Dark Medieval Fest 2025

Le 28 mai 2025 posté par Metalfreak

Photographe : Cassie di Carmilla
Reporter : Quantum
Gardes-vestes et courageux conjoint(e)s : Anne-Lise et Jérémy

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Quel bonheur pour moi de reprendre enfin la route du Beaujolais ! Décidément, je ne pensais pas que revenir à Lamure-sur-Azergues me procurerait autant de joie. Il faut dire que l’édition précédente, je l’avais ratée pour des raisons personnelles mais surtout impérieuses. Même si l’affiche de l’an dernier m’avait finalement laissé un peu moins de regret mais une légère surprise (qui aurait cru voir les camarades grenoblois de Hellixxir, évoluant sur du thrash metal, sur une affiche… Pagan ?), je considère aujourd’hui le Dark Medieval Fest comme une sorte de sacerdoce pour moi dans les évènements de la région. D’abord par sa dimension humaine en termes de taille. Ensuite pour la beauté des lieux (franchement, le Beaujolais c’est magnifique). Enfin, parce que mine de rien, ce festival restera à jamais celui qui aura donné la chance à ma formation de se produire en festival pour la première fois, en 2019. Je me sens donc redevable et ma redevabilité grandit au fil des années. Je me dis qu’en fait, au travers de l’évènement conduit d’une main de maître par Nathaniel Reynaud, il en va de la survie de notre scène. Qui ose prétendre aujourd’hui que le metal survivra à tout sans ces festivals à taille humaine, qui mettent la part belle à des formations discrètes mais pour certaines, ambitieuses ? Pourrions-nous nous contenter justement des mastodontes du milieu ? Alors, on ne le répètera jamais assez, mais il faut absolument rendre honneur à ces évènements plus modestes, qui ne demandent qu’à exister. Je reconnais, et là était mon grand tort, que j’étais inquiet pour cette édition. Les préventes stagnaient, j’avais peur de voir brandir le spectre désormais connu de la fin des jeux pour le Dark Medieval Fest. L’année dernière, l’arrivée d’un mystérieux mécène avait manifestement sauvé le festival. Une année encore, 2022, c’était une cagnotte en ligne qui l’avait extirpé de la merde financière qui planait au-dessus de sa tête telle une envolée de pigeons diarrhéiques. Il semblerait à présent que cette édition 2025, qui me rendait anxieux, a remporté une belle victoire : celle de la confirmation tant attendue. Et même si à l’heure où j’écris ces lignes, on ne connait toujours pas la température finale de la situation financière, il semblerait au regard des échos que j’en ai eu, que cette année a été une belle réussite !

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Un petit rappel s’impose pour ceux et celles qui découvrent l’existence de ce festival : le Dark Medieval Fest est un évènement metal qui prend ses racines historiques dans le Beaujolais, et plus particulièrement dans la vallée de l’Azergues. Première édition effectuée à Ternand, deuxième à Bron pour des raisons organisationnelles, et une nouvelle délocalisation, celle-ci manifestement fructueuse, à Lamure-sur-Azergues, dans un cadre magnifique, au milieu des collines du Beaujolais et des champs, dans une petite bourgade bucolique. D’ailleurs, nous y avons dormi pour la première fois avec ma collègue et meilleure amie photographe Cassie di Carmilla, et nos conjoint(e)s respectifs pour qui c’était le dépucelage officiel ! Et il serait peu exagéré de dire que la qualité de vie dans les alentours nous a littéralement conquis, au point d’envisager d’y revenir plus longtemps une prochaine fois pour profiter des paysages. Festival en plus particulièrement raccord dans une certaine mesure avec l’ambiance locale, puisqu’il s’agit d’un festival qui évolue sur une thématique principalement paganique, avec des groupes de black metal ou de metal folklorique, voire de metal paganique. Cette année proposait par ailleurs une affiche, à mon sens, beaucoup plus raccord avec la thématique principale, en faisant venir deux pionniers incontestables du metal paganique français : Himinbjorg et Nydvind. Rien que cela ! Pour le reste, il en était de la continuité affichée et assumée dans l’ombre par son patron, Nathaniel Reynaud, qui fait revenir les amis et… Les amis. Encore que l’amitié soit une notion qui me laisse un peu perplexe dans le metal parfois. Bref ! Nous en reparlerons mais cette constance m’amènera à formuler une légère réserve sur l’affiche de cette année, sans chercher à nuire ni à être méchant. Après tout, nul n’est prophète en son pays.

