Projet 86

Le 12 décembre 2022 posté par Metalfreak

Projet 86Martin, Jean Jess et le Skull
Interview (si peu) de Mémé Migou
1er Octobre 2022… à 15h04 tapantes !

Projet 86 nov 222

PROJET 86
C’est parti de pas grand-chose.
Un apéro entre copains, des discussions de comptoir, de moins en moins sérieuses,
de plus en plus rigolotes. Des plans sur la comète et des idées surréalistes …

On s’était dit rendez-vous dans 10 ans, même heure même jour même pomme… Oups ! Pardonnez-moi, j’ me suis égarée. D’ailleurs, on s’est tous égarés, garés bien au loin de l’endroit central qui devait nous servir de lieu de ralliement. Mémé était là, plateau des Capucins, à défaut de la place des grands Hommes, devant la bibliothèque F. Mitterrand, avec quelques minutes de retard. Et ils l’ont fait attendre, la Mémé ! Ses vieilles dentelles en ont été toutes chiffonnées !
Après le quart d’heure dit réglementaire, même si Mémé l’aurait préféré américain, ils sont enfin là. Ils sont beaux, Ils sentent bon le sable chaud du Mont Saint-Michel piqué aux Bretons…
MartinJean-Jess et le Skull arrivent, cahin caha, le sourire ravageur accroché aux lèvres en guise d’excuse. Et de fait, ils sont de suite pardonnés.

On profite donc du passage de Projet 86 en concert à l’Arena de Brest (Mazette ! C’est pas d’la p’tite salle, ça !) pour se faire une interview. Mémé avait préparé son petit carnet à spirales. Dedans, une bonne dizaine de questions. Mais c’était sans compter sur la spontanéité du trio qui est parti sur les chapeaux de roue…

Pour vous, amis lecteurs de Soil Chronicles, voici donc la première interview sans questions, version discussion !

Au commencement était leur parole…

Bonjour ! Alors, Projet 86, c’est qui ? C’est quoi ?
Martin – La base du projet, c’est de se dire « faisons un truc… » On voulait faire de la musique, mais de la musique à distance parce qu’on ne pouvait plus bouger. J’habite à Caen et mon collègue, Jean Jess, à l’époque habitait à Blois- Tours, région Centre.

Mais ça existe déjà. Je pense à un truc qui s’appelle WikiLoop, où les musiciens viennent déposer un sample, une mélodie, et les autres viennent se greffer. Ça peut même être des musiciens de toutes les nationalités.
Martin – Là, c’est collaboratif. Ici l’idée était « toi [à Jean Jess] tu fais les instrus, moi je chante dessus et on regarde ce que ça donne ». Le projet est né de ça. Enfin, au départ on avait quand même une batteuse dans l’histoire.
Jean Jess – C’est surtout qu’on venait d’un même groupe, avec 3 autres gars. On n’avait pas la main mise sur ce groupe-là, visuellement, artistiquement, la composition ou quoi que ce soit, on n’avait le choix sur rien du tout, j’étais juste là pour exécuter les trucs et..
Martin – Et moi aussi… on était les pièces rapportées. C’était une grande troupe de copains d’enfance…
Jean Jess – Et le soucis avec ça , c’est que, Martin et moi, on a beaucoup d’idées, et visiblement beaucoup plus qu’eux vu qu’en 3 ans ils ont sorti 6 morceaux et nous en 1 an ½ on a sorti 2 albums, 3 EP et 5 clips…

D’ailleurs, j’avoue que je ne m’y retrouve dans les dates. Là, il va falloir que vous m’expliquiez comment ça marche…
Martin – 1er album : mars 2021. 2ème album : janvier 2022.
Jean Jess – Mais entre deux, il y avait l’EP de reprises qu’on a sorti à Noël et depuis, on a sorti un EP en mars 2022
Martin – On a sorti un gros single qu’on aime beaucoup, mais qui n’a pas encore trouvé son public. « Alcoolisé », en juin 2021.

