Tribunal – The Weight Of Remembrance

Le 20 janvier 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Soren Mourne : basse, violoncelle, chant
  • Etienne Flinn : guitare, chant
  • Guests:
  • Julia Geaman : batterie
  • Magdalena Wienski : batterie sur 3
  • Claine Lamb : piano sur 4
  • Rory Say : chant

Style:

Doom Metal Gothique

Date de sortie:

20 janvier 2022

Label:

20 Buck Spin

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

Politique et tribunal sont ruine de patrimoine.” Proverbe corse

Il faut avouer que le nom du groupe précisément chroniqué ce soir, ou cette nuit vu que je bosse de nuit, prête à sourire. Comment peut-on aller à se nommer ainsi? Cela me pousse donc vers une interrogation grandiloquente et un brin condescendante : quelle place a a Justice dans la musique? Comme je suis non pas d’humeur badine mais bien de philosopher pour rien, je vais aller jusqu’à me demander quelle place on laisse à la justice, cette notion qui prend sa définition ici : « La justice est un principe philosophique, juridique et moral fondamental : suivant ce principe, les actions humaines doivent être approuvées ou rejetées en fonction de leur mérite au regard de la morale (le bien), du droit, de la vertu ou de toute autre norme de jugement des comportements. La justice, principe à portée universelle, connaît des variations suivant les cultures. La justice est un idéal souvent jugé fondamental pour la vie sociale et la civilisation. Au sein d’un État, la justice est un ensemble d’institutions (police, tribunaux, prisons…) qui imposent le règne de la loi, sans lien nécessaire avec le principe philosophique. Elle est jugée fondamentale pour faire respecter les lois de l’autorité en place, légitime ou pas. La justice est censée punir quiconque ne respecte pas la loi avec une sanction ayant pour but de lui apprendre la loi et parfois de contribuer à la réparation des torts faits à autrui, au patrimoine privé ou commun ou à l’environnement. » On voudrait donc nous imposer une loi dans la musique? C’est assez étrange comme concept je dois l’admettre. Bon! Après, on peut choisir un nom de groupe en fonction non pas de sa signification, mais d’une part pour la sonorité majestueuse du mot « tribunal » en lui-même, qui est le lieu où justice est rendue, ou d’autre part parce qu’il y a une volonté de se rapprocher pragmatiquement le concept autour de l’album dont on va déblatérer après, et l’idée donc de sa majestuosité. Enfin bref. Vous l’aurez compris, ce soir je n’avais rien d’autre de spécial à faire que de pomper une énième introduction de chronique qui est loin d’être l’objet le plus intéressant de mes chroniques. Mais comme j’applique un principe philosophique de mise en contexte, j’aime bien maintenir cette tradition débile. Parce qu’en fait, je suis sûr que je n’ai fait que dire de la merde, pardon pour l’expression. Voici venu le moment tant attendu si vous n’avez pas rebroussé chemin en lisant l’introduction : la chronique de l’album « The Weight Of Remembrance » de Tribunal.

Tribunal n’est donc probablement pas là où la justice sera (enfin) rendue, mais plutôt l’inverse. Où la Justice vêt un apparat plutôt contradictoire de désordre et d’extrême. On ne connait pas grand-chose à cette formation dont on apprend tout de même l’essentiel, qu’il s’agit d’un duo de musiciens officiel entourés de plein d’invités, qu’ils viennent de Vancouver au Canada et que ce « The Weight Of Remembrance » constitue à ce jour leur seule et unique sortie. Premier album signé d’ores et déjà chez un label sérieux comme 20 Buck Spin qui m’a plus habitué à des albums bien bourrins, plus babass que réellement mélodiques, ce label me surprend donc totalement par ce choix de ce duo homme / femme qui s’aventure donc dans la cour des grands. Je vous passe les paroles alambiquées du label qui ne tarit bien évidemment pas d’éloges comme toujours. En tout cas, je dois reconnaître que ce duo qui a jeté ses bases en 2019 m’intrigue, pour les raisons évoquées plus haut. Tribunal et « The Weight Of Remembrance » vont donc m’offrir ma nouvelle release du jour pour, vous savez quoi? Mon anniversaire!