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Vous sentez venir la critique ? Attaquons tout de suite. Ce que je trouve dommage avec le Dark Medieval Fest, c’est que depuis au moins 2022, on se demande quelque fois si l’on est dans le Beaujolais – pour référencer une grande ville équivalente, Lyon – ou… A Nantes / Tours ! Je m’explique : depuis 2022, on a le même protagoniste qui se mue un peu en un antagoniste malgré lui car le bien nommé Nicolas Foucault, musicien aux multiples groupes sur la région nantaise, dont je suis le parcours avec une attention certaine puisqu’il se situe sur des formations que j’adore (FT-17, Vosegus, Infinityum), d’autres que j’aime un peu moins (Trollheart), est tous les ans sur le festival. Alors, je le dis et répète, je n’ai rien contre lui. Mais je trouve qu’à travers son exemple, le fait de choisir ses groupes en fonction de « l’amitié » que l’on se porte au détriment de la sécurité pour son festival, est une prise de risque importante qu’il convient de ne pas négliger. Donc, après avoir été des anciennes parties précédentes avec dans l’ordre Infinityum, Trollheart, Vosegus, le revoilà cette année donc avec Vils Gueux et plus tard (même masqué, on t’a reconnu camarade !) Circles ov Hell. Ouvrir son festival rhônalpin avec un groupe… Nantais, et donc reléguer au banc certaines formations lyonnaises ou de la région proche, je trouve cela dommage et un peu trop risqué. D’ailleurs, certaines personnes autour de moi s’en plaignaient un peu. Mais bon… Vous demanderez au Ar Vran Festival s’il lui viendrait l’idée de ne pas mettre à l’honneur les groupes bretons pour ouvrir son festival… On notera par ailleurs que Vils Gueux a fait sa « release party » loin de ses bases nantaises, ce qui se fait peu au final, car oui ! C’était le premier concert de ce nouveau et énième projet du prolifique Nicolas Foucault, qui n’en demeure pas moins un musicien que j’apprécie malgré mes critiques précédentes. Les musiciens de Vils Gueux sont par ailleurs eux aussi les mêmes trognes que l’on voit tout le temps depuis 2022, avec un des membres de Toter Fisch (2023)à la basse, Damien à la guitare que l’on voit dans quasiment tous les groupes nantais passés au festival, et donc Nicolas au chant. C’est un peu lassant et cela a honnêtement un peu trop influencé mon opinion sur le groupe qui a sorti son premier album cette année, nommé éponymement. La formation propose par ailleurs une musique black metal finalement assez basique, sur quelques petites accentuations mélodico-foklorique sur le riffing général qui permettent de donner au black metal une coloration un peu festive, sinon dérisoire, avec des costumes médiévaux eux aussi assez simples, mais avec toutefois une thématique conceptuelle intéressante : celle des pans de l’histoire de France, voire européenne, que l’on qualifierait peut-être un peu trop facilement de « scandaleux » ou « ridicules ». De ce que je comprends à ce moment précis de la prestation, on a des références à la famille Borgia, les lépreux, etc. Intrinsèquement, je ressentais au fond de moi l’envie plus tard de développer davantage ce nouveau projet, parce que ce genre de thèmes, je les trouve toujours intéressants et cela pique très souvent ma curiosité naturelle. D’ailleurs, je l’ai fait, puisque j’ai découvert que les textes étaient écrits en vieux français. Donc, assurément, le concept me sied beaucoup ! Mais sur la prestation en elle-même, je ne serai pas trop sévère en expliquant qu’elle se résume à un tout premier concert. Un peu brouillonne, maladroite, se prenant visiblement un peu les pieds dans le tapis comme on dit, on sent que les musiciens ne sont pas hyper à l’aise sur scène, concentrés et un peu trop statiques, derrière Nicolas qui fait ce qu’il peut pour harranguer le public qui restera tristement silencieux et peu communicatif. Bon en même temps, c’est du black metal ! Mais c’est du black metal « festif », et on sent que Nicolas n’est pas avare d’efforts pour nous entrainer vers son univers. On reconnait bien un musicien passionné quand il a ce petit truc dans les yeux qui brille et qui trahit à quel point il vit son idée à fond. Malheureusement, cela ne fonctionne que très peu. Et cela revient à me demander donc en plus de la question de mettre un groupe nantais en ouverture d’un festival