Que ce soit par mail ou en face-Ă -face, c’est toujours un rĂ©gal d’interviewer Satan Jokers tant Renaud Hantson et Laurent Karila se montrent d’une sympathie et d’une disponibilitĂ© agrĂ©able pour parler de leurs compositions et de tout ce qui tourne autour du groupe.
Interview-vérité et track-by-track par mail, par Celtikwar, par Metalfreak, et par pur plaisir !!!
Merci Ă©galement au groupe pour les photos illustrant l’interview.
-Le 5 Janvier se dĂ©roulait le Satan’s Fest IV, est-il possible de nous en dire quelque mots, l’ambiance, le show… ?
Renaud Hantson : Même si l’affiche semblait un peu moins forte que les années précédentes, le festival a obtenu le même succès car nous savons tous que c’est surtout l’occasion pour le public parisien de voir Satan Jokers une fois par an au Pacific Rock à Cergy, club qui est un peu mon fief avec Furious Zoo.
– Ce mini festival prend de plus en plus d’ampleur, Ă votre avis, serait il intĂ©ressant (et faisable) de le faire durer encore plus longtemps en organisant deux jours de concerts?
Renaud Hantson : En fait, comme nous allons mettre Satan Jokers entre parenthèses un petit moment, le Satan’s Fest V ne va peut-ĂŞtre pas avoir lieu en 2014. Par contre, le samedi 6 juillet 2013 nous comptons organiser le 1er « FURIOUS FEST » au Pacific Rock 13 rue Francis Combe Ă Cergy… Alors, je sais, on va nous dire que la date n’est pas idĂ©ale et que c’est encore se mettre du boulot sur le dos mais en fait il fera beau, les filles seront habillĂ©es lĂ©gèrement et deux groupes en acoustique Ă partir de 19 h sur la terrasse pour l’apĂ©ritif et deux autres groupes qui joueront avant Furious Zoo sur la grande scène ça serait quand mĂŞme sympa Ă voir !!!…
– A peine plus d’un an s’est Ă©coulĂ© depuis la sortie de « AddictionS », le prĂ©cĂ©dent album de Satan Jokers et semble ĂŞtre la suite logique de ce dernier. Ce nouvel album est-il la continuitĂ© de la thĂ©rapie que tu sembles avoir entamĂ©e lors du prĂ©cĂ©dent album ?
Renaud Hantson : « Psychiatric » n’a plus rien à avoir avec un disque thérapeutique pour moi car je ne souffre pas des maladies dont nous parlons dans l’album même si je suis quelque peu déréglé et ai comme tout le monde divers tics et divers tocs !
– Par quelles Ă©tapes es-tu passĂ© entre l’écriture de « AddictionS » et celle de « Psychiatric » ? Laurent Karila semble ĂŞtre une fois de plus très impliquĂ© tant dans l’écriture que dans la production de l’album : pour « AdditionS », cette collaboration faisait ou pouvait faire office de thĂ©rapie. Est-ce que ça a toujours Ă©tĂ© le cas pour « Psychiatric » ?
Renaud Hantson : Renouveler mon travail avec le Docteur Laurent Karila était une évidence. J’ai arrêté les séances de thérapie avec lui mais il n’était pas question que nous perdions pour autant le contact créatif qui nous unit également. Nous avons cherché une nouvelle idée pour retravailler ensemble pour un album de Satan Jokers. Faire un concept-album sur les maladies psychiatriques est venu tout simplement.
– Quelle sera la prochaine Ă©tape de cette collaboration ?
Renaud Hantson : Laurent a l’envie d’écrire ce qu’il appelle un « sex opéra » mais ce n’est pour le moment qu’un projet. Rien n’a été encore structuré car cela demandera une véritable trame bien précise… Nous devrions donc dans les deux prochaines années écrire un opéra rock où j’espère certaines têtes du Metal francophone masculines comme féminines viendront nous rejoindre pour interpréter quelques personnages.
– Parle-moi de la genèse de « Psychiatric » : Ă quel moment avez-vous commencĂ© les compositions ?
Renaud Hantson : J’avais quelques titres dans mes tiroirs. Mike et Pascal en ont préparé également quelques uns chacun de leur côté et ils ont aussi fait deux ou trois séances de travail ensemble. Mon boulot a été de choisir les climats musicaux qui correspondaient le plus en fonction des textes et de faire les mélodies. Je dirais que c’est un travail qui nous a pris un mois d’écriture et comme d’habitude des séances d’enregistrement chez Mike et Pascal dans leur home studio. Mes voix ont été enregistrées en deux après-midis dans le studio de mon local de répétitions. Aurel a fait toutes ses parties de batterie en une très grosse journée d’enregistrement en studio. C’est à nouveau Anthony Arconte, mon fidèle ingénieur du son, qui a mixé en une douzaine de jours ce nouvel album produit par Laurent et moi.
