In the Company of Serpents – Lux

Le 3 septembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


J.P. Damron : batterie Ben Pitts : guitares, basse Grant Netzorg : guitares, chant

Style:

Doom Metal / Stoner / Sludge Metal

Date de sortie:

03 septembre 2021

Label:

Petrichor / Hammerheart Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

« Quand Dieu veut se détourner définitivement d’un serpent, il le prive de la vue. » Massa Makan Diabaté

J’ai la flemme et la fatigue qui m’empêchent d’écrire une introduction décente, donc je préfère vous partager un de mes monologues préférés, le temps peut-être de trouver une introduction un jour avant la publication : « Voilà ! Vois en moi l’image d’un humble Vétéran de VaudeVille. Distribué Vicieusement dans les rôles de Victime et de Vilain par les Vicissitudes de la Vie. Ce Visage, plus qu’un Vil Vernis de Vanité est un Vestige de la Vox populi aujourd’hui Vacante, éVanouie. Cependant cette Vaillante Visite d’une Vexation passée se retrouve ViVifiée et a fait Vœu de Vaincre cette Vénale et Virulente Vermine Vantant le Vice et Versant dans la Vicieusement Violente et Vorace Violation de la Volition ! [il trace un V sur une affiche] Un seul Verdict : la Vengeance. Une Vendetta telle une offrande VotiVe mais pas en Vain. Car sa Valeur et sa Véracité Viendront un jour faire Valoir le Vigilant et le Vertueux. [il ricane] En Vérité ce Velouté de Verbiage Vire Vraiment au Verbeux alors laisse moi simplement ajouter que c’est un Véritable honneur que de te rencontrer. Appelle moi V. » Vendetta

In the Company of Serpents est un groupe non pas fanclub de Kaa dans le « Livre de la Jungle », ni un cercle fermé des ophiologues disparus, mais bien un groupe de metal. Il nous provient tout droit des Etats-Unis, de Denver pour être exact, et cette formation composée d’un trio a jeté ses premières bases musicales en 2011. Il faut savoir que les quatre albums avec « Lux« , l’unique EP et l’unique single du groupe, ont tous été autoproduits jusqu’à ce jour où le groupe a signé chez Petrichor, label en partenariat avec Hammerheart Records pour une sorte de tirage en vinyle et CD de l’album qui était donc initialement sorti en 2020. Album que j’avais d’ailleurs dans ma liste en 2020 et non fait à cette période, c’est donc l’occasion pour moi de faire cette chronique qui n’était jamais venue ! Et je pourrais me dire, pour me dédouaner, que j’ai bien fait d’attendre la sortie chez Petrichor ! Mais chut. En tout cas, le nom m’intrigue beaucoup, je m’imagine des fakirs en train de se déhancher lentement avec des cobras, un truc du genre qui me stimule l’imaginaire et me donne envie d’aller découvrir cette formation américaine que je ne connais pas. C’est donc parti !

La pochette est en tout cas de toute beauté, avec quelques références ésotériques un peu éparses mais intéressantes. Le fameux serpent qui semble être la plaque tournante du groupe, on le retrouve en train de former le symbole de l’infini avec cette idée de l’expression « le serpent qui se mord la queue ». En fait, il s’agit du logo du groupe que l’on retrouve sur toutes les autres pochettes, et la référence à la double croix qui se nomme en fait « croix archiépiscopale » est une sorte de cynisme religieux quand on l’accouple avec ce serpent. La symbolique est très forte et me plaît beaucoup. Les contours me font penser au symbole de la voute céleste, avec les arcs et les étoiles, les soleils, mais les escaliers en bas et les yeux de serpents mélangés aux yeux normaux m’intriguent. J’ai un peu plus de mal, je me dis que les escaliers en bas font penser au souterrain, une descente aux Enfers probablement. Les yeux sont plus là pour appuyer cet accouplement symbolique de l’infini en serpent avec la double croix, peut-être. On est sur de l’interprétatif pur et certains artworks comme celui-ci sont tellement élaborés et chargés que l’on pourrait presque les utiliser en psychologie pour faire des évaluations sur les patients ! Quoiqu’il en soit, j’aime beaucoup même si encore une fois je déplore l’absence d’indications nominatives sur la pochette. De fait, le symbole ne fait pas tout, quand on ne connait pas le groupe et qu’en plus on n’a pas le nom de l’album, c’est difficile d’être accrocheur je pense… Mais bon, autant pisser dans un violon.

