Bongzilla & Tons – Doom Sessions Vol.4

Le 14 mai 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Line up Bongzilla :
  • Magma : batterie
  • Spanky : guitare
  • Muleboy : guitare, chant, basse
  • Line up Tons :
  • Paolo : basse, chant
  • Marco : batterie
  • Steuso : guitare

Style:

Sludge Doom Metal / Stoner

Date de sortie:

23 avril 2021

Label:

Heavy Psych Sound

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

“Embrasser une femme qui fume, c’est comme lécher un cendrier !” Alain Remi

Et on est reparti pour la session offerte par le label Heavy Psych Sounds ! C’est devenu une sorte de tradition chez le label italien que d’offrir plusieurs volets pour promouvoir ses groupes. Avec un roster assez important, certains étant des groupes assez expérimentés, je pense que l’on se dirige vers une nonalialogie (pour les initiés : une histoire en 9000 volets), un truc du genre. Quoi qu’il en soit, dès que je vois « Doom Session Vol. » je saute dessus ! D’abord parce que je trouve le concept très original, cette espèce de split au format EP qui sert plus de samples de découvertes que de réelles compilations, ensuite les deux précédentes chroniques de ces « Doom Session » m’ont toujours bien plu et qu’il s’agit pour sûr d’une valeur… Sûre. Et enfin, je salue la diversité de ces splits qui permettent aussi de constater que Heavy Psych Sounds fonctionne à l’éclectisme, en gardant une logique très doom, rock voire sludge. Voilà ! C’est rare que je le souligne, et il n’y a aucun favoritisme dans cette démarche, mais je salue bien bas le travail fait par ce label qui taille son bout de gras avec assiduité et intelligence depuis que je fais des chroniques plus spécialisées doom. C’est vraiment un label qui m’épate. Et c’est tout naturellement que je consacre une introduction pour rendre hommage au boulot monstrueux qui est fait, quand c’est mérité pourquoi s’en priver ? Même si ma vitrine est riquiqui dans le macrocosmos musical. J’espère en tout cas que ce « Doom Sessions Vol. 4« , qui met en exergue les groupes Bongzilla et Tons, va tenir toutes ces promesses !

Qui dit split, dit double présentation de groupes ! Double travail ? Sûrement. Bongzilla est un groupe américain qui a connu deux existences : de 1995 à 2009 et de 2015 à maintenant. Bongzilla, comme son nom l’indique, a un seul et même sujet de prédilection dans sa musique, fort étonnant d’ailleurs : le cannabis. Oui oui, vous avez bien lu ! Il existe un groupe qui tourne son univers musical autour de « cannabis sativa », la fumette quoi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le sujet a largement influencé le trio américain puisqu’il a sorti cinq albums, mais aussi six splits, trois EPs, trois compilations, un album live, deux singles et une boxset. Un parcours des habitants du Wisconsin, à Madison, qui n’a rien à envier à la plupart des groupes. En tout cas, je ne vous cache pas que dès la découverte de Bongzilla, je sens que je vais me marrer, ce qui n’était pas arrivé jusqu’à présent sur les Doom Sessions. Tons me paraît toutefois être un peu moins funky que le premier groupe ! Tons nous vient tout droit de l’Italie et de Turin, existe depuis bien moins longtemps que Bongzilla puisque les premières pierres ont été posées en 2009. De fait, et c’est normal, la discographie est beaucoup moins fournie avec deux albums de six années d’écart, et deux splits avec celui-ci. Mais sur les splits de Heavy Psych Sounds, c’était quasiment tout le temps le cas ! Rien d’étonnant et il faut voir que c’est l’occasion pour le « petit » groupe d’avoir un beau tremplin d’écoute. Quand on vous dit que ce label est balèze ! Tons en tout cas va, je l’espère, tailler sa part du gâteau et le proposer avec autant d’apprêtements que Bongzilla ! On verra, on verra.

