Archgoat – Worship the Eternal Darkness

Le 25 novembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Lord Angelslayer : basse, chant
  • Ritual Butcherer : guitares
  • Goat Aggressor : batterie

Style:

Black / Death Metal

Date de sortie:

26 novembre 2021

Label:

Debemur Morti Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« L’amour est le jeu de Satan.
Trouver quelqu’un qu’on puisse aimer,
Quelqu’un qui ne trahira pas ;
Quelqu’un qui apprécie les choses
Et les mots selon notre goût ;
Qui ne dit aucun mal de nous ;
Qui prend soin de notre confort ;
Qui nous pardonne nos défauts
Et qui jamais ne nous ennuie.
Vous cherchez en vain ce fantôme ;
Cessez de perdre vos efforts. » Alexandre Pouchkine

Vous devez avoir des groupes qui vous ont marqué durablement comme cela. Moi, je n’en ai pas beaucoup mais je ne résiste pas à l’envie de vous les partager ce soir. On va donc faire une petite madeleine de Proust… Euh, un questionnaire, désolé. Je me suis amusé à vous parler de ces groupes qui m’ont marqué et qui vont probablement le demeurer toute mon existence, aussi précaire soit-elle. Voici donc : Anorexia Nervosa, Celtic Frost, Hellhammer. J’ai de fait beaucoup de mal encore à me trouver une référence sur différents domaines. Tout ce qui touche au doom metal, cela sonnait comme une évidence avec l’œuvre dantesque de Tom Warrior, mais encore je ne suis pas sûr que cela soit réellement le cas. Pour tout ce qui est death metal, je n’ai rien, ce qui va faire bondir mon ami et collègue Antirouille qui est de loin mon maître à penser en matière de ce genre. Tout ce qui est thrash metal, heavy metal, hard rock et speed metal, je m’en réfère habilement avec un genou à terre au big boss Chris Metalfreak qui est de loin mon encyclopédie en matière de, et même s’il est breton (ce n’est finalement pas de sa faute), je pense à mon Celtikwar préféré (et unique). Pour ce qui est du metal folklorique je n’ai pas encore trouvé de professeur, mais cela viendra. Bref ! J’ai encore de grosses lacunes. Cela ne m’empêche pas de considérer qu’à bien des égards, Archgoat n’est pas loin d’avoir une place de choix dans le registre décrié du black / death metal. Alors, quand j’ai vu que le prochain album nommé « Worship the Eternal Darkness » allait sortir incessamment sous peu et qu’il était proposé, je n’ai pas hésité ! En même temps, on ne va pas se mentir, Archgoat est une source sûre de plaisir quand on aime le black / death metal cru.

Ils sont comme ça, Archgoat ! Bruts de décoffrage, aucune fioriture à l’horizon ! Pourquoi faire me direz-vous, quand vous savez que le groupe est une affaire de famille ? Que cela se retrouve probablement dans les gênes puisque le groupe a été fondé par des frères… jumeaux. Et oui ! Les frangins Puolakanaho, avec Kai et Rainer aux commandes, ont créé cette entité musicale un peu à part il y a fort longtemps, en… 1989 ! Vous savez, cette glorieuse époque scandinave où le black metal allait faire sa légende en même temps que ses déboires. Encore qu’il faudrait considérer que la Finlande, pays d’origine d’Archgoat, est un pays scandinave ce qui est loin d’être acquis. Mais bon ! Venant de la ville de Turku, nos deux frères ont à leur actif seulement cinq albums, six splits, quatre EPs, un album live et deux démos. Sans parler d’une compilation et d’une box spéciale. En fait, il faut savoir une chose essentielle : le groupe a connu une période de silence total entre 1993 et 2004. Je ne connais pas les causes de ce verrouillage artistique, mais on peut considérer que le vrai « gros » du travail d’Archgoat a commencé en 2004 car jusqu’à 1993 il n’y avait eu que les deux démos et un EP. Moi, je suis convaincu que le groupe était trop en avance sur son époque extrême et qu’il a dû se sentir obligé d’arrêter. C’est mon hypothèse ! En tout cas, « Worship the Eternal Darkness » s’annonce comme de l’Archgoat. Vous allez comprendre pourquoi.

