Ulvånd – The Origins

Le 29 mars 2020 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Bérangère Ketschker : chant
  • Serge Courties : chant, basse, parolier
  • Wilfried Rabin : programmation, guitare

Style:

Dark Metal

Date de sortie:

1er Mars 2020

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

« Le loup mange de toute chair, excepté de la sienne. » (Proverbe basque)

J’aime la symbolique du loup, tout comme beaucoup d’autres symboliques animalistes dans les cultes païens, ou modernes (encore que les deux peuvent être de concert). Ayant fait la chronique, il y a peu, d’un groupe au nom évocateur (Sainte-Marie des Loups), je m’étais mis à refaire des recherches sur cet animal que j’admire, et qui est trop souvent détrôné par certains lobbyistes. Vous avez deviné de quoi je cause évidemment. Vous connaissez probablement depuis le temps mon lien spirituel avec les cultes nordiques, mais étrangement, le sens philosophique du loup que je préfère a toujours été grec. Les Grecs faisaient un lien sincère entre le dieu Apollon, symbolique de la Lumière dans toutes ces définitions, et le loup car ce dernier était fils de Leto, transformée en louve par Zeus. D’où le surnom de « Apollon lycien » que donnaient les Grecs. Le loup est donc pour eux synonyme de Lumière, ce qui contraste de toute part avec les représentations que l’Homme en a de nos jours.
Ce n’est donc pas pour rien que dans le Metal, qui est une musique très « personnifiante », on retrouve des références au loup. Et si j’ai choisi de m’occuper du groupe Ulvånd, c’est en partie pour la manière dont ils parlaient du loup dans leur pressbook.

« Ulvånd » est tiré du mot « ulv » qui signifie loup en norvégien (je vous renvoie à Ulver d’ailleurs, groupe culte de black ambiant norvégien). Le suffixe -and signifierait quant à lui, et d’après le groupe, « esprit ». Mais détrompez-vous les amis ! Le groupe n’est pas scandinave mais… français. De la Ville Rose pour être exact.
Ce groupe s’est formé, d’après le descriptif, sur les cendres de deux groupes distincts : Leiden et In Lupus Pacis (tiens, tiens…), qui en fait n’en était qu’un mais qui a connu une période « In Lupus Pacis » de 1996 à 2000, puis de « Leiden » de 2000 à 2007. Puis, Ulvånd est né en 2017 avec la sortie de deux morceaux pré-produits et une reprise, le tout en 2018, et débarque en 2020 avec ce premier EP six titres nommé sobrement « The Origins« . Les origines de toute cette histoire commencée en 1996 ? C’est une belle aventure qui s’offre à nous en tout cas.

Pour commencer je vais vous présenter l’artwork. Alors, autant j’adore le travail qui est fait dessus, autant j’ai du mal à trouver un lien entre ce qui est décrit dans le pressbook et ce qui est créé pour introduire le CD. Si on reste sur le design, il est franchement magnifique. J’adore surtout le teint bleu-vert que donne la lumière de la ville en arrière-plan sur l’eau, c’est un ton que j’aime beaucoup en temps normal. Ce ponton un peu brinquebalant, j’aime bien ce qu’il peut représenter. L’imagerie du ponton pour contempler l’horizon est quelque chose de peu reconnu, mais qui a une vraie valeur sentimentale. Par contre, le fait que le personnage sur le ponton se tourne de trois-quarts, je n’ai pas bien saisi s’il allait vers le bout du ponton de fortune ou s’il en partait. La brouille doit être volontaire… Puis cette mégapole, à la fois lumineuse et noire, me fait penser à cette ambivalence qu’a le loup et qui est stipulée dans le pressbook. On retrouve aussi la pleine Lune, et le lien que l’on fait avec les loups (ou le loup-garou). En fin de compte, ce que je ne parviens pas à saisir, c’est le lien que fait le groupe entre ce paysage urbain et la montagne à l’intérieur du CD (dans le même ton) et le subaquatique en quatrième de couverture. Où est l’origine nommée sur le CD ? La montagne, l’eau ou la ville ? Bon, comme d’habitude je me creuse trop les méninges (surtout avec le confinement, on a que cela à faire). L’artwork est magnifique, retenons cela ! Parenthèse : j’aime la symbolique mise en avant du « U » qui montre deux extrémités qui se rejoignent, comme pour marquer l’ambivalence si chère au groupe quand il parle du loup.