La musique se voulait donc être un mélange que je commence à avoir l’habitude de rencontrer et qui m’a rarement déçu, le trouple entre stonersludge metal et doom metal. Un trio de choc qui, bien dosé, s’accoutume superbement bien et ce malgré la différence un peu ethnique qui subsiste émotionnellement parlant entre le stoner et le sludge metal. Voilà donc en quelque sorte les fameux « serpents » que nous proposent In the Company of Serpents. Du reste, la première écoute ne m’a pas tout de suite permis de profiter pleinement et sensiblement de l’album « Lux » pour une raison très simple : il est compliqué à aborder. C’est d’ailleurs un reproche suffisamment important pour que je le souligne, mais pour parler grossièrement, c’est le bordel. Loin d’avoir une émulsion savoureuse, le trio énonciateur de bon aloi doom – sludge – stoner n’est pas aussi homogène que cela. J’ai été un peu désarçonné par la mixité trop importante entre les pistes, à savoir que certaines sonnent hyper groovy, bien épaisses comme un bon stoner américain, rien d’étonnant du tout en plus, et d’autres qui sont hyper doomesques avec des relents de sludge metal qui au final se verra être le style le moins représenté dans l’album « Lux« . Pour moi, cet album n’a pas réellement de fil conducteur, c’est un recueil de compositions toutes aussi différentes les unes que les autres. Il est tout de même difficile de faire cohabiter comme je disais le marasme ambiant d’un doom sludge avec la bonhommie et la patate rock psychédélique d’un stoner doom ! Alors quand les deux ne se marient pas et fonctionnent comme une colocation en alcôve, soit sans intimité, le courant ne passe pas tellement. De fait, je crois que le premier enseignement que l’on peut tirer de « Lux » est qu’il faut le prendre non pas comme un album homogène et fluide, mais comme un assemblage hasardeux de compositions qui imposent d’écouter les morceaux distinctement les uns des autres. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas tellement le rôle d’un album. Plus d’une compilation, et encore… Mais vous verrez que passé cet effet de surprise un peu amer, l’album s’avère être une belle prise. Avec du recul, je pense que le groupe mériterait de rassembler davantage les trois styles qu’il affectionne et qui peuvent être mélangés sans difficulté, au lieu de cliver ces derniers dans des compositions avec trop de saveurs et couleurs différentes. Les passages groovy à la stoner sont parfois étouffés par la lenteur du doom sludge qui suit, rendant ces moments censés nous enjailler assez ennuyeux. Et ce n’est qu’un exemple, les potentialités ne manquent pas pour illustrer mon propos.

A commencer par la production qui sauve largement cette sensation de hors sujet massif. Elle est propre, sonne bien stoner avec cette basse omniprésente et qui prend une place énorme, là où les guitares qui sonnent bien groovy et légèrement en retrait pour amener cette lourdeur caractéristique du stoner, étayée par la batterie qui est une vraie machine de guerre à percussions atomiques. Mais surtout, il y a ce fort accent qui est mis sur l’aspect « western » avec de légères ambiances en fond, nappages aux claviers ou MAO qui donnent ce côté désert et que j’ai adoré. Pour une autoproduction qui date de 2020, je trouve que le boulot qui a été fait, certainement onéreux et donc à souligner itou, est de toute beauté et mérite plus qu’une petite reconnaissance de la profession. In the Company of Serpents est vraiment le genre de groupe qui s’éclate à produire, à mettre du soin dans ce qu’il fait, cela s’entend et cela doit être clamé. Une production qui est vraiment excellente dans le genre stoner doom, c’est presque un miracle vue les dernières sorties plus psychédéliques et donc bien moins ancrées dans les racines ricaines du stoner. Un vrai bonheur !

