Paradise Lost -The Plague Within

Paradise Lost -The Plague Within

Note de la SoilChroniqueuse (Bloodybarbie) : 8.5/10

Parmi les groupes hyperactifs, Paradise Lost est en pole position avec ses 25 ans de carrière et sa volonté de ne jamais faire patienter ses fans (pas comme les salauds de Wintersun…). De plus, comme ils produisent des albums allant du bon à l’excellent, autant dire que ces Anglais-là n’ont jamais connu l’échec.

Ils ont commencé par faire un album par an puis, plus ils vieillissaient, plus l’écart entre deux albums augmentait, jusqu’à atteindre trois ans (les trois derniers albums). Mais notre patience a toujours fini par payer, et « déception », tout comme pour Katatonia, est un mot qu’on ne prononce jamais quand il s’agit de Paradise Lost. Certes, vous me direz que ce n’est pas vraiment le même style, même si tous les deux partagent l’univers du Doom, mais l’effet que produit leur musique est selon moi identique.

Pourquoi ? J’ai fini par le comprendre après toutes ces années de passion pour ces deux groupes (et d’autres) : ils savent titiller les points sensibles de l’âme humaine (je ne vais pas m’aventurer dans les considérations métaphysiques bouddhistes ou autres) et aller à l’épicentre de nos émotions les plus profondes, les plus ancrées en nous, pour enfin créer une tornade emportant tout sur son passage. C’est la sublime beauté de la synergie entre musique et âme, car tout est lié ! Je vais m’abstenir de spéculer là-dessus, autrement cette chronique se transformera en dissertation philosophique, même si elle pourrait servir à ceux qui passent bientôt le bac.

Le voilà donc ce 14ème album en 30 ans de carrière, “The Plague Within”, avec un artwork  aussi complexe et intriguant que toute la galerie d’art habituelle de Paradise Lost. Bien que le mot “Plague” apparaisse dans l’intitulé de l’album, les Anglais ne parlent pas de cette peste-là, qui fit ravage en Angleterre en 1665. Ils évoquent une peste bien pire que cela, la peste mentale qui, elle, est d’actualité et achève à petit feu beaucoup d’entre nous dans cette époque du vice et du mal où la soif du pouvoir et de l’argent domine. Elle est représentée par cette couverture d’album, claire par sa couleur, morose et glauque par son dessin, une sorte de portrait à deux têtes qui laissera vagabonder votre imagination ! On y décèle un clin d’œil à Arcimboldo (peintre italien), dans sa façon de peindre des portraits, bien que plus colorés je vous l’accorde, en mode nature morte.

Assez parlé, il est temps d’écouter sagement. Je clique sur play : roulement de tambours…

C’est partie pour une bonne heure de gracieuse mélancolie. Il est conseillé de ne pas être de bonne humeur pour mieux apprécier ce CD. Neurasthénie de préférence !

Dites-donc, quelque chose a changé, pourtant le line-up n’a pas bougé ! Et ça saute aux oreilles dès le premier titre “No Hope In Sight” : le retour au growls après 23 ans d’abstinence (dans Paradise Lost en tout cas), puisque Nick Holmes est aussi growler chez Bloodbath ! Mon cœur bat fort !

“Terminal” est, quant à lui, à tendance Death mélodique mêlé à du Doom par moment. “An Eternity Of Lies” débute tranquillement avec ses belles orchestrations pour dévoiler du Doom lugubre et ténébreux, classique, comme a toujours su le faire Paradise Lost en toute beauté. Nick alterne chant clair et growls et s’ajoute à cela une douce présence féminine, faisant partie des chœurs lors des refrains. Les guitares exposent une large panoplie de tons et de sons avec un jeu très varié. Exquis !
L’énervé et colérique “Punishment Through The Time” vient casser cette atmosphère lourde et triste instaurée par les précédents morceaux. En effet, il est plutôt orienté Stoner, avec un petit clin d’oreille à Crowbar, allant jusqu’à approcher le Thrash à la façon Metallica par ce chant rageur lors de certains couplets. Quand on déborde d’imagination, on peut sortir plusieurs influences !

