Zornheym – The Zornheim Sleep Experiment

Le 22 octobre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Scucca : guitare, choeurs
  • Bendler : chant
  • Zorn : guitare lead, basse
  • Steve Pygmalion : batterie

Style:

Blackened Death Metal Symphonique

Date de sortie:

22 octobre 2021

Label:

Noble Demon

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10

Quand on entame une relation durable avec un orchestre dont on est directeur musical, on est garant de son unité. Il faut comprendre son fonctionnement, sa psychologie, ses points forts et ses points faibles.” Daniel Harding

Vous vous souvenez quand je disais que j’adorais les albums conceptuels ? Non ? Comment cela, vous ne lisez pas mes chroniques ? Non mais dites-donc, vous ! Quel toupet ! Je plaisante bien entendu. Je me doute bien que vous lisez les chroniques, même si vous pouvez être fier puisque vous êtes officiellement une denrée rare. Mais en tout cas, oui ! J’adore les albums qui racontent une vraie histoire. Et à ma connaissance, là aussi c’est une denrée rare, ou pas suffisamment connue parmi les énormes sorties chaque mois, et je trouve cela dommage. J’ai découvert de vraies pépites dans ce genre d’albums. Il faut bien comprendre tout le travail incroyable que cela demande, parce qu’il ne s’agit pas de composition simple, il s’agit de mettre en totale corrélation des morceaux pour que cet assemblage soit harmonieux à fond les ballons ! Cela demande donc un effort de concentration aussi fort que celui des écrivains qui parviennent à écrire un pavé de 500 pages en gardant la même ligne logique, ce qui vous l’aurez compris, m’a toujours épaté. Raconter une histoire musicale, c’est comme planter le décor d’un livre : il faut un incipit, un élément perturbateur, des péripéties, etc. Des personnages, un contexte précis. Vous voyez le truc ? Moi, je suis sincèrement en recherche de ce genre d’albums, et je me souviens que l’un des albums qui m’avait le plus époustouflé était en 2017 « Where Hatred Dwells and Darkness Reigns » du groupe Zornheym ! D’autant plus que cet album traite de psychiatrie, alors vous imaginez tout ce qui a vibré en moi… Et j’attendais secrètement la suite à ce superbe album, je commençais même à désespérer de ne pas voir une sortie arrivée. Et voici que dans la liste d’octobre, j’ai vu ce que j’espérais ardemment : « The Zornheim Sleep Experiment » est là, et je suis très heureux de vous le présenter !

J’avais omis dans ma précédente chronique de présenter Zornheym. Pour tous les amateurs de black metal, le nom du groupe signifiera quelque chose probablement : Zorn, musicien fondateur et compositeur du groupe, a officié dans Dark Funeral en tant que bassiste pendant trois ans. Mais il ne faut pas cantonner notre camarade musicien à ce gros groupe, Zorn officie aussi dans Aktiv Dödshjälp et a officié dans Devian entre autres. Du reste, vous l’aurez déduit, le groupe Zornheym vient de Suède, de différentes villes. A ce jour, le quatuor a sorti deux albums avec ce dernier et trois singles. Pour une existence de sept ans, puisque Zornheym existe depuis 2014, on pourrait se dire que ce n’est pas énorme. Mais mine de rien, comme je disais, chaque album des Suédois est un gage de travail monstrueux. La composition ne se résume pas qu’à la musique, donc il faut forcément beaucoup plus de temps pour pondre un album dans un groupe aussi pointilleux et aussi jusqu’au-boutiste. Alors, si vous le voulez bien, plongeons tête la première dans « The Zornheim Sleep Experiment » qui, je l’espère, sera aussi prometteur que son prédécesseur que je continue d’écouter souvent. La tâche va être rude tant le niveau était haut !

