Au départ, je voulais y aller parce que l’affiche me plaisait. La prestation de The Real Mac Coy en première partie de God Damn m’avait laissé un bon souvenir et ce que j’ai lu à propos d’Abrahma me donnait une belle envie.
Puis j’ai voulu m’y rendre parce que c’était important. Pour continuer à vivre malgré ces événements. Pour ne pas laisser ces sous-merdes, que leurs mères auraient mieux fait d’avaler le soir où elles se sont fait engrosser, nous dominer par la peur. Pour être libre et leur montrer qu’ils ne réussiront pas à nous faire renoncer à ce qu’on aime.
Au final, je suis venu pour oublier. Oublier que parmi toutes ces victimes, il n’y avait pas que des visages inconnus.
C’est donc dans un état d’esprit particulier, que je rejoins pour la première fois un MC : le Black Block d’Avignon. Un beau bar, avec une petite scène juste assez grande pour permettre aux groupes de s’exprimer, malgré des lumières orangées fixes. Après avoir observé le stand
merch’, parlé et ri (et ça m’a fait du bien), Abrahma entame son set.
Et on peut dire que la rĂ©putation du groupe est pour le moins justifiĂ©e. Dès les premiers instants, les riffs massifs nous soulèvent et nous emportent, tandis que la basse grĂ©sille Ă nos oreilles avec amour. Mais rapidement, on voit bien vite qu’Abrahma n’est pas qu’un son pachidermique, il est aussi beautĂ© et raffinement. Et puis, dans tout ce bruit qui nous ravit, des paysages se dessinent sous les traits de passages ambiants, atmosphĂ©riques et psychĂ©dĂ©liques. On imagine des montagnes, des fleurs, des formes abstraites, on vole mĂŞme jusqu’en Inde quelques instants. Les compos sont riches, fouillĂ©es, inattendues et ne se laissent jamais aller Ă l’intellectualisation. L’émotion est partout, partout, soutenue par un chanteur-guitariste habitĂ©, dĂ©gageant une voix forte, mais belle et surprenante lorsqu’elle monte dans des aigus très Heavy Metal. Les mots ne peuvent dĂ©crire tout ce que ce set m’a inspirĂ©. Abrahma est un des grands groupes français du genre sur album ; sur scène, il prend une dimension encore supĂ©rieure.
Passer après une prestation comme celle-ci n’est pas chose aisée. Mais c’est la soirée de The Real Mac Coy, leur release party, et le groupe a relevé le défi avec brio – même si aucun défi n’était lancé. Évoluant dans un style similaire, nos Avignonnais se montrent finalement bien
diffĂ©rents. Moins portĂ© sur les ambiances et l’onirisme, The Real Mac Coy sent plus la bière et l’huile de moteur, ce qui sied finalement bien Ă l’atmosphère du Black Block. Et si les premiers instants laissent simplement penser Ă un bon groupe de Heavy Rock, la suite montre qu’il est un peu plus que ça. Entre les morceaux plus calmes, sans entrer dans la mièvrerie, un instrumental Ă©tonnant qui n’ennuie jamais tout en tournant sur une mĂŞme idĂ©e de dĂ©part, et le titre Ă©ponyme de leur nouvel album, lourd Ă souhait, ces gars surprennent. Plus classique qu’Abrahma (ce qui n’est pas difficile en mĂŞme temps), The Real Mac Coy n’en est pas moins un groupe sincère, qui aime la musique et qui sait nous le montrer, avec une belle Ă©criture et une chouette Ă©nergie, communiquĂ©e par un guitariste et surtout un chanteur agitĂ©s. De quoi donner envie pour leur deuxième album, qui nous Ă©tait prĂ©sentĂ© ce soir.
Alors merci à Redrum et The Real Mac Coy d’avoir maintenu la soirée malgré les circonstances.
Merci au Black Block MC de l’avoir accueillie.
Merci à Abrahma d’avoir tenu à venir de Paris pour jouer chez nous.
Merci à tous pour être restés debout, pour nous avoir fait oublier ces horreurs le temps de ces deux sets. Merci pour m’avoir fait oublier.
Ce concert n’Ă©tait peut-ĂŞtre pas le plus gros auquel j’ai pu participer, mais c’Ă©tait certainement l’un des plus importants.










