Note du SoilChroniqueur (Olivier No Limit) : 8/10

En 2023, je recevais le mail d’un groupe obscur de Toulouse me demandant si je pouvais faire la chro de leur premier EP « Family Dinner ». À l’époque, ils nommaient leur style de « Pure stupid death metal » et musicalement, ils étaient tout ce que vous voulez, mais certainement pas stupide ; on sentait un sacré potentiel dans leur death metal. Et les voilà,une paire d’années après, qui proposent leur nouvel opus longue durée, ayant pour nom « The Scatonomicon », album porté par l’aile bienveillante de France, Black, Death, Grind !

Le fil rouge de leur album est, je cite : « Développer le concept de  » scatomancie » autour du Scatonomicon, un livre chaud et odorant qui permet, à travers la lecture de ses textes maudits, d’ouvrir des portails vers un monde parallèle où miasmes pestilentiels et matières fécales façonnent un paysage nocif et dépouillé peuplé de créatures aussi étranges qu’abominables ». Si Lovecraft avec son Necronomicon voyait cela, il se retournerait dans sa tombe.

Mais blague à part, musicalement cela donne quoi ? Un death metal qui depuis son premier méfait a fait des bonds de géant. Déjà un sacré progrès au niveau du mix. Ensuite, leur metal a pris de la maturité et pourtant, ils ne jouent pas la carte de la simplicité. Leur metal est dense, nourri au brutal, avec des passages grind, voire thrashy (“Egg”), le tout propulsé par une kyrielle de plans qui se succèdent les uns aux autres. Prenez « Big Bizeps Ants ». On y découvre une musique pleine de soubresauts, percutée et groove à la fois, tout en arabesques sonores. Lourdeur pachydermique et technicité s’y côtoient. Technicité ? Hé oui, quel jeu mes aïeux ! Les solos sont véloces et d’un niveau certain. Leur death peut être organique, mais s’avère aussi recherché ; parfois certains passages sont comme une sorte de prog perverti par un metal mort moderne qui surfe entre break et brusques changements de tempos (“Fatberg”). En fait il y a dans leur musique une dualité entre un riffing fluide et « acrobatique » et des rythmiques grasses. Encore quelques ingrédients qui assaisonnent ce plat conçu pour des estomacs solides : c’est au détour de titres comme « Fecalized at Birth » que je me suis dit : pas de doute, ils sont vraiment montés d’un cran ! ». Grosse basse, growl porcin, groove et complexité instrumentale sur « And Justice for Heaulme » (pas mal le jeu de mots). Un peu de jazz entre deux riffs sur « The Lukewarm Book ». Une fin taillée dans le prog sur « The Forest of Suspended Foreskins ». En résumé, derrière leur humour, se cache une tenue instrumentale qui tient la route, habillée d’une rage bien death brutal. Efficace et à écouter plusieurs fois pour en tirer tout le jus, comme le veut ce genre de musique. Du bon boulot.

Tracklist :

1. Egg (4:31)
2. Big Bizeps Ants (4:31)
3. Fatberg (3:45)
4. Fecalized at Birth (3:50)
5. And Justice for Heaulme (5:03)
6. Pompecrotte (4:23)
7. The Lukewarm Book (4:44)
8. The Forest of Suspended Foreskins (8:07)

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