Note du SoilChroniqueur (Mitch) : 6/10

Nord. 
J’ai connu ce groupe Lillois / Parisien en début d’année, à l’occasion du morceau commun, « Dunes Of Fear », qu’ils ont réalisé avec Dragunov (improbable duo instrumental post-metal que je suis de près). Un titre à deux batteries et trois guitares, bien barré, plein de tappings et de rage vocale et instrumentale. 
Les deux groupes ont d’ailleurs tourné ensemble dans la foulée, interprétant chaque soir ce titre mêlant leurs deux univers.

Ainsi, lorsque le nouvel EP de Nord est apparu dans la liste des sorties chroniquables sur Soil Chronicles, je me suis naturellement positionné dessus, impatient de retrouver ce post-hardcore barré sur de nouvelles compositions. Et là, téléchargement de l’EP, y a-t-il une erreur ? De la synthwave sans guitare, y aurait-il un groupe électronique homonyme ? Eh bien non, « The Implosion Of Everything That Matters » est un challenge artistique, qui a consisté, pendant le confinement, à composer à distance quelques titres dans un style carrément différent.

Nord y est parvenu et livre, sur le papier, un travail abouti sur lequel ils ont dû prendre beaucoup de plaisir. De nouveaux instruments (synthés, programmations, saxo et duduk, chant clair et délicat), une nouvelle langue (du japonais parlé et chanté sur « Incantation »), des invités… De nouveaux univers, de la pop mélodique à la new wave années 1980, d’un charley très disco (« Truth Philters ») à des délires déstructurés (bidouillages électroniques sur « Incantation », solos dissonants sur « Truth Philters », fin de morceau barrée sur « Sexorcism »).

Pourtant, à l’écoute, l’estime que l’on peut éprouver devant cette mise en danger artistique, ne débouche pas forcément sur un emballement proportionnel à l’investissement mis dans le chantier. Un certain manque d’intensité et de « corps » dans ces cinq titres m’ont empêché de lâcher prise et de « partir » avec la musique, comme on aime le faire avec toutes les musiques post-quelque-chose. La première chanson, « Candles », par exemple, propose quatre minutes de pas grand chose, un chant éthéré sur quelques notes de clavier, déjà 20% de l’EP de passés sans que la machine ait encore vraiment démarré. De même que la dernière minute et demi de l’opus, longue pluie qui le conclut de façon un peu interminable.
Dans les points positifs, j’ai beaucoup apprécié la pochette, graphique, accrocheuse, mystérieuse et maline, mêlant joliment le nom du groupe aux volutes entourant le fantôme. Ainsi que les parties de basse en fin d’album, au son distordu et baveux à souhait, libres et véloces, insérant un peu d’intensité dans des compositions un peu trop « diffuses » à mon goût.

Bravo donc, pour la prise de risques, la capacité à compléter sa panoplie avec des univers très différents ; pour ne pas avoir cherché la facilité en dupliquant les recettes dansantes et « démago » d’un Perturbator ou d’un Carpenter Brut. 
Mais au final, il m’aura manqué un peu d’intensité pour vibrer sur cet EP « bifurcation ponctuelle » de Nord. 

Tracklist :

01- Candles (4.23)
02- Truth Philters (4.34)
03- Incantation (呪文) (4.53)
04- Sexorcism (4.09)
05- The Implosion Of Everything That Matters (6.56) 

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