Superstatic – Glimmering Veil

Le 15 octobre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Justin Case : basse
  • Sirius Lee : batterie
  • Zoe Baal : guitare
  • Alex : chant
  • Guest :
  • Sergey Lazar : guitare

Style:

Doom Death Metal

Date de sortie:

15 octobre 2021

Label:

Solitude Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7/10

“Ce qui est macabre dans la mort, ce n’est pas la séparation du corps et de l’esprit, c’est ce qui reste. Une sombre copie inerte, impuissante, exposée à la vue de tous les curieux.” Dielle Doran

C’est bête, j’étais parti pour faire une chronique sur du stoner psychédélique. Puis la date de sortie a été reportée, je me suis donc résolu à revenir sur un style plus familier, plus apprécié. Mais aux antipodes de ce qui était prévu initialement, il me faut donc un temps considérable pour pénétrer dans l’analyse. Ce n’est pas simple, je ne sais pas si mes collègues chroniqueurs ont des rituels avant de commencer à écrire et écouter, dans l’ordre inverse d’ailleurs (bravo…). Moi, il me faut toujours mon moment de tranquillité, éventuellement de quoi grignoter et le canapé. Le reste n’a pas d’importance particulière. Si vous voulez tout savoir, il me faut soit des croutons de salade à l’ail, soit du lait concentré sucré (mon copain et patron Chris Metalfreak va grincer des dents, lui que j’accompagne un peu plus souvent à la salle de sport), soit des biscottes ou des chips (NdMetalfreak : Shaphaproillapluilaplap !!!). Et après, je vous écris tout ce que vous voulez ! Si possible un truc cohérent et intéressant. Mais quand on fait un grand écart musical tel que d’un côté le stoner psychédélique et de l’autre le funeral doom metal, ce n’est forcément pas la même méthodologie d’analyse. Mais qu’importe ! Me voilà désormais aux prises avec un groupe que je ne connaissais pas, dont les limbes Facebookiennes ne m’avaient pas dévoilé l’identité, il s’agit de Superstatic et de son album nommé « Glimmering Veil« . Autant vous le dire, cela s’annonce délicieusement macabre !

De Superstatic, je disais donc que je ne connaissais absolument rien. Aussi ai-je fait mes recherches idoines, histoire d’avoir comme toujours une petite présentation à vous… Présenter. Superstatic est donc un groupe irlandais, originaire de Dublin pour faire original n’est-ce-pas, et qui existe depuis peu, soit 2017. Le temps pour le groupe composé de quatre musiciens, dont un ancien bassiste de Cruachan pour l’anecdote, de sortir deux albums avec ce dernier. « Key to the Abyss » était sorti chez Soundage Productions, « Glimmering Veil » sort quant à lui sur un label qui m’est plus familier : Solitude Productions. J’ai découvert au passage que le nommé Rustam Shakirzyanov n’est pas que l’ancien bassiste de Cruachan, il est aussi le fondateur de Superstatic ainsi que de Rakoth et d’Umbral Presence qui officient soit sur un mélange de doom metal et de metal folklorique, soit sur du black metal pur jus concentré. Un musicien couteau suisse si je puis dire, qui s’oriente cette fois-ci vers une musique plus lourde sur le papier. J’ai pas mal de choses à redire sur l’album, on va avoir de quoi papoter croyez-moi.

La pochette en apéritif ! On va dissiper les malentendus potentiels, j’ai un sentiment un peu partagé sur cette dernière. Sur le style, je trouve qu’il y a une part non négligeable de faux sens, c’est-à-dire qu’à travers ce style un peu grossier, j’entends sur la technique de création qui ne respire pas la qualité et la précision, on essaye de nous amener vers quelque chose de dérangeant. Le motif au milieu me fait clairement penser à un œil, mais déjà la forme est sincèrement grossière et le mettre dans ce sens amène le fameux « faux-sens » où on veut nous faire croire qu’avec un simple retournement d’angle, on amène du sens. Or, je m’excuse de le dire aussi méchamment, mais retourner un œil cela n’est en rien quelque chose de profond. C’est au mieux juste pour faire genre de quelque chose, au pire par désintérêt qui serait la seule profondeur derrière ! Les contours sont un peu plus jolis, le style fait penser à de la pierre dans laquelle serait taillé ce fameux œil bizarre, comme un présage gravé dans la roche, un symbole d’un autre monde ou d’une autre histoire. C’est donc une pochette qui me laisse de toute manière relativement indifférent, donc s’épancher sur le sens caché derrière n’amènerait rien de spécial à « Glimmering Veil » qui signifie en anglais « voile scintillant », où est le rapport ? On ne sait pas. Je pense que le groupe Superstatic avait largement les moyens de faire mieux, même si je n’oublie toutefois pas qu’il y a une réelle progression dans la discographie du groupe, puisque l’album précédent « Key to the Abyss » avait une pochette d’un kitsch ridicule.

