Obscura

Le 1 novembre 2016 posté par Bloodybarbie

Interviewé : Steffen Kummerer (Guitare/Chant)

Intervieweur : Willhelm von Graffenberg & Bloodybarbie

obscura-band

 

 

A l’occasion de leur concert à Paris (live report : http://www.soilchronicles.fr/reports/obscura-revocation-beyond-creation-rivers-of-nihil-au-divan-du-monde-le-26102016-2), nous avons eu l’honneur et le plaisir d’interviewer le frontman et guitariste d’Obscura : Steffen Kummerer.

 

BloodyBarbie : Pourquoi avez-vous besoin de prendre une douche avant le concert ?

Faisons une pause-arrêt sur image et remontons le temps de quelques instants pour contextualiser le coté saugrenu de la première question de cette interview. Arrivés à 17h au Divan du Monde afin de procéder aux interviews des groupes présents ce soir, le tour manager de la tournée européenne d’Obscura nous annonce qu’après leur balance pré-concert, Steffen sera frais et dispos pour répondre à nos questions… après sa douche. Il nous reçoit dans leur loge à 18h15. 

Steffen Kummerer : On m’a fait une grosse blague, du genre de celles du 1er Avril et c’est pour éviter de puer. [rires]

BB : Toi seul en as besoin ou tous les autres également ?

St : Le truc, c’est que, après le concert, toute l’équipe charge le matériel et on doit réussir à vivre ensemble ensuite… et qu’il n’y a qu’une seule douche pour 18 mecs. Donc je te laisse imaginer le pourquoi.

Willhelm von Graffenberg : Bien, j’ai donc quelques questions pour toi.

St : Super, j’ai plein de temps pour y répondre.

WvG : Nickel ! Pour commencer par le commencement, tu es le seul membre fondateur d’Obscura restant de la formation originelle. Peux-tu nous raconter comment a été fondé le groupe ?

St : A la base, on était une bande d’ados, on a tous achetés nos instruments, genre 6 mois avant de fonder le groupe. On vivait tous dans la même ville, une petite ville au nord de Munich et on était chacun portés sur un style : un des membres écoutait du BM, le batteur du Thrash, le bassiste tous les styles de Death old school… On a tout mis ensemble et on a fondé la première mouture de notre premier groupe. Donc en fait, c’est également l’histoire de mon premier groupe. On est parti de cette base, ce mélange de différents styles, pour aboutir à ce qu’il en est, à l’heure actuelle. Si tu écoutes la démo, qu’on a rééditée il y a environ deux ans, ce sont les morceaux qu’on, a écrits dans la première année d’existence du groupe… et tu peux remarquer que ce sont avant tout des chansons typées BM et death, sans identité particulière. Mais c’est un peu le cas pour tous les groupes : tu pars de rien et tu te développes. Je veux dire qu’on était des ados qui s’amusaient avec leur instrument et avec le temps, on a développé nos connaissances en musique, sur le matériel, comment se servir d’une guitare et un ampli, puis tu fais des concerts, tu organises des concerts – on en a fait beaucoup, ça demande de prendre des initiatives, de se débrouiller par soi-même. De là, on a grandi au fil des années… L’évolution naturelle, en somme.

BB : Vous devez être content de la situation actuelle du groupe : vous êtes en tête d’affiche, vous faites de gros concerts…

St : Oui, en effet, on se rend compte que le groupe prend de l’ampleur. Il y a un peu plus de deux ans, on a fait une tournée comparable à celle-ci, avec des dates en France dans des grandes villes, fin 2012. Aujourd’hui on a doublé le nombre de dates. On a également réussi le pari de jouer avec des groupes choisis, de faire venir davantage de monde et nous en sommes très contents. Pour le moment, la tournée est un carton plein, personne ne s’attendait à autant de public. A Sheffield [NdT : le 24 octobre, deux jours avant], le concert affichait complet, hier également [NdT : à Aarschodt, en Belgique] et aujourd’hui…

WvG : pareil !

St : C’est complet ?

BB : Quasiment !