rhônalpin : n’est-ce pas trop risqué de faire ouvrir un festival par un groupe qui va faire son tout premier concert ? Je le disais dans mon report de l’Ar Vran Festival, qu’ouvrir un festival ce n’est jamais simple. Encore plus a fortiori quand on débute une formation. Malgré l’expérience des gars, on sent que le pari était un peu trop risqué et le public, des échos que j’entendrai, en sortira un peu perplexe, pour ne pas dire déçu. Mon cher Nathaniel, si j’ai un conseil bienveillant à te donner, c’est de ne pas mettre l’amitié comme raison principale de ton choix de groupes. Parce que l’amitié dans le metal, c’est un peu comme les promesses de César : elle n’engage que ceux qui y croient.
Donc pour résumer, ce serait bien qu’on voit autre chose que ce cher Nicolas l’année prochaine. Je n’ai rien contre lui mais à force de voir les même têtes tout le temps, les gens vont finir probablement comme moi par se lasser sur la durée. A bon entendeur. Ou sinon, on prend des paris tout de suite : l’année prochaine, Villes Ardentes ? FT-17 ? Ou un nouveau projet ?
Seul point qui excuse un peu la prestation : le son qui a été franchement mauvais. Et cela va perdurer hélas durant quelques groupes par la suite…

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D’autant qu’en matière de terreau fertile, la région lyonnaise ne manque pas du tout de groupes qui peuvent relever ce défi ! Le suivant, Malepeste en est un parfait exemple. Et de loin ! Bon sang, que j’étais heureux d’enfin les voir ! Eux qui se font trop discrets depuis trop longtemps. Eux qui ont sorti deux albums dantesques, et qui me font l’immense plaisir d’avoir monté un projet parallèle phénoménal en matière de musique ritualiste : Grande Loge. Car il me semble bien, et j’en étais quasiment convaincu avec juste un petit doute, que tous les protagonistes de Grande Loge sont au final chez Malepeste. J’écoute Malepeste depuis toujours, mais jamais, y compris pendant mes années lyonnaises, je n’ai eu l’occasion de les voir en concert. Il faut dire que la formation se fait rare sur scène, et la dernière sortie studio datait de 2015, si on exclut un split en 2018. Pourtant, l’engouement autour de Malepeste se ressent encore ce jour car le public semblait à la fois captiver et fédéré derrière les protagonistes. Ces derniers nous ont proposé un concert extrêmement fort en intensité ! Je fais volontairement le parallèle avec Grande Loge car, honnêtement, j’ai vécu un truc de dingue autant devant la dite formation que devant Malepeste. Cela venait du plus profond de mes entrailles. Le black metal proposé par Malepeste est incroyablement immersif en concert, avec des riffs lents, limite doom metal, quelques courtes accélérations évidemment les parties que j’ai adorées assurément, et que j’adorais déjà en CD, sont ces fameuses parties lentes et hypnotisantes. Autant en studio on ressent déjà cette intensité sonore et émotionnelle augmentée d’ailleurs par un chant qui évoquent des sortes de déclamations, des supplications même, autant en concert j’ai trouvé cela poignant. J’ai été littéralement scotché, à la limite d’une forme d’orgasme en mode « ohlalalalalala c’est fou ». Et en plus de cela, là où la prestation aurait pu être encore plus rehaussée selon moi, c’est que le groupe a joué en plein jour ! Imaginons un instant un concert en indoor avec des jeux de lumière, les fameuses bougies que le groupe met sur scène… Et j’ajouterais pour appuyer encore plus profondément ce constat pleinement dithyrambique que Malepeste joue sans costume ! C’est dire que si la formation revêtait quelques apparats bien placés, on aurait droit à un show travaillé, et totalement immersif, plus encore ! C’est à cela qu’on devine le talent d’un groupe, je l’ai toujours dit. Pas besoin d’en faire des caisses quand on a le talent, le charisme et la volonté de porter sa musique dans son entièreté. Malepeste démontre qu’en ayant de simples moyens si j’ose dire, on peut transcender la foule. Franchement, c’est un euphémisme de dire que j’ai adoré le concert. Et ma compagne, pourtant difficile à conquérir quand elle découvre un groupe, a adoré aussi. Je crois que vraiment, Malepeste devrait signer son retour en avant-plan et porter fièrement l’étendard du black metal occulte, n’ayons pas peur de le dire, à la sauce lyonnaise sur un plus gros label. Parce que c’est totalement méritée et que dix ans après le dernier album, il faut que le groupe revienne aux affaires ! D’ailleurs, mon petit doigt indiscret murmure qu’il va y avoir de l’actualité tantôt. Mais je n’en dis pas plus. Bref ! Vous l’aurez compris, Malepeste a signé l’une des meilleures prestations de la journée. Indéniablement, la seconde place n’était pas méritée pour les lyonnais, et surtout, ils démontrent que le vivier de groupe de la région Rhône-Alpes n’en finit pas de nous surprendre. Gros coup de coeur qui promet que je revienne les voir la prochaine fois qu’ils jouent dans le coin !