J’ai profité avec entrain de « Lux » après la deuxième écoute. Après avoir mis de côté la motivation analytique en fait, c’est bête à dire mais la levée de barrières concernant le « devoir » du chroniqueur m’a permis de lâcher prise et d’apprécier comme il se doit cet album d’In the Company of Serpents. Comme je disais, fatalement, ce manque de cohésion dans l’ensemble composal ne permet pas de tout aimer, loin de là. Si vous êtes branchés stoner doom, vous aurez votre quota de satisfaction, mais si vous aimez le sludge doom, j’ai bien peur que la déception soit au rendez-vous. C’est ce manque de liant qui fait cruellement défaut et c’est plus que dommage ! Parce que chaque morceau a son identité et le talent transpire quand-même. Les riffs sont globalement bien stoner, c’est à dire groovy et lourdingues, avec des moments plus rock posés, voire acoustiques. Là où l’effet sludge metal fonctionne à peu près, c’est non pas quand il prend une bonne partie d’un morceau par exemple, mais quand il est en fond sonore derrière les riffs stoner, soit comme un blast un peu mélodique qui accompagne les riffs et qui ambiance le tout. Heureusement la batterie reste très doom et permet de tenter un peu de raccourcissement entre les deux styles. Ma seule certitude d’inutilité intervient dans les morceaux interludes que je trouve totalement en trop, dénaturant le tout et même pas spécialement intéressants. S’ils n’y étaient pas, limite la pilule passerait mieux. Enfin, nous retiendrons qu’après deux écoutes, l’album est largement plus abordable et domptable qu’au début. Après avoir frôlé le rédhibitoire par l’aspect hors sujet, j’ai fini par découvrir un album riche et talentueux, avec des riffs et des ambiances qui m’ont beaucoup plu, et je suis prêt à l’acheter. C’est bien non ?

Pour le chant, c’est là aussi un peu plus complexe. Autant les parties en chant sludge ou stoner, la frontière est parfois ténue, je les aime beaucoup et particulièrement la dominance sludge. Autant j’ai du mal à comprendre pourquoi quelques passages sont variants à l’extrême, avec parfois des growls mediums ou grunt graves, parfois des screams, parfois les deux superposés. Bref, cela sonne encore un peu épars et brouillon, une disparité qui me questionne. Après, cette alternance abusive de chants n’intervient fort heureusement que sur le peu de morceaux que je n’aime pas, donc l’essentiel est sauf. Mais là encore, j’aurais préféré que le chant soit plus constant, un bon gros chant à la stoner m’aurait plu, clairement. Voire sludge, mais pas cette volonté d’étaler sa panoplie du petit chanteur fort techniquement (encore que l’articulation laisse franchement à désirer…) qui modifie trop l’ensemble et perd l’auditeur. Cela fait presque erreur de débutant !

Pour finir cette chronique, place à In the Company of Serpents et « Lux« . Un groupe qui se voit enfin offrir l’insigne d’un label pour ce cinquième album au départ autoproduit, je dis que c’est bien mérité tant ce dernier regorge de bons points. La principale erreur est d’avoir voulu non pas rassembler les genres forts intéressants que sont le stoner, le sludge metal et le doom metal, mais d’avoir connu quelques errances pathologiques en proposant des compositions qui sont colorées trop différemment pour apporter une homogénéité pourtant essentielle ! Au lieu de cela, « Lux » met en lumière (lol) des pistes difficiles à rassembler mais heureusement, mille fois heureusement, tellement géniales que l’on oublie nos doutes après une ou deux écoutes. Au moins le soin apporté à l’élaboration de l’album et le fait de prendre chaque morceau comme une entité dissociable des autres apportent le lot de satisfaction que j’attendais, et cela me permet d’affirmer qu’In the Company of Serpents est un groupe à suivre, talentueux et juste un peu naïf encore. Jeune et plein d’avenir font parfois l’éloge de la naïveté, et « Lux » ne demande qu’à faire grandir nos comparses américains. Espérons que le prochain sera encore meilleur.

 

Tracklist :

1. The Fool’s Journey (10:00)
2. Scales of Maat (6:17)
3. Daybreak (1:16)
4. The Chasm at the Mouth of the All (6:11)
5. Lightchild (6:29)
6. Archonic Manipulations (5:18)
7. Nightfall (1:07)
8. Prima Materia (7:30)

 

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