St : J’ai cru comprendre qu’il devait rester 40 entrées à midi, ce qui est bien pour Paris… Donc bien sur, on est très contents. Les choses évoluent.

WvG : Pour revenir sur la question précédente, comment expliques-tu ces changements de line up si fréquents ?

St : Je ne dirais pas : « fréquents »… Quand on a commencés on était ados qui ne savaient pas trop où ils allaient et, par exemple, le précédent guitariste a tout simplement arrêté la guitare. Il a été dans Obscura pendant deux ans et a annoncé « j’arrête, je retourne à mes études de Chimie »… Je me souviens qu’il y a eu un gros changement dans le groupe… En fait, il y en a eu deux, quand tout le line up a changé : quand on a eu 18-19 ans, tout le monde a dû décider ce qu’il voulait faire. Rester dans la même ville ? Continuer les études ? Faire de la musique ? Notre guitariste a déménagé dans un autre coin de l’Allemagne, le batteur a repris ses études en Physiques à Munich et n’avait plus de temps à accorder. Il faut garder en tête que c’est une histoire sans fin dans laquelle tu mets de l’argent, d’autant quand tu n’as pas de sponsor, de label, d’endorsment, et si tu n’as déjà pas le temps pour le travail ou les études et qu’en plus tu dois te déplacer vers une autre ville pour aller répéter avec les autres, tu préfères arrêter. Ça s’est passé en de bons termes.
Le second changement déterminant a eu lieu quand on est devenu un groupe qui tournait, je pense. A partir de Cosmogenesis, on avait un vrai disque, dans une vraie maison de disques, on a commencé à tourner en Amérique du Nord et en Asie, ce qui a pris beaucoup de temps et par deux fois. C’est un peu la même chose : les tournées devenaient de plus en plus grandes, mais ne nous permettaient pas de payer notre loyer, et tu te retrouves avec le revers de la médaille. Avoir un travail régulier près de son domicile ? Ou continuer ses études tout en travaillant et en faisant des tournées… C’était trop pour certains, ce qui explique cette rupture ensuite dans le groupe, parce qu’à cette époque, on s’est retrouvés submergés par tout ça. On a tournée pendant environ quatre années, les deux précédentes pour enregistrer Cosmogenesis, puis deux ans pour Omnivium, ça nous a crevés. De plus, on avait des divergences sur la manière dont le groupe devait se développer, pas seulement musicalement mais aussi en temps que groupe. Donc on a pris une année sabbatique, et avec le nouveau line up ça se passe bien : à l’heure actuelle, on a Rafael [NdT : guitare lead] et Sebastian [NdT : batterie] qui sont musiciens professionnels et ne font rien d’autre, ils ne font pas d’études et c’est leur gagne-pain, donc c’est une toute autre échelle désormais. Linus [NdT : basse] et moi-même avons fini nos études, lui dans les média et technologies internet et moi dans l’ingénierie informatique. Ça nous fais donc un… comment dire… un bagage, mais aussi un fardeau de moins à porter depuis que c’est fini. Maintenant, on entre dans quelque chose d’autre, puisque Linus et moi sommes désormais pères, on a des enfants…

BB : Félicitations !

St : Merci. On essaye de gérer ça au quotidien, mais vous savez, c’est naturel : tous les groupes ont des changements de line up, pour différentes raisons. Ce qui rend les choses plus facile maintenant, c’est le fait qu’on ait grandi avec le groupe – la preuve aujourd’hui – ce qui veut dire qu’on peut se permettre d’avoir une équipe technique. Je suis content qu’on soit amis dans le groupe et dans l’équipe, ce qui nous permet d’avoir un bon équilibre, d’avoir plus de temps pour les balances… ou pour changer les couches… [rires] et ne plus avoir de petits boulots pour joindre les deux bouts, ça nous facilite amplement les choses. Jusque là, on est contents mais qui sait ce qui pourrait arriver ? Tout arrive si vite…

WvG : Pour en revenir à la musique, et principalement à la composition, qui compose dans le groupe ? Toi seul ou tous les membres du groupe y prennent part ?

