Nightmare

Le 10 février 2010 posté par LittleGirlWithAGun

Interviewers : Fredo & Metalfreak

Fin 2007, je vous avais vu au Noumatrouff (Mulhouse) pour un concert de la tournée avec Kragens, Hydrogyn et Freedom Call : quels retours en aviez-vous eux ?

Jo Amore : C’était une bonne expérience, c’est vrai qu’on a tourné avec des groupes qu’on ne connaissait pas spécialement, Hydrogyn notamment, contrairement à Kragens avec qui on avait déjà tourné précédemment. Vraiment, ça s’est super bien passé. Un petit regret, on aurait aimé qu’il y ait trois fois plus de monde. Mais dans la mesure où on part du principe que le show est le même, qu’il y ait trente personnes ou trois milles, on ne calcule pas, on donne tout. Au Noumatrouff, le public était bien réceptif… Bonne expérience, vraiment !

Depuis « Genetic disorder », JC Jess a remplacé Alex Hilbert, parti en tant que bassiste chez Lonewolf.

J.A. : Alex continue à composer et à jouer de la guitare : il a pris le poste de bassiste parce que c’est celui qui était libre. Les gars de Lonewolf sont des potes à lui, donc je pense que c’est surtout par amitié qu’il les a rejoint. Il a quitté le groupe un peu comme ça…
Yves Campion : … par lassitude, sûrement…
J.A. : Peut être un peu par lassitude en effet, des problèmes de disponibilité. Nightmare a des tournées qui s’enchaînent à chaque sortie d’album, donc il est vrai que ça demande de l’organisation avec le boulot. Je pense que c’est ce qui l’a un peu freiné. Il n’y a aucune animosité, on n’a jamais renvoyé personne. Mais ça s’est bien passé, bien sûr c’est toujours un peu triste, un peu dommage quand un membre quitte le groupe. Du coup, on a fait appel à JC Jess : il était à la buvette, il servait les bières… On lui a demandé « tiens, tu ne voudrais pas passer à la guitare ? » (rires)…

Oui, et il ne devait pas être né quand les premiers Nightmare sont sortis…

J.A. : (rires) Oui, encore une fois (rires). Il est plus jeune que les premiers concerts de Nightmare…
Y.C. : … on l’a sorti de son trou…
J.A. : … et lui de notre maison de retraite (rires)

Vous êtes à quelques heures de passer sur scène pour fêter vos trente ans de carrière, ça vous fait quoi, surtout aux plus anciens, avec le recul ?

J.A. : Plus ça approche, plus on se dit que c’est un évènement : 30 ans, je pense que peu de groupes peuvent s’enorgueillir de durer comme ça, en plus avec une réelle histoire d’amitié qui est importante avec le groupe, notamment Jeannot : il était là au début, il sera là ce soir. C’est un peu la fête, j’espère qu’on va transmettre ça au public ce soir.

Vous allez faire quelque chose de spécial ?

J.A. : Oui, il y aura des bons clins d’œil, des sacrés clins d’œil même (petit air malicieux de Jo et d’Yves)… On va faire participer du monde, mais on ne dit rien…

Ca restera entre nous, là !

J.A. : On ne dit rien, ça sera la surprise… (rires)

« Insurrection » est sorti le 11 septembre : en avez-vous déjà des retombées ?

J.A. : Oui, la presse internationale, c’est assez unanime. Il y a une seule critique qui est mauvaise… dans un webzine français, je donne le nom si vous voulez…

Des noms, des noms !(rires)

J.A. : Non, sérieusement, on admet que notre musique peut ne pas plaire, et quand on accepte les bonnes critiques, il faut savoir accepter les mauvaises. D’ailleurs, ce qu’ils disent, tout n’est pas faux…

C’est également dans les critiques qu’on avance…

J.A. : Voilà oui, et il y a certaines remarques qu’il a fait que je me suis faites aussi moi-même et je pense qu’il les a bien notées. Après, c’est vrai qu’il a été un peu dur. Sinon, en général, les critiques sont vraiment bonnes.
Ce qui est soulevé encore une fois, c’est l’évolution de notre musique et le fait que les albums se suivent et ne se ressemblent pas.