Alors, pareil ! Ce soir je verse dans le frontal, j’aime parfois être direct. La musique est loin d’être une promenade de santé. Je suis passé par au moins deux étapes diamétralement opposées : l’affliction et le bonheur ! Vous imaginez ? L’un des pires ascenseurs émotionnels depuis que je chronique des albums. Pourquoi ce constat si soudain ? D’abord, par le style, enfin… Les styles ! Sur les gravures, Superstatic – groupe qui n’a jamais aussi mal porté son nom – propose du funeral doom metal. Vous voyez le genre ? La musique ultra lente, avec des sonorités et des mélodies qui ajoutent un malaise psychologique d’entrée de jeu et qui vous lacère l’esprit comme une lame de rasoir. Un truc génial pour moi ! Mais on en est loin. Disons que pour moi, les Irlandais sont plus sur un mélange peu osmotique de doom metal et de death metal. Même si sur certains riffs les deux se marient bien, sur la majorité de l’album les deux styles se croisent plus qu’ils ne s’interposent. Cela donne un album irrégulier, oscillant entre des passages franchement très bons, très lourds, et des passages complètement déstructurés notamment aux guitares et à la basse où l’on passe de rythmes binaires classiques à ce qui me semble être de l’hémiole. Pour vous dire à quel point je suis dérouté j’ai le sentiment que la partie death metal de l’album ressort beaucoup plus sur du djent ! Mes connaissances en solfège en ont pris un coup, on n’est tout de même pas sur du Meshuggah en matière de déstructuration totale à la djent old school, mais la schizophrénie musicale n’est pas loin. J’avoue ne pas savoir après la première écoute si je suis fasciné par cette variation rythmique qui est étonnante surtout à ce point d’hyperbole, ou si je suis dans le rejet. Je retiens pour le moment les très bons moments de doom death metal, c’est-à-dire des riffs plus minimalistes, lourds et d’une lenteur affligeante (dans le bon sens du terme), les accords guitares abondent vers une forme étiolée de funeral doom metal et j’adore surtout certains courts passages, en fin de morceaux la plupart du temps, avec une mélodie de guitare en plus très macabre, voire mélancolique, qui donne une touche sincèrement dérangeante et troublante. Le chant aussi m’a apporté un fort bon lot de satisfaction mais j’y reviendrai plus tard. Je retiens le positif, pour l’instant.

J’ai un petit problème avec la production. Je ne sais pas si c’est mon moyen d’écoute qui tire sa révérence, mais j’ai l’impression qu’on n’entend pas la batterie correctement. Ce qui me surprend, c’est que ce n’est pas dans toutes les pistes de l’album. Seulement une sur deux, et c’est un sentiment étrange parce que j’ai surtout l’impression que la batterie est noyée dans une espèce de marasme cataclysmique avec les guitares et la basse. Ou peut-être est-ce un trop-plein d’effet sur les instruments, je ne sais pas. Mon côté paranoïaque m’a poussé à croire que c’était fait exprès, que comme ce constat intervient sur les morceaux plus « djent« , avec des structures sans logique aucune, c’était fait exprès pour camoufler les errances rythmiques à la batterie. Mais je ne pense pas bien évidemment ! Mais c’est bizarre… Autant un morceau sur deux sonne très bien, avec une place nette pour tous les instruments dont la batterie justement (et surtout la grosse caisse) et un son bien épais malgré tout comme j’aime et ce avec un chant bourré d’effets sonores qui ne dénaturent en rien la production d’ensemble, autant l’autre moitié sonne mal. Je me demande s’il n’y a pas eu un problème lors du mastering, plus que le mixage. Quoiqu’il en soit, cela m’étonne qu’une telle erreur sonore soit tolérée et par le groupe Superstatic, et par le label qui me semble pourtant très sérieux. Il y a quelque chose qui m’échappe. Mais je vais mettre cela sur le bénéfice du doute, mon casque audio a déjà fait des siennes récemment sur le propre mastering de mon groupe alors que tous mes musiciens étaient ok, et je n’ai pas écouté « Glimmering Veil » sur mes autres supports habituels, donc on va faire comme si c’était de ma faute.

NB : j’ai fini par écouter l’album sans casque avec mon son de pc moisi, juste pour voir si cette batterie trop en retrait était effective aussi sur un son plus neutre, et c’est le cas. Donc il s’agit bien d’une maladresse de débutant du groupe sur ce coup-là… Sorry guys mais vous vous êtes bien lourdés sur la production. Dommage et surtout, cela fait mauvais genre quand-même…

NB2 : vous avez un exemple des défauts sonores dûment cités, dans le premier lien avec le clip plus haut.

