté psychédélique qui est conforme à l’aspect décalé de ce sujet d’album. Donc, cette fascination n’est autre qu’une métaphore filée pour parler directement de la musique! Après, quand je parle d’éléphant, j’englobe surtout les mammouths qui sont légion. Mais vous avez saisi l’idée j’imagine. En tout cas, je suis rôdé désormais : quand je vois une pochette pachydermique, je n’ai même pas besoin d’entrer dans une analyse profonde, je sais que ce sera du stoner, ou à défaut du doom ou du rock psychédélique. Cela devient simple comme bonjour! Me voici donc aux prises, depuis un moment maintenant il faut le dire, avec Elefant Talk et leur album éponyme. J’ai eu beaucoup de mal à me lancer dans cette chronique, il me faut l’avouer non pas à cause du groupe en lui-même ni du style mais tout simplement parce qu’un support physique me laisse toujours un peu plus timide qu’à l’accoutumée. Je ne sais pas pourquoi, j’en parlerai à la psychologue un de ces quatre… Bref! Voici donc venu le moment de parler de cet album qui fait du bruit comme des pas immenses d’éléphants sur la terre!

Mais une petite présentation s’impose d’autant plus qu’Elefant Talk est un de nos voisins! En effet, le groupe vient de Chambéry. Nous ne sommes pas du même département mais presque, donc cela fait toujours un petit pincement positif au cœur quand on a un groupe « local ». Du reste, cet album éponyme est surtout le premier du groupe qui est composé, fait assez rare, d’un duo de musiciens mais sans guitare! Du moins, annoncée sur le line up. Sébastien Necca est le batteur et Gaby Vech est le bassiste/chanteur. J’avoue que je me suis amplement renseigné après l’écoute donc je n’ai pas été surpris, même si le son est particulier, vous allez voir. Voilà! Les évidences se passent de mots comme on dit, il est temps pour moi de vous faire la chronique de ce premier skeud qui en plus est signé chez le label que l’on aime bien chez Soil ChroniclesM&O Music. J’ai hâte!

Alors, la pochette réserve un peu son lot de surprise puisqu’outre le fameux, le truculent pachyderme tant annoncé par le nom de l’album et du groupe, il y a surtout un décor assez inattendu. Et pour cause! La ville où pénètre l’éléphant aux très longues défenses recourbées ressemble à s’y méprendre à un champ de ruine. Un décor apocalyptique plutôt en désaccord, je dirais, avec la musique d’un genre plus « festif », plus rock’n’roll. C’est toujours bizarre ce genre d’antithèse artistique entre une musique d’un type émotionnel et une pochette qui raconte son contraire. J’avoue que stylistiquement parlant, l’artwork est très beau, très réussi avec un luxe de détails qui force l’admiration. J’apprécie particulièrement le fameux pachyderme qui surplombe les immeubles aussi grands que lui, ce qui montre un énorme animal, hors norme en tout cas. Mais cet écart de genres fait que j’ai un peu de mal à m’y retrouver et de fait, à trouver du plaisir et de l’élan pour écouter la musique d’Elefant Talk. Il faudrait quand-même avoir une cohérence à un moment donné entre le genre musical et le style d’artwork, parce qu’à force de jouer la carte de la fin du monde, on fait comme Bruce Willis dans « Le Cinquième Elément » : on se marre. En l’occurrence, en ce qui me concerne, c’est plus un rire jaune qu’autre chose… Je vais faire abstraction pour la suite de cette pochette complètement antithétique, il vaut mieux pour la suite d’ailleurs.
NB : j’avais aussi noté dans mes écrits sur feuille que je ne comprenais pas tellement le rôle symbolique de l’éléphant dans ce décorum apocalyptique. Destructeur ? Libérateur ? Le flou est plutôt important.

En ce qui concerne la musique, comme je disais, il vaut mieux faire abstraction du raté de la pochette puisqu’Elefant Talk nous propose sur un plateau du stoner rock. On est d’accord qu’en principe, ce style de musique doit apporter un semblant de convivialité, et donc un esprit positif. C’est donc en cela que je n’ai pas compris la pochette mais bon… En tout cas, sur la musique en elle-même, l’identification est d’une évidence rare : une basse omniprésente et avec un son assez boueux, parfois j’ai même cru entendre des guitares, une batterie qui joue son rôle avec aisance dans la rythmique un peu variable et donc ce chant bien rock, bien rauque si l’on peut dire sans jeu de mot. En soi, Elefant Talk ne révolutionne rien mais reprend les bases où elles ont eu les meilleures fondations, donc la musique est bien sympathique, bien construites avec des airs riffiques entrainants. Les structures sont plutôt classiques avec couplets et refrain, ce qui apporte une facilité d’écoute et d’abordage. En fait, c’est un peu le constat à deux francs que je fais de ce premier album : il est bien. Dans son sens le plus simple, c’est à dire que la musique n’est pas nouvelle mais fonctionne efficacement. On voit que les influences nommées sur leur site officiel sont marquées sans tomber dans le plagiat, mais qu’en même temps le groupe surfe sur ce qui se fait déjà. Le risque étant de lasser l’auditeur en quête de nouveauté, ce qui m’arrive parfois. Mais curieusement, dans le cas d’Elefant Talk, je m’amuse bien, vraiment bien même! Je me suis bien trémoussé dans la voiture, et j’en déduis que cet album éponyme fonctionne très bien. Si les intentions du groupe sont du même acabit, alors le contrat est rempli.