Justement, au niveau de l’évolution, vous avez durci le ton.

J.A. : Oui, volontairement : l’arrivée de JC Jess et de Franck qui s’est mis à composer et c’est vrai qu’il écoute des trucs beaucoup plus thrash.
Y.C. : Leurs influences sont ressorties : on a durci le ton mais en mélodifiant le tout.
J.A. : En effet, d’après les critiques qui nous sont faites et que nous nous faisons nous-mêmes, quand tu réécoutes ton album six mois après l’enregistrement, tu te dis « voilà, on aurait dû faire ci, on aurait pu faire ça ». On s’est rendus compte avec les albums précédents, surtout avec « Genetic disorder » que l’album manquait de refrains fédérateurs : il était certes plus complexe au niveau des compos et des structures mais du coup, ça avait laissé moins de place à la mélodie.

En concert, ces nouveaux morceaux seront aussi plus faciles à reproduire…

J.A. : Les nouveaux sont plus faciles, mais même, pour nous ce seront plus des « hymnes ». J’avoue que ces riffs, qui sont plus violents, plus rapides souvent, j’aime beaucoup comme ils sonnent. Et cette place qui est laissée au chant, cette mélodie… là, je suis comblé.

A propos du chant, Emmanuelson vient pousser quelques gueulantes, pas seulement sur un seul titre mais sur cinq ou six… C’est donc plus qu’un simple guest : est-ce justement pour confirmer ce durcissement de votre musique ?

J.A. : C’est vrai qu’on utilise notre entourage, les amis, pour leurs qualités. Et c’est vrai qu’il y a beaucoup de qualité dans les interventions sur cet album : on les utilise pour leur grain de voix, leur façon de chanter. Emmanuelson intervient en effet sur les parties qui sont un peu plus durcies : pour qu’on n’ait pas toujours ce même grain de voix, on essaie un peu d’explorer les possibilités de chacun, celles de Yves ou de JC Jess qui a hyper participé au niveau des chœurs… Il a bien envoyé au niveau des chœurs, on n’entend que lui (rires)
JC Jess : J’aurais même pu chanter plus fort (rires)
Y.C. : On a aussi invité Patrick Liotard, le producteur qui est un excellent chanteur, sur « Three miles island ». Malheureusement, pour des raisons professionnelles, il ne pourra pas être là, ce sera JC qui s’y collera ce soir sur scène.

Cette fois-ci, pas de voyage en Suède pour enregistrer l’album, mais en Allemagne et en France. Le travail sur « Genetic disorder » ne vous avait pas convaincu ?

Y.C. : C’est surtout pour changer : on a déjà enregistré trois fois au même studio, au Soundsuite de Terje Refnes, et les albums sonnent toujours pareil. On veut toujours évoluer, on se donne des challenges : le son Scandinave et la production du Fredman (en Suède) nous plait, mais on voulait un son plus « teuton » et on voulait surtout travailler le chant. Avec Patrick (Liotard), on est dans des conditions où on n’a pas de temps de studio restreints, parce que quand on part en studio quinze jours en Suède, on travaille avec un peu plus la pression du temps. Là, on n’avait pas cette pression, on a pu travailler différemment et c’était important

Vous parliez de Patrick Liotard, visiblement, c’est un bon ami à vous avec qui avez également conservé des liens très forts…

Y.C. et J.A. (ils coupent) : Ah ça oui !

… Il a été invité sur scéne lors de l’enregistrement de « Live Deliverance », il a bossé sur la prod de « Insurrection »…
Vous ne pensez pas que vous pourriez essayer de le motiver pour qu’il remette le pied à l’étrier avec son ancien groupe Presence, l’autre sensation Grenobloise des années 80 ?

