Note du SoilChroniqueur (Le Marquis Arthur) : 8/10

 

Certes, dans le Black on retrouve très souvent les thèmes de l’antichristianisme, un monde désopilant et gloire à Satan, l’histoire vu sous différente forme…
Eh bien je vous propose ici un broyage de code aussi surprenant qu’intéressant avec Crypt Enigma. Découvrez un queer Black Metal 21e siècle mais qui fait la part belle aux influences du grand BM scandinave des années 90.

L’esprit est absolument Black Metal old school avec ses riffs dissonants, des pointes de saturation de chant aigu utilisées à bon escient, musicalement on est bien sur un BM à l’ancienne. Mais ce qui tranche c’est bien sûr la thématique : créé par Eva, un(e) artiste transsexuel(le) Parisien(ne) revendiqué(e) non-binaire, le projet défend deux grands thèmes, l’engagement pour le monde animalier, et surtout, une approche d’artiste LGBT dans un milieu qui reste plutôt masculin c’est vrai (mais pas de manière péjorative non plus).
L’idée du projet lui est venu avec un concert de Limbes, qui fût une véritable révélation pour iel.

Mon avis principal est que pour un projet solo et entièrement autodidacte, le résultat est très honorable, bravo. Pour cette première démo, il n’y a peut-être que deux chansons, mais c’est suffisant pour se faire une idée du talent d’Eva, chacune offre une identité musicale particulière.
« Chevaleresque » qui se lance dès le début dans une brutalité crue s’avère particulièrement efficace vu la thématique de la chanson, qui décrit la contre attaque du monde animalier face à la surconsommation humaine. Impossible de passer à côté dans la chanson: le « attaque, matraque » est la réponse violente contre l’Homme, message percutant qui s’imprègne sans subtilité.
J’avoue avoir été surpris lors de ma première écoute, au bout de quelques secondes seulement je reconnaissait tout se suite l’esprit Black dans les accords et le choix de composition, mais les paroles, clairement ça m’évoque le Punk anarchiste volontairement non conforme.
Et pourtant, aucune dualité musicale, ça s’écoute bien, aucune incohérence sonore au final. Les fans de Black y trouveront leur compte, et les activistes et / ou écologistes aussi.

Pour « La fin du règne humain », même si l’engagement thématique est là aussi, l’ambiance est différente. J’aime beaucoup l’ouverture avec l’orgue, la petite inspiration Dungeon Synth pour l’intro passe très bien. L’esprit languissant des paroles, chanté en clair sur certain passages révèle à la perfection cette vision dénonciatrice et peu avenante de notre race, qui courant à perte, laissera de nouveau place au règne animal : les régimes passent, la Terre demeure. La musique est un peu plus posée que la précédente, plus atmosphérique, ponctuée des passages plus violents bien placés. Au final elle est celle qui a mon dévolu sur cette démo.
Je conclurai sur une chose : une si belle violence musicale mérite d’être vue sur scène, et peut-être réussir à sensibiliser un public à un autre sujet.
Je souhaite une continuation prospère à Eva et je reste curieux de voir ce qu’un album pourrait rendre.

 

Tracklist :

1 Chevaleresque (04:20)
2 La fin du règne humain (04:21)

 

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