Laurent Karila : « Psychiatric » et sa thématique sont nées juste à la sortie d’ « AddictionS » en novembre 2011. J’ai dit à Renaud que l’on devrait bosser sur un concept fil rouge sur les maladies mentales. Renaud m’a pris pour un dingue me disant que l’on n’avait même pas commencé à défendre « AddictionS ». Je lui ai donné les 12 textes, il a mis sa griffe sur 4 textes. Pascal Mulot et Mike Zurita se sont mis à composer avec Renaud. Et c’était parti…12 chansons en 12 jours.
– « Psychiatric » se veut ĂŞtre un concept-album : peux-tu en raconter la trame de façon plus explicite ?
Renaud Hantson : En fait, il s’agit d’un manuel de psychiatrie qui décline en douze titres les différentes maladies mentales…
Laurent Karila : Le fil rouge est la maladie mentale. Il ne s’agit pas d’une histoire comme celle évoquée dans « AddictionS »…Nous avons pris la décision d’évoquer les pathologies les plus fréquentes, ça parle aux gens. Certains se retrouvent dans certaines sections des chansons ou dans des chansons complètes. L’idée de cet album est née à la sortie d’ « AddictionS » en novembre 2011. J’ai tout de suite proposé cette thématique à Renaud qui m’a pris pour un dingue !
– Qui s’est chargĂ© de la pochette ? Peux-tu me la dĂ©crire ? As-tu donnĂ© des directives pour sa crĂ©ation ?
Renaud Hantson : Je suis incapable de la décrire, c’est Patricia Parent-Milhem qui s’en est chargée, comme elle le fait depuis quelques temps pour tous mes projets. C’est une excellente graphiste, elle vient d’ailleurs d’illustrer mon nouveau livre en faisant un travail de qualité en peu de temps matériel. Même si je donne toujours des directives quand je demande ce genre de travail, je lui ai dit de laisser libre cours à son imagination. Elle est également une excellente chanteuse qui a sorti un album et qui fait régulièrement les chœurs avec Furious Zoo et Satan Jokers.
– Quel studio ? Quel producteur ? Et pourquoi ?
Renaud Hantson : Je m’occupe de la production artistique du disque. Laurent m’aide simplement Ă financer les projets que nous avons en commun comme l’aurait fait Ă une Ă©poque un producteur exĂ©cutif. Peter Grant aidait Jimmy Page Ă produire financièrement les albums de Led Zeppelin mais n’interfĂ©rait pas dans la conception sonore et la rĂ©alisation artistique, si je puis me permettre un parallèle plutĂ´t flatteur et prĂ©somptueux qui laissera Ă nouveau croire Ă certains que Satan Jokers est un groupe « mĂ©galo » !!!…
Pour gagner du temps, tout a été fait entre les home-studios de chacun et un studio proche de chez moi où j’ai l’habitude d’enregistrer des voix.
– Passons aux diffĂ©rents titres de l’album : pouvez-vous en parler de façon dĂ©taillĂ©e (ou non) pour bien comprendre votre concept ?
Renaud Hantson : Ce n’est pas à moi de détailler notre travail. Il suffit d’écouter les titres pour se faire une opinion personnelle. Nous avons tout simplement essayé de créer un climat correspondant à chacun des textes et à chacune des maladies décrites.
– « Crime tribal » : Laurent Karila : Il s’agit de l’histoire d’un patient schizophrène dangereux qui, dans un Ă©tat dĂ©lirant aggravant sa maladie, dĂ©cide de monter un projet de meurtre Ă grande Ă©chelle dictĂ© par des hallucinations auditives (des voix lui parlent, commentent ses pensĂ©es, ses actes, le tĂ©lĂ©guident Ă distance, lui imposent des choses Ă faire). La personne est obligĂ©e de passer Ă l’acte et de commettre des crimes.
– « Flashback traumatisme » : Laurent Karila : Ce titre Ă©voque l’état de stress post-traumatique : c’est un Ă©tat qui survient après un Ă©vĂ©nement traumatisant : tĂ©moin d’un attentat, tĂ©moin d’une agression physique ou psychique violente, victime d’un viol. Il dĂ©crit l’état de la personne victime de cette maladie qui revit de manière rĂ©pĂ©tĂ©e cet Ă©pisode, devient angoissĂ©, hypervigilant aux choses banales de la vie, peut finir par dĂ©primer.