“Beneath Broken Earth” est orienté Doom/Death à l’état pur du fait de cette ambiance sombre établie par des guitares tristes et ce chant Death. Joué dans le lento, il bat le record du morceau le plus lent ! Une pure merveille qui calmera vos ardeurs !
Son alter-égo, “Sacrifice The Flame” descend d’un fort accent Doom avec un chant clair parsemé de growls de temps en temps. S’y ajoute à tout cela, à la différence du précédent, quelques orchestrations et des violons qui sont davantage mis en valeur lors d’un pont. La basse y est plus imposante et a le droit à son propre pont. Vous retrouverez dans ces deux titres l’esprit Paradise Lost classique !

Vous avez commandé du Black Métal à Paradise Lost ? Très bien, vous êtes servis avec ce “Flesh From Bone”. Je vous laisser y goûter et le savourer sans vous spoiler (même si j’ai commencé) ! La surprise de l’album.

Qui a commandé du Death aux grooves Rock’N’Roll ? Eh bien vous êtes servis avec ce “Cry Out” ! Ça c’est le plat du jour !

Oh non, c’est bientôt la fin de l’album, dix morceaux seulement ! Ce n’est pas suffisant. Et on finit par une autre belle surprise : “Return To The Sun”, avec sa longue intro intrigante et ce gospel qui crie à l’Amen, on dirait que l’histoire se déroule dans une église. On retrouve enfin ce côté dark gothique de Paradise Lost avec des moments de growls !

Vous l’avez compris, “The Plague Within” est un mélange de toutes les périodes de Paradise Lost en un seul album, avec ce brin de fraicheur qu’apporte ce patchwork de différent styles : un brin de Thrash, Stoner, Doom, Death, Black et une trace de Dark Gothique… Le tout combiné efficacement pour en faire une splendide œuvre à ranger à côté du reste de la collection. Nick Holmes nous déballe les dix nuances de sa voix allant du chant le plus clair jusqu’au plus sombre et guttural, en passant par le gothique et en effleurant le Thrash au passage… ça, c’est un excellent vocaliste, un vocaliste qui peut tout faire de sa voix !

Paradise lost a fait preuve, dans cet opus, d’une approche différente, ce qui ravira sans aucun doute tout fan !
Pour apprécier plus en profondeur cet album et pénétrer dans ses subtilités, je vous conseille de multiplier les écoutes. Un beau cadeau à offrir à tout dépressif (vu la masse qu’il y a dans cette société), ou pas d’ailleurs (je suis un bon exemple) !

Mon top 3 de l’album: “Terminal”, “No Hope Insight”, “An Eternity Of Lies”, “Cry Out”, “Flesh Of Bone”, « Punishment Through Time », « Beneath Broken Earth », « Sacrifice the Flame », « Victim of the Past », « Return to the Sun ».

Zut ça en fait 10, je ne sais plus compter. Mais quand on aime on ne compte pas (ou on ne sait plus compter). Si “The Plague Within” est différent et donc difficilement comparable aux autres albums, je le préfère tout de même à son prédécesseur “Tragic Idol” et je le rangerais soigneusement dans mon top 3 de Paradise Lost, aux côtés de “Draconian Times” (1995) et “Faith Devide Us, Death Unites Us” (2009).

Artwork fait par l’illustrateur et artiste polonais Zbigniew M. Bielak, qui préfère le manuel à l’informatique. Il est connu pour avoir fait les artworks de Watain, Ghost ou Entombed A.D.

L’album a été produit par Jaime Gomez Arellano (Ghost, Ulver, Cathedral) aux Orgone Studios à Londres.

