Note du SoilChroniqueur (Arno) : 5/10
Sans vouloir faire de ségrégation, j’avoue que je n’ai jamais été trop attiré par la scène extrême polonaise car, même si je lui reconnais de grande qualité musicale et un savoir-faire indéniable pour la production, je trouve généralement que c’est du travail trop léché qui ne correspond pas à ce que j’attends du Death Métal.
Ainsi, Decapitated a beau être une des pointures de cette scène depuis la fin des années 90, je n’en ai jamais écouté, Blood Mantra étant mon premier contact avec la formation. Il me sera donc impossible de situer cette œuvre par rapport aux précédentes, à l’auditeur chevronné de faire les déductions qui s’imposent quant à l’évolution stylistique et au bien fondé de mes arguments.
Lorsque « Exiled In Flesh » explose dans mes pauvres enceintes, mon horizon d’attente est conforté dans ses positions : le son est hyper puissant, le chant très efficace, ça blaste sec, les guitares entraînantes, pour tout dire je m’attendais à bien plus brutal, voire à plus technique.
Decapitated me semble ici privilégier le groove à la sauvagerie mais est-ce une constante ou une évolution dans sa carrière, je n’en sais rien. Cela dit, si je mets de côté cette interrogation, j’ai du mal à penser que les Polonais aient toujours composé des morceaux du tonneau de « The Blasphemous Psalm To The Dummy God Creation » tant cela sonne comme une version speed de Soulfly avec en prime une partie solo intégralement piquée à Meshuggah.
Quant à « Veins », c’est encore l’influence de Soulfly qui domine, suivie d’un break à la Gojira. Tout cela ne me semble donc pas du tout coller avec l’étiquette Death Métal polonais ni même être en adéquation avec l’ancienneté du groupe. De ce que j’en sais, il y a eu beaucoup de changements de musiciens et je me demande si ces nombreux remaniements n’ont pas fait perdre à Decapitated son identité originelle pour aboutir aujourd’hui à ce Néo Death Métal (« Nest ») certes bien exécuté mais manquant cruellement de fond à mon goût.
Un dernier point : s’il est primordial d’avoir un morceau d’ouverture qui accroche l’oreille, il est tout aussi important de ne pas bâcler le final. Decapitated remplit la première moitié de cette acception mais se foire complètement sur la seconde. En effet, même si le groupe a voulu faire avec les plus de sept minutes de « Blindness » un titre plus atmosphérique fondé sur un seul riff évolutif, cela ressemble tellement à du Gojira (encore) que l’on frôle le plagiat. C’est typiquement le genre de titre pour lequel on peut parler de remplissage. Quant à l’Ambiant « Red Sun » qui fait office d’outro, il est tout bonnement inutile si bien qu’au final Blood Mantra ne contient pour moi que six titres, un comble quand on sait que le précédent disque est sorti il y a déjà trois ans.
Pour finir sur une note positive, il est fort probable que ces nouvelles compositions cartonnent sur scène car les rythmiques sont carrées, parfaites pour les mosh-pit et autres wall of death mais, sur album, soit je ne suis pas le public cible, soit l’objectif est manqué. Propre mais sans âme.
Tracklist :
1 : Exiled In Flesh
2 : The Blasphemous Psalm To The Dummy God Creation
3 : Veins
4 : Blood Mantra
5 : Nest
6 : Instinct
7 : Blindness
8 : Red Sun
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