Sator – Cleansing Ritual

Le 22 avril 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Valy : basse, chant
  • Drugo : batterie
  • Mauro : guitare

Style:

Sludge Metal / Doom Metal

Date de sortie:

22 avril 2022

Label:

Argonauta Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

« Le ménage du monde est comme celui d’un logement: il faut recommencer tous les jours. Et tous ceux qui l’habitent ne feraient pas tant que de se soulever de leur siège pour faciliter le nettoyage, c’est à peine s’ils permettent de balayer autour. » Elsa Triolet

Ah! Celle-là, je la voulais comme citation! J’attendais de la caser désespérément, peut-être en croyant tomber sur un groupe qui fait dans l’écologie, ou quelque chose de ce genre. Mais en fait, non. Le débat présidentiel qui va me servir de fond sonore pour la rédaction de cette chronique m’a motivé à sortir cette citation dans un style cynique qui me sied amplement. Parce qu’on est bien d’accord que si on en est là aujourd’hui c’est en partie parce que l’on aime notre confort? Qu’on ne se remet pas tout le temps suffisamment en question? Je parle aussi pour moi hein. Ce sont des moments perdus pour essayer de sauver les meubles, et ma femme qui souffre d’angoisses chroniques (tiens tiens) sur la question du climat me rappelle chaque jour que si je devais vivre en période de disette, je ne survivrai pas. C’est un fait. Elle me connait bien ma femme. Et j’ai beau me sentir l’âme d’un révolté ce soir en attendant les deux ostrogoths dont émergera notre futur(e) président(e), je sais que j’ai de sacrées lacunes en matière de lutte pour le climat. Et pour beaucoup! Hormis le sort de l’hôpital public, j’ai du mal à m’extasier pour d’autres causes pour le moment, si on exclut le cercle passionnel de la musique qui me fait pousser quelques hémorroïdes de stress. Comment? Mon anatomie ne vous parle pas? Pourtant, quand notre Antirouille national nous cause de son « zizitoudur » à chaque phrase sur la conversation secrète de la team, tout le monde tombe en adoration! Moi, je vous parle de ma flémingite et de mes hémorroïdes et cela ne vous intéresse pas? Oh! Eh ben, puisque c’est comme cela, la chronique s’arrête là. Nooooooooooon! Je blague. Mais on va parler d’un sujet plus sérieux que mon iconoclaste fion : le prochain album du groupe Sator qui s’appelle « Cleansing Ritual« . On parlait de nettoyage, je vous laisse imaginer duquel.

Sator est un groupe qui nous provient tout droit d’Italie, de la ville de Gênes, ville qui a déjà donné pas mal de groupes d’ailleurs. Cela fait plaisir de voir un tel fief. A part cela, le groupe a jeté ses bases en 2013 pour cumuler une belle discographie. Jusqu’à présent, la régularité est de rigueur chez notre trio italien qui a donc sorti quatre albums avec ce dernier « Cleansing Ritual » chacun espacé de deux ans par rapport à l’autre. Avec soit un single pour combler le manque, soit un split sorti en 2019 avec Evil Cosby (j’avoue avoir beaucoup rigolé avec le nom du groupe). J’imagine trop Bill Cosby avec une tête de démon. Bref! Sator se revendique de groupes comme Neurosis et Eyehategod, que j’ai fait en chronique il y a peu et que je n’avais pas franchement aimé, donc j’espère que ce n’est qu’une petite inspiration. En tout cas, je vous partage ce que le groupe a dit et que je trouve plutôt intéressant pour planter le décor : « « Cleansing Ritual » est notre album le plus lourd et le plus psychédélique : un rituel de riffs lents et de cris d’angoisse trempés de larsen et de distorsions. Nous nous purifions du mal de ce monde pour devenir aussi purs que des enfants… « Les enfants de Doom… » Voilà! On y va?

