Dream Unending – Tide Turns Eternal

Le 19 novembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Derrick Vella : guitares, basses Justin DeTore : batterie, chant

Style:

Doom Death Metal / Funeral Doom

Date de sortie:

19 novembre 2021

Label:

20 Buck Spin

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

“Le pétrole me paraît très nettement être l’odeur la plus parfaite du désespoir humain, si le désespoir humain a une odeur. ” Pierre Mac Orlan

Cette nouvelle entité musicale encore non répertoriée sur notre Bible encyclopédique bien connue, réserve quelques petites surprises. D’abord par sa fondation, puisqu’il s’agit d’un duo de musiciens, deux mecs issus de ce que j’ai compris et de ce que j’ai vérifié de la scène death metal nord-américaine. Mais attention, Justin DeTore est américain mais Derrick Vella est canadien. Chacun a sa place bien précise, mais après vérification de leurs pedigrees, effectivement, ils sont bien occupés sur la scène underground death metal. Détailler tous les groupes de chacun, cela prendrait pas mal de lignes, donc je m’y oppose sur ce coup-là. Simplement, il faut retenir que nos deux musiciens ont décidé de se rassembler derrière ce groupe au doux nom de Dream Unending, un nom presque positif si on réfléchit. Mais ne vous fiez pas aux apparences, ce premier album nommé « Tide Turns Eternal » est tout sauf un bain de positivisme. En même temps, quand on officie dans un registre aussi brutal que le death metal, il ne faut pas s’attendre à des jeunes fillettes qui enfilent des perles. Mais sachez toutefois que ce rassemblement sous la houlette du label 20 Buck Spin, habitué lui aussi d’ordinaire au genre dûment cité, est une belle opportunité de découverte. Alors, allons-y!

La pochette est en tout cas un élément très curieux, tape-à-l’œil et plutôt agréable, ce qui dénote avec l’intention musicale de départ. Avec un trait grossier mais des couleurs vives, oscillant entre une forme de chaleur et un aspect de froideur, encore que ce bleu me rappelle les appareils pour surveiller les températures visuellement comme dans le cas des expériences paranormales, cela me rappelle quelques pochettes déjà vues que j’ai par moment un peu descendu, plus pour le style que le sens. Le groupe Dream Unending est resté vague dans des interviews que j’ai lues, donc on ne sait pas exactement ce que représentent d’abord ce personnage sombre, de dos, qui est en tout cas humanoïde, et cette immense créature qui me fait penser au Sphinx de la mythologie grecque un peu, ou qui a des allures lointaines d’un dieu égyptien. Le lien avec le titre de l’album « Tide Turns Eternal » est flou, la signification littérale veut dire « la marée devient éternelle ». Je pense sincèrement que, les deux musiciens ayant donné de légères directives et laissé les clefs du camion à Matthew Jaffe (c’est assumé dans une interview, je n’invente rien du tout), ils ont choisi l’esthétique qui est plutôt joli au sens qu’ils souhaitent faire passer, même de manière purement métaphorique. Je considère à tort ou à raison qu’il s’agit d’une erreur, parce qu’il leur sera difficile d’assumer ce flou artistique qui émane de cette pochette peut-être un peu brouillonne, et la musique ne fait clairement pas tout, sinon on n’aurait pas des artistes aussi talentueux dans ce domaine. Mais bon, rien de très grave non plus je vous rassure.

Parce que la musique vaut largement le détour! On pouvait évidemment s’attendre au vu de la promiscuité avec la scène death metal que Dream Unending se situe sur ce côté de l’échiquier metal. Mais pas que! La musique est officiellement un bon doom death metal, avec ce son ultra épais facilement reconnaissable en toutes circonstances, et cette lenteur rythmique caractéristique également du versant doom metal. Sur le papier, c’est clair comme de l’eau de roche. Mais s’arrêter à ce constat simpliste serait une offense au duo nord-américain, tant l’album est façonné comme une couronne : avec une base ronde simple mais ornée de petits bijoux complexes et travaillés, polis. Ce que recèle l’album est une infinité clinique de moments mélodiques avec des guitares qui changent d’effets sonores continuellement pour offrir de vrais moments tantôt atmosphériques, tantôt tragiques, tantôt un peu positives. C’est sincèrement étonnant mais pas complètement quand on se souvient du nom du groupe et de la sphère onirique qui doit être logiquement mise en avant, et le nom de l’album qui parle de l’éternité aussi, et donc tout correspond pour moi. L’éternité et l’infini sont traduits dans des riffs longs et légers, avec une lourdeur non incongrue mais parfois surprenante au regard du contexte général. Je reviendrai sur le chant plus tard mais ce dernier va de pair avec le doom death metal. Simplement, cet album qui est le premier de Dream Unending fonctionne superbement bien. Je suis épaté à la première écoute par la portée romantique et onirique qui émane des mélodies guitares, parfois même de la basse. Les différents effets sonores des guitares s’évertuent à nous amener vers des voyages musicaux inspirants. J’aime beaucoup l’album! On retrouve d’ailleurs aussi (je l’avais repéré dans une autre chronique) une inspiration assumée avec « The Peaceville Three », soit Anathema (surtout Anathema!), My Dying Bride et Paradise Lost. C’est d’une évidence rare, mais pour notre plus grand plaisir, vraiment!