Ah ? Il ne se trouvait pas sur un des EP ?! Je croyais…
Martin – « Alcoolisé » ? Non, c’est un titre à part, un single. Et puis on a sorti 2 EP, pour les présidentielles, en mars 2022.
Jean Jess – l’EP Bagarre en mars/avril 2022 et l’EP qui est sorti mi-août 2022, qui s’appelle Bombe Humaine et qui sont plus ou moins … En fait, Bagarre , ça devait être un album de 9 titres et comme on venait déjà de sortir un 9 titres deux mois plus tôt, on s’est dit que c’était trop. Du coup, on a préféré enlever la moitié des morceaux. Mais ça me faisait chier de les jeter, je les aimais bien. Donc, Martin les a repris plus tard avec une autre thématique au niveau des textes et c’est devenu ce nouvel EP, Bombe humaine. Et on en est contents. Moi, je suis très content !
Martin– C’est le dernier né, ça.

Effectivement, au départ, j’avais été écouter sur Spotify. Le dernier effort qu’on voit apparaître, c’est Bombe Humaine, mais en lisant le press kit, il n’y avait que le Klub des BG qui ressortait, donc…
Martin – On avance tellement vite que le press kit est fatalement plus à jour.
Jean Jess – Et surtout, on met plus en avant les albums que les EP.

C’est clair que c’est énorme, ce que vous avez fait en… depuis 2021 ? Putain, c’est… [Mémé ! Ton vocabulaire, voyons!]
Martin – On commence aussi à avoir notre base de personnes qui nous connaissent. On a de moins en moins besoin de nous présenter. C’est aussi lié à ça…
Jean Jess – On s’était surtout dit qu’on faisait une très grosse année, avec beaucoup de projets, beaucoup de trucs à sortir, on voulait un set qui puisse se gonfler rapidement pour la scène. Un album de 27 minutes, ça ne crée pas un set suffisant. On a voulu avoir une discographie pleine très rapidement. Ceux qui écoutent un album et veulent en découvrir un autre ou un EP…On a tous les clips, on a une carte de visite.
Martin – … Ouais… Très rapidement, les gens qui nous découvrent, ils ont à se mettre sous la dent 40 ou 45 titres, je crois
Jean Jess – … Un peu moins, c’est 30-35, mais ça fait quand même beaucoup.
Martin– .Donc, s’ils accrochent – en plus les algorithmes sont bien foutus – tu as le tube en premier, un peu moins après etc.. Enfin, grosso modo, tu écoutes les 3 recommandations, tu as quand même du lourd. Donc ça donne envie d’aller creuser…
Jean Jess – L’avantage qu’on a là-dessus, c’est que chez nous, les 3 morceaux recommandés sont sur 3 opus différents. Ce qui veut dire qu’en plus, ceux qui vont préférer soit tel titre, soit l’autre, vont tout de suite avoir un opus différent à écouter… en plus chaque opus est assez différent. On a des envies de production, des idées qui évoluent très vite. Quand on a fait un truc dans un style, avec telles idées de production, de composition,c’est bon c’est fait ! On garde le noyau dur de notre composition, donc notre côté mélodique, rythmique, Hardcore et tout ça, mais d’un opus à un autre, tout est vraiment différent dans la structure de composition. Même dans les idées qu’on a … Parce que dans tes textes, tu en a un qui était juste porté sur la bière par exemple dans le premier album, le 2e, il y avait un gros rapport à l’enfance, l’adolescence etc. Après, il y a eu un EP politique. Et le dernier qui est un peu… c’est pour ça que j’avais proposé le nom de « Bombe Humaine », c’est que je trouvais qu’il y avait beaucoup autour de l’autodestruction. C’est très humain…

Mais ne va pas trop vite, tu devances mes questions… après on va dire que Mémé n’a pas préparé son interview !
Jean Jess – Je lis beaucoup d’interviews sur le web, donc je sais très bien ce que tu vas me dire ensuite. Tu vas me demander ce que tu penses de Jean-Luc Mélenchon ?

Ah ben non.. ma question c’était « alors, vous avez trouvé la rime en -ite pour poétiser avec cross-fit…Et pour votre cross- « ovaire ». Oui ? Non ?
Martin / Jean Jess – Ah oui… non… c’était bien ça…

Allez… vous avez le droit de dire des conneries pendant que je vais commander…

Au milieu était l’intermède… Cher lecteur, tu peux aisément passer le paragraphe suivant…