St : En fait, ça a varié selon les moments. Je dirais que j’écris la moitié de la musique et je laisse la liberté aux autres de proposer leur partie instrumentale, et j’écris toutes les paroles. Par exemple, je ne dis pas à un batteur ce qu’il doit jouer : je lui fais des suggestions quand on fait des démos, je lui dis : « OK, on peut prendre ceci ou cela et on va bosser sur ça… ». Sur le dernier album, Linus par exemple a écrit presque toute la seconde partie des chansons. J’écris les chansons jusqu’à un certain stade, celui du squelette en général et tous le monde travaille sur l’arrangement, rajoute des parties. Notre producteur aussi y prend part en disant : « OK, ce refrain devrait se répéter ici » et on tient compte de son avis. Au quelque part, tout le monde est impliqué, pour le livret également.

WvG : Tu as dit juste avant que tu étais avec des instrumentistes fans de BM, de Thrash… Quels groupes t’ont, toi, influencés dans ta musique, dans ta façon de composer ?

BB : Death ! [rire général] Non, ça c’est plutôt Linus…

St : Non, je dirais que du point de vue Metal : Death, Pestilence, les groupes de la scène death du début des 90’s, mais aussi des groupes comme Emperor, Dissection, les groupes qui utilisent ce genre d’harmonies, ceux de la moitié des 90’s dans la scène Black. Beaucoup d’approche mélodique avec des guitares harmonisées… Beaucoup m’ont influencé mais si je devais en retenir un, ce serait Death.

BB, montrant le T-shirt de Death qu’elle arbore fièrement : Tu as déjà eu l’occasion de rencontrer Chuck ou les voir en concert ?

St : Je suis trop jeune… J’aurais pu avoir une chance de les voir sur la tournée de The Sound of Perseverance, mais je devais avoir 15-16 ans…

WvG : Pas de bol…

BB : Chuck est ton guitariste préféré ?

St : Oui… Mais pas que : il a une voix spéciale. Quelle que soit la chanson, que ce soit une des premières ou des dernières, il est reconnaissable : ce n’est pas un shredder, pas un Malmsteen ou autre, mais c’est surtout sa voix, c’est le plus intéressant. Je trouve que sa fait son identité plus qu’un sweep, comme aucun autre.

BB : C’est difficile pour toi de jouer et chanter en même temps ?

St : Parfois… Certaines parties sont si techniques que c’est difficile d’être concentré sur les deux. Et on ne peut pas se dire que si ça marche un jour, ça marchera le lendemain… mais jusque là, ça passe. C’est avant tout une question d’entrainement et de préparation.

BB : Tu pratiques beaucoup, chaque jour ?

St : Je travaille quotidiennement deux heures, parfois plus avant une tournée. La seule chose qui me dérange est le fait qu’on vive dans des villes différentes. Actuellement, on répète à Salzbourg, en Autriche, ce qui fait que c’est à quatre heures de route de chez moi, donc on ne répète que sur certains créneaux, genre tout un weekend, deux jours entiers. Certaines fois, on ne se voit que pour bosser les parties de guitare. Au début, c’était plus simple : de par notre proximité, on pouvait se voir deux ou trois fois par semaine, c’est la seule chose qui me manque vraiment… Ça rendait la chose plus… efficace, je dirais. [rires]

WvG : En ce moment, vous jouez avec trois autres groupes pour toute la durée de cette tournée, chaque jour son concert. Quand avez-vous le temps de répéter ? Est-ce que chaque concert est une sorte de répétition pour le suivant ?

St : En fait, on a une longue balance chaque jour, durant laquelle on pointe ce qui n’a pas bien fonctionné au précédent concert, « hier, on a eu un problème ici parce ça ou ça ne marchait pas ». D’autre part, on a le temps de réviser dans les loges avec nos guitares. On joue chaque jour basiquement le même set, qui a été préparé avant la tournée, donc ça doit fonctionner…

BB : Vous êtes un des rares groupes qui soient parfaits sur scène, que ce soit pour le son, l’absence d’erreurs… On a pu le voir au Motocultor…

St : C’était assez sympa, là-bas : on était sur une petite scène au Motocultor mais c’était plaisant d’y jouer. Depuis la scène, ça ressemblait à une petite colline [rires], c’était marrant. Aujourd’hui, nous sommes avec notre prod’, ce qui annonce d’autant du meilleur.

