Note de la SoilChroniqueuse (Freya) : 9/10

A 17 ans, juste avant le premier tattoo, je faisais partie d’un groupe du genre à jouer dans les garages, devant les Salles des Fêtes des communes qui avaient fait l’erreur de nous programmer, à même le sol entre le gobelet de bière presque vide où des culs de joints et des mégots trouvaient les abysses de leur mort et une crotte de chien en train de changer d’état sous le soleil. Une bande d’ados boutonneux avec la peau aussi grasse que les cheveux, les jeans aussi serrés que les docs montantes trop chaudes pour un mois de juin, vibrant aux sons dissonants de la Fête de la Musique annuelle. Dans ce tableau où le flicard de service se cramponnait à son appareil de mesure des décibels interpelé par Roger, le clodo unique du bled, qui tenait absolument à effrayer la marée-chaussée avec ses “Bamboulééééé” et autres “Les Fliiics aux Chiooooottes”, mon p’tit groupe de punko-metallos hurlait et crachait des riffs sortis tout droit d’un hybride bâtard entre Satanic Surfer, Les Béru, Metallica et un certain Ludwig von… Tout ça pour arriver au constat, propre s’il en est, que Bronca fait revivre ces souvenirs de destins bafoués, de croûtes aux genoux et de cannes trop longues pour la qualité de la substance.

Pour les plus jeunes, ceux qui ont encore du lait derrière les oreilles malgré la rage rock ‘n’ gueule qui vient de naître dans les méandres de leurs organes à peine endommagés par les excès, Bronca est le digne héritier de toute cette saine déchéance au goût de bitume, d’huile de moteur de brèle et de fumée. Avec des titres peu originaux, mais efficaces dans le genre, ils se posent en postulants plus que sérieux pour tenir un flambeau qui ne doit pas s’éteindre. Trop de réverb’ à mon avis, mais tous les moyens sont bons pour se faire entendre après tout. Il est clair également que ce ne sont pas perdreaux de l’année, au moins ils ont les moyens de payer le loyer de leur local, eux ! Et pas de squatter le sous-sol de la maison de mamie, trop sourde à l’évidence, pour prendre bonne connaissance du préjudice, heureusement pour la créativité. En dehors de toutes ces considérations débordantes d’anecdotes, Bronca reste droit dans ses Vans, droit dans son style et je l’espère pour leur fantaisie, moins droit dans leur slip. Sans peur ni reproche, avec fougue et un cholestérol qui les guette sûrement autant que nous, le quatuor déchire sa race par sa simplicité marquante. Inutile de faire compliqué lorsque le sandwich est bon. Les ingrédients de qualité, y a que ça de vrai ! Ça se voit que j’ai la dalle ou pas ? Même si c’est pas le premier plug que tu aurais choisis, hésite pas et apprécie la jouissance de ce premier album sans concession, sans permission de frapper. Franchement les gars, si vous proposez ce niveau de qualité au départ la suite ne peut être que grandiose ! Lâchez rien, donnez tout.

Tracklist :

1. Broken Nose (3:50)
2. Like a Rooster (3:30)
3. Living in a Lie (4:14)
4. My Past (5:22)
5. Warthog (3:09)
6. Our Times (4:39)
7. Something (2:26)
8. The Tide (4:04)
9. Veins (3:52)
10. The Gathering (4:58)

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