Martin [en roue libre et savamment accompagné de Jean Jess et du Skull qui se fait skud pour l’occasion !] – Yoooooo madamnannmannmannnnnnnn madmannmannmannnmannn… laisse pas traîner ton fils yoooooo… madamanmanamnamanmanman… blagblag [borborygme growlé] Ja ! Rrrrude boyyyyyyyyyyy….. Annonce : le groupe se sépare ce soir …. mannn mannn manamnanammnman Jipé a… [la bienséance de Mémé l’empêche de retranscrire les paroles]…. yoooooo… madamanmanamnamanmanman… tchak tchak… yoooooo… madamanmanamnamanmanman…Ça y est… j’ai les lèvres atrophiées ! yoooooo… madamanmanamnamanmanman…madamanmanamnamanmanman…Comme le dit Joey Starr, tiens ta femme et tu tiendras la France… yoooooo… madamanmanamnamanmanman… je ne cautionne pas… yoooooo… madamanmanamnamanmanman… prochain album 2023….

Au milieu était la Terre…

Du coup, juste une petite précision : c’est Projet 86 ou Projet 8.6 façon bière ?
Martin /Jean Jess – 86 !
Rien à voir avec la 8.6 ?
Martin – Absolument rien ! C’est parce que nos initiales correspondent aux 8e et la 6e lettres de l’alphabet. On voulait surtout un mot avec un chiffre à côté.
Jean Jess – c’est vraiment la force des groupes qu’on écoute donc BLINK 182, SUM 41… on voulait vraiment rappeler ces groupes-là, donc on est partis là-dessus.

Et dans la Terre du Milieu, on cherche l’anneau…

Martin – S’est posé la question du batteur à la naissance du groupe. Sur la première maquette, c’est Jess qui avait programmé la batterie. On s’était dit qu’en attendant de trouver quelqu’un, on allait le faire. Puis, on a d’abord rencontré un batteur de Hardcore, qu’on connaissait de notre réseau précédent
Jean Jess – Non c’est l’inverse ! D’abord on l’a connu, puis après j’ai programmé les batteries. Parce que justement, on s’est tellement faits lâcher que tu m’as dit « BG, tu fais les batteries… »
Martin – Ouais mais au départ, tes premières maquettes…
Jean Jess – Oui oui… mais ça devait être repris puis composé par de vrais batteurs.
Martin – Ce qui a été le cas, puisque effectivement le premier, c’est un mec issu du Hardcore, qui a retouché… ça sonnait très bien, d’ailleurs ! Il retouchait et.. du jour au lendemain, il nous a dit qu’il n’aurait pas le temps, qu’il ne pourrait pas le faire sérieusement, « désolé, je m’en vais ».
Martin – On a refouillé notre carnet d’adresses et on est retombés sur une batteuse, cette fois.
Jean Jess – Et là, du Deathcore complet ! Très très fort.
Martin – Une batteuse de Deathcore qui a fait deux/trois morceaux. Et ça marchait super bien. Là, on était aux anges !

Projet 86 nov 221

Effectivement, ce n’est pas que du Punk ! Ça tape dans le Deathcore aussi…
Martin – Oui oui, c’est du Metal… On revient d’un festival 100% Punk et ils nous ont tous dit « c’est super ce que vous faites, mais c’est pas du Punk, c’est du Metal ! » Et ils ont raison, en fait. C’est à ce moment-là qu’on se l’est dit…
Donc, on tombe sur cette batteuse de Deathcore, qui nous envoie des maquettes. Là, on se roule par terre de bonheur, parce vraiment, elle nous envoie des trucs, ça matche complètement…
Jean Jess – Tu veux une faire illustration maintenant ? Ouahhhhhh…. ouah… ahhhhhhh…. [roulade à même le sol du café, sous les yeux ébahis des famille en baguenaude – RIRES]
Martin – Et en plus, à titre perso, et je pense que Jess n’avait rien contre, mais le fait qu’on soit un groupe mixte, ça me plaisait énormément. C’était vraiment un argument génial et j’étais hyper content. Et donc là, on y va tête baissée, en se disant que ça y est, c’est la batteuse, c’est parti ! En plus, on s’envoyait des messages en se disant « allez, on ne se lâche pas, tu sais nous le premier mec qui nous a lâché, ça nous a vraiment foutu un coup au moral donc… » Elle nous dit de ne pas nous en faire, elle ne va pas nous lâcher !
Jean Jess – Et en plus, elle pousse l’engagement à nous envoyer des photos pour la pochette de l’album ! Sur le premier album, ce sont nos trois visages. Mais du coup, au lieu d’avoir le visage de la fameuse batteuse, on a un crâne, parce que le premier janvier elle nous envoie « ben les gars, j’abandonne » après deux maquettes… Elle quitte tout. Là, moi, j’avais envie d’arrêter…
Martin – Ouais, quel dommage ! Et là, vraiment on est terrassés, on a le moral à zéro. Et attendant, on se rapproche du studio TSR, qui est quasiment un membre du groupe, c’est notre ingé studio et notre ami depuis le début du groupe. Il nous dit « moi, je peux vous présenter un gars, qui s’appelle Jipé, franchement ça peut être intéressant. Je vous envoie ses maquettes … »
Jean Jess – D’abord je l’ai au téléphone, très sympa, on a des potes en commun. On vient de la même scène. C’est déjà un argument très rassurant pour moi, il y a une crédibilité