WvG : En ce moment, vous tournez en Europe, vous étiez en Belgique hier, vous avez déjà fait l’Amérique du Nord et l’Asie… Y a-t-il un pays où vous n’ayez pas encore joué et souhaiteriez le faire ?

St : On tient une liste des endroits où l’on n’a pas encore joué [rires]. Par exemple, j’ai toujours voulu passer dans certains endroits d’Europe comme l’Islande, la Turquie, que je ne connais pas davantage en temps que touriste… On n’a jamais joué en Afrique.

BB : Personne n’y va…

St : Oui mais par exemple il y a un gros festival là-bas, en Afrique du Sud… On a aussi pensé à l’Égypte et la Tunisie mais vu le contexte actuel, c’est un peu délicat… L’Amérique du Sud, ça serait sympa… et l’Australie ! J’ai voulu le faire il y a quelques années mais ça n’a pas pu avoir lieu. J’aime voyager et ça tombe plutôt bien quand on est dans un groupe qui tourne. En général on ne voit pas juste que les salles dans lesquelles on joue, et ça fait de bonnes occasions de voir de belles choses, qu’on ne pourrait pas se permettre, s’offrir. Quand j’étais étudiant, comme beaucoup, je devais mettre la pédale douce sur ces projets, mais sans ça, je n’aurais jamais pu découvrir le Japon, l’Amérique du Nord ou même les villes d’Europe. J’en suis très reconnaissant…. Mais il reste, en effet, des pays dans lesquels on n’est pas encore allés.

BB : Vous avez choisi les groupes avec qui vous tournez, comme Revocation… ?

St : Oui, on en a discuté directement avec les groupes. J’aime beaucoup Revocation, ils ont un fantastique guitariste. Ils viennent juste de sortir un album et c’est un putain de bon album. De plus, les avoir à nos cotés rajoute une touche d’intérêt pour les fans ; quand on choisit ces groupes, on se met toujours du point de vue des fans : on ne veut pas avoir quatre groupes qui sonnent pareil, donc on s’est dit : « Revocation amène de sa thrashitude ». Mais chacune des quatre parties amène de sa touche personnelle : les parties prog’ mènent à un niveau de perception supérieur et ça correspond à Beyond Creation, une version plus technique que celle qu’on propose, quand Rivers of Nihil tend plutôt vers l’Atmospheric old school Death Metal. Sorti de ça, ils ont tous deux ou trois albums à leur actif et un caractère perfectionniste, à travailler sur les petits détails… On les a tous choisis, et, pour l’exemple de Beyond Creation, on connait le groupe depuis 2011 : ils faisaient notre première partie à Montréal et c’était un petit groupe local. On a pris leur CD et l’a transmis à Relapse. [rires] Oui, oui, sérieusement : quand on a le temps, on écoute les travaux des groupes qui ouvrent pour nous, on laisse la place à des groupes locaux. Mais dépasser le nombre de quatre groupe qui s’enchainent, genre cinq ou six, ça n’a pas de sens… Ce genre de pack [à 4] fonctionne : en général, on tourne à trois et on propose une première partie qui profiterait à un petit groupe local. Quand nous-mêmes avons commencé à faire des concerts, nous étions tous de joie d’ouvrir pour des groupes qui faisaient des grandes tournées, bien traités par eux, sans relationnel financier du « tu payes pour jouer avant nous et tu vends les billets d’entrée ». Donc on applique la même politique en retour. Et en plus, on reste en bons termes et en contact…

WvG : En parlant d’albums, votre 4ème, Akroàsis, vous a pris 5 années, après Omnivium, avant de paraitre. Qu’est-ce qui a causé un tel délai ? Cinq ans plutôt que le rythme biannuel précédent…

St : Ça a pris plus de temps à cause des tournées et, comme je l’ai mentionné avant, on avait besoin d’un break. J’ai fini mes études, ce qui a pris un moment, il a fallu prendre des décisions au sein du groupe, ce qui a pris 9 mois – je ne me souviens plus exactement. En fait, l’album était fini et en boite en novembre, mais ils ne font rien paraitre en décembre-janvier… Donc ça a mis cinq ans entre les deux albums, mais en vrai, c’était de l’ordre d’une année pour tout boucler…

WvG : … Et vous travaillez actuellement sur un prochain album ?

