Catubodua – Maruos

Le 1 juin 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


M : basse R : batterie F : guitare L : guitare rythmique, chant

Style:

Black Metal Pagan

Date de sortie:

08 décembre 2019

Label:

Asgard Hass Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

« La mort n’est que le milieu d’une longue vie. » Proverbe celte

Cette chronique signe un partenariat que j’ai repris suite au départ de mon bien regretté Pagus, ancien collègue chroniqueur que je connais depuis un moment désormais et que j’apprécie pour ses connaissances, sa gentillesse et la qualité de ses chroniques. Il avait, de fait, étendu nos partenaires jusqu’à Asgard Haas, label black metal de Montreux, qui a signé quelques groupes avec lesquels j’ai joué, notamment sur des affiches pagan ou médiévale. Je l’avoue, c’est un label qui me plaît. Le roster n’est pas des plus impressionnants, on ne va pas se mentir, mais je sais qu’il y a derrière une passion pour le black metal et une volonté d’offrir une vitrine des plus notables à des groupes que l’on pourrait qualifier, sans paraître condescendant, de « modestes », mais qui ont quelque chose. Un supplément d’âme dirons-nous. Ainsi vais-je reprendre ce partenariat fièrement, en espérant être à la hauteur. Et ma première mission interviendra pour le premier album de Catubodua. Notons que le roster est composé actuellement des groupes Arides, Allobrogia, Ergotism, Möhrkvlth, Goatslave, Decima, Dux, Neraeon et Thergüu.

Alors Catubodua sera mon premier groupe encensé, ou aussi ma première victime c’est selon ! Non je plaisante. Retenons pour les présenter qu’il s’agit d’un quatuor de notre belle région Rhône-Alpes, la moitié étant près de Lyon, l’autre près de la Savoie, et qui a posé ses fondations en l’an 2016. Une toute jeune formation donc, qui a tout de même à son actif un EP éponyme sorti en 2018 et donc ce premier album qu’ils ont sorti au grand jour le 8 décembre 2019. Groupe proposant sur leur descriptif du black metal aux accents paganiques, avec une prépondérance pour la culture celtique gauloise, je dois admettre que nos régionaux ne manquent pas d’intérêt, et cette orientation vers la gauloiserie augmente mon curseur de curiosité à un niveau intéressant. Non, vous ne me verrez pas citer Astérix ! Ne rêvez-pas !

Par contre, pour ce qui est de causer sur l’artwork, je serai le premier. Je dois dire que de prime abord je le trouve vraiment sympa. C’est réducteur mais c’est l’effet dessin au crayon que j’aime beaucoup. La personne qui a créé cet artwork a su retranscrire un côté à la fois lugubre avec ces crânes, ce ton entre le gris et le sépia qui donne une patine ancienne fort admirable. Egalement les corbeaux, directement en référence avec la déesse Catubodua et fer de lance de beaucoup de mythologies, dont la celtique, et enfin les personnes encapuchonnées qui se dirigent vers des « portails ». Il y a également un aspect épique sur la généralité et, surtout, une vraie connivence avec la Nature même si cette dernière apparaît un peu comme la grande absente de l’artwork, ce qui pourrait être un paradoxe mais qui en fait n’est que le fruit de nos représentations erronées d’une Nature verdoyante.

La Nature n’est pas qu’une immense forêt de conifères comme l’on en voit dans les trois-quarts des pochettes de pagan ! La Nature est aussi minérale, et j’aime cet aspect-là qui est présenté par Catubodua. J’adore surtout l’espèce de dualité qui est vue ici avec ces deux couloirs : l’un menant vers ce que l’on pourrait voir comme des profondeurs, l’autre vers un paysage plus « vert » avec des arbres. Ce qui m’intrigue assez, outre cette dualité que l’on connait tous mais qui est représentée d’une manière originale, c’est de savoir si Catubodua fait référence, à travers ce dessin mais aussi son nom et celui de l’album, à une divinité particulière ou s’il s’agit simplement d’un penchant plus mystique ou guerrier pur. Par exemple, je savais que Catubodua est une déesse guerrière chez les Celtes gaulois, équivalente à la Valkyrie chez les Nordiques. Voilà donc un élément de réflexion qui me plonge dans la perplexité. Mais je retiens de cet artwork un bel effort pour nous donner envie d’écouter l’album, l’ambiance morbide est respectée et c’est finalement tout ce qui compte. Bon point donc !

La musique est sans surprise quand on connait le label, du black metal avec tout un côté old school qui fait penser à leurs références que sont Windir, Bathory ou Horn par exemple. Je ne vais pas vous surprendre non plus en disant que ces références étant les miennes, si l’on exclut Bathory pour lequel je n’ai jamais pu vraiment accrocher, les influences de nos camarades régionaux me parlent à bien des égards et confirme tout le bien que je pensais de leur musique en concert. Cette dernière m’apparaissait comme très épique, solennelle et profonde dans son sens cachée. L’album est en train, progressivement à l’écoute, de me confirmer ce constat et ainsi rehausser encore tout le bien que je pensais du groupe. On ne peut d’ailleurs pas passer à côté de la texture paganique qui émane de la musique dans ses mélodies.