Ils ont trouvé le Grall, ils ont trouvé le Skull…

Skull – Je me souviens que dans la conversation j’avais dit que personnellement, vu mon emploi du temps assez chargé – parce qu’à l’époque j’avais aussi un groupe qui tournait pas mal – je ne pourrai peut-être partir que sur quelques dates…
Martin – Mais tu laissais la porte entrouverte quand même ! Tu disais que voilà, si c’est possible je le fais
Skull – Si c’est possible, c’est faisable, on s’organise à l’avance c’est toujours faisable avec de l’organisation.
Martin – Ça paraissait super carré et moi j’étais rassuré pour le style. A l’époque, j’imaginais Jipé un grand mec maigre avec une queue de cheval. Et toi, tu l’imaginais comment ?
|RIRES]
Jean Jess – Une queue de cheval, mais chauve !
Martin – … Et donc là, si tu veux, on ressent à nouveau la petite flamme. On se dit, putain ! Ça commence à ressembler à quelque chose !

Où il est question de scoumoune…

Martin – Avant ça, on voulait tourner notre premier clip «Boire Avant Midi » dans un bar (où on l’a finalement fait). On était très proches de le faire, sauf qu’au dernier moment, le patron nous a dit « les mecs, je ne le sens pas, parce que on ne peut pas faire ça sans masque… », alors qu’au départ ça devait être une soirée privée. Grosso modo, on s’est dit qu’il était maudits. Il n’y a rien qui allait. Et je me souviens d’avoir laissé un message à Jean Jess en disant « hey ! Mec, tant pis, on fait l’album ! Tu programmes les batteries, on n’a pas de batteur, on s’en fout. »
Jean Jess – Ce n’était pas un question…
Martin – … On fait « Summer Bedaine », on le fait à côté de chez moi, j’ai une super salle, Je te trouve un réal et on y va ! Oui… parce que le premier clip, on avait même trouvé l’équipe de réal qui nous a lâchés !
Jean Jess – Oui, c’est vrai. Le premier album, on s’est fait lâcher par littéralement par tout le monde !La nana qui devait faire notre logo, c’était une amie… Nous, d’entrée de jeu, on s’est dit qu’il nous fallait un logo. On sait qu’elle travaille bien, elle comprend les enjeux, on a déjà bossé avec elle. On lui donne le projet, nos envies. Elle nous fait comme les deux batteurs, elle nous ghost complètement aussi. Pareil ! Et du coup, je finis par dire à Martin, « vas-y j’appelle une meuf, qui n’était même pas vraiment une pote à l’époque. C’était une nana que je suivais sur Instagram ». Du coup, c’est cette nana, qui est devenue notre pote après, qui a fait le logo et qui a fait la pochette du deuxième album, d’ailleurs. Niveau mix, ça devait être le premier batteur car il avait de bonnes compétences en MAO, etc. Ben il nous lâche et pour le poste de batteur et pour le poste du mix. Là, on s’est réfugiés chez Max, du Kaiser StudioTSR Rouen. Par qui on s’est fait lâcher d’autre ?
Martin– On a dû se faire lâcher aussi par un réal… l’équipe de tournage …
Jean Jess – Ah oui !
Martin – L’ami, la personne qui nous a pas lâchés – enfin il y en a eu d’autres quand même, Matt a toujours été là par exemple mais – la personne que j’avais contactée pour la pochette du premier album, c’est une nana qui parlait beaucoup de féminisme. Et j’adorais son style graphique et son engagement sur les réseaux. Je l’avais donc contactée en disant qu’on était (à l’époque) un groupe mixte et que j’aimerais qu’elle fasse la pochette parce que j’aime ton style et qu’il pourrait vraiment correspondre au truc. Et on a des valeurs en commun. Donc sur cette base-là, elle me dit OK, pas de soucis. Adorable, on dit merci merci merci ; Mais la batteuse nous lâche et là je l’appelle pour lui dire « tu connais mes valeurs, mais là je ne pourrai plus les défendre là-dessus, est-ce que tu acceptes toujours? » Je sentais bien que ce n’était plus tout à fait pareil. Mais elle a dit « on s’entend bien , allons-y ! » Et elle elle ne nous a pas lâchés ! C’est Bonnie illustration. Elle ne nous a pas accompagnés sur le deuxième, pour raisons personnelles. Dnc on est passé par Célia qui avait fait le logo. Maintenant, on se dit qu’il faut qu’on attaque les lives pour défendre notre album sur scène.