L’artwork en tout cas annonce les couleurs ! Une photographie qui rassemble les deux thèmes de prédilection de ce split et de chaque groupe : le mortifère avec ce crâne et ce squelette, et… Une chicha ! Dont on devine aisément que les émanations fumeuses ne sont pas de la vapeur d’eau ordinaire… En tout cas, l’artwork est totalement décalé comparé à ce qui se faisait dans les précédents numéros ! C’est trop cool, avec les lumières rouge et bleue qui, mélangées, donnent une tonalité rosâtre très kitsch et franchement osée. J’espère de tout cœur que le public metalleux va mettre de côté son maladif premier degré pour comprendre que c’est l’effet voulu, que Bongzilla rien que lui n’est pas un groupe qui se prend au sérieux (pour faire l’apologie de la beuh, en même temps, est-on sérieux ?) et que cette pochette est juste parfaite. Voilà ! C’est rare que je le dise mais oui, elle est parfaite pour ce type de démarche musicale mi-figue mi-raisin puisque n’oublions pas que Tons ne joue pas tout à fait la même carte burlesque. Comme en plus de cela la distribution principale opère sur le format vinyle, le côté vintage de la pochette est bien représenté aussi avec les polices de caractère et l’image un peu floue. Non, sans déconner, j’adore. J’avais adoré les pochettes des précédentes sessions, j’avoue que celle-ci, par son côté humoristique, décalé et limite provocateur, est de loin ma préférée. Rien que pour elle, je suis prêt à acheter le CD d’ailleurs. C’est vous dire !

Et la musique m’a juste mis sur le carreau. Franchement, Bongzilla c’est une trouvaille comme rarement on en fait dans le milieu ! Bon, déjà par le titre des morceaux, avouons qu’on devine tout de suite l’intention. Et puis, parce que comme je faisais la confidence à un ami avec qui je discutais en même temps que je rédigeais la chronique et avec qui je partage pas mal de groupes que je découvre, la musique m’a fait penser à une sorte de reggae saturé. En même temps, tout colle ! La lenteur du tempo doom metal, le son un peu boueux-caca du sludge metal, et les riffs un peu rock, voire bluesy du stoner, et vous avez l’impression d’écouter une sorte de reggae avec un son ultra saturé ! J’ai été franchement bluffé même si la première écoute ne m’a pas tout de suite laissé un souvenir intarissable sur Bongzilla. J’ai eu en fait un peu de mal à entrer dans les deux premiers morceaux, c’est véritablement le dernier et son milieu de piste très lent et posé qui m’a convaincu pleinement du génie des Américains. Tout n’est pas parfait évidemment et le chant notamment ne va pas me laisser une belle impression, j’y reviendrai plus bas. En revanche, outre la longueur très raisonnable des morceaux (pour du doom), les riffs ont été bien accrocheurs, avec ce tempo d’une lenteur rarement égalée dans du doom metal, la première écoute m’aura de fait laissé un bon premier souvenir. Plusieurs écoutes après, la donne sera largement revue à la hausse pour Bongzilla ! Mais ce fut une très bonne entrée en matière et un plat principal fort convenable. Le fromage et dessert à la fois, Tons arrive avec un seul morceau mais scindé en trois parties, qui porte là encore un nom étrange. Mais contrairement au premier groupe, ne vous fiez pas à ce nom presque décalé aussi ! La musique est tout de suite beaucoup plus sérieuse. Elle me fait penser aux premiers groupes de doom metal genre Black Sabbath qui jouait la carte du macabre avec une musique bien plus tranquille que ce qui se fait d’extrême aujourd’hui. C’est déroutant pour moi qui n’ai pas l’habitude des groupes de cette époque révolue, mais je dois dire que les riffs old school sont largement compensés par un son hyper crade, à la limite du raw, trahissant cette étiquette sludge metal qui transpirait sur Metal Archives. C’est en tout cas là aussi une belle découverte, moins affriolante que Bongzilla, mais belle quand-même parce qu’on sent que le groupe Tons en veut ! L’univers est bien plus macabre, mais cela n’enlève en rien le côté très rock et une production bizarre mais suffisamment détonante pour que l’on s’y intéresse. Après, on ne va pas se mentir, heureusement que le label a scindé le morceau unique en trois parties, sinon j’aurais eu du mal à finir. Presque vingt minutes, c’est trop long. Là aussi, le point faible le plus flagrant pour moi restera le chant mais c’est presque un épiphénomène devant le talent incontestable des Italiens. Voilà donc un split qui ne m’aura absolument pas laissé indifférent ! Franchement, il vaut le détour. C’est même après une seule écoute mon préféré de tous.

