MollLust – In deep Waters

Le 2 avril 2016 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Janika Groß : Chant, Piano
  • Frank Schumacher : Guitare, Chant
  • Sandrine B. : 1st violon
  • Luisa Bauer : 2nd violon
  • Lisa H. : Violoncelle
  • Carsten Hundt : contrebasse
  • Simon Johanning : basse
  • Clemens Frank : Batterie

Style:

Opera Metal

Date de sortie:

25 Septembre 2015

Label:

Autoproduction

Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 8.9/10

« La luxure, c’est décidément mon péché préféré »… On dirait Al Pacino dans L’associé du Diable, hein ? Non, lui, c’est « la vanité », mais c’est intéressant de voir qu’encore actuellement, et même si c’est le péché abordé de la manière la plus trash – et pas thrash – dans Seven, tout ce qui touche au cul – et touchez pas au mien – reste encore bien tabou. Parmi les 7 péchés capitaux, ça reste le moins évoqué publiquement : on est tous des radins, gourmands, paresseux, orgueilleux, colériques, envieux en puissance… Mais la luxure…
Parlons de MollLust maintenant et de leur album In deep Waters.

Il y a plusieurs formes de luxure et la leur est celle d’un Metal symphonique bien barré, limite sorti d’un asile psychiatrique, tant la schizophrénie latente y est présente. On est loin des canons usuels de ce genre de Metal. Quand le clip [m’]évoque un passage du film bien malsain Theatre of Bizarre, la musique n’en est pas si éloignée, avec son ambiance gothique. Rien d’anormal si d’après les classifications et les étiquettes, le Metal sympho – surtout celui « à chanteuse » – en serait le descendant de première lignée.
« The heart is classic, metal is the pulse. » Leur credo résume assez bien l’esprit de la musique qu’on peut entendre sur ce long album : 74 minutes de ce qu’on qualifierait à tort de « Metal symphonique », vu que la part metal est secondaire dans leur conception de la composition, et que qualifier de « symphonique » un instrumentarium acoustique réduit au quatuor à cordes – et encore, une version originale du quatuor sans alto mais avec contrebasse – et piano, avec un enchevêtrement de voix lyriques serait également réducteur. Ce serait davantage, comme le groupe le signifie, de l’« opera metal » – appellation littéralement erronée également – mais un opéra d’un genre particulier.

Je vais vous épargner la liste trèèèès exhaustive des références à la musique SAVANTE : encore un terme mal attribué que de parler de musique classique, approche compositionnelle qui ne représente qu’une période de l’Histoire de la Musique, au final assez peu exploitée par MollLust – à part peut-être un ou deux finale dignes des cadences de Haydn. Ici, tout n’est que désordre mais beauté, luxure, vacarme et volupté. La sonate pour piano de Bela Bartok vient copuler avec le Lied schubertien, en threesome avec le quatuor à cordes de Beethoven faisant au passage une grosse caresse à Nicolo Paganini, Antonio Vivaldi et Claude Debussy – oui, je sais, ça parait antithétique, stylistiquement et historiquement, mais ça rimait bien – vautrés sur un lit préparé par les disharmonies et dissonances atonales d’Anton Webern ; un concept digne de John Cage.

De cette schizophrénie et luxure, on retire également que la tenue de rigueur se situerait davantage dans le cuir-latex moulant et fetish que celui du queue-de-pie et robe de soirée.

Exubérance et extravagance sont le duo opéresque bivalent de l’opus qui, tel celui des Fleurs de Thaïs, nous emmène dans un univers complètement baroque (je ne par le pas de la période, mais du coté déroutant et étrange) plus proche d’un gothique Romantisme noir que de la violence du Metal, chose assez inédite pour le coup dans notre monde musical et qui vous la colle demi-moll. Au passage, le « moll » de « MollLust » fait évidemment référence au « bémol » qui sert d’indication de tonalité dans les catalogues d’œuvres des compositeurs savants. Bon, vous l’aurez compris, c’est assez élitiste, et même les plus fins métronomes que vous êtes se demanderont pourquoi le tempo fluctue assez fréquemment : simple, l’omniprésence des rubato (variation volontaire de tempo) très typée période Romantique.

Au-delà de ça, les références textuelles ainsi que celles des intitulés font la part évidente à la musique savante, en français (la Mélodie Française), allemand (le Lied entre autres), italien (tout le coté diva et bel canto des cantors et cantatrices, ainsi que les premiers virtuoses) et anglais (le théâtral de Haendel et Purcell par exemple). Mais on note aussi de nettes évidences littéraires à Milton (le « Paradis perdu » qui sert de titre à un morceau… mais de trame également à Seven… incroyable coïncidence, dites donc !) et Goethe ( les « filles du Roi des Aunes », référence au Erlkönig mis en musique par Schubert).

Dans le même ordre d’idée, ne vous attendez pas à trouver de la structure couplet-refrain… ça, c’est bon pour la musique populaire (même si les techniques et sonorités slaves au violon sont davantage liées à la musique traditionnelle populaire, elle).

Ce troisième opus du groupe de Leipzig – la patrie de Bach, Wagner, Mendelssohn et Schumann, y a pas de hasard – est donc musicalement totalement décadent et chamarré ; le bémol évident est sa difficile accessibilité, tout album luxuriant soit-il pour les amateurs du genre, ce In deep Waters nous enfonçant toujours plus en eaux troubles dans un esprit de démence latente insidieux, de son « Ouvertuere » dramatique jusqu’au « monde des rêves » (« TraumWelt ») lugubre dans lequel il nous fait sombrer. Si vous aimez ce genre d’ambiance intrigante, je vous recommande également, dans un tout autre domaine, d’écouter l’OST du jeu The Rule of Rose (sur PS2) dans la même veine d’écriture « classique » – hum – à la fois mélancolique et sinistre.

A écouter en rédigeant un cadavre exquis devant une danse macabre.

Tracklist:
1. Ouvertuere Nr.2 (3:09)
2. Unschuld (4:01)
3. Evenfall (4:47)
4. Paradis perdu (6:25)
5. Voices of the Dead (6:05)
6. Paradise on Earth (5:28)
7. Spring (4:37)
8. Lampedusa (3:37)
9. König der Welt (5:55)
10. Number in a Cage (4:48)
11. Papa (5:03)
12. Passage nostalgique (1:27)
13. Sabrina (7:48)
14. Erlkönigs Töchter (5:27)
15. TraumWelt (5:42)

Facebookhttps://www.facebook.com/molllust/
Site officiel: http://www.molllust.com/en/
Bandcamp: https://molllust.bandcamp.com/
Youtube: https://www.youtube.com/user/molllust

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