Note de la SoilChroniqueuse (GothicMelody) : 8/10

“Songs No One Will Hear” est le nouvel opus d’Arjen Anthony Lucassen.
Le créateur d’opéra rock et d’album concept comme Ayreon ou Star One revient cette fois avec un album plus intimiste signé en son nom.
Soyons clairs : c’est encore un album qui raconte une histoire. La trame : la fin du monde, la Terre frappée par un astéroïde. Jusque-là, rien de très novateur, c’est un thème classique. Là où c’est déjà un peu plus intéressant, c’est que c’est traité de façon un peu différente en partant de la question existentielle qui en découle, « Que feriez-vous s’il ne vous restait que cinq mois à vivre à cause d’un astéroïde ? ». Cet album nous présente donc les réactions multiples à cette question.
Les invités et les musiciens présents sur cet opus sont globalement des habitués des précédents projets de Lucassen. L’album se présente en différents formats avec selon les éditions des chansons bonus. Pour la chronique, c’est l’édition avec un CD bonus comportant les chansons sans la narration qui est transmise, mais pour l’intérêt de la chronique, je vais juste parler de l’album en édition classique avec un seul CD.

Dès la première piste, « End Of The World Show », nous entrons directement dans le sujet : Mike Mills démarre la narration et nous plonge dans l’histoire avec cette courte introduction.
« The Clock Ticks Down » démarre lentement avec ses quelques notes qui se répètent tout en accompagnant la voix d’Arjen. Puis la voix d’Irene se mêle à la sienne et prend le relais. C’est une ambiance atmosphérique, plutôt douce sur un tiers de la chanson, puis la guitare prend le dessus ainsi que la batterie et le côté électro / heavy rock qui donne un coup de boost à l’ensemble. Les deux voix se mêlent harmonieusement bien, l’ensemble est relativement cohérent et grâce au changement de rythme, la longueur de la chanson passe plutôt bien. La fin est marquée par l’intervention du narrateur qui nous donne la suite de l’histoire.
C’est avec un titre comme « Goddamn Conspiracy » que l’on se rend vraiment compte du talent du néerlandais pour les orchestrations. Vu la complexité de la production, sans une dose de génie, ce titre aurait pu passer pour un titre brouillon avec trop de choses dedans, mais, le génie étant là, ça passe bien, et les changements de rythmes et d’atmosphères aident à ne pas trop se perdre dans cette grandiloquence. Il y a des moments où l’on peut distinguer plus facilement les instruments, certains sont mis en valeur et c’est également le cas pour les voix, et à d’autres moments, tout est un peu au même niveau.
Ce ressenti est global sur l’ensemble de l’œuvre.

« The Universe Has Other Plans » est un titre qui fait la part belle aux cordes et à la musique, tout en sublimant et en entourant la voix d’Arjen, puis celle d’Irene pour les chœurs. La partie de guitare vers la fin est vraiment très réussie. C’est un titre que j’ai beaucoup apprécié. Il est un peu plus intimiste, chaque instrument est vraiment mis en valeur, tout est bien dosé, rien à redire. J’ai également aimé le passage du narrateur qui fait un clin d’œil aux réseaux sociaux et à leurs algorithmes, montrant la futilité de la chose.
« Shaggathon » est une réponse un peu plus humoristique et festive à la fin du monde. C’est un rythme plus entrainant, donnant envie de taper du pied en écoutant ce morceau, il est un peu court, et le chien à la fin de la chanson donne un aspect encore plus sympathique à l’ensemble. C’est un autre titre que j’ai bien apprécié.
« We’ll Never Know » est une très jolie balade avec Floor Jansen. Sa voix se marie très bien avec celle d’Arjen. Ici, c’est l’émotion et la douceur des voix qui priment, même s’il y a des moments plus intenses. Le thème de la chanson est celui d’une femme enceinte qui ne connaîtra jamais sa fille à cause de la fin du monde. La fin de la chanson va crescendo musicalement avec plus de guitare et de batterie et le chant se fait plus puissant. C’est vraiment un titre magnifique.
« Dr. Slumber’s Blue Bus » est un titre plus énergique, fort sympathique. Ça donne un petit coup de boost entre les chansons un peu plus lentes.
« Just Not Today » est une magnifique balade, laissant une fois encore la part belle aux cordes et à la voix d’Arjen.
« Our Final Song » est une chanson de plus de quatorze minutes pour conclure l’album. Robert Soeterboek et Marcela Bovio sont les invités sur ce titre. Ce qui est sympathique avec ce morceau, c’est sa structure. Il est fait avec de bons changements de rythme qui font que ça ne lasse pas et, finalement, ça s’écoute plutôt bien. Il y a un long passage instrumental qui permet de capturer notre attention si on l’avait perdu, vraiment très beau, avant de monter d’intensité avec un passage plus heavy tant musicalement que dans le chant. La fin avec une alternance d’ambiance et d’intensité est vraiment très intéressante. On sent bien la fin du monde et tout ce qui peut se passer dans le monde et au niveau des émotions, sentiments et interrogations.

Pour résumer : « Songs No One Will Hear » est une nouvelle création du maître du genre Arjen Anthony Lucassen. L’histoire est vraiment bien construite, la narration amène les chansons et permet de suivre le processus sans être perdu. Au niveau de la musique, c’est du rock progressif, avec de belles orchestrations, parfois un peu grandiloquentes, mais il y a de très beaux moments plus sobres qui effacent ce côté « trop grand, trop de trucs » de certains passages ou titres.
C’est un album concept, bien fait.
Les fans de l’artiste l’apprécieront sûrement, et je le recommande pour les amateurs d’album à concept et les amoureux de rock progressif et heavy.

Tracklist :

End Of The World Show (00:42)
The Clock Ticks Down (07:14)
Goddamn Conspiracy (05:08)
The Universe Has Other Plans (05:52)
Shaggathon (03:08)
We’ll Never Know (05:27)
Dr. Slumber’s Blue Bus (04:33)
Just Not Today (03:47)
Our Final Song (14:35)

 
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