Sidilarsen

Le 10 mai 2016 posté par Bloodybarbie

Intervieweuse : Bloodybarbie

Interviewé : Didou (chant)

A l’occasion de la sortie du nouvel album: « Dancefloor Bastards« , du fameux groupe toulousain Sidilarsen (chronique : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/sidilarsen-dancefloor-bastards ), nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec leur frontman Didou.

Pour commencer par le commencement, pouvez-vous me raconter la magnifique histoire de la naissance de Sidilarsen? Pourquoi ce choix de nom de groupe d’ailleurs?

Sidi est né pendant nos années lycée, en 1997, d’une histoire d’amitié, de rêves et d’envie de liberté ! On a choisi ce nom parce que ça sonnait bien à nos oreilles ! On a pensé que ça traverserait le temps. Et puis, ça changeait des groupes qui terminent en « A » ! 😀 :-D. Il s’agit du nom d’une petite ville algérienne… évidemment ça ne s’écrit pas du tout comme ça. On aime l’idée que ce nom puisse évoquer un certain métissage et un côté « sud » – ben ouais on est des toulousains, très au sud de Paname ! 😉

 

Peux-tu nous résumer l’esprit de « Dancefloor Bastards » et pourquoi cet intitulé? On y sent beaucoup d’influences politiques et une rage suite à ce qui s’est passé ces dernières années.

Il est clair qu’on est frappés au cœur par les évènements, la crise des réfugiés, les attentats…. L’accueil ultra crispé des réfugiés est une honte de l’Europe, ça restera dans l’histoire comme quelque chose de sombre. Les attentats de Paris nous ont effarés, choqués, comme tout un chacun. On devait jouer en banlieue parisienne le lendemain… Et on était en pleine écriture de « Dancefloor Bastards« , alors forcément ça a bousculé nos compos. « Dancefloor Bastards« , c’est un pied de nez à ceux qui veulent enfermer la musique dans des sous genres bien définis, bien carrés. Ce titre sous entend : « on s’en branle, on fait ce qu’on veut », on mélange du rock, du metal et de l’electro depuis nos débuts, c’est pas près de changer ! Et de surcroit c’est pas des attentats qui vont stopper l’envie de jouer et de faire des « dancefloor of death » ! Le public est digne depuis les attentats, nous le serons aussi. Combattifs, réfléchis et positifs !


Les précédents albums étaient très orientés indus alors que celui-là est un peu moins indus, plutôt metal/rock, qu’est-ce qui vous a poussé à varier?

C’est ton sentiment, il y a des avis différents : certains le trouvent plus metal, d’autres plus rock, d’autres plus electro que d’habitude. C’est le même constat à chaque album. En réalité, on mélange ces ingrédients et il en ressort ce qu’il en ressort ! On n’a pas réfléchi, on a voulu jeter des énergies, de la colère, de l’émotion, de la tristesse et une dose de fun. Là où je te rejoins, c’est que nous cherchons à évoluer sans cesse : on a voulu un album plus organique avec plus de sueur et de spontanéité, il y a une certaine urgence dans ce skeud. C’est peut être pour ça que tu le trouves plus rock/metal que d’habitude. Au final, je crois que c’est du 100% Sidilarsen, probablement notre meilleur album ! On dit ça à chaque nouveau disque 😉

 

Une nouveauté, on voit aussi quelques titres en anglais ! Envisagez-vous des albums à l’avenir écrits en anglais peut-être pour une plus grande visibilité internationale un de ces jours?

Non, rien n’est calculé, c’est juste que c’est sorti comme ça et c’est au service des compos. Inconsciemment aussi, nous entrons de plus en plus dans une certaine mondialisation, qui n’est pas que négative. Le français restera toujours la langue dominante dans l’écriture de Sidi, c’est notre langue maternelle, on aime pas les masques, donc ça tape plus fort et direct en français… L’export ne marche pas mieux en anglais qu’en français, c’est une vision très française et vieillissante… un vieux complexe… Selon nous il n’y a pas de règles : seule la sincérité et l’authenticité peuvent payer, ensuite il y a la part de chance, les rencontres 😉 Cet automne nous ferons une belle tournée en Russie !


