Pour une fois, les Français ne pouvaient pas se plaindre d’être mal desservis par une tournée. Lors de leur traversée en France, Enslaved et Negura Bunget se sont arrêtés à trois reprises : Lille, Limoges et enfin Paris.
Les Parisiens étaient même encore plus chanceux que leurs compères puisque dans leur ville venaient s’ajouter à l’affiche les Norvégiens de Vulture Industries.
Apparemment, ces Parisiens étaient conscients de leur chance puisque le Nouveau Casino affichait complet en ce soir du 25 Avril 2011, aux grands regrets de certains.
Le déplacement en valait-il donc la peine ?
Houlà, oui ! 

L’interview avec Negru de Negura Bunget m’ayant fait louper le début du concert, j’entre dans un Nouveau Casino déjà rempli et bien chauffé par Vulture Industries qui joue l’excellent The Bolted Door, issu de leur dernier album The Malefactor’s Bloody Register. S’il m’avait semblé, lors de leur dernier passage (avec Taake), que le public avait été peu réceptif, ici j’ai eu le plaisir de voir que beaucoup ont été convaincu par la prestation des vautours en bretelles noires et chemises blanches. Les applaudissements ne se font pas désirés à la fin du morceau et le groupe reçoit avec un plaisir non-dissimulé l’enthousiasme de cette salle remplie. Bjornar, au chant, annonce déjà le dernier morceau A Path Of Infamy, tiré de leur premier album, qu’ils exécutent toujours avec cette petite scénette théâtrale entre un des guitaristes et le chanteur. Après un salut général effectué avec de grands sourires sincères et des « vive la France », le groupe remballe ses affaires sous des applaudissements amplement mérités.

Puis, les instruments étranges envahissent petit à petit la scène, signalant la venue prochaine des roumains de Negura Bunget. Leur dernier passage à Paris s’était fait en 2008 au Klub, suite au refus par la salle prévue initialement de les faire jouer. Le groupe, avec son line-up initial, avait donc sorti tout son attirail dans une salle de 30m² à tout casser et c’était magique !
Depuis la séparation du line-up original, Negura Bunget avait sorti un album, Vîrstele Pămîntului, qui m’avait tout à fait satisfait, même s’il ne m’avait pas autant touché que son prédécesseur Om. J’avais donc réellement envie de voir comment le groupe s’en sortirait en live, privé de l’hypnotisant chanteur/guitariste/instumentbizarre-iste : Hupogrammos.
Devant un Nouveau Casino blindé et bouillant, le groupe brandit ses énormes trompettes (l’inculte que je suis ne connais pas le nom de cet instrument) et entame son set avec Țara de Dincolo de Negură. Dès ce premier morceau, certaines faiblesses se font ressentir. La guitare lead me semble manquer de précision et le son des « trompettes » n’est pas juste, cela donnant un aspect général un peu brouillon. La faute au son ou au musicien ? Je n’en sais rien, mais quelques minutes plus tard, ces deux points ne m’empêchent pas d’entrer dans l’ambiance particulière de la musique du groupe. Le medley qui s’en suit, Pămînt / Cunoașterea Tăcută, fait ressortir une autre déception, la voix d’Ageru ne me convainc pas, et cela est encore plus flagrant sur les morceaux issus de l’album Om. Bien que ce dernier excelle à la multitude d’instruments qu’il manipule, le chant reste faible et quelconque, notamment sur les passages en chant clair/crié. Enfin, étant placé à l’arrière de la scène, il lui est difficile de faire ressentir un peu de charisme, là où Hupogrammos était (et est toujours au sein de Dordeduh) impressionnant.
Mais passons cette comparaison avec l’ancien line-up… Le groupe exécute ensuite le morceau instrumental Norilor, le tout nouveau La Marginea Lumii et surtout l’énormissime Hora Soralelui pour mon plus grand plaisir. L’ambiance prend et se renforce au fur et à mesure que les minutes passent, puis vient le moment du dernier morceau, Dacia Hiperboreană, avec son intro planante. Encore une fois, le public ovationne le groupe qui plie ses (nombreuses) affaires pour laisser place à la tête d’affiche.
De mon côté, je ne peux m’empêcher d’être un peu déçu tout en étant satisfait. Le show était très bon, les morceaux sont excellents et magiques, mais tout de même… Il manque un vrai chanteur qui puisse emmener avec lui les auditeurs et reprendre correctement, si ce n’est mieux, les parties faites par ses prédécesseurs. Il en reste que Negura Bunget a apporté 45 minutes de magie lors de cette soirée, ne faisons pas les difficiles !

Enfin l’heure des géants norvégiens ! Enslaved, à travers ses 20 ans d’existence (et oui !), a su fournir au Metal un bon nombre d’albums d’une grande qualité et faire de sa discographie un monument en constante évolution tout en restant fidèle à l’esprit qui l’anime depuis ses débuts. Comme si cela ne suffisait pas à faire d’eux un grand groupe, leurs concerts sont aussi bons que leurs galettes ! C’était, je crois, la cinquième fois que je voyais Enslaved ce soir là, je n’avais jamais été déçu jusqu’à présent, et je ne le suis toujours pas aujourd’hui !
Le groupe était en grande forme ce soir là comme en témoignent les interventions de Grutle, empreintes d’un humour à la Akerfeldt en plus succins. Le ton emprunté et les blagues de Grutle laissent à penser que des bouteilles ont dû précéder leur venue sur scène, et c’est tant mieux.
Sans grande surprise, le set s’ouvre sur les deux premiers morceaux de leur dernier album. Les « talents » de l’ingé son permettront au public de se faire péter les tympans par la voix de Grutle pendant une demi-seconde avant de pouvoir avoir un volume de chant correct. Les problèmes de son viendront d’ailleurs également perturber Isdal, guitariste, plus tard dans le set, sans que cela n’affecte la bonne humeur du groupe. Enslaved joue ses classiques, certes la surprise n’est pas vraiment au rendez-vous, mais la baffe, elle, est bien là ! Fusion of Sense and Earth, Ground, Return To Yggdrasil, Giants, Lightning, Isa, RUUN en rappel, les quatre derniers albums sont à l’honneur. Un petit retour sur les vieux albums permettra d’assister au très, très, très vieux Allfáðr Oðinn, afin de satisfaire également les fans de la première heure.
Durant tout le set, la précision du groupe, même si on n’en doutait pas, est bluffante. Les morceaux s’enchainent les uns après les autres avec simplicité et efficacité.
Enslaved, c’est un groupe de professionnels passionnés. Le résultat ? Un show parfait (si on enlève les petits merdes de son) qui emporte avec lui un Nouveau Casino complet dans une transe totale !

Encore un excellent concert au Nouveau Casino. Décidément, cette salle est un porte-bonheur ! Les trois groupes ont convaincu et semblent avoir pris leur pied sur scène. Le concert étant sold-out, j’imagine que les organisateur ont eux aussi pris leur pied. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes alors ? Pour ceux qui étaient là, oui je pense. Pour ceux qui ont loupé cette date de dingue… Dommage !

Report : Mr Olc, Photos : juliA photosynthese.

(Galerie photos bientôt en ligne !)

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