Y.C. : Il a même encore le pied à l’étrier, il est dans Polarbitch, fait encore des choses metal, bosse en studio… Non, il est toujours actif. Bon, de là à ce qu’il reforme Presence, il est peut être passé à autre chose…
J.A. : Quoiqu’on lui en a déjà parlé en plus, on lui a demandé « alors, c’est pour quand ? », on le charrie des fois là-dessus et peut être qu’un jour il aura l’opportunité… C’est vrai que c’est un metalleux, qui apprécie la scène…

On parlait d’Emmanuelson qui fait notamment les chœurs sur « Cosa Nostra (part I : the light) » : doit-on en déduire que la « part II » se fera sur le prochain album ?

Y.C. et J.A. (catégoriques) : Non ! Très mauvaise déduction (rires)…
J.A. : Il sera sur un bonus destiné au Japon et peut être que, en France, s’il y a une réimpression dans un contexte un peu différent, ce sera un bonus qui pourra apparaître assez facilement.
JC Jess : En fait, c’est le même morceau avec le chant arrangé différemment…
J.A. : Voilà, on a enregistré deux chants différents, d’où l’importance d’avoir le temps. Chez Patrick, on s’est calés là bas, j’ai fait le premier chant et on s’est dit, « Tiens, si on essayait autre chose » et Patrick, avec ses conseils, nous a amené ses propres idées aussi. Du coup, on a enregistré deux chants et on s’est demandés lequel on garde. C’est une approche différente du même morceau : il n’y a que le chant qui change.

« Cosa Nostra » a d’ailleurs une connotation italienne : un hommage aux origines des frères Amore ?

J.A. : On aime bien mettre une petite références aux origines : on l’avait déjà fait sur « Secret rules » (NdM : sur « The dominion gate ») notamment. C’est vrai que c’est un sujet qui revient, on aime bien traiter des sujets qui nous passionnent, sur lesquels on a des choses à dire. C’est aussi pour ça qu’on parle souvent de sujets comme la folie, comme la dégradation de l’humanité, la course vers la fin du monde… Ce sont des thèmes qui reviennent assez souvent.


Pendant ces trente ans de carrière, peut-on parler de deux Nightmare différents ?

J.A. : Totalement, le break de douze années a été une transition tellement longue que la musique a beaucoup évolué, la notre également. Les deux périodes sont deux choses totalement différentes. On a vécu des choses très intéressantes : des concerts, beaucoup d’espoirs, notamment celui de sortir du lot. Toute la première période était une période, j’avais 18 ans, à 18 ans, on a une envie, une gniaque, un côté idéaliste, on a eu un contrat, etc… Aujourd’hui, c’est aussi le cas, mais c’est différent, plus de recul…

C’est suite à de grosses déceptions que Nightmare s’est arrêté brutalement après « Power … » ?

J.A. : Non, mais suite à des concours de circonstances : une maison de disques qui voulait nous signer, qui nous a débauché de la précédente, et au moment de signer, elle a fermé boutique. Du coup, on n’avait plus de deal. Je suis parti (NdM : Jo Amore était alors le batteur de Nightmare), le chanteur est parti. Ensuite, l’orientation du groupe a un peu changé…
Y.C. : En 1988, ils voulait faire du Night Ranger, de l’AOR ; Nico est passé aux claviers, le chanteur voulait faire du hard FM : ce n’était pas la couleur qu’on voulait dans Nightmare.
J.A. : Du coup, c’est parti en couilles comme ça…
Y.C. : Dans sa tête, le chanteur voulait faire du hard FM, on lui a alors dit qu’à ce moment là, on change de nom. Parce que le nom de Nightmare, c’était plutôt les influences Iron Maiden… Pour ces divergences musicales, on a préféré arrêter les choses plutôt que d’aller au massacre !

Qu’est-ce qui vous avait donné envie de remettre le couvert vers 1999 ?