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Passons désormais à une nouvelle formation… Nantaise. Une de plus ! Nathaniel Reynaud va finir par nous créer comme en football, un derby entre Lyon et Nantes s’il continue ! S’agissant de Circles ov Hell, étant donné les excellents retours que j’entends sur le groupe depuis pas mal de temps, j’avoue être beaucoup moins sceptique quant à leur présence sur l’affiche, et a fortiori sur la place qu’ils occupent sur l’affiche. La formation menée par Kratos au chant, que j’estime beaucoup en tant que chanteur, n’a manifestement reçu que des bons retours concernant leur dernier album sorti l’an dernier, et un peu tombé dans les oubliettes facebookiennes aujourd’hui. Cet album nommé « Thus Began the Descent« , je l’ai écouté tardivement après le festival car j’ai pour habitude, quand je sais que je vais voir un groupe en concert, de ne pas écouter l’album tout de suite pour m’imprégner de l’ambiance scénique en priorité. C’est donc avec des oreilles toutes neuves que je découvre un quatuor costumé avec des tenues qui ne parviennent pas à vraiment m’évoquer un truc concret. Peut-être des tuniques délabrées comme l’on trouverait dans des films d’horreur avec des démons. Je n’ai pas d’autres idées en tête qui me vient que les Détraqueurs dans Harry Potter, et encore, je sais que je suis loin, très loin du compte… En tout cas d’un point de vue scénographique, on monte un degré au-dessus, mais là encore jouer en plein jour ne rend pas honneur à la formation qui prend pour concept global la Divine Comédie de Dante et donc, pas extension, l’Enfer. C’est un concept qui me plait beaucoup, même si l’on considère que c’est du réchauffé à bien des égards. Moi qui suis branché occultisme et ésotérisme, le fait d’avoir un groupe qui tente d’aborder la question de l’Enfer sous la stricte référence de Dante, je suis toujours intéressé ! La prestation n’aura pas démérité, mais finalement peu aidé par la lumière du jour et le fait que je trouve Kratos pas forcément dans son assiette (on repère les signes qui font qu’un chanteur n’est pas au top de sa forme sur scène quand on est soi-même chanteur), j’ai finalement été un tout petit peu déçu. La musique en elle-même est très prenantes avec des orchestrations qui donnent un décor très enférique justement, tout en n’en faisant pas des caisses dans la grandiloquence, et le black metal qui les accompagne ne manque pas de mordant du tout. Mais le son mauvais en façade a un peu plombé mon ressenti sur la prestation de Circles ov Hell. Je l’ai dit en amont, ce son aura été un vrai problème pendant quelques groupes, et je n’ai pas été le seul à le constater. J’ai en revanche bien apprécié le côté stoïque des musiciens derrière le chanteur, cela donnait une forme de solennité dans le ressenti. En fait, pour accompagner Circles ov Hell, finalement il ne manque que des lumières adéquates, des éléments scéniques comme de la fumée, voire même des lances-fumées en avant de la scène, et le groupe pourrait se targuer d’avoir un jeu excellent. Par contre, mon cher Kratos, j’ai juste un conseil à te donner, humble mais utile : si tu veux que ton public scande avec toi un refrain, fais en sorte qu’il soit intelligible quand tu le prononces s’il-te-plait… On n’a strictement rien compris de ce que tu voulais qu’on scande avec toi ! Voilà. Ainsi s’achève donc ce concert de Circles ov Hell qui me laissera sur ma faim mais qui me donnera franchement envie et de retourner les voir, et d’écouter les albums à tête reposée ! Une prestation intéressante mais qui souffre de quelques errances pas forcément dues d’ailleurs aux musiciens, donc cela reste très positif pour moi !

