If I Die Today – The Abyss in Silence

Le 29 avril 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Non communiqué

Style:

Sludge Metal / Post-Hardcore

Date de sortie:

29 avril 2022

Label:

Argonauta Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10

L’imminence de la mort rend le plus nul d’entre nous intéressant pour ses semblables.” Phyllis Dorothy James

Je pense que comme quasiment toute l’humanité, vous vous êtes demandé ce qui se passe après la mort consumée. Je vous avoue que je me questionne beaucoup, non pas parce que la Mort est l’une des plus grosses névroses phobiques que l’Homme a su se créer via son besoin défensif d’être cartésien au possible, et donc de n’avoir pour valeur absolue que la vérité scientifique, mais parce que je suis fasciné d’une manière générale par le paranormal et tout ce qui tourne autour de la passation des âmes. Étant magnétiseur à mes heures perdues, je n’ai pas pour ambition de voir les âmes en peine et égarées sur Terre, mais de les ressentir, ce qui n’est pas la même chose. Il m’est donc arrivé de vivre des expériences de ce genre, et cela questionne forcément, par ouverture d’esprit, sur la relation que l’on peut avoir avec la Mort. Je ne vous parle même pas des croyances, des mythologies et autres déismes. Et cela ne m’étonne donc pas qu’un groupe de metal se fasse l’homélie de l’imminence de la Mort, même si cette interprétation relève de moi, et moi seule, je précise. De toute façon, la Mort a toujours été l’inspiration principale des groupes, surtout si on s’amuse à faire un lien corrélatif avec la démonologie, le satanisme, etc. Mais ne vous en déplaise, ce soir en release du jour, je vous parle d’un groupe qui s’appelle If I Die Today. Donc, rien que le nom m’a attiré pour cette raison que, derrière mon interprétation introductif, il y a ce nom particulièrement mystérieux, sujet à de multiples fantasmes, et je m’en vois très curieux de savoir ce qui se cache derrière cette entité mystique. Et l’album « The Abyss in Silence » m’attire pour cette raison précise, le reste viendra après.

If I Die Today est un groupe qui se trouve en Italie, ce qui ne me surprend guère étant donné que le label qui sort cet album n’est ni plus ni moins qu’Argonauta Records, label… Italien. La sortie de ce quatrième méfait intervint d’ailleurs très peu de temps après l’officialisation de la prise en charge sur son roster, le groupe ayant cumulé jusqu’à ce jour trois albums et deux EPs sur des labels inconnus, probablement même en autoproduction, avant d’être pris sous l’aile de ce label que j’adore. Toujours aussi judicieux dans ses choix! « The Abyss in Silence » sonne donc, sur le papier, comme un album prometteur à bien des égards. Mais ne brûlons pas les plans sur la comète avant d’avoir tué la peau de l’ours (celle-là, elle est pour le correcteur). Le quatuor italien ne laisse pas filtrer beaucoup d’informations, étant donné que les groupes estampillés hardcore ne sont pas pris en charge tout le temps par notre bon vieux Metal Archives, et la biographie du label n’a pas amené grand-chose. Donc, on part bille en tête dans une moitié d’inconnu, ce qui parfois est exaltant!

Pour mettre l’ambiance comme on dit vulgairement, If I Die Today propose une pochette incroyablement macabre. Comme on en fait rarement si j’ose dire, la symbolique de l’oiseau mort sur le dos, les ailes en l’air comme s’il était fauché en plein vol et qu’il s’était écrasé au sol comme une pierre, je trouve que cela donne une perspective d’immobilisme et de rigidité qui fait froid dans le dos. L’oiseau me semble être une pie, mais je peux me tromper n’étant pas ornithologue. Mais il faut savoir que la pie a de multiples symboles en fonction des cultures, mais il y en a une qui ressort souvent : la sagesse. Or, sur cette photographie qui est absolument superbe, on pourrait voir la chute du savoir dans sa forme métaphorique et noire. Car un oiseau mort est toujours une métaphore horrible, effrayant. J’aime bien d’autant que ce pauvre volatile est mort dans un nid, alors là je vous passe toute l’interprétation que l’on pourrait en faire. C’est en tout cas un choix méticuleux, intelligent et en plus la photographie est magnifique. Donc pour ce « The Abyss in Silence« , je dois admettre que la pochette est incroyablement attirante, la curiosité morbide et la soif de trouver des sens l’emportent très vite et on devine bien naturellement que le groupe If I Die Today ne va nous servir de la tisane auditive à la camomille. On va tout bonnement prendre tarif comme on dit. Mais on peut voir aussi, et c’est ce qui me semble être le plus prépondérant à cet album une allégorie de l’instant T de la mort, allant donc en lien avec le nom du groupe si mystérieux, et qui montrerait tout simplement le côté instantané de la mort par cette photographie finale, post mortem, comme quoi tout s’arrête avec la mort. Voilà donc que ce choix d’artwork est excellent, à tous points de vue! Excellent qu’on se le dise!