J.A. : C’était à un anniversaire de Jeannot (NdM : Jean Stripolli, ancien guitariste), on avait tous bien bu et Yves a lancé « Moi je suis sûr que si on organisait un concert, ça va être blindé ». Jeannot, lui, avait arrêté totalement la musique depuis douze ans, il disait que ça n’irait pas. On a insisté un peu « Allez Jeannot, c’est juste un concert, on prend le temps, on organise, on prend le temps de répéter… ». La boisson aidant, on a tous trouvé ça super… Et puis le lendemain, on le rappelle, lui nous disait « non mais ça ne va pas ? On ne va jamais refaire ça… J’avais bu, jétais bourré… etc ! ». Finalement, on l’a convaincu et on a remis le pied à l’étrier.

Vous étiez inactifs pendant ces douze ans ?

J.A. : Non, j’ai appris à chanter, j’ai sorti un album avec un groupe qui s’appelait Temple, puis fait des concerts. J’ai même été chanteur dans une chorale de gospel, fait de la reprise… Non, on n’a pas été inactifs du tout.
Yves avait son groupe Urgent…

Depuis quelques années, on assiste aux reformations de légendes du heavy metal des années 80 (Blasphème, Rozz, Shakin’ Street, ADX… bientôt Vulcain, etc…) : pour vous qui avez vécu le phénomène de très près, en quoi les années 90 ont elles été si catastrophiques pour que bon nombre de groupes splittent à cette époque ?

Y.C. : Changement de génération…
J.A. : Et l’émergence de nouveaux styles. Quand ça a commencé, le grunge a tout plombé. Tout ce qui était « paillettes et collants moulants », c’est-à-dire tout ce qui faisait le hard rock des années 80 est tombé en désuétude. Du coup, on était en décalage avec ce que les gens voulaient écouter. Ensuite, de nouveaux groupes sont sortis, groupes qui n’ont pas duré d’ailleurs : ça a plombé un peu les groupes.Egalement avec l’émergence du death et du black metal, ça a été encore plus difficile de tenter de revenir…

Et maintenant, tu vois que tous ces anciens styles, que ce soit dans le hard rock, heavy ou thrash, il y a un revival old school qui est énorme…

J.A. : C’est vrai que c’est un phénomène à ne pas négliger. Au jour d’aujourd’hui, je ne considère pas Nightmare comme un groupe de cette période là. Déjà par le fait qu’on a des membres actuels qui n’étaient pas nés à l’époque du « premier Nightmare ». Et on a aussi su suffisamment évoluer pour faire de la musique d’aujourd’hui. On garde bien sûr quelques unes de nos influences.

Toi, Yves, tu poses quelques voix extrêmes sur « Insurrection », sur le dernier Ellipsis aussi…

Y.C. : Oui, ce sont des clins d’œil, on va dire…

Avec une telle voix à la Tom G. Warrior, tu n’as pas envie de créer un projet parallèle ? Je te sais très branché metal extrême.

Y.C. : (rires) Non non non, je n’ai pas de prétention de chant. Là, ce sont vraiment des supers potes. Emmanuelson vient faire quelques chœurs sur « Resurrection » et moi, un peu pour renvoyer l’ascenseur. Mais là, non, je n’ai pas la vocation à faire ça : j’y aurais pensé quand j’avais vingt piges. Là ce n’est pas à 46 ans que je vais me mettre à chanter.

Les projets de Nightmare pour 2010 ?

J.A. : On va monter une tournée en début d’année, sortie du DVD en fin d’année, les festivals d’été parce qu’avec la sortie de l’album, on va pouvoir aller le promouvoir dans des festivals.
Y.C. : On va faire le Metal Camp en Slovénie
J.A. : Comme on est chez AFM, une boîte allemande, on va avoir l’opportunité de faire des festivals là bas. On va pouvoir travailler sérieusement sur la promotion de l’album.

On vous laisse conclure.

J.A. : On va donner le maximum ce soir, comme d’habitude, pas de quartier.

Merci à vous pour l’interview.

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