C’est fini la scoumoune ?

Vous en avez déjà fait quelques-uns maintenant !
Martin– Oui, là on a un bon CV, mais à l’époque du premier album, on s’est dit qu’on devait le défendre sur scène, celui-là.

Je replace le contexte… l’époque du premier album, c’était en 2021 ?
Martin – Là, on est tout début 2022… non non… tout début 21 !
Jean Jess – Mars 2021 !

Au sortir du confinement, donc…
Martin – Et du clip « Summer Bedaine » qui lance le groupe. En fait, c’est la première chose qu’on sort officiellement. C’est le premier son qu’on passe. Et là, ça a tout de suite matché car le bonhomme avec qui on a travaillé, qui s’appelle Noé Lapaix, qui est un réalisateur spécialisé dans le zouk et qui a des millions de vues pour ses clips. Noé nous réalise ça, le mélange ici a complètement marché. Le clip a vite trouvé son public. On avait bien préparé les réseaux aussi « attention, là, vous n’êtes pas prêts »… Et les gens n’étaient effectivement pas prêts. Le clip a tout de suite pris des milliers de vues.
Jean Jess – Après il avait un côté très décomplexant, très premier degré. Ca c’est un truc que Martin se refuse à faire en tant que parolier, – moi j’ai dû écrire 3 lignes sur les 25 titres, dont le refrain de « Summer Bedaine », du coup.
Martin – On voulait faire un truc positif
Jean Jess – Nous c’était ça : ondes positives ! Parce qu’il y avait eu tout le Covid, tous les projets tombaient à l’eau, tout se foutait en l’air, tout le monde avait envie soit de s’ouvrir les veines, soit de devenir obèse de Mac Donalds…
Martin– .. et pour pour suivre sur la malédiction, ce clip-là, on se dit que ce serait cool qu’il fasse beau. Dans « Summer Bedaine », y a summer, ça serait sympa qu’il y ait un peu de soleil… Et non seulement il n’y a pas de soleil, mais en plus il pleut et il neige [RIRES]
Je me souviens de Noé qui avait plein de grêlons dans sa capuche en moumoute et Noé lui-même était bleu et a dit : « moi, je ne sortirai pas de ma voiture, les gars ! »
Jean Jess– Personne n’était bien. Il grêlait sur la plage, On repousse tout au lendemain matin. On se lève, j’ouvre la fenêtre et…mon premier réflexe, c’est d’envoyer un message à Martin « mec, il neige, c’est pas possible ! ». Et j’ai envie de pleurer. Tout est tapissé de neige, c’est l’enfer, j’ai envie de chialer.
Martin – Autre malédiction… dans le clip, il était sensé y avoir un mec un peu musclé qu j’appelle sur le trajet (c’était la veille, je reviens un peu en arrière) et lui demande « mec, ça y est, t’es prêt ? Tu peux décoller de chez toi ? » Il me répond : « mais mec ! Je ne vais pas me mettre en marcel, tu es fou ! ». Il me raccroche au nez.
Jean Jess – C’était le batteur de ton autre groupe…
Martin – Oui, un très bon pote ! Et là je cale le téléphone et je préviens qu’on n’a pas le mec musclé. Par contre, j’ai retrouvé un mec dans la foulée… mais qui n’était pas dispo le lendemain ! Il est venu sur le moment où il y avait la grêle et tout ça. C’est le frère de l’acteur principal qui est venu, à l’arrache. On a terminé ce clip dans la douleur, mais il a cartonné. On en est super contents ! Le talent du réalisateur fait que la météon ne joue pas.