J’ai trouvé la pochette originale, avec cet effet de gravure sur pierre qui rendrait envieux notre Marquis Arthur dont c’est la profession. A moins que ce soit un effet découpage et collage, j’ai un peu de mal à voir. Mais j’aime bien! lors, il semblerait que Sator, à travers l’album « Cleansing Ritual« , nous parle de rituels purificateurs et fait une sorte de parenthèse visuelle sur une ambiance très sorcière, avec ces femmes qui dansent ou sont immobilisées dans des positions lascives comme ces danses rituelles que l’on voit dans les films ou dans des iconographies représentant de l’ésotérisme ou des mythes, comme chez les grecs avec les Nymphes ou les Ménades par exemple. On retrouve des thèmes qui me parlent avec la forêt ou de la Nature plus simplement, ces tenues qui font très simples ou en tout cas très ritualisées, et les postures effectivement, le tout me rappelle donc des ambiances précises de films, de livres et de cet ésotérisme qui m’envahit au quotidien depuis que j’ai rencontré ma chère et tendre épouse. Décidément, ce soir, je pense beaucoup à elle! Mais en tout cas, outre ce style très grossier qui me plait beaucoup et me rappelle ma dernière chronique sur mon rappel de la notion philosophique de la beauté de la laideur, j’aime bien que Sator mette un décor aussi étrange et dérangeant. La vieillesse de la photographie en noir et blanc atteste également une dimension nostalgique très importante pour comprendre le genre musical pessimiste qui fera le voile de nuit de cet album « Cleansing Ritual« . En tout cas, je trouve la pochette attirante d’une manière morbide car elle est composée sur une déstructuration chaotique, ce découpage grossier posé sur une plaque abimée et le tout proposant une image très dérangeante sur un versant magique, ou mystique si vous préférez. C’est très appréciable et cela va de manière idoine avec le dit style de musique que propose Sator.

Pour la musique de « Cleansing Ritual« , on est effectivement sur un sludge metal sur un tempo doom metal à la Eyehategod et Neurosis sur la dimension très post-hardcore et old school sur le plan sonore. Sator fait donc une musique estampillé sludge metal dans son ancienneté post-hardcore, et l’influence d’Eyehategod se ressent puisque contrairement à l’autre groupe, qui est un pionnier du post-metal soit une musique très atmosphérique, le groupe italien reste sur une démarche plus sludge metal pure, avec donc un son typiquement rond et épais, une instrumentation très basique style basse / guitare / batterie qui donne un côté simple mais efficace à la musique, et des ambiances rigoureusement pessimistes dans les riffs qui confèrent à « Cleansing Ritual » un sentiment d’impuissance. Impuissance dans le sens propre comme figuré. Propre car l’impuissance montre que la musique n’est ni trop énergique ni pas assez, la rythmique parfois très lente donne plus une lourdeur oppressante qu’autre chose et quand il y a quelques accélérations cela reste raisonnable et jamais trop violent. Et impuissance dans la symbolique d’une musique qui est pessimiste, cynique et presque un peu nihiliste dans l’intention primaire, ce qui est une des pièces maitresses du sludge metal dans son ensemble. Tout ce que j’ai décrit reste donc une sorte de définition potentielle du sludge metal dans sa forme la plus pure, ce que Sator tend à vendre sur cet album particulièrement. Il faut donc être un nostalgique de l’époque où le sludge metal faisait ses premiers pas dans sa forme actuelle, la modernité en moins. C’est donc une musique lente et oppressante, avec ce son caractéristique et cette ambiance noire. L’album n’est composé en plus de cela que de quatre titres, tous très longs et avec des introductions samplées du plus bel effet avec un côté loufoque parfois, qui assène un coup fatal à notre psyché dérangée. C’est ainsi que ce « Cleansing Ritual » est un album intéressant, proposant en première intention une écoute dans sa lignée, soit apeurante et lourde. Bon choix!

