Sieta – Новъгородъ (Novgorod)

Le 3 juillet 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Sergey Stepanenko : guitares
  • Aleksandr Mokin : chant, zhaleika, compositeur, parolier
  • Viktor Khaychenko : basse
  • Artemiy Gorchakov : chant additionnel
  • Guests :
  • Kim : batterie
  • Svetlana Myznikova : domra, mandoline
  • The Raven's Stone : vielle à roue

Style:

Black Metal Paganique / Folklorique

Date de sortie:

11 juin 2021

Label:

Earth and Sky Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9,5/10

« En matière de religion, j’éprouve quelque peine à admettre que le monde ait vécu dans le paganisme et l’obscurantisme durant des millions d’années et que le vrai Dieu ne se soit manifesté que voilà deux mille ans, c’est-à-dire hier. » Philippe Bouvard

Sans rigoler, même si notre ami Philippe Bouvard est un spécialiste du rire, il a raison. Comment peut-on parler d’obscurantisme quand on voit vers quoi les religions monothéistes nous mènent ? J’ai un peu de mal à comprendre comment l’on peut considérer les croyances païennes comme de l’obscurantisme quand on voit le rapport qu’entretiennent les dites croyances avec la Nature et son rapport à l’Homme. Férue d’ésotérisme et de croyances païennes, ma femme me conte des fois ses lectures et je me sens relativement proche de certaines d’entre elles, notamment ce qui tourne autour de la sphère nordique, mais aussi slave et germanique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mise sur un vrai piédestal de la Nature vaut toutes les pseudos vérités chrétiennes du monde ! Après, chacune d’entre elles a aussi ses travers. On est d’accord que la glorification de la guerre est parfois un peu trop alambiquée et, pour plaider un certain pacifisme et une symbiose avec la Nature, on a connu argument plus tangible que s’entretuer. Mais il faut remettre le contexte d’antan et opposer le dogmatisme actuel qui consiste à créer des tabous drastiques. En fait, je pars comme d’habitude dans un élan vital textuel, mais c’est parce que j’adore tout ce qui est pagan. Et dans le metal, on a la chance d’avoir un genre à part entière où tous les groupes de n’importe quelle ethnie peuvent s’exprimer et nous faire voyager humblement. C’est un vrai cri du cœur donc que je pousse ce soir vis-à-vis de ma rancune sur les religions monothéistes, et pour perpétuer ma passion de toutes ces croyances païennes, j’ai opté pour cette nouvelle chronique pour le groupe Sieta et son premier album appelé « Новъгородъ » (« Novgorod » en transposition que l’on gardera comme cela pour la chronique entière).

Mais avant toute chose approfondie (c’est curieux, on parlait des futurs dépistages colorectaux de nos chers chroniqueurs Antirouille et M.L.A.M qui ont ou vont passer le cap de la cinquantaine), petite présentation de Sieta si vous le voulez bien. Il s’agit d’une formation russe, de Moscou pour être exact, qui a vu le jour tout récemment, en 2018. Jeune formation dans la longévité donc et aussi dans l’âge des musiciens puisque le plus jeune a 19 ans et le plus âgé à peine 25 ! Voilà donc une belle surprise pour moi, d’avoir une formation pleine de jeunesse et de facto, en principe, de promesses ! Mais le mieux est que le groupe n’a pas chômé : Sieta a sorti deux singles avant de proposer son premier album. Une démarche qui devenait moins courante ces derniers temps, notamment quand les groupes émergent tranquillement mais sûrement. Ces deux singles, gratifiés au passage de deux magnifiques pochettes, ont probablement permis à nos jeunes hommes de taper dans l’œil du label Earth and Sky Productions et donc de se targuer d’avoir leur premier album produit par un label ! Je me dis donc au vu de tous ces arguments que Sieta est un groupe qui va me plaire. La réponse plus bas !