Ceci dit, il n’y a pas une production mais deux, et je vais essayer d’être le plus succinct et équilibré possible. Vous me voyez venir ?… Bref ! Bongzilla a à son actif une production très propre, et tant mieux ! J’avais peur qu’ils fassent comme beaucoup de groupes qui ne se prennent pas au sérieux et qui pondent une chiée d’albums mal produits. Que nenni ! Les trois morceaux sont très agréables à l’oreille, dans le genre doom et ses nombreuses distorsions autant vous dire que ce n’est pas une mince affaire. Mais en tout cas le boulot est fait, et largement fait. Comme le groupe n’use de fioritures que dans sa technique et non son instrumentalisation, le choix est vite décrit. A noter une petite différence de production entre la version single des deux dernières pistes et celle du split. Elle est légère, mais l’amélioration est nette. J’aime beaucoup en tout cas le son des guitares qui me fait penser au groupe Sons of Otis que j’adore, la basse qui est ultra détendue mais à un point inimaginable si vous n’écoutez pas ce split, cette batterie qui alterne les moments forts et les moments blues rock. Bongzilla a donc une belle production ! Tons un peu moins. Mais c’est probablement l’effet escompté ! Le sludge a déjà un son très particulier, alors quand en plus il est associé à un côté un peu raw comme dans Alkerdeel, on est forcément surpris ! L’effet de surprise passé, on s’y habitue surtout quand on aime bien comme moi ces sons boueux et sales. Tons a en tout cas une production spéciale qui tranche beaucoup avec les riffs qu’il usite dans sa musique et qui sont plutôt estampillés doom metal old school, le mélange est bizarre mais prend bien ! Je vous le dis, je pense que c’est l’effet voulu donc en lui-même, partant du postulat qu’il ne s’agit pas d’une erreur de casting, je valide largement ce son. Après, il ne vaut mieux pas écouter les deux groupes d’affilée, sans pause, parce que sinon vous allez vous perdre et vous allez forcément devoir trancher ! Se sentir obligé de choisir un groupe que l’on préfère dans un split, selon moi, est un split qui n’a pas fonctionné. Donc, comme les deux productions sont aux antipodes l’une de l’autre, autant ne pas s’épargner la peine de devoir choisir entre Tons ou Bongzilla, et de faire une pause ! En même temps, vous auriez forcément été perdus, vu que les univers artistiques sont là aussi aux antipodes…

D’ailleurs, parlons-en ! C’est quand-même sacrément culotté de mettre dans un même split deux groupes qui me semblent bien éloignés les uns des autres en termes d’univers musical propre. Bongzilla et son humour décapant, sa musique tranquille et sa propension à faire planer, et Tons qui distille une belle noirceur avec le sérieux démodé de ces groupes d’une autre époque. Je trouve en tout cas que le mélange pourrait être apparenté à une sorte d’émulsion plus qu’à une osmose. Mais force m’est de constater que les deux fonctionnent comme des contraires : ils s’attirent. Ainsi, le split m’est apparu comme un vrai modèle du genre et rassemble à la fois ce culot outrageux et cette intelligence quasiment omnisciente que je vénère. Il fallait donc un quatrième volume pour que je sois pleinement satisfait ! Les trois premiers étaient fort bien construits mais celui-ci est une sorte d’apogée pour le label. Difficile de faire mieux serait-on tenté de dire mais rassurez-vous : le cinquième volet sera mien ce mois-ci ! Je compte bien revenir dessus ami(e)s lecteur(e)s. En tout cas ce « Doom Sessions Vol.4 » est extra!