La production de cet album joue pour beaucoup dans cette appréciation élogieuse. Parce que comme je disais, il faut prendre « Cleansing Ritual » comme un album old school, sur des bases séculaires anciennes et une reproduction quasiment clinique de ces ambiances sludgiennes des années 90 où il n’y avait pas encore toute la dissonance avec le punk hardcore. Le son est en tout cas très rebondi, boueux comme disent les plus puristes, avec une seule guitare qui se suffit à elle-même pour ne pas avoir besoin d’une deuxième ligne pour l’accompagner, d’ailleurs la basse joue ce rôle bicéphale d’être l’accompagnant sur des basses fréquences ou d’être plus mélodique selon les besoins, ou de jouer la carte du rebondissement sonore. La batterie est très frappée, volontairement car c’est celle qui se démarque le plus de ces ambiances sonores spéciales, pour marquer le coup comme on dit, et ce sont les relents anciens du fameux punk hardcore d’être piquante plutôt qu’englobante. Le chant est très mis en retrait car la technique vocale permet d’avoir une puissance suffisante pour ne pas mettre trop en exergue ce dernier, et j’ai trouvé le placement de ce dernier très judicieux dans le mixage. En fait, c’est un vrai bon placement sonore global car chaque instrument se voit doser avec minutie et ayant chacun un rôle suffisant dans le spectre. Alors, pourtant, je ne suis pas un grand fanatique de ce sludge metal old school, je préfère de loin les productions plus modernes avec plus d’atmosphérique ou plus de lourdeur surtout quand on se rappelle que Sator associe astucieusement le doom metal et le sludge pour avoir une musique qui devrait être plus lourde encore si cet album n’était pas autant influencé par les vieux groupes. Mais je loue que la production reste fidèle aux intentions assumées du groupe, et je ne vois pas de raison de médire sur cet album et sa production. Tout est raccord alors tout va bien en fin de compte!

N’ayant pas pu pousser faute de temps l’analyse de l’album, je passe directement au chant qui est toujours le sujet que je préfère quand j’écoute du sludge metal. Tout simplement parce que j’adore cette technique vocale extrêmement puissante et profonde, et que je vénère les chanteurs qui sont capables de sortir une voix gutturale aussi incroyable. Sator ne déroge pas à la règle! Le chant est exactement comme je l’aime, bien torturé, bien profond gutturalement parlant et avec une aisance dans la longueur des cris qui m’extasie. Puisant probablement cet engouement vocalistique dans la profondeur des textes que je n’ai pas pu découvrir, le chanteur de Sator est parfaitement dans son rôle de pourfendeur de conscience en assénant le coup de grâce de cette ambiance apocalyptique majeure par ce chant incroyable tout simplement. Je suis sur le cul!

Pour conclure, Sator sort son quatrième album, et j’ai oublié de le mentionner avant, chez le label Argonauta Records. Un label que j’adore pour son sérieux et son talent pour les choix de ses albums à produire, qui m’ont très rarement déçu. Bon, le label s’est trompé en parlant de troisième album au lieu de quatre dans la biographie, mais on lui pardonne. « Cleansing Ritual » est un album en tout cas très prometteur et étonnant par le choix risqué de jouer la carte d’un sludge metal certes saupoudré d’un doom metal lent et un peu lourd, mais surtout empreint d’une dimension punk hardcore des années 90 qui transpire encore suffisamment pour que l’on comprenne que le groupe se contente avec talent de faire une musique old school. Et moi, j’aime cela! Je ne suis pas emballé mais j’ai vraiment aimé cet album qui reste fidèle à une époque reluisante avec l’apparition de cette musique sombre et pessimiste, le contraire du punk si l’on peut dire dans l’intention, et qui laisse encore une inspiration sans faille sur les groupes actuels. Sator en fait partie, se le revendique et propose donc un album qui pue le passé, sensiblement plus pessimiste apparemment. Chouette programme!

Tracklist :

1. Ancient Disease
2. Solaris
3. Murder By Music
4. On the Edge

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Bandcamp

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