Ne ratez pas les concerts de Paradise Lost en France aux dates et villes suivantes :
-Strasbourg (La Laiterie) le 10/11/2015
-Paris (Le Trabendo) le 09/11/2015

https://youtu.be/55XlIPzY5q0

Tracklist :

1. No Hope in Sight
2. Terminal
3. An Eternity of Lies
4. Punishment Through Time
5. Beneath Broken Earth
6. Sacrifice the Flame
7. Victim of the Past
8. Flesh from Bone
9. Cry Out
10. Return to the Sun

Facebookhttps://www.facebook.com/paradiselostofficial
Site officiel http://www.paradiselost.co.uk/

Catacombs – In The Depths Of R’lyeh

Catacombs – In The Depths Of R’lyeh

Note du Soilchroniqueur (Arno) : 9/10

Lorsque l’on grimpe à de tels sommets de noirceur, je ne connais aucun style qui puisse rivaliser avec le Funeral Doom. Bâti sur les cendres de Hierophant, le One Man Band Catacombs nous propose avec In The Depths Of R’lyeh une immersion dans l’univers cauchemardesque de H.P. Lovecraft et le résultat est tout bonnement terrifiant : l’auditeur est bloqué pendant plus d’une heure dans l’Abîme du Temps.

Lenteur mortuaire, riffs pachydermiques, échos vertigineux, ambiances glaciales des Montagnes Hallucinées, vocaux sub-terrestres, tout est fait pour générer le maximum d’angoisse et créer un climat d’écoute qui soit le plus malsain possible. Comment un seul homme a-t-il pu engendrer un tel monstre ? Seule l’inspiration des Grands Anciens pourrait expliquer ce déversement de folie rampante.

Un album ahurissant, irrespirable, l’incarnation musicale d’une horreur absolue, quasi métaphysique.

Tracklist :

1 : In The Depths Of R’lyeh
2 : Dead Dripping City
3 : At The Edge Of The Abyss
4 : Where No Light Hath Shone… (But For That Of The Moon)
5 : Fallen Into Shadow
6 : Awakening Of The World’s Doom

Rorcal, Mudbath – Avignon [15.10.14]

Rorcal, Mudbath – Avignon [15.10.14]

 

La fête de la musique mis à part, mon dernier concert de l’année (scolaire) 2013-2014 s’était déroulé au Théâtre des Italiens. Il était donc naturel que mon premier concert, pour cette rentrée, soit dans cette même salle. D’autant plus que Mudbath revient faire bourdonner nos oreilles et que, cette fois, le groupe est accompagné des violents Rorcal, tout droit venus de Suisse pour entamer leur tournée.

Il est un peu plus de 21h lorsque, juste après une intro bien dans le ton, les premiers riffs s’échappent des baffles. Riffs, ou plutôt larsens. Car qui a déjà entendu nos Avignonnais connaît leur amour pour les sons lourds et gras. Ce genre de morceaux qui s’étale et prend son temps pour se déployer, qui envahit la salle comme s’il était solide, palpable, tant la tension qu’il installe est dense. Aujourd’hui, aucun titre n’est issu de leur EP, The Red Desert Orgy, le groupe est totalement tourné vers l’avenir et leur album, à paraître d’ici quelques mois. Un futur où le Sludge épais se fond de plus en plus à un Drone oppressant et à des accélérations prenantes, jouant sur les deux extrêmes, sans compromis.
Cette prestation, toujours aussi inspirée par des musiciens vivant leur musique, est mise en valeur par des lumières oscillant entre des rouges lugubres et des stroboscopes violents (épileptiques, passez votre chemin). Quelques orangés et éclaircies viennent apporter un entre-deux, sans pour autant alléger l’ambiance pesante qui s’est installée. Simple, mais redoutable, surtout que ces lights sont liées à la musique – rouge avec le Drone, stroboscopes pour les accélérations –, sans pour autant passer en « mode automatique ».
Peut-être un peu trop vite, le dernier titre arrive et les lumières se rallument, laissant un instant le silence renvoyer les vibrations distordues.