Comment se déroule la composition chez Sidilarsen?

Souvent en ateliers, à deux, à trois, ou bien seul. Ensuite on confronte les idées de chacun. Ça marche mieux comme ça, car ça permet d’aller plus loin dans chaque idée, sans être anesthésié par le monstre Sidi ! Niveau écriture, nous sommes deux à écrire avec Viber (voix & guitares), on confronte nos textes et on les fait rencontrer leurs instrus, on voit assez vite ce qui va matcher.

 

Combien de temps vous avez mis pour composer cet album? Qui est le producteur? Où a-t-il été enregistré et en combien de temps?

Je dirais 5-6 mois de compo, tout en étant en tournée. La moitié des titres est arrivée en urgence au dernier moment. Nous avons choisi de retravailler avec Plume, comme pour Chatterbox, dans son studio au pieds des Pyrénées, car on sentait qu’on pouvait approfondir ensemble et chercher une énergie plus proche du live. Ce qu’on a fait ? On a mis 2 mois pour l’enregistrer, en incluant le mix et le mastering.


Quelle était la partie la plus difficile pour vous, concernant cet album?

Me concernant, ce fût sans aucun doute les chant les plus fragiles, là où tu ne peux pas tricher, là où chaque frémissement peut trahir une gamberge du cerveau. Trouver beaucoup de relâchement sur les parties vocales les plus « douces » et les plus intimes, c’est le plus difficile pour moi. Quand il s’agit d’hurler, je sais me relâcher, car j’ai de la pratique dans le domaine, et puis si t’es pas relâché quand tu envoies, tu te détruis la voix très rapidement ! Pour tout le groupe, je peux dire que les délais à tenir étaient rudes pour tous, mais l’urgence amène de belles choses !


Vous répétez ou travaillez souvent ensemble?

Ça dépend des périodes. Là, on taffe pas mal pour le nouveau show live. Ensuite, les meilleures répétitions restent les concerts eux-mêmes. Tu peux répéter autant que tu veux, rien ne remplace la scène.


On sent un aspect oriental dans « Walls of Shame », quelle est la petite histoire de ce morceau et qui est à l’œuvre de ces envolées orientales? On y retrouve un peu ces percussions orientales sur « Méditerranée damnée »?

Sur « Walls of Shame », c’est Fryzzzer le bassiste qui a composé les machines et le gros de l’instru, la couleur « orientalo-mélancolique » collait bien avec le sujet du texte écrit par Viber, l’évocation de réfugiés venant de pays du Moyen Orient se heurtant à des murs. Mais il y a aussi une dimension positive et remuante dans l’instru, car le texte parle également de faire tomber ces putain de murs, qu’ils soient symboliques ou concrets. Pour « Méditerranée damnée », c’est Benben qui est davantage à l’origine de l’instru. Je trouvais qu’il y a avait un côté océanique, une sensation de vagues, même dans les parties de guitares saturées, une certaine mélancolie aussi… J’avais écrit le texte de « Méditerranée damnée » durant l’été 2015, car j’avais été très choqué de voir qu’on ne parlait que de « migrants », comme des parasites : jamais on ne parlait d’êtres humains comme toi et moi. Je voulais remettre de l’humain, montrer qu’on pouvait s’identifier : il n’y a que la Méditerranée qui nous sépare, c’est tellement rien. Il y a des cœurs qui battent sur les embarcations de la mort. Tout ça est si proche et pourtant si loin dans nos tronches. Le texte a naturellement rencontré l’instru.


Vous aviez fait un concours très marrant avec Chatterbox, cela ne vous a pas donné envie d’en faire de même pour ce nouvel album?