Alors, ne connaissant pas les formations d’avant, et étant devant un nouveau projet nommé sobrement comme du Dark Metal, je ne sais absolument pas à quoi m’attendre. Surtout que les musiciens sont trois, ce qui me semble un peu léger pour proposer ce style de musique. On retrouve ce type de formation quand il y a du Metal indus par exemple. Là, je patauge en pleine inconnue.

Et autant vous le dire : dès la première écoute, je suis complètement désarçonné ! Le premier morceau est époustouflant mais ne sonne pas du tout comme je me l’imaginais. Mes références en Dark Metal étant restreintes, pour ne pas dire dérisoires, je m’étais imaginé un truc genre Triptykon, par exemple. Ici, que nenni ! Le Metal composé, pour essayer de vous donner un ordre d’idée, me fait penser à un croisement entre Within Temptation, certains morceaux de Cradle of Filth et Wolfheart. C’est un sacré cocktail détonnant, je le reconnais. Le groupe fait mention honorable des groupes Lacuna Coil (que l’on reconnait aisément comme inspirateur), Rammstein que je n’ai pas vraiment décelé, Samael non plus… Et SepticFlesh non plus. Mais en fait, c’est surtout pour illustrer que la musique proposée par Ulvånd est… Unique. Et franchement c’est très plaisant!

Les parties metal sont un subtil mélange de Death Metal et de -core avec quelques breakdowns entre autres, on retrouve des nappes de claviers assez sobres mais efficaces, la batterie est programmée aussi. La pierre angulaire du groupe est en fait composée d’un bassiste/chanteur guttural, un guitariste (qui fait aussi toute la programmation) et d’une chanteuse claire. Donc, toute la partie rythmique et mélodique aux claviers et batterie est programmée, pas de musiciens mentionnés. Et en cela, le mastering est plutôt bon, même si sonorement parlant certaines choses font un peu défaut. Les guitares et la basse sont bien « gonflées » comme on dit, mais je trouve que la batterie sonne trop électronique. Il y aurait à mon sens des choses à revoir là-dessus car – et c’est le risque quand on programme une batterie – le rendu final est trop électronique pour bien concorder avec le reste. Il en va de même pour les nappes aux claviers que je trouve, fatalement, trop mises en retrait alors qu’elles sont l’un des points forts dans la composition. Heureusement qu’il y a, tout au long de l’EP, des passages où il n’y a que des claviers, sinon on ne les entendrait pas comme il faudrait. Donc toute la partie programmation fait un peu défaut à l’EP, il faudrait revoir la prochaine fois le mastering, à mon sens.
Par contre, le reste sonne impeccablement bien. Les parties metal aux cordes sont bien rythmées et comme je disais, gonflées. Du coup, rythmiquement parlant, tout sonne très bien et donne envie de bouger. Le fait de varier des passages très rythmiques et mélodiques, avec quelques soli aussi, donne une richesse importante à l’ensemble. On devine intrinsèquement qu’il y a un véritable univers derrière la musique car chaque morceau est dédié à un thème, comme un livre avec ces chapitres. Du coup, lorsque j’écoute le CD, j’ai le sentiment de voyager qui m’envahit très vite.
C’est LE point fort de l’EP : parvenir à nous faire voyager avec une musique agressive, grâce aux incorporations différentes selon le thème des morceaux.

Mention spéciale aux chants pour ma part car cette association de chant clair féminin (au demeurant très beau !) et d’un growl estampillé Death Metal – qui me fait d’ailleurs penser férocement à Amon Amarth ce qui, dans ma bouche, est plus qu’un compliment, limite une consécration – est non seulement dans une osmose parfaite, mais en plus sont d’excellentes qualités et techniques. On sent qu’il y a tout ce qu’il faut pour qu’un chant soit réussi : de l’expérience, de la recherche d’amélioration et de perfectionnement constant, et du charisme. Les deux en ont, et pour mon plus grand bonheur.