Le temps que la tête d’affiche s’installe, on sort faire un tour, boire une petite bière et parler un peu. Et, en discutant, j’entends :
« Rorcal, c’est le groupe le plus violent que j’ai jamais vu. Le truc, c’est un mur. Du Black
– Du Black ? »

Oui, non, parce ce que j’en savais des Suisses, c’est qu’ils jouaient un Drone/Doom/Post-Hardcore Slugdy bien massif et écrasant. Mais pas du Black… En fait, l’histoire, c’est que les gars, d’un album à l’autre, aiment expérimenter de nouveaux chemins, aller de l’avant pour ne jamais s’enfermer. Et le dernier virage emprunté, c’est celui d’un Black Metal sans aucun compromis. Et effectivement, après une intro déjà pesante, le show démarre et la palme de la violence semble bien vouloir leur revenir. Extrême. C’est le mot. Extrême, chaotique et jusqu’au-boutiste. Pas un seul moment moment de répit nous est offert, hormis une courte pause a cappella où le chanteur maltraite ses cordes vocales et montre la folie de sa prestation. Les autres membres, eux, se laissent totalement posséder par leurs instruments, s’acharnant sur eux (l’un des guitaristes jouant même l’intégralité du set dos au public dans un équilibre qui semble précaire), dans une furie qui s’empare de toute la salle. Extrême, je vous dis.
Tout comme les lights. Vous voyez, celles que je décrivais pour Mudbath ? Bien, alors ce sont les mêmes, sauf qu’il faut ôter tout entre-deux. Ici, il n’y a plus que les rouges sombres et malsains, et les stroboscopes épileptiques. Rien d’autre. Pas de place pour la demi-mesure. Un bonheur pour l’ambiance, un cauchemar pour les photographes. Tant pis. On improvise, on tente quelque chose (ce que vous pouvez voir), et on passe le reste du temps à savourer le burinage de nos tympans jusqu’à la fin du set.

Mudbath nous aura mis l’eau à la bouche pour leur prochain album, de plus en plus pesant, suffocant et boueux. Rorcal, après un Elizabeth tout en fureur – toujours ici, au Théâtre des Italiens –, nous aura confirmé que la Suisse est le pays de la musique chaotique et violente, comme s’ils voulaient à tout prix effacer les clichés qui traînent depuis bien trop longtemps au sujet de leur pays.
Ils le font à grands coups de violence. Et ils le font bien.

Oruga – Oruga

Oruga – Oruga

Note du Soilchroniqueur (Lusaimoi) : 8/10

 

Vous vous êtes déjà reçu un pain dans la gueule ? Pas la gifle soudaine d’une jeune femme qui vous a surpris en train de lui reluquer le décolleté ou la jupe, non. Là, je parle du genre de pain foutu par un bon bûcheron de 120kg à la barbe hirsute qui mange un poulet entier au petit dèj’ – os compris – et qui vous dépasse de trois ou quatre têtes. Le truc qui vous arrive comme un coup de massue et qui vous refait à jamais le relief de votre visage. Vous voyez ?
Bah c’est un peu le truc que j’ai ressenti à l’écoute du premier EP éponyme d’Oruga.
Ce quintet cambrésien, formé en 2010, pratique un mélange entre Sludge, Stoner et Doom. Voilà. Pas besoin d’en savoir plus pour comprendre le coup de brique pris dans la face. L’annonce du mélange des genres a de quoi faire rêver les amateur de musique écrasante et crasseuse. Et c’est exactement ce à quoi on a droit avec cet EP initialement sorti en 2011 – EP de 39 minutes quand même.