Le côté décalé peut justement amener quelque chose de nouveau
Martin – Il a une colorimétrie qui fait qu’il est parti sur un bleu-vert, ça restait très chaud malgré tout. Ça ne porte pas atteinte au clip. On se dit que suite à ça, on sort le premier album dans la foulée. Il trouve tout de suite son public. Là, vraiment, on est très contents de la façon dont les choses démarrent. On pense aux lives et à la formule utilisée pour le défendre, puisqu’on n’a pas de batteur attitré. Mais on a, du coup, remplacé sur la pochette de l’album, ce qui devait être le portrait de la batteuse, par une tête de mort. On s’est dit tant pis, on anonymise le truc et on trouve un masque un peu rigolo qui ressemble… presque pas au truc de la pochette ! Mais qui va à tout le monde !

Projet 86 nov 223

Mais du coup, c’est toujours elle qui joue sur l’album ?
Jean Jess – C’est moi qui ai tout programmé niveau batterie pour le moment. Ça va bientôt changer.
Martin – Ça, c’est une vraie info ! Donc on se dit que tant pis, on va jouer du fait que le Skull n’existe pas. Par contre on essaie de le faire vivre sur les réseaux sociaux, on lui invente une identité, un mec complètement ringard et on joue avec ça. A ce moment-là, on ne connaît pas encore Jipé. On a donc décidé de jouer du concept en se disant que tous ceux qui veulent jouer avec nous, jouent ! Ils écoutent les morceaux, ils les travaillent et puis si on a un concert à Tours, on prend le mec de Tours, si on a un concert à Lille, on prend quelqu’un plus au Nord…
Jean Jess – Sur tous les shootings photos, il n’y a pas un seul batteur dessus !
Jipé – C’est comme ça que Jess m’avait vendu le projet en disant que justement le Skull, c’est quelque chose d’un peu abstrait. Essayer de trouver un batteur selon les zones où ils sont à jouer. Et moi, ce genre de truc, je me disais « ben ouais, carrément » !

En voie de sédentarisation…

Martin – On n’avait pas prévu de sédentariser celui qu’on appelle le Skull. On a commencé avec un autre gars, de Tours, justement, avec qui on a fait les premières dates, et qui nous a tout de suite fait comprendre que c’était du dépannage. Et ça tombait bien car on ne cherchait pas autre chose que du dépannage. Il s’appelle Xav
Jean Jess – Qui est un excellent batteur, d’ailleurs !
Martin – On le remercie, c’était cool. On a fait nos premières dates avec lui.
Jean Jess – On a tourné un clip avec lui aussi, « le Klub des BG » !
Martin – Et puis, on a rencontré Jipé !
Skull – Après que Mat m’ait vendu le projet, Jess m’a téléphoné et sa première question c’était « toi, la double pédale ? » « Ouais ben moi, la DP, bien sûr ! » Donc Mat, du studio TSR avec qui je bosse aussi sur pas mal de trucs, me dit que « les gars ont besoin de toi, ça t’intéresse ? » Il m’avait envoyé trois morceaux. Pour moi, il n’y avait pas de problème. Alors c’est vrai qu’au début, il y avait des tâtonnements, je me souviens de la première embrouille « moi j’veux de la double pédale sur des morceaux acoustiques », l’autre qui répondait « non, il est hors de question qu’il y ait de la double pédale là. On s’est mal compris, mec ! » Alors j’étais là, entre les deux, en disant « bon ben les gars, vous vous mettez d’accord. » Et puis voilà, au fur et à mesure du temps, les gars ont bien aimé le truc et on a gardé le contact. Je suis apparu dans le clip de « Saint Patrick », on a commencé à faire des dates et depuis « Saint Patrick », on a bien sympathisé, on a même partagé un bon Covid ensemble. Depuis le début d’année, on en est à la 8eme date où on bosse ensemble. Ca se passe bien, même si on a une décennie d’écart.