Je voulais revenir sur un aspect important aussi de l’EP qui nous fait revenir un peu en arrière, sur la musique que je décrivais : je parlais de la volonté pour le groupe (mentionné dans le pressbook) de rechercher une vraie « philosophie de vie »… Au-delà de la démarche artistique qui veut que l’on « exagère » un peu les traits de la composition pour se démarquer et ainsi donner envie à l’auditeur de s’intéresser au CD, je suis, pour ma part, intimement convaincu que Ulvånd recherche vraiment cette philosophie de vie. Parce que, lorsque l’on est sensible à ce qu’il y a entre les lignes de la musique et des textes, on s’aperçoit sans peine qu’il y a une envie personnelle de changement derrière, d’introspection. Et là encore, je trouve que c’est un point fort de ce premier EP qui parvient à nous intégrer dans cette réflexion personnelle. Et j’adhère totalement à cette démarche philosophique. Il y a un vibrant hommage qui est rendu à Abraham Ulrikab, un Inuit qui aurait été exposé avec sa famille dans des zoos humains… Je ne connaissais pas, c’est en fouillant le Facebook du groupe que j’ai découvert cet hommage. Et je suis impressionné par cette démarche! Décidément, quel époustouflement!

Les textes, quant à eux, sont dans la lignée de mon paragraphe précédent. Je disais que chaque morceau était inspiré de thèmes bien distincts pour chercher un lien spirituel ; ici, les textes le démontrent tout à fait. Non content d’avoir une écriture riche de sens et avec une métaphore sérieuse, Ulvånd et son parolier ont eu tout juste dans l’objectif. J’ai énormément apprécié les lire, j’adore la métaphore de la chrysalide dans le morceau « Chrysalis » qui sonne comme une renaissance spirituelle, le fait de décrire sept vertus fondatrices de la philosophie du groupe dans « 7 Virtues » que sont Justice, Courage, Compassion, Sincérité, Honneur, Respect et Loyauté – vertus qui peuvent sembler évidentes, ou bateau de prime abord – pousse à s’intégrer pleinement. Et puis, évidemment, un morceau, « Valhalla », ne pouvait que m’intéresser et, constatant dans le clip le pendentif Mjöllnir du chanteur, je ne pouvais que me pencher dessus. Bon, par contre le texte en espagnol de « Una Vida », je n’ai rien compris, désolé ! Pourquoi en espagnol, d’ailleurs ?

Vous l’aurez compris si vous avez eu le courage de lire toute ma chronique : je décerne un très bon point final pour Ulvånd et son premier EP The Origins. Des CDs qui ont tenté de nous emmener vers la démarche personnelle des musiciens, j’en ai eu pas mal depuis le temps : certains n’ont pas réussi à me faire aimer leur ouvrage, trop personnels surement ; ici, Ulvånd a eu le talent et le mérite combinés d’y arriver, et sans peine ! Ce premier EP faussé par son aspect incipit, et qui montre en fait une grande expérience et un immense talent pour la musique metal, est une vraie réussite musicale. Je pense que de nommer la musique « Dark Metal » n’est pas forcément la meilleure définition que j’aurais mis, tant Ulvånd essaye de nous tirer vers la Lumière.

Et au-delà de la lycanthropie qui sommeille en chacun de nous, c’est tout un re-fondement spirituel que nous offrent les toulousains. Un grand bravo pour ce CD qu’il faut absolument se procurer!

Tracklist :

1. Human Zoo
2. Chrysalis
3. 7 Virtues
4. Valhalla
5. Despair
6. Una Vida

Facebook : https://www.facebook.com/ulvand.band/
Site officiel : https://www.ulvand.com/
Bandcamp : https://ulvand.bandcamp.com/
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCQMr5h … CeO-s8RTeQ

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