La production peut prêter à sourire puisque le duo annoncé, plutôt atypique, pourrait s’apparenter à une prise de risque considérable sans guitare. J’avoue que, comme j’ai échappé à ce constat, j’ai foncé tête baissée dans la chronique mais si j’avais su qu’Elefant Talk officiait sans guitare, mon scepticomètre aurait été à fond les ballons! Mais au final, le résultat est sans précédent. La musique ne souffre véritablement d’aucune carence instrumentale et les compositions sont étonnantes mais très bien mixées! Du coup, par moment j’ai cru entendre des guitares ce qui est absolument bluffant! Le son est boueux à la sludge metal mais cela n’a rien à voir en vérité, du coup le spectre sonore est bien occupé sans tomber dans l’excès, rendant l’écoute de l’album agréable et sans retenue. On en redemande! Franchement, la production est bluffante, je suis épaté par cette capacité de résilience dans le son qui permet à Elefant Talk de bien défendre son bout de gras si j’ose dire, et de proposer un premier album de très grande qualité. Epatant qu’on vous dit, et qu’on se le dise!

C’est en tout cas un album qui a des ambitions, on le sent, le groupe s’est largement donné les moyens de faire une entrée non pas dans la cour des grands mais au moins dans l’arrière-cour, ce qui est déjà pas mal du tout. Plusieurs écoutes après, je me suis aperçu qu’on y retournait sans difficulté et que ce premier album sonne vachement bien. De fait, les compositions sont sur une base que l’on connaît tous, soit un ensemble couplets refrain avec de temps en temps un pont ou deux, on reste ainsi sur une recette qui fonctionne quasiment à tous les coups. L’innovation n’est pas de mise pour nos chambériens, mais au moins leur musique stoner rock est racée, bien foutue et amène cette énergie impondérable qui incombe au genre. Des riffs bien rock, avec une épaisseur sonore mais sans tomber dans l’outrancier, et donc vous avez une musique virile mais correcte. Plus que cela en ce qui me concerne : Elefant Talk est un très bon album, que j’ai beaucoup aimé écouter et décortiquer! Le reste se passe de mot, on redemande simplement du dessert comme l’on tendrait l’assiette sans mot prononcé sauf avec des yeux gourmands. C’est donc un grand oui pour moi!

Pour le talent, le duo fonctionne comme un projet bicéphale, on sent que la composition est amenée par l’instrumentaliste basse / chant et que l’acolyte maitre des futs pose sa base rythmique! Je le dis et redis, s’offrir un batteur change tout! On sent tout de suite que chacun des protagonistes est à sa place, sans faux col, et que les rôles sont harmonieusement éparpillés. Résultat : outre le talent indéniable de nos amis musiciens, les compositions sont très bien faites. Je suis impressionné encore une fois par le soin qui est donné pour la basse qui est L’instrument et qui est la tête de gondole de tout l’album. C’est extrêmement rare, il faut dire que je considère la basse comme la triste oubliée des instrumentations, alors quand je lis un projet musical qui met la basse à l’honneur comme cela, je suis ravi. C’est donc là encore un beau et grand, et fort oui!

Enfin, le chant! Sur la technique et la justesse du chant clair, je n’ai rien à redire. J’aime cette voix un peu rauque mais linéaire dans le sens où elle glisse facilement sur les notes et n’est pas saccadée, ce qui offre un rendu vraiment intéressant dans la musique très rythmée stoner rock de l’album. Le seul bémol que je retrouve à dire ce sont les effets. Sincèrement, c’est un peu trop pour moi, cela manque cruellement de naturel. Pas au point d’offrir un chant brut de pomme, sans retouche aucune, ce n’est pas ce que je veux dire! Mais je trouve que ces effets « radio » ne passent qu’avec parcimonie. Or, ici, l’effet est partout ou presque. Trop de retouches chassent le naturel, donc le chant est trop modifié à mon gout. Mais c’est un détail plus qu’autre chose étant donné que l’ensemble instrumental et le chant se complètement bien dans mon premier constat. Donc en soi, le chant est efficace! C’est bien. N’ayant pas les textes à portée de main, je n’ai pas pu aller plus loin.

Pour mettre le point final à cette nouvelle chronique, il va de soi que ce premier album est convaincant à bien des égards. Doté d’une production au poil et d’un gros travail de composition, Elefant Talk et son album éponyme offre un premier ouvrage bourré de talent et de promesses. Si la pochette a tendance à se montrer hors sujet, du moins si l’on prend les éléments au premier degré, il n’en va pas de même pour la musique bien stoner rock, qui fonctionne avec entrain et regain de frénésie. La musique est entrainante, bien rock et amène cette pêche immuablement lié au genre stoner, qui est un bol d’oxygène. Elefant Talk fait donc une entrée non pas remarquable, mais remarquée, et ce premier opus sonne le début d’une aventure musicale riche en optimisme. Pour un premier album en tout état de cause, c’est du très bon! J’attends la suite.

Signé : vos voisins de webzine grenoblois !

 

Tracklist :

1. The first day of the rest of your life 02:16
2. Save Yourself 03:53
3. Pachydermik 03:44
4. Crocodile 03:38
5. Leave Me Alone 04;20
6. I’m a Hound Dog 03:28
7. Chitter Chatter 03:57
8. Carnivor 04:20
9. Mass Murder 03:21
10. The hunting 03:45
11. Time to go 04:31

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