Mais d’abord, la pochette ! Comme souvent dans ce genre de metal, les pochettes sont pétées de symboles et de représentations que l’on ne reconnaît pas toujours de prime abord. Ici, cela me fait penser, vous savez, à ces espèces de tourelles qu’il y a dans les camps romains dans les BDs Astérix ! Du coup, j’ai fait quelques recherches et Novgorod est le nom de la plus ancienne ville de Russie connue, datant de certaines sagas nordiques. Elle existe toujours aujourd’hui d’ailleurs. Le rapport avec la cité ? Je l’ignore totalement. Ce que je sais, c’est ce que je vois ! Et je vois des symboles différents du folklore russe, avec les boucliers ronds, cet espèce de promontoire en bois qui fait un peu temple au final. Autour, un décor très féérique, forestier en tout cas, sauvage à coup sûr, et j’aime bien les petits amanites tue-mouche partout, cela met de la couleur et de la gaieté ! Le soleil qui se lève derrière donne une ambiance matinale sympathique. C’est une très belle pochette en tout cas, pleine de vivacité ! Tout cela sent bon le paganisme et les croyances ancestrales. Bref ! Tout pour me plaire.

Passons à présent à la musique. Dès les premières notes, on sait ce que l’on va avoir en musique. Difficile de faire plus parlant ! Ce sera du metal folklorique, aux très forts accents pagan et black metal. Mais comme les étendards ne flottent pas aux vents partout pareils dans le monde, Sieta nous venant de Russie, les instruments utilisés sont donc très parlants de la culture russe. L’introduction laisse place très vite à la Zhaleika, flûte traditionnelle slave et le jeu de corde en arrière-plan me fait penser à une balalaïka ou un truc du genre (NB : il s’agit du Domra, une sorte de mandoline russe). Dès l’introduction terminée, le metal apparaît doucement comme étant du black metal pagan. C’est à dire un black metal mélodique au possible, avec des parties instrumentales tantôt violentes et rapides, tantôt mélodico-épiques comme je le dis si bien. La musique est extrêmement variée, avec des incorporations diverses de claviers, d’instruments traditionnels précédemment cités et de chants clairs, en chœur ou en high scream. Tout est pensé pour que chaque instrument, qu’il soit en clean ou en saturé, soit à sa place juste et les compositions apparaissent tout de suite comme étant à la fois d’une grande maturité musicale pour avoir une telle logique composale, et à la fois d’une belle naïveté qui me fait penser que les musiciens sont jeunes et donnent envie qu’on les écoute. Vraiment, ma première écoute m’a fait un bien fou ! Mon Saint des Seins Chris Metalfreak se moquerait de moi en disant que l’on peut me mettre du folk « pouêt-pouêt » que je me retrouve comme un pou au salon de la coiffure, à jouir comme un con dans mon salon et à me trémousser joyeusement ! Feskarn m’avait fait un peu le même type d’effet d’ailleurs. En tout cas, première écoute plus que validée pour ma part avec Sieta qui m’a inondé de sa foi ancestrale et de son black metal pagan aux forts accents folkloriques. Une très belle mise en bouche pour moi !

La production m’a totalement bluffé. Souvent on se dit « premier album égale quelques petits défauts perfectibles », mais en vérité dans le cas de « Nogdorov« , il n’y en a quasiment pas. J’ai été vraiment bluffé, ce n’est pas une blague ! J’ai trouvé que chaque instrument était bien à sa place, sans déborder sur les autres, alors que les types d’instruments sont différents selon qu’il s’agit de metal avec un son saturé ou des instruments classiques qui sont joués certes en amplifié, mais avec un son plus naturel. Et curieusement, tout est rangé avec un vrai soin, et pour de jeunes musiciens j’ai été très agréablement étonné d’un tel travail fourni ! Sincèrement, Sieta n’a rien à envier sur cet album à ces illustres références en matière de metal folklorique ! Cela donne donc une production estampillée black metal, avec des guitares stridentes et froides comme un blizzard acéré, une batterie rapide mais avec des futs bien réglés, une basse que l’on n’entend pas mais cela c’est l’éternel problème je dirais. Et puis, il y a ces claviers qui sont tantôt mis plus en avant selon l’effet escompté, tantôt plus en retrait en forme de nappes sonores. Je les adore ces claviers ! Il y a un côté vieux black metal que j’apprécie très fortement sur « Novgorod » et qui s’ajoute donc à ces passages en clean des parties traditionnelles que je trouve judicieux et bien faits. Vraiment, une excellente production à en faire pâlir les aînés du genre ! Estomaqué pour ma part, je suis ébahi.