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Les patrons. Voilà comment je résume la présence sur cette affiche des parisiens de Nydvind. En fait, à partir de Nydvind, on bascule sur des formations que j’avais hâte de voir depuis longtemps. La dernière fois que j’ai vu ceux que je considère comme l’un des groupes pionniers du metal paganique en France, c’était à Grenoble en décembre 2019. J’avais même couvert l’évènement ! A l’époque j’étais déjà féru des formations qui ont fait la gloire indiscutable du metal paganique en France avec les Bran Barr, Himinbjorg (présents ce soir), Aes Dana, etc. Nydvind ne déroge pas à la règle et je suis extrêmement fier et honoré de les voir. Ce ne sont pas des paroles en l’air ! Je sais ce que je dois à ces formations, sur l’héritage qu’ils portent et sur la difficulté qu’ils ont aujourd’hui pour vivre sur la scène actuelle. Si seulement la génération actuelle savait… Enfin, assez de propos élogieux, le boss de Soil Chronicles va croire que j’ai la langue râpeuse. Mais mon admiration pour Nydvind est sincère. Première surprise, et non des moindres : le groupe est venu sans batteur. Les aléas de la vie d’un groupe sans doute. Sauf que l’on sent que cette absence va peser considérablement dans la présence scénique du groupe, qui s’excusera par le biais de Richard, son leader, à plusieurs reprises de cette absence et de l’utilisation d’une batterie programmée. Autant vous le dire tout de suite et sans faux col : on ne verra finalement pas tant que cela la différence. J’étais trop occupé à savourer le moment. Le groupe fait toujours dans la sobriété scénique, avec les chemises noires avec un patch à la gloire du paganisme. J’apprécie beaucoup plus les groupes qui font dans la sobriété car au moins, on peut se concentrer sur les musiciens en eux-mêmes, sur le regard par exemple, ou la posture. Force est de constater qu’en terme de présence, Nydvind n’a rien à envier à personne. Richard est charismatique, habité par sa musique, que ce soit dans son chant enraillé ou dans les parties en chant clair, qui fonctionnent d’ailleurs un peu comme une forme d’ode aux Dieux, à une dévotion totale. S’agissant de la musique, ce metal paganique qui se pare de multiples colorations mais plus à connotation black / death metal quand-même, avec ces riffs caractéristiques, lourds et intenses, pas forcément toujours violents car quand on honore les Dieux, on n’a pas besoin d’être systématiquement dans la violence et la brutalité, plus dans l’homélie, Nydvind nous gratifie d’un show qui démontre que la musique, quand elle parle encore à des gens de notre âge, voire de l’âge de ma chérie, c’est que même en se mettant à la page d’un point de vue technologique (Zahaah de Himinbjorg nous dira jouer sur la même guitare depuis trente ans, quand-même !), la musique reste intemporelle. Et Nydvind ne fait pas exception. Franchement, j’ai adoré la prestation. Je me suis pris une claque nostalgique telle qu’encore aujourd’hui, j’ai peine à m’en remettre. La prestation à Grenoble avait été un désastre pour eux puisque le public était resté de marbre, je me souviens la gêne de Nesh. Là, le public a été conquis. Je ne peux que d’ores et déjà remercier Nathaniel pour m’avoir permis de vivre ce moment. Petit parenthèse : en discutant avec Richard et ma compagne, j’ai appris que le groupe peinait à jouer, à trouver des dates. Franchement, c’est inadmissible qu’un groupe aussi prépondérant comme Nydvind ne trouve pas de date. Alors, les associations, pitié quoi ! Bookez les.

