Photos + Report : Musta

J’ai assisté à un plateau aux petits oignons samedi dernier à Stockholm : trois projets musicaux issus de la culture gothique tout en étant bien différents. En effet, la tête d’affiche du soir, Emmon, est un projet solo type house mais avec une vibe clairement goth. Night In Athens est également un one woman band mais sûrement l’artiste avec l’approche la plus sombre et loufoque de la soirée (on y reviendra) et pour finir, le duo Montpelliérain, Denuit, que l’on ne présente plus.
En effet, vous avez forcément entendu parler d’eux si vous êtes un fidèle lecteur de notre webzine. Interview, live reports, photos, chroniques, on a tout fait avec Denuit (j’arrête mes âneries). Je me rends pour la première fois à la salle voisine au Debaser Strand à savoir, Debaser Nova / Klubb DÖD, largement plus sympa, plus intime et parfaitement adapté pour les artistes de la soirée. Quelques métalleux sont là, on peut apercevoir un t-shirt Absu ou Mayhem ici et là, toutefois, ce sont les gothiques Stockholmois qui ont massivement répondu présent ce samedi !
On sait qu’on est en concert goth quand on voit plus d’hommes maquillés que les femmes, des cheveux crêpés style années 80 à la Siouxie / Patricia Morrison. Mais surtout, on ne peut que noter la classe abyssale des goths de Stockholm ! Quelle élégance, quel flow, j’ai passé ma soirée à regarder tout ce beau monde pendant les entractes. Sur ce, passons aux choses sérieuses, à savoir, les concerts !
Tête en l’air un jour ? Tête en l’air toujours ! Et, je l’ai payé cher ! J’ai malheureusement oublié ma carte mémoire sur mon lit, j’ai donc dû retourner chez moi afin de vous proposer de jolies clichés ! Mais, cela m’a valu de rater la moitié du set des Français Denuit.

J’arrive aux alentours de 20 heures 20 lorsque Lis et Ivy jouent « Fears » si je ne me trompe pas, issus de leur précédent opus « Rituals« . Le couple n’a pas changé son décor scénique : le néon arborant leur logo, tenues relativement similaires à ce que j’ai déjà vu et prestation scénique toujours identique. Cela dit, identique ne signifie pas que c’était nul bien au contraire ! Nos compatriotes nous ont proposé un concert d’une qualité remarquable, dansant et festif comme ils savent très bien le faire. Le moment le plus fort fut lorsque Lis proposa à Emmon, la tête d’affiche de venir sur scène pour jouer le titre « Nocturnal Vision ». Les artistes ont collaboré dans le nouvel album « LOVE Violence« , vous pouvez d’ailleurs lire ma chronique si vous le souhaitez. Lis et Emma (de son vrai nom) ont mis une belle ambiance sur scène en jouant avec des lampes torches.

Le featuring était excellent, je trouve que les voix de Lis et Emma se complètent si bien. Le duo reprend les manettes seuls et nous livrent une belle version de leur chanson « Cendre » sur scène. Il s’agit d’un des meilleurs titres de leur nouvel album.
Ils finissent leur set en nous jouant une nouvelle musique, jouée pour la première fois sur scène. Je suis moins fan, le rendu est trop « electro » et s’éloigne de leur style initial selon moi. Un super concert même si je reste sur ma faim… Je n’aurai pas droit à « Tears Fall », etc…
La qualité du son était excellente j’ai vraiment adoré les revoir pour la troisième fois mais cette fois-ci, en Scandinavie. Leur spectacle semble avoir largement plu à l’audience qui a applaudi massivement et réclamé que le groupe joue un autre morceau ! Bravo à eux !

Night In Athens démarre son set environ une demi-heure après la fin du concert de Denuit. On a une orga au poil ce soir ! J’avoue ne pas connaître et n’avoir jamais écouté ce projet avant le concert. Je voulais découvrir sur scène, et quelle découverte ! J’ai tant à écrire concernant NIA que j’ignore par où commencer. Il s’agit comme mentionné en introduction d’un projet comprenant une femme. Tina (il me semble), arrive avec le décor le plus spectaculaire de la soirée : rétroprojecteur défilant des images sombres et angoissantes (têtes de mort et j’en passe), sa table pour jouer sa musique avec une couverture servant de nappe aux motifs léopard et je suis déjà conquise. Mention spéciale au jeu de lumières splendide.