D’abord, rien qu’en zieutant la pochette, si vous aimez le groupe vous allez comprendre tout de suite. La recette est exactement la même, je dis bien EXACTEMENT LA MÊME depuis le premier EP « Angelcunt (Tales of Desecration) » en 1993. A savoir une imagerie en noir et blanc basique, avec une gravure religieuse qui est la seule véritable variation selon le besoin des albums et autres sorties. Le logo Archgoat est toujours en rouge, mais genre le rouge de Paint, le vrai ! Du reste, la recette est donc la même depuis toujours ou presque, et c’est plus ou moins l’empreinte officielle du groupe finlandais. Après, stricto facto, que dire de ce nouvel artwork ? Déjà, s’il existe une référence claire derrière cette gravure, je ne la connais pas. On voit toutefois ce qui fait aussi l’identité profonde du groupe : l’antichristianisme. On a donc des anges qui sont pendus et ligotés, brûlés par une iconographie du Diable ou d’un démon c’est selon, le tout est entouré par le haut d’une potence avec des croix renversées, et des squelettes qui sonnent les trompettes. A noter également la présence de deux croissants de lune, l’un blanc l’autre noir, qui m’a fortement intrigué. Je crois reconnaître la phrase « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » soit le connu « As Above, So Below » qui est un axiome du mouvement hermétique, mais je peux me tromper. Bon, en tout cas, sur le sens en lui-même, je retiens surtout ce qui a toujours été la marque de fabrique d’Archgoat et qui confirme que le groupe reste sur les mêmes ingrédients qui font désormais sa renommée : la provocation. Et je dois dire que si le style est propre à un manque de fioriture, il n’en demeure pas moins bien fait et terriblement efficace. Une provocation un peu plus subtile qu’un vulgaire pentagramme, moi je dis oui !

Vous attendiez du changement ? Il n’y en a pas, ou alors très peu. La musique est largement à l’image du groupe : prête à tout défoncer. Un bon gros black / death metal qui laisserait sceptique ceux qui comme moi aiment bien scinder les deux genres. En ce qui me concerne je suis plus enclin à considérer que la musique d’Archgoat est un bon gros blackened death metal, plus qu’une musique clivante comme sur le papier. Cela n’enlève en rien que l’album est une tuerie de masse en règle avec une production totalement sèche, qui laisse un soupçon de lourdeur et de violence mais qui reste assez nasillarde. On devine qu’il y a peu d’arrangements, c’est assez rare d’ailleurs à ce point, et cela fait totalement l’efficacité du groupe. Une vieille habitude de faire dans le raw si je peux dire ainsi, sans passer pour un mec insultant. Après, ce que j’ai toujours adoré et que je retrouve sur « Worship the Eternal Darkness« , c’est le chant. Mais je n’en dis pas plus pour l’instant. On note que le groupe utilise encore des samples mais sortis tout droit d’un autre âge, reculé c’est certain. Avec des orgasmes de femmes, des cloches, des cris d’agonie, etc. Le maître mot d’Archgoat pour ce nouvel album, est selon moi le même depuis le début et ce n’est en rien péjoratif : c’est la rusticité. Pas besoin de faire dans le méga travaillé pour balancer cette provocation qui est tout le concept du groupe et qui concerne le christianisme. Il suffit de faire des morceaux bruts de pomme, qui tabassent sévère et qui ne se parent d’aucun arrangement particulièrement soigneux. C’est du bourrin à l’état pur, honnête et profondément frontal. C’est du Archgoat quoi. Et la première écoute m’a été un vrai bon moment de metal, comme chaque fois que j’écoute le groupe. Je me retrouve à dire « au diable l’analyse ! Ce groupe est là pour tuer de sang-froid, pas pour élaborer des stratégies. » Et cela marche du tonnerre de… Bon.

Existe-il une production chez « Worship the Eternal Darkness » ? Je vous avouerai que je suis tenté de répondre par l’affirmative, mais je ne sais pas. Non je plaisante, bien entendu qu’il y a une production studio. Mais on devine que le groupe ne fait pas dans le soigneux. Le son est un peu crasseux, comme si les guitares étaient retouchées au strict minimum, la basse est très importante dans le mixage puisqu’elle a un rôle bien plus important qu’un simple marqueur rythmique. La batterie est pareille, sans retouche précise, délivrée comme cela sur le tarmac du mixage. C’est une caractéristique qui devient là encore un peu la marque de fabrique d’Archgoat, cette production minimaliste et qui fait la part belle à la brutalité dans le sens authentique. Je pense que rien qu’avec sa production raw, Archgoat peut se targuer d’être un groupe totalement franc du collier dans sa démarche, que ce soit présentement dans la forme que dans le fond. Artistiquement, une telle authenticité, c’est rare. Et c’est ce qui fait le charme inconditionnel de cet album « Worship the Eternal Darkness« . Que du bonheur bien bourrin !