Je retrouve en tout cas le style de pochette qui déjà à l’époque m’avait bien plu. Difficile toutefois à décrire avec les bons mots, les bonnes phrases. Mais je dirais qu’on se rapproche d’un style très cartoon, très graphique. On voit bien toute la qualité de travail qui est faite puisque des détails insignifiants sont présents comme les froissures sur les vêtements, les effets imparfaits sur les masques à gaz, etc. En tout cas, le décor est planté et fait officiellement suite à ce qui se faisait sur le premier album, à savoir une histoire autour d’un asile psychiatrique avec ce qui semblait être en surface sur le premier album et qui, sur le deuxième, va nous emmener dans les entrailles les plus profondes et de surcroit les plus noires de cet asile. On va de plus en plus vers de la noirceur et du tragique. Après, sur les symboles, je dirais que l’utilisation des masques à gaz représente une forme un peu psychanalytique d’une protection psychique contre ce qui se fait de plus sombre. Mais c’est mon point de vue ! J’aime bien ce personnage avec un sac sur la tête et les autres autour, ils font très fantomatiques et il est fort probable que ce soit d’ailleurs une vraie référence à ce qui se passe dans l’asile, soit qu’il soit hanté. Ce qui ne m’étonnerait guère, j’ai toujours considéré que les hôpitaux étaient hantés, donc pourquoi pas un asile ! Donc Zornheym reprend les mêmes ingrédients, le même contexte historique d’époque lointaine, où l’on parlait clairement d’asile, et pour cela je loue pleinement la continuité musicale que proposent les Suédois. J’adore la pochette en tout cas et j’adore cette idée de maintien du contexte.

Réduire la musique à du blackened death symphonique (je raccourcis l’étiquette exprès) serait presque un blasphème. D’abord et j’allais dire surtout, le metal en lui-même n’est pas la pièce maitresse de ce « The Zornheim Sleep Experiment« . Cela peut sembler surprenant dit comme ça, mais je trouve que les orchestrations et les chœurs sont riches et dominants. Ce que j’avais adoré dans le premier méfait était l’utilisation intelligente des orchestrations qui se limitaient selon à quelques instruments à cordes frottées et des chœurs, rien de grandiloquent. J’ai le sentiment que pour ce deuxième, Zornheym a mis le paquet dans les samples classiques et finalement malgré mes craintes potentielles, cela fonctionne du tonnerre de Zeus ! Franchement c’est une tuerie de metal symphonique. Les samples sont superbes, ils sont plus importants mais moins envahissants qu’un Fleshgod Apocalypse qui met ces derniers à outrance parfois. Ici, les parties metal sont bien audibles, les chants aussi, ce qui est gage de bon boulot. Les morceaux sont globalement de la même veine mais permettent une suite logique quasiment parfaite et j’aime les petits interludes que l’on a sur les deux CDs prévus dans le format A5. J’ai le sentiment que la composition se met totalement au service d’une suite littéraire construite sur une histoire, ce qui me conforte dans l’idée qu’en termes d’album conceptuel, on frôle presque l’œuvre cinématographique. Et donc un déroulé comme dans un film. D’ailleurs, je n’ai pas peur de qualifier la musique de Zornheym comme une bande-son de film d’horreur ou de film psychologique. Je me suis pris une belle claque avec « The Zornheim Sleep Experiment« . Pour une première écoute c’est du lourd ! Après, je vous avouerai que qualifier le metal s’avère être une tâche difficile mais je vais essayer de bien faire après. Promis !

Pour la production, il n’y a strictement rien à redire. C’est du très propre, très clinique. J’avais déjà adoré le son précédent, mais j’ai l’impression que Zornheym a gagné un niveau encore. L’harmonie sonore est quasiment parfaite, c’est du petit lait dans les oreilles. Je suis ultra admiratif du boulot chirurgical qui a été fait pour permettre cette magnifique symbiose entre le metal et le symphonique, parce que tout est à sa place sans faux col. Il y a beaucoup de productions qui font une place au soleil trop importante aux orchestrations, ce qui pour moi a toujours été un facteur décevant et voire rédhibitoire. Voilà pourquoi j’ai été particulièrement attentif au résultat sur la production. Bon. Autant vous dire que j’ai été bluffé, littéralement. Je pense que si l’on doutait encore du professionnalisme de Zornheym (à mon avis, peu l’ont fait), il n’y a plus du tout de doute possible. C’est un boulot exceptionnel, fantastique, et le résultat final est largement à la hauteur de la future réputation du groupe. En studio en tout cas, c’est un futur grand. Rien à jeter !