– « Obsession » : Laurent Karila : Cette chanson parle des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), des idĂ©es obsĂ©dantes qui tournent en boucle et qui ne peuvent ĂŞtre calmĂ©es que par des rituels de vĂ©rification, de rĂ©citation de liste de mots ou de listes de chiffres. Ces TOCS peuvent associĂ©s Ă des tics. Le sujet sait que ces TOCS sont stupides et inutiles mais c’est plus fort que lui, il est obligĂ© de les faire pour ne pas souffrir.
– « Phobies » : Laurent Karila : Comme son titre l’indique, il parle des petites peurs de tout le monde mais aussi de la peur des grands espaces comme se retrouver au milieu d’un centre commercial, avoir la sensation d’étouffer, la peur que personne ne pourra venir le sauver. La claustrophobie mais aussi la phobie sociale (la peur de parler en public) sont Ă©voquĂ©es.
– « Serial killer » : Laurent Karila : Renaud voulait un texte partant de ce titre devant le cĂ´tĂ© metal de la question. Ce texte, je l’ai clairement Ă©crit en pensant Ă Dexter et Ă Hannibal Lecter. La chanson relate une personne qui prĂ©pare son acte minutieusement avec la mort et le sang comme trophĂ©es. L’acte hĂ©tĂ©ro-agressif va ĂŞtre rĂ©pĂ©tĂ©.
– « Suicide » : Laurent Karila : A la diffĂ©rence de « Suicide Solution » d’Ozzy ou de « Suicide And Redemption » de Metallica qui sont de magnifiques chansons mais qui abordent le sujet de façon subjective, ce texte a Ă©tĂ© Ă©crit de manière rock ‘n’ roll Ă partir de recommandations cliniques nationales. Il s’agit de donnĂ©es prĂ©ventives sur le risque suicidaire. Les passages « section fĂ©morale, section carotide » ou « Section fĂ©morale – Barillet, une balle » ne laissent pas indiffĂ©rent sur le plan Ă©motionnel.
– « Schizophrenic » : Laurent Karila : Ce titre parle de cette maladie grave qu’est la schizophrĂ©nie et qui se dĂ©veloppe gĂ©nĂ©ralement au dĂ©but de la vie adulte. Elle est caractĂ©risĂ©e par des difficultĂ©s Ă partager une interprĂ©tation du rĂ©el avec les autres, ce qui entraine des comportements et des discours bizarres, parfois dĂ©lirants. Il existe des hallucinations, des interprĂ©tations. Il existe un fractionnement de l’esprit avec le rĂ©el.
– « Panique hystĂ©rique » : Laurent Karila : Ce n’est ni plus ni moins un texte sur une attaque de panique ou une crise d’angoisse aigue. Beaucoup de gens se retrouvent dans ce texte et se souviennent de cette angoisse et de cette sensation de mort imminente, cette peur d’étouffer et de ne pas pouvoir ĂŞtre sauvĂ©.
– « Fracture morale » : Laurent Karila : c’est une chanson sur la dĂ©pression avec son cortège de symptĂ´mes (tristesse, angoisse, perte de l’appĂ©tit, trouble du sommeil). Le thème est douloureux avec une musique entrainante… j’aime ce paradoxe, cette ambivalence.
– « PersĂ©cuteur dĂ©signĂ© » : Laurent Karila : le texte parle des personnes paranos qui peuvent se sentir persĂ©cutĂ©es en permanence. Elles interprètent tous les faits et gestes des personnes. Elles peuvent mĂŞme se retourner de manière agressive si elles ont repĂ©rĂ© un persĂ©cuteur permanent.
– « Camisole chimique » : Laurent Karila : L’histoire classique d’un patient ayant une maladie psychiatrique grave qui se retrouve en chambre d’isolement suite Ă un Ă©tat d’agitation grave. Des mĂ©dicaments sont utilisĂ©s. Cette chanson dĂ©crit aussi l’état de la personne isolĂ©e pour se calmer.
– « PsychodĂ©rĂ©glĂ© » : Laurent Karila : Ce texte parle de la maladie bipolaire (Ă©tat maniaque oĂą tout est accĂ©lĂ©rĂ© chez le sujet tant sur le plan physique que psychique (ses pensĂ©es, ses Ă©motions, son bien ĂŞtre)). On parle aussi de maladie maniacodĂ©pressive. Ici le sujet est dans un Ă©tat d’excitation psychique et physique tel qu’il n’a plus le contrĂ´le de rien.
