Line-up sur cet Album


Dis Pater : tous les instruments, chant

Style:

Black Metal / Dark Ambient / Dungeon Synth

Date de sortie:

23 novembre 2023 (CD) / 24 février 2024 (vinyl)

Label:

I, Voidhanger Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10

La lune est pleine et on ne sait pas qui l’a mise dans cet état.” Alphonse Allais

On peut encore une fois débattre de notre objectivité pleine et sans faux col. Pour ma part, j’ai hésité avant de prendre cet album parce que je savais pertinemment que j’allais manquer de recul, puisque j’adore le groupe. C’est en cela que, par moment, je me dis que notre rôle peut consister également en la mise en exergue d’un projet ambitieux, qui mériterait de notre seul point de vue d’être mis sur le devant de la scène, et qu’on n’a pas spécialement à se justifier auprès des autres. Je veux bien qu’être chroniqueur sous-entend de se frotter à des projets qu’on ne connait pas pour avoir une pleine et entière objectivité, et que le choix de faire la démarche contraire s’apparente à du potentiel copinage. J’entends. Mais s’agissant de certains cas de figure et de conscience, quand le projet est dans un pays qui se situe dans une zone géographique dont on est certain que sauf craquage en règle de PEL, on n’ira jamais, alors peut-être que l’on a quelques arguments pour se protéger. En fait, au plus j’avance dans la chronique, au plus je m’autorise à aller vers des coups de coeurs. D’abord parce que toujours faire en chronique des projets qu’on ne connait pas, demande une adaptation qui peut s’avérer fatigante avec le temps. Ensuite, parce qu’aller sur un groupe qu’on adore peut s’avérer être salvateur comme tout le contraire, si l’on avance sur un terrain miné de déception. Et enfin parce qu’on a beau être chroniqueur, on n’en demeure pas moins humain et auditeur lambda, et qu’oui ! On aime mettre en avant nos goûts personnels. J’irai jusqu’à dire à ceux et celles qui nous rejoignent pour l’exercice périlleux et chronophage de la chronique : faites vous plaisir de temps en temps. Pas tout le temps car l’épuisement arrive aussi dans ce sens, à trop faire les mêmes groupes que l’on adore. Mais quand vous sentez poindre l’épuisement, comme moi, il arrive parfois que de faire la rédaction d’un album et / ou d’un groupe que l’on aime bien soit un vrai coup de pied au cul. Ces derniers temps, je l’admets, hormis honorer mes engagements auprès des labels avec lesquels j’ai un partenariat, je peine complètement à me motiver, à reprendre de l’élan. J’essaye, mais mon cerveau réclame le repos et le réconfort, plus que l’effort. Alors, je me suis dit : au diable les convenances ! Ce soir, j’ai envie de causer d’un groupe que j’adore, et mieux encore. Que je porte littéralement aux nues depuis ma découverte en chronique de l’album Biolume Part 2 – The Golden Orb, découverte que je dois par ailleurs au big boss Chris Metalfreak qui m’a susurré à l’oreille : « tiens, essaye ça ! Te connaissant, ça va te plaire ! » Bon, il s’agissait de me refourguer un album en chronique, mais on ne le dira pas. Oups ! Enfin bon. Ce soir, petite entorse salvatrice pour vous causer donc de Midnight Odyssey, et de l’album sorti l’année dernière (présent sur la liste tardivement pour une réédition vinyle chez I, Voidhanger Records) nommé Biolume Part 3 – A Fullmoon Madness. Un bien beau programme !