J’aimerais m’arrêter un instant sur le son général de l’album. Partant du constat qu’il s’agit d’une première galette, on pourrait rapidement le comparer à une mise en bouche avant les grands plats. Il n’en est rien mais on n’est pas non plus sur de la grande gastronomie pour reprendre la métaphore filée. En fin de compte, ce son est à prendre comme il est, dans le contexte qui l’accompagne : premier album et références old school. Ce qui donne un son particulier mais empreint de nostalgie qui ne me laisse pas indifférent. Ce son, je l’adore ! Grand féru du black des années 90, ce son me parle tellement que je suis heureux de voir qu’il y a encore des groupes pour perpétuer la tradition si je puis dire, d’un black metal froid et crade, saupoudré d’une morbidité aussi glaciale que le son renvoie à un immense blizzard sonore, plein de brouhaha et de linéarité. J’adore donc le son, à un détail près que je me dois de relever : la batterie est beaucoup trop mise en avant. Et en regardant une interview du groupe, j’ai vu que la batterie était le seul instrument avec le chant à avoir été repris en studio… Mauvaise pioche ! Parce qu’on l’entend trop. Jusqu’à étouffer les guitares qui sont pourtant excellentes. Sans rentrer trop dans les détails, le son de la caisse claire étouffe la ou les grosses caisses, nous privant de pas mal de passages qui auraient pu être ravageurs. Et la shirley ainsi que les autres cymbales manquent un peu de mordant. Mais je préfère terminer mon analyse par une affirmation qui se veut élogieuse : le son me fait penser à quelques relents de Burzum et ce dernier me ferait presque aimer le groupe de notre ami et néo-français Varg ! C’est vous dire !

La qualité des musiciens brille par leur composition. Satisfait de voir que les guitares et la basse ont été enregistrées en home studio, je suis surtout très agréablement surpris par la qualité des riffs ! Il y a une grande variation de ces derniers, les morceaux sont particulièrement mélodico-épiques et sonnent presque comme un conte historique. C’est là que la magie opère le plus dans cet album et c’est donc naturellement le point fort pour moi : retranscrire une âme païenne avec autant de talent sur un son aussi nasillard et « vintage », il y avait belle lurette que je n’avais pas entendu un tel exploit. Cela me fait énormément plaisir et je suis absolument ravi du résultat. Vous aurez droit ainsi à des morceaux inspirés d’épopée mais aussi d’une certaine philosophie, qu’elle soit guerrière ou sémantique. C’est en amateur que je vous dis que j’adore les compositions avec une préférence toute spéciale pour « Antumnos », « Sagesse ancestrale » et « Colosses de Beltinia », Beltinia étant célèbre pour ces fêtes ancestrales. Seul bémol mais relativement léger : la longueur du dernier morceau, douze minutes c’est légèrement trop.

Le chant est très old school aussi et cela me fait bien plaisir. Ici pas de scream à outrance, plutôt une sorte de grunt aigu avec peu d’effet d’amplification ce qui change et fait du bien. Il y a juste cette reverb’ un peu étrange mais qui donne une touche assez ancienne qui ne me déplaît pas, au contraire ! On dirait des déclamations.

Et les textes sont excellents. Multipliant les références celtiques comme Atepomaros, Antumnos, mais aussi de grands discours épiques sur la Mort, j’adore la qualité de l’écriture, pleine de métaphore, de recherche et la rythmique, si compliquée dans le black par la linéarité de la musique, colle parfaitement avec l’ensemble. Et puis, étant viscéralement attaché à la langue de Molière, de voir des groupes qui écrivent en français me ravit au plus haut point. Très bon point pour l’album, espérant que la chose perdure dans le temps.

Catubodua, pour conclure, propose un album qui envoie du lourd et promet de grandes choses ! Ce qui au départ n’était qu’une claque en concert a pris des allures de combo à la Tekken en album et j’en ressors K.O mais pleinement satisfait. Secrètement, je m’étais interdit d’écouter l’album mais jamais je n’étais resté éloigné de ce dernier. Je zieutais régulièrement les partages de mon adorable consœur Cassie dont je connais le ferveur pour nos savoyards/lyonnais et je savais, qu’un jour ou l’autre, j’écouterai l’album. Non seulement je l’ai écouté mais en plus je l’ai adoré et je suis heureux d’avoir accouché d’une chronique pour eux et leur label. J’espère en tout cas, vous qui nous lisez, que vous ne passerez pas à côté de ce vent de renouveau et de paganisme qui se nomme fièrement du nom de sa déesse, Catubodua.

Tracklist :

1. Dernier serment 09:22
2. Chemin des sacrifiés 06:57
3. Antumnos 06:38
4. Esprits egarés 07:18
5. Sagesse ancestrale 09:18
6. Colosses de Beltinia 05:39
7. Sombres rivages 12:44

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