Passons directement à la partie la moins plaisante du split selon moi et qui prévaut pour les deux groupes : le chant. Alors, autant pour Tons, je comprends. Un chant sludge bien raw, et surtout avec une majorité de voix sans effet, quelques petits sursauts avec, je comprends d’autant que Tons joue clairement la carte du raw, donc en lui-même aucun souci. Mais la technique, mes dieux… Ohlala punaise. C’est quand-même violent. Je me demande comment le type fait pour chanter encore à l’heure actuelle, surtout s’il chante ainsi, à s’en rompre les amygdales sans anesthésie générale, depuis 2009. Disons qu’on peut faire raw sans se bousiller la gorge, c’est réalisable en vrai ! Et je pense que le bien nommé Paolo gagnerait à prendre quelques cours, histoire de pouvoir chanter en me ravissant avec sa musique encore longtemps. Sinon, gare au cancer ! Pour Bongzilla, c’est probablement le point de détail qui nique un peu l’ensemble par moment. Le chant est pratiquement pareil et fait office de lien inéluctable entre les deux groupes. La technique est donc franchement mauvaise, et je suis d’autant plus étonné devant l’expérience du groupe. Associer un chant sludge sans effet particulier ou presque avec une production aussi nickel et des riffs blues, j’ai trouvé que c’était un peu trop pousser le bouchon. Mon ami avec qui je discutais me disait qu’au contraire c’était tout le charme de Bongzilla de pouvoir aller jusque-là. Soit. Mais dans ce cas, autant mettre des effets dessus, je suis certain au vu du peu de partitions de chant qui ont de l’effet sur les trois pistes, que cela aurait été une formule impeccable ! Mais ce chant nature, brut de pomme, ne colle pas des masses pour moi. Mais bon ! Je dirais qu’après plusieurs écoutes, après une période conséquente d’apprivoisement, cela passe mieux. C’est bien !

Bon ben voilà, quatrième volet refermé sur cette chronique. Heavy Psych Sounds m’a enfin offert le split que je n’attendais plus, avec l’association burlesque de Bongzilla et de Tons. Il fallait la tenter celle-ci ! Deux univers musicaux quasiment opposés, réunis par le simple fait de faire une musique doom sludge metal, la mayonnaise a superbement bien pris, au-delà de mes espérances car il y avait au loin de nombreuses interrogations et incertitudes. Mais ce « Doom Sessions Vol.4 » a tout balayé comme une tornade force 5. Je me suis amusé comme jamais sur ce split et j’ai pris un pied phénoménal justement grâce à cette audace monstrueuse du label. Coutumier du fait d’associer un groupe connu avec un groupe en général italien et qui tente de se faire un nom, le pari est d’avance toujours risqué mais il a jusqu’à présent toujours apporté son lot de bien-être chez moi avec les volets précédents. Mais ici, entre les Américains rigolos de Bongzilla dont on devine que l’air qu’ils respirent n’est pas que d’oxygène mais aussi de tétrahydrocannabinol, et les Italiens beaucoup plus stricts de Tons mais qui mentionnent mystérieusement la notion d’obésité dans leur(s) morceau(x), il y avait largement de quoi sustenter Solveig Halloin et Hannibal Lecter en même temps dans un repas-débat. Un split arrivé à brûle-pourpoint, mais qui nous amène un pur moment de bonheur. Superbe !

Tracklist :

Side A
1. Bongzilla – Mother’s Flowers Little Helper
2. Bongzilla – Comic Distillate, Nectar Collector
3. Bongzilla – Cupcake
Side B
4. Tons – Chronic Morning Obesity

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