J’ai fini, au-delà de ce défaut sonore qui n’est pas loin d’être bloquant pour la suite (il faut être franc), par apprécier une bonne moitié de « Glimmering Veil« . Je confirme que les morceaux qui parviennent à une bonne osmose doom death metal sont très plaisants, même si le mot est maladroit dans le sens où ce genre de metal n’est pas là pour faire du bien. Je trouve que ces derniers sont bien construits, plus simplifiés dans les rythmiques et donc plus abordables, les instruments sont bien placés et jouissent d’une bonne aisance dans la technique et l’élaboration des riffs. C’est donc un grand oui ! J’adore définitivement les courts passages avec une troisième mélodie de guitare, sans parler de solo, qui amènent une touche encore plus lourde et macabre, c’est le mot. Je n’ai pas mentionné l’utilisation de passages industriels et ambient qui sont du plus bel effet et sauvent les morceaux que je ne suis pas loin d’abhorrer. Des samples très électronico-ambients à la Lustmord ou qui me font penser à certains passages du premier album d’Anorexia Nervosa, « Exile« . Ce bon aloi concerne un morceau sur deux en partant du deuxième. Le reste est sans appel : trop technique pour moi, trop djent. Pour moi, c’est très difficile voire incompatible d’associer des intentions djent avec un point de départ doom death metal. La lourdeur extrême, poussée à son paroxysme comme ici, avec des incorporations techniques qui ne font que dénaturer une batterie déjà en PLS de devoir être lente et simple de base, des guitares qui ne peuvent pas se doter d’une déstructuration quand on sait que majoritairement elles balancent des accords plus que de réelles mélodies… Bref, pour moi cela ne fonctionne pas. Ou très peu pour être gentil. Il faudrait plusieurs écoutes pour apprivoiser ces fameuses pistes mal fagotées, et je ne suis pas convaincu que tous les auditeurs aient cette patience…

Le chant est en revanche de très bonne facture ! J’ai été franchement surpris de la qualité de la technique vocale, qui se permet même de donner au chanteur une possibilité de varier un peu ses tessitures sur un album estampillé doom death metal, je dois reconnaître que la prouesse en est une ! On n’est certes sur des variations ténues, puisque l’on n’explore pas du high scream, plus du growl aigu jusqu’au grunt grave mais là encore sans être très funeral doom metal quoi. Mais j’apprécie cette prise de risque même si elle est modérée parce qu’au moins, cela apporte un motif de satisfaction pour souligner le travail de composition qui me semblait dès lors bien brouillon et qui s’avère au moins pour le chant très sérieux ! Et je trouve d’ailleurs que l’intelligence est évidente dans le sens où selon moi, les variations de chant interviennent en fonction de ce qui est dit dans le texte. Il y a des moments où l’on comprend que le chant doit être vraiment flippant, limite comme une créature démoniaque dans le noir, et des moments plus macabres, plus lourds, bien death metal quoi. Et cela, on le ressent dans le placement du texte, et je trouve qu’en ce constat, l’on peut d’ores et déjà louer le chant de Superstatic et de surcroit son fondateur. Gros coup de chapeau !

Voilà les amis ! Je signe ici une nouvelle chronique mais probablement l’une de mes plus compliquées en matière d’analyse. La faute à un certain nombre de discordances qui font de ce deuxième album des Irlandais de Superstatic un sujet d’analyse en conférence à lui tout seul. « Glimmering Veil » est un album attirant sur le papier mais qui s’avère être beaucoup plus farouche ou repoussant qu’il n’y paraissait au départ. D’abord par sa production franchement gauche, empruntée même, et qui jongle entre du très bon et du très (très) mauvais. Ensuite par ses compositions qui ont tendance naïvement à virer dans le superflu étouffant de technique, frôlant les frontières difficilement accessibles du djent, et qui ne sont tirées vers le haut que par l’effort de celles qui sont plus simples, plus doom death metal quoi. Je ne sais pas exactement quelle mouche a piqué nos musiciens, mais soit elle était dopée aux vitamines et à la cocaïne, soit aux anesthésiants pour faire un grand écart rythmique comme cela. Ma note finale n’est à ce niveau que parce que les compositions qui sont très bonnes le sont suffisamment pour remonter légèrement le niveau, autrement si l’on se contentait de ces erreurs époustouflantes de naïveté et de maladresse, le constat serait plus fracassant. Superstatic a encore du travail, je le crains…

Tracklist :

1. I Have No Mouth, and I Must Scream 08:56
2. Mutabor 08:09
3. House Dagoth 09:37
4. Edge 10:18
5. I Am the Doorway 09:35
6. The Rose Garden 08:27
7. Remember Citadel 17:23

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