Je ne sais pas si c’est le rude climat du Nord, mais aucun doute que les gaillards sont endurcis. Une intro grinçante renvoyant à une scène mythique d’Il Était une fois dans l’Ouest, et le premier riff vient nous labourer savamment les tympans à force de vibrations. Le genre de truc massif, lent, puissant et plombant, qui nous prend aux tripes pour nous les triturer un bon coup et qui nous donne envie de secouer la tête comme jamais. Pas frénétiquement, car on serait bien en dehors du rythme, mais intensément. Puis vient alors le chant, chant qui sent le whisky, à la fois hurlé et nonchalant, mixé en arrière plan pour mieux faire parler les guitares. La rythmique est lourde et appuyée, mais pas seulement. Elle sait aussi se montrer plus variée et décalée. Du coup, jusqu’au solo qui vient éclaircir la chose (et encore), les gars arrivent à nous tenir en haleine avec un seul riff sans jamais se montrer chiant. Mieux encore : celui-ci prend un peu plus d’ampleur à chaque fois qu’il est répété.
Ce premier coup de parpaing reflète ainsi parfaitement l’artwork de cet EP. Sombre et dévastateur.

À vrai dire, tout le CD est sur cette lancée implacable. La fin de « Kissing the Void », Doom au possible, avec toutes ces distorsions, ne me dément pas. Tout comme « Crimson Dawn » qui, lorsqu’on croit qu’on ne peut pas être plus plaqué au sol, arrive à nous enfoncer encore un peu plus avec des éléments à la limite du Drone. Pourtant Orgua n’arrive jamais à saturation. Déjà parce qu’il sait varier les plaisirs, tout en gardant la ligne de conduite lente et destructrice. Le début de ce même « Kissing the Void », déjà, se montre aussi Heavy que Julie Strain, tout en restant aussi gras que la caricature de l’Américain qui se foutrait des hamburgers en intraveineuse. « Like a Stine in the Water », toujours aussi traînant – avant une accélération qui ne gâche en rien l’impression première –, se montre presque psyché dans l’impression de vertige qu’il donne, et si la voix fait plus dans le Hard Rock, surtout lorsque les chœurs arrivent, on est très loin de la chanson FM qui plaît aux parents.
Certaines pauses, viennent aussi apporter un peu d’air frais. Certains soli, par exemple, loin de se montrer mélodiques, ce qui n’empêche pas les envolées. Mais c’est juste, comme nous le montre « My 9/11 » avec son passage calme au duo chant/rythmique, pour nous étaler la face contre le béton juste après. C’est un peu le même cas sur « Crimson Dawn », dont la fin se montre encore plus forte par contraste. Parfait pour terminer cet EP.
Enfin dans sa première édition, puisque suite à la signature chez Apathia, le CD est ressorti pour annoncer le premier album du groupe, Blackened Souls, qui sort ce mois-ci. Et cette nouvelle version comporte « Blitzkrieg Lady », morceau initialement sorti en 2010, dans la toute première démo du groupe. Un titre tout aussi mastoc, malgré une production (juste un peu) moins puissante, qui montre que les bases de la formation étaient déjà là, avec des trucs bien triquants, comme cette accélération qui arrive à la deuxième minute et qui précède un passage épais, enrichi par la seconde guitare.

Oruga affirme ne pas être révolutionnaire. Même sa bio le déclame. Il fait une musique sombre, puissante, brute, boueuse et écrasante, et le fait avec ses tripes. Les 39 minutes de cet EP transpirent cette impression. Les morceaux semblent ainsi naturels, sincères et sans aucune fausse complexité mal intégrée. Un EP qui ne peut peut-être pas être écouté en boucle, de par sa nature étouffante, même si on y revient souvent, mais qui vous laisse étourdi, des bourdonnements dans le cerveau encore longtemps après la fin de sa dernière piste.