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Autre moment nostalgique pour moi, à échelle comparable à ce que je viens de vivre précédemment. Himinbjorg se présente à nous. Fort d’un nouvel album sorti par surprise en 2025 (de l’aveu même de son maitre à penser lors d’un concert à Chambéry en janvier 2023, que j’ai aussi couvert !), les autres pionniers du genre paganique français nous gratifient de ce qui a toujours fait leur force : miser sur le charisme et la prestance incroyable de Zahaah qui porte son groupe avec ses tripes et sa passion, passion qu’il partage avec celle du paganisme dans son ensemble et surtout européen. La sobriété était là encore de vigueur, mais en même temps, le côté exceptionnellement martial et guerrier de Himinbjorg, qui se détache en cela de son illustre prédécesseur, valait bien cela. Pour ce concert, je découvre néanmoins un changement de taille dans le line up : la présence à la guitare pour accompagner Zahaah d’un nouveau protagoniste en lieu et place de Sven, et dont j’ai honteusement mangé le nom et je prie le groupe de bien vouloir m’excuser… Pour le reste, on retrouver Avgrunn à la basse et bien entendu l’ami Kahos à la batterie, toujours aussi enragé et efficace. Autre changement de taille et non des moindres : le soir qui tombe ! Et mine de rien, on peut dire ce qu’on veut, mais le jeu de lumière pour une musique metal, cela rajoute réellement une plus-value importante. Et Himinbjorg en cela, a réveillé tout le monde ! D’abord par la musique évidemment, ce black metal estampillé viking et paganique, extrêmement puissant, comme si à chaque morceau l’on partait à la bataille toute voile dehors. Le regard, ce regard perçant et déterminé de Zahaah, moi qui étais pile dans son champ de vision. Je me le suis pris comme quelque chose de très impressionnant. Moi qui encore une fois rend hommage à ces formations prépondérantes, qui ont fait la gloire de la rare époque du metal paganique en France, de voir ce type de regard, cette présence, ce jeu de scène incroyable, j’en avais les tripes retournées. Ne se privant pas, petite parenthèse inattendue qui démontre que le groupe ne se prive surtout pas de jouer pour son propre plaisir, de faire monter sur scène Baptiste Lebenne du groupe Boisson Divine pour faire de la guitare avec eux, on sent finalement ce que son leader a toujours prôné : Himinbjorg fait de la musique en se foutant totalement des conventions. Le plus important, c’est l’âme qu’on y met. C’est la ferveur, la flamme qui brûle en nous. Si elle flambe avec autant de passion, alors la musique fonctionne. Le public, très clarsemé au niveau des âges, des vieux, des plus jeunes, tous ont été littéralement conquis. J’ai même vu ma chère et tendre totalement s’animer devant leur show, d’autant que Himinbjorg a joué des morceaux des tous premiers albums et je sais que ma compagne les vénère. C’est rare de la voir bouger et vivre la musique comme ça ! C’est vous dire à quel point le concert de Himinbjorg fut une réussite totale. A ce moment-là, j’étais heureux d’être là. Honoré et heureux, vraiment. Merci à vous pour tout ce que vous apportez depuis 1996…

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Celui-là, je l’attendais de pied ferme ! Après l’annulation de 2023, c’est dire que Boisson Divine s’est fait désirer au Dark Medieval Fest. Je connais l’attachement de Nathaniel pour ce groupe qui, effectivement, ne manque pas d’originalité. Vous aimez le terroir ? Vous allez être servi ! Si vous ne connaissez pas Boisson Divine, vous prenez les ingrédients qui fait de la Gascogne ce qu’elle est dans son unicité, et vous saupoudrez le tout avec du metal, peu importe finalement quelle étiquette précise ! On s’en fout. Le plus important chez Boisson Divine, c’est de nous faire vivre le terroir gascon. Cela donne donc : un Pierre Delaporte qui anime les foules