Ma tâche principale sera d’essayer de définir dans quelle branche se situe le metal de Zornheym. J’aime assez bien le terme de blackened death metal pour définir la musique puisque d’une part il regroupe les influences majoritaires des musiciens. Ensuite parce que les riffs sont à l’écrasante évidence rythmique, à la death metal old school. Et enfin, parce que le son des guitares est très black metal. Donc je suis bien aise de dire blackened death metal symphonique pour parler de Zornheym. Ce sont des considérations purement techniques d’ailleurs. Au ressentir pur, j’ai pratiquement envie de clamer qu’on s’en fout! Mais j’aime bien savoir dans quelle armoire ranger les groupes, cela m’aide. Pour ce qui est de la composition, là encore je crois que tout est dit. Si ce n’est pas un album parfait, on n’en est en tout état de cause pas loin! Les morceaux jonglent habilement entre leurs identités propres et la même ligne de conduite qui permet, comme je disais plus haut, de rendre l’album aussi fluide qu’un pente gelée en hiver. C’est l’un des rares albums que j’ai pu écouter d’affilée sans pause, ce qui est un vrai symbole de réussite! Je n’ai sincèrement rien à redire, je pense que c’est l’un de mes albums de l’année, sinon de cette fin d’année parce que mon top quelque chose va déborder.

La bonne surprise de « The Zornheim Sleep Experiment » reste le chant, ou devrais-je dire, LES chants. Pour le chant saturé c’est exactement le même, les variations de tessitures permettent d’exprimer tout le grand talent du chanteur principal, et d’asseoir encore davantage ma théorie de blackened death metal, puisque l’on passe de high scream à du growl medium sans que cela soit mauvais à l’oreille. J’ai adoré son chant avant, cela ne changera pas ce soir. Pour la subtilité du jour, c’est l’apparition saugrenue d’un chant clair sur les parties refrain que je trouve, ma foi, de fort belle convenance. Cela reste un chant clair assez classique, non lyrique pour mon plus grand plaisir! J’avais peur que Zornheym tombe dans le piège d’un chant lyrique pour s’accommoder du reste, mais en fin de compte ce choix d’un chant puissant mais plus dans une veine « power metal » me plait beaucoup. La voix se situe sur des timbres aigus, donc en plus de cela on a cette vraie sensation tragédienne qui ressort, et le choix de le mettre majoritairement sur les refrains accentue davantage les répétitions. J’aime beaucoup, j’ai été surpris de ce choix nouveau mais fort judicieux, et très intelligent. Excellent choix donc!

Il est temps pour moi de mettre un point final à cette chronique ô combien élogieuse! Mais je ne me suis pas trompé, moi qui me targue d’éviter de suivre les groupes et de ne pas prendre les mêmes pour des chroniques, force m’est de constater que je serais probablement passé à côté d’une de mes sorties de l’année. Je partais confiant avec Zornheym puisque j’avais adoré le premier album, mais « The Zornheim Sleep Experiment » permet ce jour de confirmer l’immense talent du groupe suédois. C’est un vrai bijou de metal symphonique, d’ascendance blackened death, et qui en plus de cela suit les pérégrinations d’un asile psychiatrique dont vous ne mettriez même pas votre pire ennemi. Aussi bien dans la qualité, dans la composition, le talent et l’expérience, tout n’est que lumière et brillance dans ce second album de Zornheym. Tout est clairvoyance ce qui est un paradoxe absolu pour un album qui parle de Folie. A ne surtout, surtout, pas manquer, car l’une des meilleures sorties du genre cette année!

Tracklist :

Disc 1
Side A
1. Corpus Vile 05:26
2. An Evil Within 00:25
3. Dead Silence 05:11
Side B
4. Keep the Devil Away 04:18
5. Slumber Comes in Time 05:43
6. Black Nine 04:00

Disc 2
Side A
1. The Veiling of Bettelheim’s Eye 01:18
2. The Revelation 03:40
3. Keep Cutting 04:53
Side B
4. The Madness That Lurks Within (Epilogue) 02:05
5. Whom the Night Brings…

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