St : Tout à fait ! Depuis que les choses sont plus faciles pour nous, pour les perspectives du groupe, on devrait pouvoir proposer du nouveau d’ici la fin de l’année prochaine selon les estimations. On est déjà en train de travailler un 4ème concept-album… Et pour le coup, on est dans les temps [rires]. On a pris le rythme des tournées, depuis un peu plus tôt cette année, voyager est une source de stress – on peut se faire réveiller à 3h du mat’… par un bébé… Non, tout se passe bien : on passe beaucoup de temps ensemble et on s’entend bien, ça nous permet de plancher pendant notre temps libre… ce qui annonce un futur tangible.

WvG : Vous donnez à vos albums des noms complexes. Qu’est-ce qui, dans ta vie courante, pourrait avoir un impact sur ces intitulés ? Tes études en technologies informatiques ?

St : D’un certain point de vue, oui. Je m’intéresse beaucoup aux sciences, surtout à la Physique.

BB : Ça tombe, bien : j’ai un doctorat en Physique.

St : Cool, content de te connaitre ! Je m’intéresse à tout ça, ainsi qu’à l’astronomie et tous ces… trucs de nerds. [rires] Mais aussi à la religion quand j’étais plus jeune et tout ça donne ce que tu entends émerge de ce mélange. Il y a quelques années, quand on a commencé Cosmogenesis, j’ai lu beaucoup de choses sur les naturalistes… Ce qui fait que déjà sur notre troisième album [NdT : Omnivium], tu peux comprendre les chansons sur trois niveaux différents, d’un point de vue religieux, philosophique ou astrophysique. Pour moi, c’est très intéressant, plus que d’écrire des chansons death à base de « je vais te tueeeer » (rires). C’est cool également, Cannibal Corpse le fait très bien, mais ça ne nous correspond pas. Au quelque part, peu de gens se penchent sur les paroles, essayent de les analyser… Il n’y a pas longtemps, j’ai reçu un message sympa, une lettre d’un fan qui avait saisi les différents aspects et je me dis que finalement, tout ce travail n’est pas vain. D’un autre coté, avec ces paroles, on ne nous cause pas de souci en termes de religion : on n’invite pas à vénérer Satan ni n’incite à la violence… et puis ça ne nous intéresse pas. Je n’écris que sur des thèmes qui me concernent, issus de recherches, en essayant d’y apposer mon feeling. Le dernier album aborde un aspect agnostique de mon ressenti. Lisez entre les lignes et vous verrez la lumière (rires).

Les premières notes du concert de Rivers of Nihil font trembler le parquet. Sur la table est posée une guitare Ibanez qui se met à trembler également.

WvG : Pour en revenir aux paroles, qu’est-ce qui vient en premier quand tu composes : les paroles ou la musique ?

St : La musique ! Toujours ! Quand on a commencé ce 4ème album, je savais déjà comment il devait être écrit, dans les détails, mais pas encore concernant les paroles, que j’écrivais ensuite. En simultané, je faisais mes recherches et je savais de combien de lignes j’avais besoin pour tel moment et, au pire, on changeait quelques détails pour adapter l’un à l’autre.

WvG : Quelle est la partie la plus usante quand on est en tournée ?

St : Très souvent, c’est l’absence d’intimité. C’est trop souvent la « fête du slip » entre mecs [rires]… Dix-sept personnes dans un petit bus, ça peut être un peu lourd.

BB : C’est le cas sur cette tournée ?