Où chacun y trouve son compte…

Skull – Donc quasiment une décennie entre chaque et au final, c’est bien parce que moi, ça me permet de rester collé à des trucs un peu… je ne vais pas dire modernes, mais frais. Sans me prendre la tête. Les gars, ils sont tellement assez ingérables… On sait comment les journées commencent , jamais comment elles finissent. Je ne te parle même pas des nuits entre les dates ! D’un autre côté, je pense apporter le côté un peu plus sage, avec l’expérience des dates. « Bon les gars, on ne se couche pas trop trop tard, demain il y a ça.. Par contre on arrive à telle heure parce qu’il y a ça et ça.. ». Un peu le papa… Je les laisse se démerder un peu entre eux. Par contre, le lendemain matin quand ils se réveillent avec une belle gueule de bois, je suis le premier à bien me marrer en disant « allez ! Go, maintenant, les gars »….Mais voilà, c’est plutôt cool de faire partie de cette aventure…
Martin – On n’avait donc pas prévu de sédentariser le Skull, on était sur ce projet d’avoir un batteur dans chaque port.

Ça aurait pu être très intéressant
Martin – Oui, ça aurait pu, mais il se trouve que les premiers concerts qu’on a fait ensemble, c’était sur la tournée ?
Jean-Jess – C’était les 3 dates dans le Nord
Martin – Ouais, donc c’était déjà une mini tournée. Donc on a vu que le groupe vivait bien ensemble et qu’entre la première fois où on a joué ensemble et la dernière, il y avait une marge de progression et d’entente qui était très forte. Donc avec Jess, on s’est dit « écoute, on va abandonner la basse et en fait le Skull, ce sera soit JP, soit quand il ne peut vraiment pas, mais on insiste, on part avec juste la batterie en midi qu’on met en sono. Mais on n’aura plus qu’un batteur. » Parce qu’on avait aussi compris que Jipé, c’était pas…
Skull – Parlant de scoumoune, bah… moi, je vais y aller, hein !
Martin – on s’en fout, on a le PC ! (rires)

C’est pas le tout de rire…

Comme le temps est compté, je voulais tout de même revenir sur une chose. Tu disais, Jean Jess, qu’il n’y avait peut-être qu’une ou deux chansons très premier degré… je trouvais qu’au contraire sur le 1er premier album, c’est justement assez premier degré et Punk dans l’esprit. Là, on sent, même au niveau musical, une évolution qui est assez énorme. C’est vrai que, quand j’ai écouté les premiers titres « Summer Bedaine », etc, je me suis dit bon… et puis après j’écoute Bombe Humaine et là, waouw ! Ça joue et du coup ce n’est plus du premier degré, ça devient de la satyre. On est sur quelque chose qui, pour moi, est super intéressant !
Martin – C’était déjà un jeu d’équilibriste sur le premier album. Je voulais proposer quelque chose de positif, comme le titre de l’album [« Positive Attitude »]. C’était notre idée, dès le départ…Mais le jeu d’équilibriste dont je parle c’était de faire quelque chose de bien dosé sur le plan de la légèreté Que ce ne soit ni beauf ni potache, ni rien. Mais qu’en même temps…
Jean Jess – Feel good !

Moi, j’ai mis « y a d’la bamboche, on sent qu’il y a l’envie de foutre le dawa. Mais en même temps, il y d’autres choses. Comme vous parliez tout l’heure d’EP qui étaient plus dans le côté politisé etc…
Martin – Je vais t’expliquer pourquoi on est partis là-dessus. Je pense que la mission sur « Positive Attitude » a été réussie. D’ailleurs j’ai reçu énormément de compliments sur les textes, les gens étaient très bienveillants là-dessus. Mais on a aussi des gens pour résumer notre musique, notamment après notre premier concert, en disant « j’adore ce que vous faites, j’adore le Rock parodique ». Et moi, si tu veux, j’ai trouvé ça incroyablement vexant.
Jean Jess – On nous a comparé à Ultra Vomit. J’avais envie de pleurer quand on m’a envoyé ça !
Martin – J’ai trouvé ça très vexant car j’ai fait l’effort de bien doser le truc et patatras, on est quand même dans ce travers-là ! On s’est dit que pour la suite, on garde un peu l’esprit mais on glisse sur quelque chose de plus sérieux.
Jean Jess – On enlève le côté sketch, bière…Mais on reste toujours feel good !
Martin – Par contre, on s’est dit qu’on profite, pour l’EP Bagarre qui est sorti juste avant les élections Présidentielles, que là, on explique aux gens quelles sont nos valeurs.
Jean Jess – On n’est pas des plaisantins…Même si on fait des trucs légers, on n’est pas des guignols.
Martin – On ne veut plus recevoir cette étiquette de Rock parodique. Il y en a qui s’en débrouillent très bien. Par exemple, on a un groupe ami qui s’appelle Les 3 fromages , ils proposent un Punk un peu léger aussi, mais eux ils assument complètement leur étiquette qui est Punk’N Drôle. Ils assument totalement ça, ils font les clowns sur scène …
Jean Jess – Mais nous, c’est pas notre truc.