 

Site Officiel : thisisoruga.blogspot.de
Facebook : www.facebook.com/Oruga666
Bandcamp : apathiarecords.bandcamp.com

Zatokrev – The bat, the wheel, and a long road to nowhere

Zatokrev – The bat, the wheel, and a long road to nowhere

Note du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 8,5/10

 

The torture never stops…

Zatokrev, quatuor bâlois tripotant dans une veine Doom/Sludge Post-hardcore, nous offre une nouvelle œuvre torturée à souhait, six longues années après leur dernière merveille « Bury the ashes »… et paradoxalement encore trop méconnu.
Gageons que leur récente signature chez Candlelight va changer la donne : si « Bury the ashes » était une merveille, que dire de ce « The bat, the wheel, and a long road to nowhere » ?
Maintenant dans le label de Emperor, Absu, Crowbar ou Orange Goblin et autre Corrosion Of conformity, on ne peut que leur espérer une meilleure promotion qui ne leur serait que justice.

Fondamentalement, cet album n’apporte rien d’innovant par rapport à leur claque précédente, mais tout en restant encore incroyablement avant-gardistes, il explorent malgré tout une veine à la fois plus fluide et torturée de leur musique, tout en variant quelque peu les plaisirs : pour les titres, ils ont mis de grands plats dans les très grands en les faisant osciller à nouveau dans des longueurs tournant autour des dix minutes pour six d’entre eux – sur neuf – et l’album est rempli ras la gueule, soit 75 minutes émotionnellement éprouvantes dans le bon sens du terme.
Après une première écoute, la crainte de redondances ou de s’ennuyer s’estompe : quel que soit le titre, impossible de trouver le temps long tellement les rythmiques lancinantes rendent l’œuvre hypnotique, y compris lors des cinq minutes répétitives en fin du dernier titre.

A l’instar des albums de Neurosis, groupe duquel on peut rapprocher la musique de Zatokrev, la recherche d’ambiances glauques et morbides refroidissent d’emblée l’ensemble et nous plonge dans des sensations aussi cauchemardesques que jouissives. Certains passages beaucoup plus calmes et ambiants accentuent ce ressenti, pour mieux nous achever par la suite : comme sur le final de « 9 », en enchaînant avec l’excellent « Rodeo with snakes ».

Intrinsèquement, on reste dans les tempi du doom, avec cette impression de se faire écraser vicieusement à chaque rythmique avec un plaisir non dissimulé de la part des quatre « true de Bâle »…
Si encore il n’y avait que la musique pour donner cette impression oppressante, mais la voix criarde et torturée, légèrement saturée de Frederyk Rotter a de quoi rendre jaloux certains vocalistes de Black Metal, et renforce encore ces impressions morbides et glauques, pour réussir à nous emmener dans nos derniers retranchements.
Sensations de malaise inside, cet album dont le nom est aussi long que les timings des morceaux, est définitivement déconseillé aux âmes sensibles et dépressives : pendant 75 minutes, ça ne sera pas la franche rigolade, et pourrait bien filer le bourdon jusqu’aux amateurs de l’humour Tankardien ou rendre impuissant les plus gros queutards se réclamant de Steel Panther.

Oui, Zatokrev évolue dans son univers ultra violent et prouve une fois de plus que leur mélange de souffrance, d’agressivité et de lancinance n’a aucunement besoin de blasts tous azimuts pour achever son auditorat sous des riffs plombés et ultra heavy… à l’exception d’un « Feel the fire part II » qui débute comme un morceau de Skin Chamber, explore l’univers Thrash et se termine dans une furie très intense et typiquement … Black metal avant que le son ne se coupe en plein milieu d’un riff !
Bref, un album intense, pachydermique, lancinant, passionnant !

Avec « Bury the ashes », les quatre Suisses de Zatokrev devenaient mes chouchous et le catalogue 2012 ne fait que confirmer cette certitude.

Du grand art !

 

Site officiel : www.zatokrev.com/
Myspace : www.myspace.com/zatokrev
Facebook : www.facebook.com/pages/ZATOKREV/203368676361866