Musicalement, je pense avoir fait le tour de la question. Simplement, en termes d’analyse, il est compliqué de trouver quelque chose de tangible tant la musique est brute. On peut toutefois s’arrêter sur un principe important dans la musique : ce n’est pas parce que c’est brut que c’est techniquement mauvais. Les riffs sont très bons, linéaires mais avec parfois de vrais moments un peu plus mélodiques, avec des accords trouvés qui sonnent plus black metal justement, même des soli. Ce qui ne signifie pas que la musique est raffinée non plus. En fait, l’équilibre penche clairement en la faveur de la simplicité dans le sens linéaire des riffs et dans les ambiances qui ne varient pas, ou peu. Mais les petits ajouts de temps en temps de passages plus recherchés donnent une coloration supplémentaire dans la sombritude du groupe Archgoat. C’est le côté death metal, cette majorité musicale qui fait dans la bousculade ultime et qui met de petites touches surprenantes. Il faut donc retenir cela, ce black / death metal doté aux trois-quarts de sa structure d’une redoutable brutalité et d’une frontalité semblable à une série de coups de tête en pleine poire, et d’un petit quart de mélodies. Mais cela reste d’une froideur et d’une violence avec peu d’égaux. Archgoat est un groupe dont on reconnait la touche personnelle, et l’authenticité, cela ne fait aucun doute et c’est ce qui fait qu’on vénère ou pas ce groupe. Pas de demi-mesure possible ! Et « Worship the Eternal Darkness » sera du même acabit.

Mais ce que je préfère par-dessus tout le reste, chez Archgoat en général mais que je retrouve ici, c’est le chant. C’est d’un gras incroyable ! Et pourtant quand on regarde des lives, on croirait que le chant vient comme ça, sans forcer ! C’est fou. Il y a une telle profondeur gutturale chez Rainer Puolakanaho que j’en ai toujours été pantois. C’est tellement gras, tellement profond et tellement simple en termes de débit et d’intention que j’ai toujours adoré le chant. Les textes en plus de cela ne sont pas rapides, on croirait que le type débite une phrase par morceau tellement le chant est lent. Mais franchement, la technique vocale est juste époustouflante. On dirait qu’un troll des cavernes nous parle des profondeurs de sa grotte ! C’est redoutable et tellement bluffant que j’ai beau écouter Archgoat depuis longtemps, j’en suis toujours aussi fanatique du chant. Un cas d’école ! A la fois lourd et maléfique, un vrai bonheur.

Existe-il une conclusion à la hauteur d’un groupe comme Archgoat ? Je ne sais pas, mais en tout cas « Worship the Eternal Darkness » s’annonce comme une sortie que beaucoup de fanatiques attendaient depuis six ans. Donc forcément, il y aura des attentes et j’espère y avoir répondu en partie. Dire que cet album est une tuerie est un maigre mot, tant le black / death metal qui a fait la renommée du groupe finlandais reste une valeur sûre et une référence. Reprenant ce qui a toujours fait leur succès, à savoir des bases simples mais redoutables avec quelques petites pointes de mélodies, un chant d’une profondeur abyssale et cette provocation qui demeure la raison d’être et de créer du groupe, Archgoat revient sur le devant de la scène avec cette impression que rien ni personne ne les empêchera de répandre leur haine et la fange qui en découle sur un public aviné de violence et de provocation. « Worship the Eternal Darkness » est un excellent album, une référence je ne sais pas encore mais Archgoat en est une, cela coule de source. A retrouver pour ma part le 6 décembre à Grenoble pour un live report qui s’annonce sanglant.

Tracklist :

1. Intro (00:51)
2. Heavens Ablaze (03:47)
3. Black Womb Gnosis (04:23)
4. All Christianity Ends (05:37)
5. In Extremis Nazarene (03:36)
6. Rats Pray God (04:03)
7. Empyrean Armageddon (05:03)
8. Blessed in the Light of Lucifer (04:23)
9. Worship the Eternal Darkness (03:39)
10. Burial of Creation (06:14)

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