avec sa belle musculature (ben quoi ? Cela peut être du terroir aussi hein !) et ses instruments folkloriques traditionnels, un Baptiste Labenne qui nous parle avec son accent du sud-ouest qui me fait toujours rire parce que cela me rappelle le rugby et sa troisième mi-temps, le bon vin, les Pyrénées, le cassoulet, enfin. La bonhommie quoi ! La bamboche ! Cela donne, plus important pour assurer l’empreinte du groupe, son chant en occitan qui me rappelle des formations comme Mauresca Fracas Dub ou le regretté chanteur landais Castelhémis dont je suis un grand fanatique. En fait, indirectement, je crois que j’éprouve un amour enfoui pour le sud-ouest. Après, réduire Boisson Divine à son côté festif et de camaraderie serait une erreur. Boisson Divine, derrière le metal folklorique c’est aussi une ode à son pays. Donc il y a des morceaux beaucoup plus intimistes, plus sérieux on va dire, et heureusement ! Nos régions ont toutes une histoire chargée en émotions aussi. Ce serait comme si je montais un projet sur mon pays, l’Ardèche, et que je boudais l’histoire du Vivarais pour ne parler que de Bourganelle, de saucisson, de picodon et de chataigne ! En tout cas, je crois que le public attendait de pied ferme le groupe autant que moi, au regard de l’animation qui régnait dans la foule. J’ai franchement adoré la dérision de Baptiste qui s’excusait d’interrompre le concert black metal pour jouer, ou qui se moquait allègrement de Selvans, le prochain groupe. Mais en plus, le tout est fait d’une manière tellement naturelle qu’on se demande si cela a été préparé ou pas en amont ! Bon, apparemment, Nathaniel a mis « dans la merde » le groupe en annonçant des nouveaux morceaux, le groupe s’est plié de bonne grâce à l’exercice même si ce n’était pas prévu, mais encore une fois tout est tourné en dérision. Et cela fait du bien ! Je ne regrette aucunement l’attente, le concert était super, tout en maitrise et en amusement. C’était une parenthèse enchantée dans un festival qui avait mis l’accent cette année sur une programmation plus black metal, plus sombre. Et je le redis, cela fait un bien fou.

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Clou du spectacle pour la soirée, avec la noirceur qui nous arrive tout droit d’Italie. Seule formation en dehors de l’hexagone de la soirée, Selvans arrive pour clôturer en beauté cette édition avec un objectif très important, et presque émouvant : en finir. Parce qu’il s’agit ni plus ni moins du dernier concert de l’histoire de Selvans. Alors, autant j’étais sceptique au début à l’idée que le Dark Medieval Fest soit ouvert avec un groupe nantais qui fait son tout premier concert, autant, au regard de l’histoire d’amour entre le festival et Selvans, et la prestation extrêmement impressionnante de 2022, quelque part c’était écrit. Il fallait que Selvans donne son tout dernier concert à Lamure-sur-Azergues. C’est donc avec une pointe d’émotion que j’aborde ce tout dernier concert, après avoir profité du spectacle pyrotechnique de dehors. Ce qui est chouette avec Selvans et son unique maitre d’œuvre, Luca del Re, c’est qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre. En 2022, il m’avait épaté avec une scénographie burlesque et victorienne, se trouvant paré d’un costume d’époque, deux claviers de chaque côté de lui, avec un micro serre-tête, pour rendre hyper théâtrale sa prestation. Comme si on avez un vrai vampire devant nous en quelque sorte. Alors à quoi s’attendre cette année ? Outre le côté séducteur du personnage avec sa belle chemise noire quand il déambulait dans la foule avant de jouer, on peut s’attendre au tout pour tout. Et effectivement, on a eu une prestation incroyablement impressionnante. Paré cette fois d’un pantalon en cuir noir, d’un perfecto rouge et d’un t-shirt noir dont j’ai peine à me rappeler du logo, le visage peint à la sauce black