La vérité c’est que j’adore cet album pour une raison dominante : la jeunesse des mecs. Je suis plein de la nostalgie qu’en temps normal j’ai pour des albums de metal folklorique parce qu’ils transpirent l’histoire. Mais ici, je prends une double dose parce que les musiciens sont très jeunes, sortent leur premier album qui plus est chez un label, et je me revois donc à leur âge, avec mes groupes, j’avais cette naïveté touchante et cette soif de percer les planches. Je suis ému en fait. Emu parce que voir que de jeunes hommes puissent comme cela avoir autant d’amour et de foi pour leurs croyances ancestrales, et les mettre à l’honneur avec autant de ferveur qu’un chamane ou qu’une personne âgée devant son vécu, je trouve cela particulièrement touchant et respectable. Du coup, quand j’ai écouté plusieurs fois « Novgorod« , j’ai trouvé tout ce que j’adore dans un album. La sensibilité, la sincérité, la naïveté qui se fait de plus en plus rare, et cet élan qui pousserait n’importe qui à fouler les planches et se donner à fond pour faire vivre sa musique comme le ferait un Varang Nord par exemple. Bref ! J’adore les compositions qui sont variées, dansantes parfois, plus solennelles encore, et qui dégagent une vraie philosophie de jeunesse. Un vrai coup de cœur pour moi que ce Sieta !

Les musiciens sont jeunes mais ils sont extrêmement bons. Et doués avec cela, puisque l’un peut aller sans l’autre. Il faut dire qu’il y a des invités sur ce premier album qui amènent un vrai soutien aux gonzes de Sieta. Pour ma part, j’adore surtout les instruments folkloriques mais aussi les parties black metal plus pures, sans artifice, qui apportent cette touche guerrière et épique que l’on attend tous d’un album du genre. « Novgorod » est donc le reflet certain de jeunes musiciens talentueux et prêts à tenir leurs promesses d’avenir radieux !

Mais le chant est un acteur principal de « Novgorod« . Se dotant de moments très metal avec ce high scream qui manque un peu de technique à vrai dire, mais qui ne fait que renforcer cette touchante innocence, et de chœurs virils et majestueux, guerriers au possible, cela ajoute encore plus de sophistication à un album déjà bien varié. Je trouve qu’il y aura sûrement un choix à faire dans le futur entre ce high scream à améliorer et ce chant clair voire choriste qui apporte un supplément d’âme hyper important ! Les deux ne me semblent pas forcément très compatibles mais ce n’est que mon opinion.

Pour finir ici ma chronique, Sieta m’a offert l’un de mes albums de l’année et du genre folklorique en 2021. Tout était écrit pour me séduire et j’ai foncé sur ce « Novgorod » comme un puceau foncerait sur la plus belle fille de son lycée. Avec avidité et motivation, j’ai découvert un album qui respire la tradition et les légendes, avec cette touche que je répète avec force, de naïveté touchante que l’on imputerait volontiers aux jouvenceaux qui composent Sieta. Un premier album qui en plus se dote d’une production quasiment sans faute, des ambiances lointaines et flottantes, et ce black metal en toile de fond qui transperce les cœurs avec froideur mais violence. Franchement, je suis resté pantois sur cette écoute, il ne faut surtout pas laisser dans l’ombre ce groupe de jeunes hommes qui abondent d’idées et de talent. Sieta est l’un des groupes définitivement les plus prometteurs qui m’aient été donné de rencontrer dans le genre folklorico-paganique. Affaire à suivre pour moi, futur fanatique potentiel !

Tracklist :

1. Пропѫтиѥ (Introduction) 02:53
2. Новъгородъ (Novgorod) 06:25
3. Кънѧꙁь (Knyaz) 07:00
4. Нашь дѹхъ (Our Spirit) 06:35
5. Тьма (Darkness) 05:49
6. Сънъ (Dream) 06:17
7. Състѫпъ (Battle) 12:10
8. Отъпѹстъ (Absolution) 03:36

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