Pour la musique, l’indice était gros comme une montagne mais il ne faut pas non plus s’y fier à ce point, mais j’ai cru bon de le relever : si If I Die Today ne figure pas dans le site Metal Archives, c’est qu’il ne pratique pas du metal au sens littéral du terme. Donc, mon cœur balançait fortement entre le sludge metal et le post-hardcore, étant donné la minceur extrême de la frontière entre les deux styles sur l’album « The Abyss in Silence« , pas facile pour moi de démêler le vrai du faux dans cette affaire. Mais bon, vous l’aurez deviné, le groupe a vraisemblablement fait le choix de mettre en avant ces origines post-hardcore et non sludgienne. Mais voilà! L’album ne serait pas interloquant s’il ne se semait pas le doute en moi. De fait, les sonorités générales sont très clairement sludge metal, avec ce son pour lequel je consacrerai un paragraphe plus bas. Sur les riffs en revanche, ce n’est vraiment pas évident du tout parce que ces derniers sont totalement déstructurés, souffrant de quelques variations efficaces et déroutantes à la fois, donnant aux pistes de l’album une dimension presque djent sur les bords. On a même des passages entremêlés entre du doom metal et des parties franchement punk, c’est vous dire à quel point ce groupe sert une musique richissime et en plus de cela, se payant le luxe de nous perdre dans des errances rythmiques qui coupent le souffle. Franchement, j’ai adoré la première écoute, j’ai trouvé le travail sur la composition très importante pour donner à ce « The Abyss in Silence » une coloration presque djent qui défrise les moustaches. Il y a aussi quelques petits ajouts aux claviers qui apportent un petit supplément loin d’être en trop, pour rajouter à ces ambiances pessimistes, très sludge metal en fait, un côté noir et profondément masochiste à la musique d’If I Die Today. D’autant que les pistes sont très courtes, ce qui est peu répandu dans le genre metal. Mais je trouve que l’ambiance joue énormément sur cet album, dans le sens où le son et les riffs sur des accords sincèrement dérangeants, sur des dissonances folles et en plus de cela un chant ponctué d’une souffrance bien retranscrite. Comme si la mort imminente était figée dans un rictus musical sombre et enchanteresse à la fois. Mais avant de terminer sur un focus immobile, on sent que la musique fait bien ressortir les soubresauts d’une personne qui va mourir, et c’est le ressenti que j’ai eu tout au long de la première écoute de l’album, que j’avais affaire à un album qui retranscrit à merveille le processus qui amène au décès. Et rien que pour cela, je dis bravo au groupe italien! Une première écoute largement validée en tout cas, quelle musique d’enfer!

La production joue à profusion dans ce constat de noirceur extrême, et je pense que l’on pourrait même la montrer à de nombreuses écoles d’ingénieurs sons. Parce que se doter de sonorités aussi rebondies, aussi boueuses pour un genre post-hardcore plus que sludge metal concret, je dis que c’est un véritable coup de maître. En tout cas, je loue que chaque instrument se trouve à sa juste place et que la basse est dans un rôle plus important que ce qui se fait d’habitude, ajoutant une épaisseur sonore à un ensemble instrumental hautement complexe dans les structures. La tâche n’a pas été simple je pense pour le studio qui a hébergé le tout. Pour la batterie c’est à peu près pareil dans le sens où les percussions sont très marquées, mais aussi parfois très épaisses, semant donc encore plus le doute sur l’intention musicale du groupe If I Die Today. Mais en tout cas, l’album se pare d’une production digne des grands albums du genre, sachant que j’ignore encore duquel mais pour faire joli, la phrase me plait. Non sérieusement, « The Abyss in Silence » est un album sonoriquement parlant qui est splendide. Un vrai bonheur musical et dont découle un torrent de noirceur sludgien, j’adore!

Je n’ai pas le temps de pousser plus loin l’analyse, je pense que tout a été dit précédemment, aussi vais-je passer au chant. Ce dernier m’a marqué. Non pas par sa technique parce qu’elle est irréprochable, mais parce que loin de me conforter dans mon idée d’orientation, il m’a encore plus égaré. La technique est réellement sludge metal, avec de longues envolées criardes et souffreteuses, sublimées par la lenteur de certains passages puisque le chant a besoin d’avoir de belles étendues pour se rendre encore plus efficace. Mais surtout, dans les accélérations de tempo, on sent que ce dernier vire rapidement sur un registre post-hardcore avec des phrases balancées syllabiquement parlant comme des coups de poings violents, typiques donc du genre hardcore qui ne se laisse pas conter autrement que par l’écoute. Mais j’ai surtout aimé l’intention derrière, inhérentes aux deux genres cousins, et qui consistent à cracher la haine et la noirceur par tous les pores du corps et surtout par l’orifice faciale le plus béant. Ce chant est dantesque et redoutable! Peut-être le point qui sublime un ensemble instrumental déjà fort et puissant, c’est vous dire le regain que dégage « The Abyss in Silence« !

Pour terminer, la chronique d’If I Die Today ressemble à ce que l’on a en mémoire comme une dernière image avant de mourir. « The Abyss in Silence » qui est je le rappelle le quatrième album du groupe italien, propose une musique dont il est très difficile selon moi de savoir exactement s’il s’agit d’un post-hardcore puissant et violent, ou d’un sludge metal sombre et lancinant. La sonorité laissait un léger avantage au second nommé, mais les accélérations rythmiques, les multiples changements riffiques qui sont presque du djent, et le chant poussé à son paroxysme d’énergie négative font que le doute s’est définitivement installé. Mais peu importe! Ce qui compte, c’est que cet album fonctionne comme les instants pré-mortem où la vie défile dans nos yeux à la vitesse d’un missile avec quelques obstacles qui ralentit sa course avant l’explosion finale, l’immobilité parfaite de la Mort. Ce que le groupe a réussi à retranscrire musicalement et en image, et je trouve que rien que pour cet exploit, il mérite toute notre respect, gratitude et fanatisme. Un incontournable de cette année, j’en suis convaincu!

Tracklist :

1. Life 03:04
2. Death 02:37
3. First Day (Denial) 02:00
4. White Noise (Anger) 02:44
5. Ashes (Negotiation) 02:40
6. Autumn (Sadness) 03:52
7. Void (Acceptance) 03:08
8. Darkness 03:10

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www.instagram.com/ifidietoday_official

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