Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 8,5/10

Sorti des ténèbres en 2019, Boréalys, duo canadien, est un projet qui donne dans le black atmosphérique, avec à son actif un EP intitulé « Là où les eaux se séparent », sorti en 2020, année durant laquelle la tyrannie malsaine d’une certaine pandémie a régné ! Abstrus et Julius décident de remettre le couvert et reviennent avec « L’héritage », un opus comprenant sept morceaux pour un peu plus d’une heure de musique sombre à nous distiller dans les oreilles. Voyons donc ce que recèle ce premier long format de nos cousins québécois !

C’est donc dans la langue de Voltaire que nos deux comparses vont s’exprimer tout au long de l’heure musicale offerte sur « l’héritage » et à vrai dire, on ne va pas s’en plaindre, bien au contraire ! Un petit mot sur les textes pour commencer cette chronique ! Ils sont parfaitement en accord avec le black proposé par Boréalys, à savoir plutôt sombres, angoissants, voire oppressants et brossent des sujets variés qui tournent autour de ce que la vie a de plus infâme à nous servir comme on le devine dans les paroles : l’abandon, le suicide, l’aveuglement des croyances, la mort, les guerres et leurs déviances, l’oubli ou encore la solitude, bref, un joli panel de ce qu’il y a de pire dans la nature humaine !
Autant de sujets évoqués avec une noirceur anthracite, qui, conjuguée avec l’atmosphère dépressive qui se dégage de leur musique qui allie riffs répétés à l’infini et mélodies ensorcelantes, t’oppressent à t’en rendre le souffle court et le cœur comprimé ! Le chant si caractéristique et raillé fait parfois place à une voix claire et religieuse comme c’est le cas sur « Harricana : la sœur », semblant sortir de la bouche d’un conteur de légendes d’aoutre-tombe.

Les morceaux sont longs comme cela est souvent le cas dans ce genre de black metal ; hormis deux titres très courts, ils sont aux alentours de la dizaine de minutes, cette durée permettant de te plonger davantage dans cette ambiance ténébreuse si particulière et pleinement maitrisée par nos deux Québécois !

Quelques ajouts de bruits d’animaux nocturnes (« Kitcisatik : l’brouillard »), de craquements de navires, de sons de cloches lointaines (« L’esprit d’autrefois ») ou encore de hennissements accentuent l’ambiance mystérieuse, voire malaisante, et rendent les morceaux immersifs, à l’instar de l’envoutant « Spirit Lake : le cimetière des oubliés », vraiment excellent et puissant dans sa capacité à te transporter dans l’au-delà !

Court instrumental planant, « Solitude » ponctue cet album et nous sort des tréfonds oppressants dans lesquels nous nous sommes laissés emportés pour nous ramener calmement à notre état de mortel.

Un petit mot sur l’artwork de la pochette qui t’annonce clairement le couleur (si je puis dire) avant l’écoute et t’indique que la joyeuseté ne sera pas le fil conducteur de cet opus ! Quant à la production, elle met en valeur les différents arrangements et chaque instrument pour que l’ensemble ait le rendu en phase avec le style de Boréalys !

Rien qui n’a jamais été entendu avant, mais force est de constater que Boréalys, à travers ce premier album, s’empare de nos âmes errantes pour un voyage tout ce qu’il y a de plus sombre au plus profond des entrailles d’un black atmosphérique dont on ne ressort jamais indemne ! C’est ce qu’on attend de ce registre musical, cette capacité à nous immerger dans un monde ténébreux sans que l’on ne puisse s’y opposer et sans savoir comment on en ressortira… Et Boréalys y parvient de la meilleure des manières ici !
Tabarnak, quelle claque !

Tracklist :

01. Apitipik : vers l’orphelinat (13:17)
02. Harricana : la sœur (9:58)
03. Kitcisatik : l’brouillard (9:49)
04. L’esprit d’autrefois (3 :17)
05. Spirit Lake : le cimetière des oubliés (10:23)
06. Apitipik : les murmures enfouis (12:29)
07. Solitude (1:41)

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