Et vous, d’ailleurs, sur scène, ça donne quoi ? Et dans la salle, ça donne quoi ?

Jean Jes
s – Y a des coups de pieds en l’air, y a du slam…
Martin – On est dans la destruction matérielle des lieux dans lesquels on joue [RIRES]
Skull – On sait comment ils commencent, pas comment ça finit !
Martin – On aime bien provoquer les gens pour faire en sorte que qu’ils bougent, qu’il y ait une interaction. On va au contact. Moi, quand les gens ne sont pas assez près, je ne me contente pas de leur gueuler « allez, rapprochez vous ! » Je rapproche mon micro… en disant que si vous ne voulez pas venir vers moi, c’est moi qui irai vers vous. On essaie d’avoir un show interactif et dynamique.
A un moment, je voulais avoir plein de drapeaux sur scène, on cherchait un « Je suis Charlie ». Je trouvais que c’était un drapeau important, mais je n’en ai jamais trouvé.
Jean Jess – Par contre on a le drapeau Antifa qui est souvent déployé. Même si on raconte des trucs lég’, on ne raconte pas de conneries ! Même si on a un ton léger, c’est vrai qu’on a nos idées et on n’hésite pas à rentrer dedans.
Martin – C’est ça aussi, le Punk, avoir des idées et les défendre.
Skull – D’un œil extérieur, c’est vrai que j’ai l’impression que Projet 86 aime bien parler de sujets sérieux mais à la portée de tout le monde. Dans les textes il y a une double lecture. Une lecture avec ce côté où on rigole. Et si on se penche de façon plus sérieuse,on se dit que putain, les mecs, ils en ont dans le crâne.Ils ont pris le temps de regarder des trucs sociétaux. Comme le Punk, en fait ! C’est ça aussi qui m’avait plu pour intégrer et participer à ce projet-là. C’est vraiment une aventure de partir avec ces gars-là ! C’est clair et net ! [RIRES]
Martin – Rendez-vous en Terres inconnues ! [RIRES]
Skull – C’est un peu ça oui ! Mais c’est un projet qui mérite de bien se poser dessus. Et si les gens prennent le temps de se pencher vraiment sur les paroles, au-delà de l’aspect visuel, ils peuvent alors se dire que « merde ! Tout compte fait, il n’y a pas que les Tagada Jones qui ont des textes engagés. »

Projet 86 nov 225

En tout cas, il y a une chose qui est certaine c’est que.. ; comme je suis Mémé, je ne boirai pas de dernier verre avec vous, vous allez me foutre la poisse ! [Vous irez écouter le titre pour comprendre la joke!]
Skull – Mais tu pourras dire au revoir les BG !
Ouiiiii ! Et bonne chance, les BG !
Tutti [comme la tarte frutti de Mémé]: merci beaucoup !

Voilà… c’est bon ? Vous avez survécu à cette très longue interview ? Mémé aussi ! Elle vous félicite ! Et normalement, à partir de maintenant, vous avez très certainement l’envie énorme, irrépressible, de vous jeter sur les albums pour mieux cerner le groupe. Ils le méritent !

Mais comme rien ne s’est passé comme cela le devrait, Mémé a encore une fois oublié de sortir son appareil photo. Alors, elle va simplement remercier son collègue El Jean Jean pour la photo in situ de Mémé avec Martin et Jean Jess. Quant au Skull… laissons-le encore un peu dans l’anonymat… Mon petit doigt me dit que ça va bien vite changer !
Prochains concerts :
11.11.2022 / L’Astrolabe (le petit quevilly) / DRAKKFEST
17.12.2022 / Le 37e (Tours) / WINTERIIP III
17.12.2022 / La rotative (Poitiers) / Le Père Noël est un KEUPON

 

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