Cette artiste nous a livré une prestation scénique sombre, torturée, particulière mais captivante et spectaculaire. On peut sentir par moment que la musicienne est presque en état de transe, semble dans un état second. C’est à se demander si elle n’a pas consommé une substance psychédélique (on ne recommande pas de faire cela bien entendu) ! Night In Athens a un décor très tape à l’œil certes, mais sophistiqué, élégant et beau. Cela colle à cent pour cent avec sa musique, l’aura qu’elle dégage et l’atmosphère est lourde. Je recommande vivement l’écoute pour les fans de Björk, Chelsea Wolfe, Fever Ray, Dead Can Dance et j’en passe.
J’ai été conquise dès le départ, le set était d’une durée parfaite, pas trop court ni trop long.
Contrairement à Denuit, je ne reste pas sur ma faim cette fois. Un grand bravo à Tina pour cette prestation aux petits oignons. Le public semblait aussi convaincu que moi au vu des tonnerres d’applaudissements à la fin de son concert.

Venons en à la star du soir, c’est-à-dire Emmon, dont le nouvel album « Icon » est sorti 24 heures avant son spectacle dans sa maison mère Stockholm. Elle démarre d’ailleurs avec le premier titre de son album, à savoir « Neon Brown » pour nous plonger de suite dans une ambiance electro / house au Debaser Nova. Emmon, de son vrai nom Emma Nylén, arrive sur scène avec une tenue chic, toute noire vêtue, une belle veste et un pantalon en cuir. Je découvre une femme androgyne d’une grande classe qui dégage une féminité (oui c’est bizarre vu que je parle d’androgynie avant) et surtout, un sourire RAVAGEUR ! J’ai rarement vu une artiste sourire autant sur scène. Elle est lumineuse, solaire, cela nous prend de suite aux tripes. Si vous mixez Patricia Morrison (ex-Sisters of Mercy), Lisbeth Salander (« Millénium« ) et Rebeka Warrior, vous obtenez Emma Nylén. Elle a une telle prestance que le rétroprojecteur diffusant des images un peu comme pour NIA n’était à mes yeux pas nécessaire pour Emmon.

Effectivement, son charisme et sa prestation suffisent à eux-mêmes à mon humble avis. Le jeu de lumière est excellent du début à la fin. Pas de fumée ce soir, et je préfère qu’il n’y en ait pas pour ma part. De belles lumières bien travaillées font largement l’affaire en règle générale. L’essentiel du set est dédié à « Icon« , soit sept chansons sur onze, je félicite grandement Emmon pour ce choix plein de bon sens. J’apprécie de voir de plus en plus de musiciens avoir des set list dédiées à leur nouveau disque. J’en profite pour vous inviter à écouter « Icon » qui est dans mon top des albums de l’année.
J’exagère à peine si je dis que c’est un de mes concerts préférés de l’année avec Godflesh.

Emmon est d’une lourdeur difficilement atteignable en live. J’ai vécu des moments si forts que j’ai peur d’en oublier dans ce report. Le plus marquant : Emma a invité son ami Emanuel Åström jouant dans l’excellent groupe de post-punk Agent Side Grinder (dont je vous recommande vivement l’écoute) pour jouer ensemble « Pure Bloods« . Les deux ont collaboré sur ce morceau dans « Recon« , l’opus précédent d’Emmon. La complicité entre les deux est d’une rareté et d’une beauté inégalable. L’émotion était très forte pour Emanuel qui était au bord des larmes à la fin de leur chanson. J’ai rarement un artiste de surcroît masculin aussi ému lors d’un concert. Autre moment absolument grandiose : l’avant dernière chanson de la set, à savoir « Speak To Me », que j’attendais avec impatience. Debaser Nova s’est transformée en boîte de nuit, j’étais tellement à fond. Emmon était en osmose avec son public et a même posé sa main sur ma tête (elle a vu que j’étais aussi à fond qu’elle). Voilà la définition même du concert parfait !

La musique d’Emmon se savoure surtout en live, donc, n’hésitez pas à lui donner de la force si elle passe près de chez vous même si vous n’êtes pas fan en studio. Comme on dit en suédois, Grattis Emmon !
Setlist : Neon Brown, Hard Drive, Dark, Decisions, Shades of Blue, Pure Bloods, Relics, No Mans Land, Like A Drum, Speak To Me, Machines.

J’ai passé une excellente soirée, les trois groupes ont tous été très bons et je me dois de les féliciter. J’adore ce genre d’affiche cohérente mais diversifiée en même temps. Un grand bravo au public d’être aussi respectueux, que les metalleux en prennent de la graine ! Enfin et surtout, je remercie du fond du cœur Emma Nylén aka Emmon de nous avoir invité et fait confiance pour couvrir ce superbe événement.

Tusen tack ! Vi ses snart min vän !