Première très bonne découverte : la pochette. Peint par la musicienne Soren Mourne, le tableau est absolument superbe dans sa conception. Quel coup de pinceau! Toutefois un brin avare de détails et d’éléments, je pense que ce premier artwork apparait ici comme une sorte de présentation du projet musical Tribunal. Avec l’archet qui rappelle en effet que la fameuse Soren Mourne est violoncelliste, la balance posée sur ce qui ressemble à un livre ancien et qui penche grâce à une montre ancienne, prouvant par-là la force et le poids inextinguible du temps, et cette bougie qui fait office d’éclairage plutôt intime, représentant probablement donc la démarche intimiste de ce « The Weight Of Remembrance« , on sent que cette pochette fait potentiellement office d’intronisation du groupe Tribunal auprès de son auditeur. C’est l’interprétation que j’en ai en tout cas. Après, sur l’on reste stricto facto sur la forme, on s’aperçoit rapidement de l’univers musical que l’on va toucher, que je dévoilerai tranquillement plus bas. J’aime bien l’idée de la rose bleue qui symbolise le mystère, l’atteinte de l’impossible, la patience, l’espoir éternel ou la pureté d’un amour qui semble impossible quand on s’intéresse à la symbolique en général. J’ai juste un peu plus de mal à aimer cette typographie pour le nom de l’album. La couleur ne me va pas des masses et le font utilisé ne me semble pas vraiment des plus lisibles. A vouloir trop faire dans le baroque, on tombe vite dans le trop-plein. J’aurais vu plus un font gothique par exemple, histoire d’aller au plus près de ce fameux univers musical que j’évoquais. Voilà donc une pochette bien belle, élaborée avec un certain soin et un talent pour la peinture qui est indéniable. Je pense que l’on a même un sacré potentiel pour le futur, si tant est que c’est toujours Soren Mourne qui continue à faire les artworks dans le futur. Mais en tout cas pour un premier album, « The Weight Of Remembrance » a déjà de sacrés atouts sur le plan visuel en tout cas, ce qui est loin d’être une mauvaise chose! Mais cela ne fait pas la musique, passons à la suite.

Je pense que vous aurez facilement compris vers quel univers le groupe canadien tend. C’était évident! Il s’agit d’une musique résumée grossièrement comme du doom metal gothique, même si l’appellation m’a toujours laissé dubitatif, étant donné que le mouvement gothique désigne un ensemble de choses particulièrement vastes et que parfois, le réduire à un simple aspect visuel et à des atmosphères musicales comme pourrait le faire Tribunal me gêne un peu. Mais en tout état de cause, si l’on se réfère à My Dying Bride qui est cité par le groupe comme étant une de ces références, on est effectivement en plein dans cette ambiance qui mélange habilement mélancolie, lourdeur et noirceur. Avec par-dessus une forme de romantisme et ce qui s’apparente à l’éther dans sa définition propre, on a surtout un travail de composition remarquable et intelligent, articulé autour d’une majorité identitaire doom metal, ponctuée subtilement par ce qui ressemble à du death metal dans les moments d’intense lourdeur si j’ose dire, et dans les orchestrations et l’utilisation du violoncelle et du piano pour déposer des ambiances que j’ai citées en amont et qui, si on baisse les bras deux secondes, s’apparentent à ce gothisme détourné mais qui fait malgré tout les beaux jours de ces groupes comme Tribunal qui essaye surtout d’aller sur une musique profondément triste et macabre. Je trouve qu’en première écoute, cet album s’écoute facilement, on pénètre aisément dans l’univers en question, « The Weight Of Remembrance » n’est en tout cas pas un album qui se repose sur ses lauriers. On sent que la composition est soignée, réfléchie et maturée par l’aspect bicéphale de Tribunal qui à mon sens trahit une complicité musicale géniale entre les deux protagonistes. Preuve à l’appui : le style doom metal gothique est loin d’être mon favori, pourtant je me suis largement prêté au jeu et je me suis surpris à fredonner des passages par la suite. Un album qui n’est donc ni puissant, ni chimérique, juste efficace et intelligent, ce qui est largement pas mal étant donné toutes les promesses derrière. Belle surprise!