Ce qui m’a frappé aux oreilles, c’est l’extrême soin de la production. Je notais au début des nombreux effets sur les guitares, demandant donc un effort supplémentaire pour adapter le son de base à ces différents changements, et je vous garantis qu’on est loin de la ressemblance selon les riffs. C’est ce qui m’a tout de suite frappé! Ensuite, la batterie est rarement étoffée mais cela prévaut au genre, elle sert essentiellement de marqueur rythmique et n’apporte au final pas énormément de choses, je dis cela en n’occultant pas les moments minoritaires où elle accélère le tempo. La basse est dans un jeu très mélodique qui m’a étonné, avec des introductions de morceaux où elle sert de montée progressive à la place des guitares dûment utilisées. L’ensemble est d’une belle harmonie, c’est un mot un peu oxymorique dans le sens où un doom death metal demande certes une belle harmonie pour être censé, mais ce n’est pas nécessairement le genre musical auquel on penserait pour prononcer le mot harmonie. Mais je plaisante! En vérité, l’album est très bien produit, il y a eu un gros boulot de fait en studio pour accoucher de ce résultat qui est largement dans les quotas. Bel album avec un très bon son, quoi de mieux?

J’ai longuement hésité sur le style musical, je trouve après quelques écoutes en plus que « Tide Turns Eternal » sonne comme un album funeral doom metal, mais là où j’ai fait un rétropédalage c’est par rapport aux inspirations du groupe. Bref! Je mettrai les deux en tête de chronique. Simplement, par rapport au premier constat que j’ai fait plus haut, je n’ai pas grand-chose à rajouter de plus tant j’ai le sentiment d’avoir saisi l’essentiel à saisir sur ce premier album de Dream Unending. L’album fonctionne comme un rêve effectivement oppressant et sans fin, ou presque. Je pense que cette capacité qui n’est pas du tout évidente chez moi à cerner un album dès la première écoute n’est pas forcément un gage de réussite. Et pourtant, tout porte à croire que « Tide Turns Eternal » est complexe dans ses incorporations mélodiques, mais d’une les influences sont évidentes, rendant la musique finalement moins originale qu’elle ne devrait l’être. Et de deux parce qu’outre les fameuses magnifiques parties mélodiques aux guitares et basse, il n’y a pas vraiment de choses croustillantes. Le doom death metal est très minimaliste, et dans cette simplification forcée de la musique, cela passe ou cela casse. Je pense que, gavé de doom metal depuis pas mal de temps désormais, j’ai du mal à trouver de l’originalité pure à cet album. Cela n’enlève en rien que Dream Unending est un beau projet bicéphale, qui fonctionne très bien comme cela et qui pourrait à l’avenir avoir de l’entrain pour faire encore mieux que cela. Mais comme je disais, et ce sera ma première mini-conclusion, « Tide Turns Eternal » n’est finalement pas aussi innovant et prometteur que l’annonce le label. Il est bon quoi.
Oui, je sais, je devais ne pas avoir grand-chose à rajouter… Mais que voulez-vous.

Le chant! Enfin dirais-je, car c’est exactement ce que je recherche comme chant dans ce style de musique. Oh, rien de fou! Un chant guttural très grave, profond et long, avec une technique vocale que je suis très étonné de découvrir avec beaucoup de maitrise. Du reste, je trouve que le chant est en adéquation totale avec les ambiances différentes des pistes, donnant une forme de liant intéressant sur l’ensemble de ces dernières. Il fallait un truc pour rameuter le tout, et le chant officie bien dans ce but précis. On pourra discuter de l’intérêt de mettre un peu autre chose en chant, j’aurais bien vu quelques moments en scream ou une voix claire à la My Dying Bride, avec une consonance dépressive, cela aurait été encore mieux. Mais ce n’est que mon avis personnel.

Voici venu le moment de mettre un point final à cette chronique. Dream Unending fait une entrée en matière plus qu’intéressante avec ce premier album nommé « Tide Turns Eternal« . Ce duo de musiciens nord-américains proposent une sortie de leur potentielle zone de confort death metal en arpentant les chemins sinueux et tortueux d’un doom death metal pas loin de se transformer en funeral doom metal. On retrouve les ingrédients qui font que ce genre musical d’une lenteur et d’une lourdeur extrême fonctionne, avec en plus des mélodies guitares et basse qui rajoutent une touche de plein de choses différentes. Autant dire que malgré tout, l’originalité n’éblouira personne tant elle est opaque, mais au moins « Tide Turns Eternal » marche et amène cette part onirique et désespérée que ce projet bicéphale recherche à travers cette reconversion commune. L’album est très bon dans ce qui a déjà été fait, c’est déjà pas mal dirons-nous! A vous de juger.

Tracklist :

1. Entrance
2. Adorned In Lies
3. In Cipher I Weep
4. The Needful
5. Dream Unending
6. Forgotten Farewell
7. Tide Turns Eternal

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