Derrière ce nom de groupe enchanteresse se cache un seul et même homme, australien d’origine, qui se nomme Dis Pater pour la scène, et à l’état civil… Tony Parker. Non non ! Ce n’est pas une blague, aucun rapport manifestement avec notre cher et célèbre basketteur national. J’ai beaucoup ri la première fois d’imaginer Tony Parker le basketteur faire du Midnight Odyssey, lui qui nous avait plus habitué au rap. Voilà pour la première anecdote, un peu humoristique je dois dire. Il est important de savoir en deuxième temps que notre camarade, tout australien qu’il est, officie dans un groupe aux claviers qui s’appelle Kawir et qui est… Grec. Et apparemment, c’est tout neuf car Dis Pater est nommé sur Metal Archives pour l’album sorti cette année. Alors, ma question est : comment vont-ils le faire venir en Grèce pour des dates européennes ? Mystère. Mais si l’on se recentre sur Midnight Odyssey, notre multi-instrumentiste du soir a fondé son projet solo en 2007 (déjà…) et en est à ce jour d’un point de vue discographique à huit albums, deux compilations, deux démos au début du groupe, quatre splits et deux singles. Alors, vous allez me dire que huit albums en seize années d’existence, ce n’est pas énorme. Oui mais, un album de Midnight Odyssey, généralement c’est plus de deux heures de compositions. Je ne sais pas si vous imaginez l’ampleur de la tâche sachant au passage la richesse composale de Dis Pater, c’est peu de le dire ! Et enfin, il faut savoir que si entre 2007 et 2019 il y aura eu un rythme « normal » de sorties, depuis 2019 tout a pris une accélération foudroyante avec six albums sortis jusqu’à ce jour (et on attend normalement le neuvième en tout pour 2024). Six albums en quatre ans. Cela se passe de commentaire. Quoiqu’il en soit, ce Biolume Part 3 – A Fullmoon Madness est le huitième, et je vais de ce pas vous le présenter en chronique. J’ai hâte !

Et comme la logique est imparable chez notre ami australien, il a confié l’artwork au même artiste que pour les précédents opus nommés avec le nom « Biolume », soit Elijah Gwhedhú Tamu. Parenthèse : « biolume » vient peut-être de la bioluminescence qui est le fait d’émettre de la lumière dans le noir de manière physiologique pour les êtres vivants. Mais cela restera un mystère car Midnight Odyssey est tellement intime comme projet que les mystères sont légion. Je pense que la description de l’artwork du groupe est l’un des exercices les plus difficiles qu’il m’ait été donné de faire parce qu’il y a une telle personnalité qui se dégage du visuel, tout autant que la musique par ailleurs, que je ne crois pas en être capable. La seule chose qui importe au final dans ce que je peux en redire, c’est qu’on est sur la continuité des autres Biolume. La trilogie, si tant est qu’il s’agit d’une trilogie puisque nous ne sommes pas à l’abri d’une suite, est sur le même délire visuel, mélangeant du mysticisme, de l’onirisme et une certaine formede spiritualité qui échappe à toute tentative de contrôle. C’est en cela que je suis bien en peine de vous décrire précisément ce dont il s’agit, mais étant finalement de base peu sensible au travail visuel pour Midnight Odyssey, du moins pas autant que ce que me procure la musique depuis des années, je retiendrais idiotement que l’artwork est très beau, très riche, et qu’il est probablement le reflet d’une musique toute pareille.

Et comme vous l’aviez deviné, ce n’est en tout cas pas un secret pour le big boss Metalfreak vu que c’est lui qui m’a fait découvrir le groupe, j’ai adoré la musique. Les mauvaises langues diront que Midnight Odyssey, c’est dix minutes d’introduction par morceau et moins de dix pour le reste. En vérité, je pense que la musique fonctionne comme une montée progressive, sinon comme une véritable progression spirituelle au travers d’une musique qui peut être qualifiée de black metal avec des éléments tantôt dark ambient, tantôt dungeon synth. Il y a en tout cas toujours cette invraisemblable grandiloquence avec une omnipotence totale des claviers, qui ne sont finalement qu’accompagnés par une musique metal très rythmique, au détriment d’un metal mélodique. Et pour la saturation, on est effectivement sur des jeux de guitares très incisifs, caractéristiques du genre black metal, avec même une certaine dissonnance, et c’est plus étonnant, avec les claviers. C’est coutumier de trouver une dissonnance entre les guitares mais j’avoue que Midnight Odyssey réussit cette prouesse de le faire avec les claviers, sur des parties légèrement plus mélodiques. J’ai toujours été bluffé d’ailleurs par la qualité de son des claviers. On croirait par moment de véritables orchestrations, et Biolume Part 3 – A Fullmoon Madness ne déroge pas à la règle ! On se prend à chaque fois des orchestrations magnifiques, très envahissantes au point de décourager les amateurs stricts de metal car, résolument, Midnight Odyssey est plus une formation de musique d’ambiance que de metal selon moi. La panoplie est complète avec même du chant clair, parfois accompagné par des choeurs, et le chant en high scream qui se montre un peu plus présent que les précédents. Comme quoi, et c’est une certitude, le gonze avance avec sa propre conception de la musique, n’en déplaise aux détracteurs. Pour mon plus grand bonheur, car oui ! En première écoute, Biolume Part 3 – A Fullmoon Madness est encore un pur chef d’oeuvre.

