Kadabra – Ultra

Le 29 décembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Garrett Zanol : guitare, chant
  • Ian Nelson : basse
  • Chase Howard : batterie

Style:

Doom Metal / Stoner / Desert Rock

Date de sortie:

17 septembre 2021

Label:

Heavy Psych Sounds

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

Toute vérité est une route tracée à travers la réalité.” Henri Bergson

Le voyage. Que quelqu’un ose lever le doigt pour me dire qu’il n’a jamais rêvé d’un voyage, et je lui retourne l’ongle en position demi-assise! Tout le monde en rêve d’un voyage loin, très loin des tumultes du quotidien, de l’agressivité ambiante et du stress qui représente notre pain noir journalier. Je ne vous cache pas que durant cette semaine de vacances, je rêve au plus profond de moi de partir, de foutre le camp de ce bourbier urbain. Faute de moyens et de temps, je ne peux réaliser ce souhait et pourtant les destinations ne manquent pas. Je rêve par exemple de découvrir les Fjords, la Scandinavie en général, les Îles Féroé, le Groenland, mais aussi la Russie, l’Arménie, l’Albanie, la Moldavie, etc. Bref! J’avoue que je sature de mon train-train. En plus j’ai appris que ce soir, c’est la nuit la plus longue de toute l’humanité! Apparemment oui! Du coup cela renforce mon idée selon laquelle on vit une soirée spécialement sombre. J’ai donc présentement besoin d’une bonne grosse dose de réconfort et de voyage. En général je me contente d’un épisode de J’irai Dormir Chez Vous ou d’un documentaire du Arte, un truc du genre. Qui fait rêver quoi. Mais là, j’ai du mal. Alors, je prends ma réserve de chroniques (mot gentil pour désigner toute la liste de retards accumulés), je me dis que je vais prendre un album au pif, et que le destin me mettra sûrement sur de bons rails si j’ose dire, pour garder la métaphore filée. Et il se trouve que le destin a bien fait les choses en me faisant cliquer sur Kadabra et son album « Ultra« . Parce que cet album respire le désert, la route, la chaleur, enfin tout ce dont j’avais besoin! On voyage ensemble? Vous êtes prêts?

Alors, je ne sais pas si vous le saviez, mais je vous le dis pour votre culture personnelle : Kadabra est un Pokémon. Je cite : « Kadabra est une créature humanoïde jaune. Il a deux grandes oreilles pointues au-dessus de sa tête, une étoile rouge sur son front et des joues larges menant à un museau mince. Ses yeux sont enfoncés et étroits, il a une moustache. Le torse de Kadabra est segmenté avec des épaules volumineuses, une épaisse poitrine brune, et un petit ventre marqué par trois lignes rouges ondulées. Sa queue est développée et épaisse, ses pieds portent trois griffes. Kadabra est l’évolution à partir du niveau 16 d’Abra, et évolue en cas d’échange entre Dresseurs en Alakazam. À noter qu’il n’est pas influencé par la Pierre Stase. Celui-ci peut ensuite méga-évoluer en Méga-Alakazam. » Voilà, et apparemment il n’y aurait pas de lien démenti de la part du groupe Kadabra concernant l’influence de ce Pokémon sur son nom. De même d’ailleurs que le nom de l’album « Ultra« , qui se retrouve dans certaines attaques. Mais autrement, Kadabra est un groupe américain qui existe semble-t-il depuis peu, l’année n’est pas mentionnée. Venant de Spokane dans l’état de Washington, le groupe a l’immense privilège de sortir son tout premier album chez Heavy Psych Sounds, ce qui n’est tout de même pas une banalité en soi! Ce premier album au nom donc d' »Ultra« , a atterri dans la boite mail de Soil Chronicles et ainsi j’y ai jeté mon dévolu. Un trio américain qui se lance dans une nouvelle aventure, c’est excitant hein?

Je trouve l’artwork superbe! Avec un style qu’on voit rarement dans le cas de Heavy Psych Sounds, qui officie plus dans un registre psychédélique par ses créations et son roster, donc cette pochette-ci intervient plus comme un truc hors du commun que réellement habituel. Et pourtant! Le design est de toute beauté, avec cette perspective en vitrail qui semble donner sur un décor désertique avec ce sol sableux et ce ciel légèrement teinté de marron clair avec le bleu, le tout donnant une impression d’usure naturelle incroyablement détaillée et réussie. Sur les motifs au-dessus et en-dessous du dit vitrail, je pense évidemment à une référence religieuse mais ce n’est pas flagrant, à peine reconnait-on des végétations type ronces. Les contours noirs sont également superbes, avec là encore une impression d’usure temporelle qui est très bien reconstituée. Du reste, on voit bien que le logo du groupe et de l’album, par leurs couleurs respectives, jonglent sur ce contraste céleste en haut et terrestre en bas. Enfin, la typographie du nom du groupe et de l’album est typique d’une volonté de sonner vintage, et on devine tout de suite quel format principal est sorti pour Kadabra. Un format LP! Voilà, donc c’est vraiment une très belle pochette, qui amène un décor que l’on connait bien puisque le style ne fera guère de doute, et je trouve de facto l’ensemble musique et visuel totalement raccords. Excellent travail!