metal, le gars me fait penser au Diable. Il en impose sacrément quand-même, avec son charisme et ce regard incroyablement sombre. En fait, Luca Del Re est acteur de théâtre dans la vraie vie, donc forcément… Il est totalement dans son personnage, son alter ego diabolique et toute sa gestuelle, sa posture, son regard, tout est au service d’un seul but : capter l’attention. En 2022, j’avais déploré qu’il soit entouré de musiciens qui n’avaient rien à voir stylistiquement parlant avec son univers. Je me souviens notamment d’un musicien qui faisait très… Glam rock. Là, bon. Le constat est à moitié le même on va dire, même si au moins ils s’animent un peu plus et font moins glameux. C’est dommage ces musiciens de session qui ne font aucun effort pour se mouvoir dans l’ambiance… En tout cas, le concert a été d’une violence et d’une intensité rare. Le black metal proposé ici, en lien avec le dernier album « Saturnalia« , est tout simplement redoutable. Il arrive d’ailleurs avec un tambour qu’il frappe avec un os, donc ça met tout de suite une ambiance noire et malsaine. Le chant de Selvans est enraillé comme j’ai rarement entendu aussi, démoniaque au possible, presque flippant. On sent que pour la dernière, il donne tout ce qu’il a. Pour faire mourir dans d’atroces souffrances, les siennes, son bébé. Et le show se terminera comme il se devait : en quittant la scène sobrement, sans aucune concession. D’ailleurs, il y a eu une grosse confusion. Luca Del Re nous souhaitait une bonne nuit et quittait la scène. Apparemment, c’était un rappel… Sauf que personne ne l’a compris ainsi et tout le monde ou presque est parti ! Fin mi-figue mi-raisin mais pour laquelle je vois une part de mystère qui fait la beauté de Selvans. « Sto soffrendo, ma è stato bellissimo. Grazie, amico ! »

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Voilà ! Ainsi s’achève cette nouvelle épopée médiévale en terre beaujolaise ! Il est temps pour moi de remercier comme toujours dans toutes ces années Nathaniel Reynaud et son équipe pour leur confiance et leur amitié. Ils survivent envers (ou « en vert » comme disent l’ennemi stéphanois) et contre tout, malgré les difficultés, les critiques. Ils mènent leur barque avec passion et c’est en cela que je suis extrêmement fier de faire indirectement partie de l’aventure Dark Medieval Fest depuis le début, avec mon amie Cassie di Carmilla. Cette année, tout ne fut pas rose. Certains choix de groupes m’ont effectivement laissé perplexe, je l’admets. Le son qui n’a pas toujours été top, je l’admets aussi. Je ne le clame pas par méchanceté gratuite ni par animosité. Je le dis parce qu’on grandit tous, toute notre vie, et qu’une parole honnête vaut tous les louanges du monde. J’espère que l’organisation ne m’en voudra pas. En tout cas, j’ai adoré cette année !
Merci aussi aux stands présents avec qui tailler le bout de gras est toujours plaisant. Adipocère, France Black Death Grind et ceux que j’oublie, tous les intervenants médiévaux dehors qui ont maintenu l’orage à bonne distance ! Les animations diverses à l’extérieur qui fait du Dark Medieval Fest un évènement unique en Rhône-Alpes. La nourriture et les bières locales, toujours aussi excellentes aussi. Le cadre ! Lamure-sur-Azergues et les alentours sont magnifiques, j’en veux pour preuve les mots de ma chérie qui a adoré le coin, et où nous reviendrons faire les touristes avec Cassie di Carmilla et son copain.
Merci aux gens que j’ai croisés, que je ne croise presque qu’ici en plus, que je retrouve avec plaisir ! Merci aux groupes évidemment, pour la fantastique soirée vécue ! Désolé à ceux que je vais vexer mais c’est le jeu.
Et on se dit à l’année prochaine parce qu’au regard de l’édition de cette année, je sais par avance qu’il y aura une suite. C’est réjouissant d’être confiant comme ça !

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