La production ne souffre d’aucune contestation possible, malgré le caractère abusif des orchestrations, mais je suis de ceux qui considèrent que cela fait le charme de l’artiste. En même temps, pour avoir une telle occupation du spectre sonore sans que cela ne dénature les parties metal rythmiques, c’est une belle réussite puisque l’on pourrait trouver que les claviers occupent une place trop importante. Chacun se fera son jugement, pour ma part j’adore toujours avec sincérité cette originalité très épique. Sans surprise, les pistes sont en plus très longues, pas toutes mais au moins une sur deux, ajoutant donc de la difficulté pour faire digérer la production, mais le talent est toujours intact et pénétrer dans l’univers onirique et mystérieux, presque spatial, est finalement plus aisé quand comme moi, on aime ces styles très ambiants. Et là où la production est un sans-faute, et ce fut toujours le cas c’est que l’on a les instrumentations metal qui sont bien sonores aussi, pas forcément étouffées ni trop en avant, juste ce qu’il faut pour amener une petite incision tranchante et très rythmique à des nappes de claviers linéaires et grossies. En un mot comme en deux, Biolume Part 3 – A Fullmoon Madness est encore la preuve que la prolification des albums en un temps très court n’est, dans le cas présent de Midnight Odyssey, pas un gage d’échec sonore. Cela décuple encore davantage selon moi l’immense talent de Ris Pater, capable donc de pondre un album d’une grande qualité sonore en peu de temps. Encore une réussite !

J’ai décidé de ne pas creuser davantage le concept-album, parce que je préfère laisser une part de secret qui me parait important de respecter pour aimer la musique de Midnight Odyssey. D’ailleurs, le label ne nous fournira pas d’explications sur le concept derrière la trilogie Biolume. Aussi vais-je parler du chant qui s’avère être ô combien important pour comprendre le déroulé composal du groupe australien. Je pense que l’utilisation des techniques de chant coïncide avec les émotions qui doivent être procurées à l’auditeur selon les riffs et l’avancée dans le récit. Et je retrouve encore une fois la technique en chant clair que je trouve superbe, pleine d’émotions justement, et qui, au contraire de comme le disent certaines mauvaises langues, ce type de chant cérémonieux et solitaire passe impeccablement bien avec les orchestrations et les parties plus black metal. S’agissant du chant saturé, j’ai toujours été un brin plus dubitatif quant à la technique qui me semblait un peu défaillante. Mais il me semble que Ris Pater a corrigé le tir pour nous proposer un high scream moins « facile », plus travaillé, et plus retouché. Une progression qui ne me laisse donc pas indifférent non plus, et je me réjouis de constater que Midnight Odyssey, un de mes groupes références, peut encore progresser. C’est grisant.

Pour terminer cette nouvelle chronique, Midnight Odyssey nous propose une nouvelle ligne sur un CV fort bien rempli, avec un huitième album nommé comme la suite de certains prédécesseurs, Biolume Part 3 – A Fullmoon Madness. Depuis la sortie, un EP sera sorti cette année, c’est vous dire l’immense imagination de son géniteur Ris Pater qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. Pour mon plus grand bonheur ! Avec ce black metal enrobé fortement de musique d’ambiance type orchestrations, dark ambient et dungeon synth, Biolume Part 3 – A Fullmoon Madness se veut là encore un album d’une richesse folle et d’une beauté extraordinaire. Surfant (pour un australien c’est un comble !) sur ce qu’il a toujours fait, alliant qualité et talent avec un brio déconcertant, et mieux encore, une capacité à encore progresser notamment sur le chant, Midnight Odyssey ne peut que s’imposer encore comme une des références pour tout amateur, comme moi, de black metal épique, onirique et mystique. Un must à ne pas rater !

Tracklist :

1.     As Darkness Dims the Fire     13:24
2.     A Land That Only Death Knows     09:07
3.     The Long Forgotten Dead     09:48
4.     They Have Always Known     10:00
5.     The Horned Goddess     09:55
6.     Witching Eyes     11:32
7.     As One We Grow, As One We Fall     11:56
8.     The Ghost of Endymion     08:17
9.     A Fullmoon Madness     09:11
10.     In the Lunar Maelstrom     11:13
11.     Death in Crimson Fire     02:59
12.     The Last Day     11:54
13.     Luna     05:16

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