– Comment avez vous procĂ©dĂ© pour l’Ă©criture des paroles? En Ă©coutant des chansons comme « Schizophrenic » ou « PsychodĂ©rĂ©glé » on ressent vraiment l’ambiance de « maladie », on en reste d’ailleurs souvent sur le cul tellement s’en est prenant.
Renaud Hantson : Comme je viens de le dire, mon travail au niveau de la production artistique est justement de trouver les climats musicaux dans les chansons que nous avons écrites qui peuvent correspondre aux textes que Laurent Karila m’envoie.
Laurent Karila : J’ai écrit les 12 textes dont « Serial Killer » proposé par Renaud. Renaud a mis sa griffe sur 4 titres et a dispatché comme un chef d’orchestre les textes en pensant les ambiances et les émotions que pourrait susciter tel ou tel titre.
– « AddictionS », « Zouille & Hantson », « Psychiatric », le tout en moins de 18 mois : jusqu’à quel point la musique est-elle un refuge ? Si tel est le cas, jusqu’à quel point la composition est-elle un besoin pour toi ?
Renaud Hantson : Ma créativité a toujours été très forte. Comme Laurent, je vais très vite dans le travail et de façon très efficace. Je pense que je me noie actuellement dans le travail, l’enregistrement et la sortie de divers albums car j’ai peur du temps qui passe, le marché du disque est en perdition et je crains qu’un jour ce petit objet que nous apprécions tant, qui du vinyle est déjà passé au format CD, pourrait ne plus exister, or je suis un fan absolu des disques et de ce qu’ils représentent. Je décortique le moindre détail de chaque pochette et aime savoir qui a fait quoi. Je vis donc une lutte contre la montre avec ma créativité en essayant de laisser le plus possible une trace de mon passage dans le monde de la musique et dans le marché du disque, même s’il est condamné peut-être à disparaitre.
Il faut aussi avouer que cela tient également de la thérapie car quand je suis occupé à créer je ne pense à aucun moment à faire des conneries.

-Le premier DVD de Satan Jokers est sortie en mĂŞme temps que ce nouvel opus, celui ci est archi complet avec l’intĂ©gral du concert du Satan’s Fest III , des live avec le line up des annĂ©es 80, ainsi que de multiples clip et showcase. Pourquoi avoir choisi de tout sortir sur un seul ouvrage et ne pas avoir fait comme de nombreuses formation et proposer le tout sur deux DVD sortant Ă 6 mois d’intervalle?
Renaud Hantson : Tout simplement parce que justement ce n’est pas l’appât du gain qui nous intéresse. De plus, il faut savoir que le marché du DVD musical est en perdition et je tenais absolument à ce que ce DVD soit un bonus à l’album « Psychiatric ». Cela permettait que les adeptes du groupe achètent le disque au prix d’un album et bénéficient en plus de 3 heures de DVD. C’est un peu un geste pour les fans de la première heure et ceux qui ont pris le train en marche plus récemment avec la deuxième formation.
– Comment avez-vous fait le choix des concerts et morceaux live que vous alliez immortaliser ?
Renaud Hantson : La partie live est uniquement constitué du Satan’s Fest III qui a eu lieu en 2012 où nous avons joué l’intégralité de l’album « AddictionS ». Rien n’a été retouché, le son est l’état brut. Le deuxième chapitre comporte des clips divers, des extraits de concerts et le showcase que nous avions donné dans un grand magasin pour parler de la sortie de l’album « AddictionS » et faire de la prévention. Nous y jouons quatre titres unplugged avec Pascal Mulot et Mike Zurita. Le troisième chapitre contient des images rares dont la plupart en concert du premier line-up des années 80 avec Stéphane Bonneau, Pierre Guiraud et Laurent Bernat. Ces vidéos proviennent presque toutes d’images d’images VHS que nous avons eu beaucoup de mal à restaurer mais elles représentent un vrai témoignage pour les fans de la première heure.
– Est-ce une expĂ©rience que vous allez renouveler ultĂ©rieurement? Serait-ce imaginable de voir le concert du dĂ©but fĂ©vrier sortir dans un an sous Dvd?
Renaud Hantson : Tout dépend de la qualité des images et de la façon dont a été enregistré le son. Le DVD officiel de Satan Jokers figure dans l’album « Psychiatric », après nous verrons si d’autres images de Satan Jokers en concert seront diffusées ou pas.
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