Il faut toujours changer, ne pas se répéter, garder du sincère. C’est en tout cas notre état d’esprit. Si on a des idées valables, on les met en pratique. Là, on s’est recentrés sur la musique, et on était nous aussi en état d’urgence ! On verra si des idées viennent…

 

J’imagine que vous avez aussi un public non metalleux ?

Oui, on touche aussi un public amateur de rock, d’electro, de punk, et même parfois de chanson, car beaucoup s’arrêtent sur nos textes qui les interpellent. Sidi marche bien dans les festivals. Mais le cœur de notre public reste les metalleux !


Quelle est ta fabuleuse histoire avec la musique, le Metal…?

Quand j’ai plongé dans Suicidal Tendencies, Metallica, à l’âge de 14-15 ans, puis Alice in Chains, NIN, RATM, Korn, Rammstein… C’est tellement vibrant et excitant de sombrer à cet âge-là dans un univers aussi jubilatoire, de mettre un perfecto en cuir avec une veste en jean sans manche par dessus, bourrée de patch, avoir une écharpe longue de 2 mètres qui traîne par terre, des rangers et un jean troué… Fantastique rébellion et souvenir indélébile !

 

Chez Sidilarsen, je dirais que le plus important ce sont les textes puis la musique. Qu’en pensez-vous, de votre côté?

Je ne suis pas certain, même si les textes sont très, très importants ; l’un ne va pas sans l’autre. Le texte prend beaucoup plus de poids en musique. En revanche, je crois qu’on donne plus d’importance au signifiant de tout ce que l’on fait, en temps que groupe, musique incluse, qu’à la musique elle-même.

 

Quelles sont les problématiques qui vous ont le plus touchés et influencés pour cet album?

Comme dit en amont, le traitement dégueulasse des réfugiés, une immense honte de l’Europe, les attentats, l’urgence générale, la politique nationale calamiteuse, les grandes mutations, internet, le climat, mais également nos vies intimes, nos changements intérieurs en temps qu’être humains qui avancent dans la vie.


La pochette de l’album fait-elle référence ou hommage à Mötörhead (rire)? Que vouliez-vous représenter ?

Non pas directement. Mais si tu le ressens, ça ne nous gêne pas !

On avait envie d’affirmer ce qu’est Sidi avec ce skeud, du coup on a fait ressurgir nos racines, notre emblème « mythique » qu’est ce fameux tire bouchon anthropomorphique : on voulait lui donner un côté animal, puissant, d’où cette hybridation avec un crâne de buffle… C’est une sorte de totem, autour duquel peut s’accomplir le dancefloor des connards ! 😉


Avez-vous d’autres clips en préparation?

Oui on va tourner un clip cet été pour une sortie à la rentrée…

J’en dis pas plus pour le moment.

 

Une tournée de prévue?

On est d’abord en tournée des festivals, puis grosse tournée des clubs en France dès l’automne, plus une tournée russe en novembre et partout en 2017 !

Voici les premières dates :
05.05 GRAY (70) Festival Rolling Saône
14.05 BURIE (17) Festival Fest’O Pineau
02.07 VOUNEUIL SOUS BIARD (86) Festival Le Lavoir Électrique
08.07 VILLENAUXE LA GRANDE (10) Festival Rockaldo’s
16.07 DIEULOUARD (54) East Summer Festival
13.08 SAINT GOBAIN (02) Festival des Vers Solidaires
19.08 SAILLAT SUR VIENNE (87) Festival Les Cheminees Du Rock
27.08 LOURES BAROUSSE (65) Festival Estival Rock

11.10 PARIS (75) Divan du Monde

12.11 LIMOGES (87) La Fourmi

13.11 TOULOUSE (31) Le Metronum

14.11 LYON (69) Le Marché Gare

15.11 PAGNEY (54) Chez Paulette

22.10 LIEGE (BE) Festival la Guerre des Gaules

D’autres dates vont suivre…


Quel était jusqu’à présent le disque qui a eu le plus de succès?