La production est à mon avis la clé du succès de ce premier album. Se revendiquant des sonorités des années 80 et 90 mais sans tomber dans l’emphatique nostalgie, le groupe Tribunal propose en fait une approche plus moderne du doom metal, avec un équilibre intéressant comme je disais entre ce fameux côté un peu old school et la lourdeur moyenne du death metal un peu étiolé, pas du old school pour le coup et donc plus agressif que réellement lourd et pesant. Cela donne donc une sorte de son hybride entre le doom metal old school et le death metal moderne, attirant donc mon attention plus que d’habitude sur ces sonorités doom qui sont par définition lentes et lourdes de base, mais qui pour une fois ne s’avèrent pas outrancières et plus « modernes », même si je n’aime pas tellement ce mot. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, les autres instruments plus inhabituels s’en voient que mieux intégrés, audibles et avec une place juste, soit pas trop en avant ni trop en arrière. Et les différents chants qui sont proposés ont également une place de choix. En fait, ce « The Weight Of Remembrance« , c’est d’abord et avant tout une histoire d’intelligence totale. Que ce soit en composition qu’en production, ce n’est pas totalement un sans-faute mais en tout cas c’est une très belle entrée en matière. Et la production est THE point fort, clairement!

Pour le contenu en lui-même, d’un point de vue conceptuel, c’est toujours là qu’en général, le bât blesse chez moi. Parce que de base je ne suis pas un fervent admirateur ni friand du mouvement gothique, un peu trop détourné sur un côté romantique et triste à outrance, alors qu’en fait c’est plus subtil que cela encore. Le doom metal gothique n’est donc pas ma tasse de thé pour cette raison principale, de ne pas accrocher au concept dans sa globalité. Et même s’il subsiste dans « The Weight Of Remembrance » un semblant de quelque chose qui me permet de maintenir une certaine accroche dans une écoute globale, il n’en demeure pas moins que cette absence d’originalité, que cette répétition d’une recette usée jusqu’à la toile ne me sied guère. Après, si l’on est capable comme certains d’entre vous de dissocier la musique du concept, je pense qu’objectivement parlant c’est un très bon premier album! Mais il aurait fallu simplement aborder d’autres sujets, un peu moins consensuels, peut-être essayer grâce à cette intelligence bicéphale de creuser de nouvelles perspectives conceptuelles plutôt que de reprendre de la même tambouille réchauffée. Mais bon! On va rester donc sur la musique pour aller sur du positif, sinon je vais m’égarer sur des chemins chaotiques d’une critique acerbe et sans fondement autre que le mien, qui est perfectible et discutable. Purée! Elle est belle cette phrase!

Au moins, les chants employés sur « The Weight Of Remembrance » ont le mérite de rehausser ce constat tristounet sur le concept. Je suis plutôt surpris de mon accointance avec les différents styles de chant, qui varient entre le chant clair féminin, le chant saturé typé black metal et celui plus grave en voix baryton. L’idée est intéressante d’autant que si j’avais été un peu trop old school, j’aurais vaguement critiqué le chant black metal qui est ici. J’ai eu en effet besoin d’outrepasser mes codes pour aller apprécier cette technique de chant saturé surprenante mais qui colle superbement bien avec la musique doom metal gothique estampillée death metal parfois. Et je me suis étonné tout seul à aimer le chant féminin, moi qui aie parfois du mal avec les tessitures féminines. Au moins ici la vocaliste ne tombe pas idiotement sur le chant lyrique! On a un chant plus éthérée, plus mystérieux. Et cela me séduit assez bien. Je ne m’extasie pas des masses dans mes écrits, la nuit avance à grand pas, mais il faut retenir que je me suis particulièrement régalé à l’analyse des chants. On voit comme je disais au travers de ces chants différents que la complicité est totale entre les deux pierres angulaires de Tribunal! Bravo!

Conclusion de cette nouvelle chronique! Tribunal n’aura pas à répondre de ses actes tout de suite tant ce premier album nommé « The Weight Of Remembrance » s’avère être un album surprenant, prometteur et intelligent. Maître mot à peine pesé de cette musique doom metal gothique qui découragerait facilement les fatigués des ambiances à la Moonspell, l’album se montre au final sous un jour radieux, sous le signe de la composition astucieuse et intelligente, offrant un travail remarquable sur la production et les ambiances générales parviennent tout de même à dissiper les plus sceptiques d’entre nous. J’ai donc bien aimé les différentes écoutes nocturnes de ce premier méfait des canadiens de Tribunal. L’ensemble est perfectible, c’est une évidence absolue, mais pour des débuts c’est déjà bien luisant! A découvrir!

Tracklist :

1. Initiation
2. Of Creeping Moss and Crumbled Stone
3. Apathy’s Keep
4. Remembrance
5. A World Beyond Shadow
6. Without Answer
7. The Path

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