Pour la musique de l’album « Ultra« , je dirais que contrairement à certains, l’étiquette n’est pas si évidente que cela. Ce qui saute le plus aux oreilles revient sur la sphère évidente de doom stoner, puisque l’on a la rondeur caractéristique sur le plan sonore et la lenteur rythmique qui va avec. Je trouve d’ailleurs que ce mélange de doom metal et de stoner est celui qui sied le plus à une volonté de moderniser la musique stoner, puisque la lourdeur et la rondeur du stoner se marient très bien avec la lenteur extrême du doom metal. L’exemple évident étant le groupe Sons of Otis, chroniqué et adoré au point de m’acheter le dernier album et une partie de la discographie. Voilà donc pour les grandes lignes concernant le dernier de Kadabra. Là où je suis moins catégorique, c’est concernant une potentielle dimension rock. Autant je reconnais que la perspective metal du doom stoner d' »Ultra » n’est pas aussi évidente, dans la mesure où les riffs ne sont pas aussi agressifs et le chant est clair de chez clair. Autant j’hésite dans la mesure où le son est tout de même très lourd. De plus, les références desert rock sont évidentes notamment dans la thématique des morceaux, l’artwork et d’une manière plus substantielle, les chroniques qui sont faites par les webzines spécialisés dans le desert rock. Vous allez me dire que les frontières sont parfois très minces, aussi peut-être que Kadabra fait partie de ces groupes hybrides qui distillent le doute chez l’auditeur, lui permettant au passage de s’ouvrir à des horizons pas si lointains mais que pourtant il n’a pas osé découvrir. Cet album transpire donc un mélange improbable mais réussi de lourdeur et d’énergie, de bonhommie et avec une dose subtile de cynisme dans les paroles. Un album qui de prime écoute sent bon la réussite!

Une fois n’est pas coutume, le point fort de cet album « Ultra » réside dans la production. Un son tout à fait au diapason du genre, boueux et épais, rond comme s’il rebondissait sur les parois d’un spectre sonore hermétique. On note au passage que le groupe a accompli un travail en studio remarquable tant l’occupation du champ sonore est adéquat. Du reste, les instruments sont à leurs justes places, sans faux col, avec une basse vraiment bien en avant et dotée d’un swing d’enfer, des guitares qui sont tellement rondes qu’on pourrait les trouver malléables au toucher, une batterie qui se montre plus dans un rôle de marquage rythmique et de petits coups secs au milieu de cette lourdeur sonore. Le chant est bourré d’effets lui conférant un côté en retrait appréciable. Voilà donc un énième album offrant une production idéale pour découvrir ou confirmer un genre stoner dans sa globalité. Quid d’un aspect rock ou metal? Difficile encore à affirmer à ce stade, mais au moins le son répond largement aux attentes de chacun. Ce qui est déjà comme je disais un immense point.

J’ai fini par conclure après plusieurs écoutes qu’il n’y avait pas conclusion. C’est à dire qu' »Ultra » est un album qui parvient sincèrement et durablement à mélanger des bourgeons autour du stoner, que ce soit desert rock ou doom metal stoner. Il est donc difficile d’établir une identité propre et conventionnelle, et je dois reconnaître que j’adore ça! C’est bien une des rares fois où un groupe comme Kadabra m’empêche de m’y retrouver dans un genre que je commençais à croire désuet, mais qui finalement parvient à extirper quelques miracles de son chapeau de magicien. Kadabra en fait résolument partie. Les compositions sont criantes de nouveauté, avec cette confusion identitaire mais aussi ces compositions très mélodiques, très lentes, avec ce sentiment tantôt d’emprunter la route 66, tantôt d’emprunter des sentiers désolés. La dimension rock est prenante, avec même quelques teintures psychédéliques! C’est au final un album extrêmement varié, avec des morceaux d’une longueur typiquement doom metal mais sans tomber dans l’exagération, qui induit en erreur l’auditeur et lui offre la possibilité comme je disais précédemment de tenter sa chance dans un univers musical méconnu. Franche bonne découverte que Kadabra!

Pour le chant, c’est probablement la seule certitude concernant la musique. Pour moi, on est sur des vocalises estampillées desert rock, ou rock psychédélique. Avec en prime une étendue vocale telle que je pensais au début que le chanteur était une femme. Mais finalement non, il a simplement une putain de bonne voix! Un chant clair puissant, très haut dans les tessitures et les octaves, avec une longueur tenue avec aisance. Le tout est particulièrement bien en accord avec la musique oscillant entre lourdeur et mélodie rock, ce qui étonne car le chant pourrait ne pas être en adéquation avec notamment les parties très lourdes. Il n’en est rien, tout fonctionne incroyablement bien. J’ai vraiment été bluffé! Le chant est extraordinaire, peut rebuter puisqu’il a tendance à monter trop souvent dans les aigus, mais en ce qui me concerne, il a surtout permis de me mettre sur le cul. Ce qui n’est pas un mince exploit!

Je mets un point final pour cette chronique sur un sentiment rarement atteint en ce qui me concerne dans le style stoner. A savoir d’un extrême positivisme, et avec beaucoup d’entrain! Kadabra nous livre un premier album de toute beauté, « Ultra » porte réellement bien son nom. D’une base doom metal stoner, les variations riffiques sont tellement bien construites que l’album tout entier oscille entre la douceur virile d’un desert rock, la planante identité psychédélique et la rudesse bien américaine du stoner. Cela confère donc ce fameux sentiment de nouveauté qui manquait cruellement au genre stoner depuis un moment. Il convient de préciser que ce sentiment de nouveauté qui émane fortement de l’album « Ultra » est à mettre sous le joug de mon enthousiasme et du plaisir sournois que j’ai eu à écouter ce méfait de Kadabra, moi qui étais en net besoin de dopamine voyageuse. Car réellement, ce premier album est une tuerie digne des meilleures sorties de l’année 2021! Excellentissime!

Tracklist :

01 Graveyard
02 Faded Black
03 Eagle 20’s
04 Bean King
05 Death
06 Coyote (CD Bonus Track)
07 Settle Me

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