Tous nos albums font à peu près les mêmes chiffres, sachant que le marché s’écroule. Du coup, c’est considéré comme une progression dans le milieu. On peut dire que « Eau » notre 2ème album paru en 2005 a créé pas mal de buzz et reste aujourd’hui un incontournable de Sidi avec des titres comme « La morale de la fable » ou encore « A qui je nuis me pardonne ». Mais on a senti que Sidi décollait vraiment avec nos deux derniers albums « Machine rouge » (2011) et « Chatterbox » (2014). Là on vient de signer chez Verycords/Warner, une chose est sûre, on est plus forts aujourd’hui.


Quel est le concert qui vous a marqué le plus?

Il y en a trop. Des petits comme des gros. En Roumanie, sur l’île de la Réunion, aux 24h de l’INSA à Lyon devant 10 000 personnes en feu, dans des rades pourris…


Avez-vous fait des tournées en dehors de la France ?

Oui, en Belgique, Hollande, Allemagne, Suisse, Roumanie et bientôt en Russie.


Si vous deviez choisir trois représentants de la scène metal française actuelle, qui désignerez-vous?

Gojira, Mass Hysteria et Black Bomb A, pour ce qu’ils font ou ce qu’ils représentent.

 

Quelle est la position de Sidilarsen à l’heure actuelle? Qu’espérez-vous/attendez-vous de l’avenir vous concernant?

On veut franchir encore un palier, comme à chaque album et tournée, afin de mieux pérenniser notre aventure, tourner au max, aller à la rencontre du public partout où c’est possible. On souhaite ardemment jouer au Hellfest en 2017. Le public nous le demande sur chacune de nos dates depuis plusieurs années.
Ce serait un certain accomplissement pour notre public comme pour nous.


Avez-vous d’autres projets? Est-ce que les membres de Sidilarsen jouent dans d’autres groupes?

Viber a réalisé un EP dark-rock-metalindus l’an dernier, c’est un duo qui se nomme From The Human Universe. Il a fait ça avec un pote à nous, ancien chanteur guitariste de Leiden. Sinon pas de projet en ce moment, hors mis quelques featurings. Et Sidi nous prend un temps fou !

 

Enfin que pensez-vous de la scène metal française? Et de votre point de vue, comment vous auriez aimé qu’elle soit ou qu’elle devienne?

Je pense que c’est une belle scène, mature aujourd’hui, avec des références solides. J’aimerais parfois un peu plus de surprises musicales, ça vaut également à l’international. Il y a quand même de très belles choses, venant parfois de groupes très peu connus. J’attends aussi plus d’engagement clair, de contestation, mais je trouve que ça revient en ce moment !


Êtes-vous engagés politiquement ou faites-vous partie d’associations ?

On est membres actifs de l’association Antistatic à Toulouse depuis 15 ans : on organise des concerts régulièrement, on essaie d’aider et de stimuler la scène locale. On collabore aussi avec Entraides Citoyennes, une asso qui vient en aide aux sans abris, aux SDF et aux exclus. On a édité une BD issue de notre dernier clip en date « Des milliards », dont 100% des bénéfices ont été reversés à cette asso qui mène des actions concrètes. C’est une goutte d’eau, mais les petites choses en entrainent des plus grandes. Nous ferons d’autres projets avec eux. On essaie également de sensibiliser les plus jeunes à la politique, à leur devoir civique, tâche extrêmement difficile tant le paysage politique actuel est un désastre. Il y a tout à réinventer, on veut rester combatifs et positifs.

 

Je vous laisse terminer avec une citation, une phrase ou trois mots qui résument votre album?

C’est là maintenant que tout va se jouer, pour Sidi comme pour l’humanité probablement… Spread it around !

 


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1 Commentaire sur “Sidilarsen”

  1. pingback pingback:
    Posté: 10th Mai 2016 vers 17 h 02 min
    1
    Sidilarsen – Dancefloor Bastards | Soil Chronicles

    […] Pour en savoir plus sur le groupe et la sortie de cet album, tout est dans l’interview par ici : http://www.soilchronicles.fr/interviews/sidilarsen2016 […]

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