St : Oui, mais nous sommes des gens civilisés (rires)… Malgré tout, c’est plutôt cool mais parfois, t’as besoin d’être seul, ne serait-ce que le temps d’un café, un espace de liberté… Mais ça me convient aussi. Il y a l’aspect matériel de la tournée, charger/décharger le matériel…

BB : C’est du sport…

St : Y a pas mieux… [rires] Et puis il y a aussi l’entretien des guitares… Une fois tout ça fini, on met les écouteurs sur les oreilles, un bon café et on passe ce moment essentiel. Ça fait un peu nerdy, mais c’est important.

WvG : Puisqu’on parlait de guitare, comment as-tu appris à en jouer ? Avec un prof ou en autodidacte ?

St : Par moi-même, j’avais déjà reçu une éducation musicale à l’école qui m’a servi de nombreuses années, j’ai appris les bases, la théorie musicale en jouant du piano…

WvG : … sur du Bach ? [NdT : le « Clavier bien tempéré », méthode théorique de composition qui sert de base dans la théorie musicale, l’écriture et la composition pour les élèves débutants en Allemagne]

St : Évidemment… [rires] Ça m’a été très utile, mais je pense que l’éducation de l’oreille est toute aussi importante : entendre que quelque chose sonne faux, que ce soit en jouant du piano mais aussi en chantant, être dans la bonne tonalité et juste… c’est ce qui m’a été le plus profitable. Mais malheureusement, je n’ai jamais eu de prof de guitare. C’est quelque chose que je regrette.

WvG : Ça va, tu t’en sors plutôt bien…

St : Je dirais que j’ai des connaissances techniques plutôt solides. Concernant la connaissance de la guitare, je pèche un peu, mais je me rattrape sur la connaissance du matériel… Chacun trouve son équilibre dans ses connaissances de la musique. Rafael et Sebastian sont de plus grands experts que moi… Ça me va [sourire].

WvG : Une dernière question : vous avez beaucoup tourné ; est-ce que vous avez des funfacts à nous raconter ?

BB : Des anecdotes… Le pire truc qui vous soit arrivés…

St : En fait, je n’en vois pas, là, comme ça… Le pire n’est pas encore arrivé…

WvG : Peut-être ce soir ?

St : Non, non, j’espère pas… [sourire] Non, plus sérieusement, on a eu les trucs de tous les groupes qui partent en tournée, des soucis matériels…

BB : Mais sur scène, vous paraissez tous détendus, tu as le sourire…

St : Eh bien, c’est vrai. Quand tu es sur scène et que tu vois 400-500 personnes en face de toi… Comment tu pourrais faire la tronche ? C’est très important… et forcément, je suis très content que les choses se passent ainsi… Je me rappelle de deux concerts en 2012 où on a joué devant environ 900 personnes, imagine notre joie ! Profiter du concert, passer un bon moment, c’est quelque chose de superbe. Pendant la tournée d’Omnivium, j’avais perdu la motivation, je n’avais même plus envie de jouer de guitare pendant un moment. Beaucoup de groupes passent par cette période. Mais maintenant, je m’éclate, c’est jouissif : on est tous potes dans le groupe et l’équipe depuis quelques années déjà et c’est franchement bénéfique.

BB : Aucune brouille entre vous ?

St : Jusque là, non. On a appris à vivre ensemble et ça fonctionne [sourire].

BB : Merci à toi. On a vraiment apprécié cet album, un des meilleurs de cette année.

St : Merci à toi, docteure en Physique ! [rires]

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1 Commentaire sur “Obscura”

  1. pingback pingback:
    Posté: 2nd Nov 2016 vers 0 h 17 min
    1
    Obscura + Revocation + Beyond Creation + Rivers of Nihil au Divan du Monde le 26/10/2016 | Soil Chronicles

    […] d’Obscura avait la gentillesse de nous accorder de son temps pour répondre à nos questions (http://www.soilchronicles.fr/interviews/obscura). Ce concert n’était pas non plus un long fleuve tranquille, eu égard aux vagues et remous […]

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