Novembers Doom – The Novella Reservoir

Deux ans après l’excellent The Pale Haunt Departure, voici donc la sixième performance studio des chicagoans de Novembers Doom. Première constatation pour cet album, Novembers Doom ne change pas son équipe technique puisque l’on retrouve l’inénarrable suédois Dan Swanö (Edge of Sanity, Nightingale, ex-Bloodbath etc…), à la table de mix, et le talentueux James Murphy (ex-Death, ex-Testament) au mastering. On ne change pas une équipe qui gagne hein ;-). Je ne vais pas m’engager sur des discussions philosophiques concernant la production de cet album, mais je la trouve nettement meilleure que The Pale Haunt Departure.

Revenons au côté musical après ce petit intermède « technique ». Donc, pour rappel, Novembers Doom est un groupe de Chicago (USA) pratiquant le mélange Death/Doom avec une grande réussite. Et The Novella Reservoir le démontre à nouveau. L’impression générale que j’ai eue à l’écoute de cet album, c’est que celui-ci est très ancré dans la noirceur du son Death, laissant un peu de côté le Doom habituel du groupe. Paul Kuhr accroche ici l’auditeur avec sa voix unique, voix encore plus agressive qu’auparavant. Et cela se retrouve dès l’entrée en matière, avec le titre Rain, sublime intro au son très particulier, avec lequel Novembers Doom capture automatiquement notre attention. Cette même sensation se retrouvera avec la piste numéro 3 de l’album, Drown the Inland Mere.

The Novella Reservoir écrase tout par sa lourdeur. C’est en gros ce qu’on pourrait dire pour résumer ce nouvel album. A part le très émouvant Twilight Innocence, chanson la plus « douce » (s’il on peut parler de douceur pour du Death/Doom), le reste de l’album nous en met plein la vue… enfin plein les oreilles. C’est noir, c’est sombre, c’est brut, c’est lourd, c’est mélancolique, c’est une voix caverneuse à souhait… etc etc etc. On se croirait presque arrivé en enfer, à écouter je ne sais quel monstre nous compter « monts et merveilles » … mais là je m’égare :-).

Si Rain et Drown the Inland Mere sont les chansons les plus lourdes de l’album, celui-ci ne se limite pas à ces deux titres. Il y a aussi The Voice of Failure, titre dans un style plutôt proche de Paradise Lost, avec de très bons chœurs épiques. C’est vrai que j’ai dit que le groupe avait plus développé son côté Death sur cet album, mais ce n’est pas totalement vrai. They Were Left to Die nous rappelle à l’ordre pour nous dire que Novembers Doom excelle aussi dans le Doom Metal. Avec Dominate the Human Strain, Novembers Doom fait ce qu’il sait faire de mieux, du « Novembers Doom ». L’album se finit avec Leave This, bouquet final d’un très bon album, avec un petit clin d’oeil aux copains canadiens de Woods of Ypres. Bref, ces chicagoans sont aussi capables de varier leur jeu pour ne pas endormir l’auditeur et le forcer à écouter le disque dans son ensemble.

Définitivement, Novembers Doom est un grand groupe dans le monde du metal. Avec ses grunts et ses cordes vocales uniques, Paul Kuhr démontre une nouvelle fois qu’il est l’un des meilleurs chanteurs de la scène Metal. J’avoue avoir eu quelques appréhensions avant d’écouter ce nouvel opus, surtout après la pièce maîtresse que fut le précédent album, mais après écoute, mes doutes se sont envolés. La musique de Novembers Doom a encore de belles années devant elle. Le plus étonnant quand on écoute Novembers Doom, c’est qu’on jurerait presque que c’est un groupe européen (surtout du nord, plus précisément du côté de la Scandinavie). Et pourtant ils sont bien américains, pays plutôt spécialisé dans le Thrash et le Néo. Groupe étonnant donc, que je vous conseille fortement, et même si The Novella Reservoir n’est pas l’album le plus transcendant des chicagoans, il est sans aucun doute un très bon album pour les découvrir.

Nico

KYPCK – Yepho

Kypck (prononcez Koursk), c’est une ville russe. Kypck, c’est un sous-marin russe célèbre pour la tragédie qui le toucha en 2000 et qui emporta dans les flots de la mer de Barents 118 jeunes sous mariniers russes. Et Kypck, c’est un groupe de doom formé en 2007 et originaire de Finlande. La particularité ? Le chant est en russe. Sûrement histoire de bien se plonger dans l’atmosphère, vu que leur premier album, Yepho (prononcez Cherno), retrace certains évènements marquants de la Russie. A sa tête, le batteur K. H. M. Hiilesmaa, plus connu en étant le producteur de groupes comme HIM, Lordi, Sepultura, Sentenced, Moonspell, Apocalyptica, rien que ça.

Tous les amateurs de films d’actions et de guerre ont déjà entendu ce son : le sonar d’un sous-marin. Gidrolokator (Depth finder) introduit cet album en le reproduisant d’une manière plus musicale. Oui, vous avez vu, ils ont traduit leurs titres en anglais pour qu’on comprenne mieux. Merci !
Ca enchaîne sur Rozhdestvo v Murmanske (Christmas in Mourmansk), qui retrace le fameux évènement dont je vous ai parlé en introduction. Son énorme, lourd, du bon, du vrai doom. Pour plus d’effets, je vous conseille de monter le son des le premier titre.
La langue russe colle parfaitement au style. Et le chanteur a l’accent, alors ça va ! Predatel (Traitor) commence avec une montée de la batterie et de la basse durant presque une minute. La suite est plus calme et moins sombre, et permet d’apprécier les sonorités russes.
On arrive au titre phare de l’album, 1917, qui se démarque avec une mélodie un peu plus évoluée, ce qui facilite l’écoute. On ressent assez facilement le mal être très présent à l’époque. Pour rappel historique, 1917 est une période très trouble pour les Russes.
Les riffs de guitare qui mènent à Chernaya Dyra (The black hole) sont assez stressants et seront récurrents pendant les 9 minutes que dure le morceau. Alternance de passages chantés et instrumentaux, on n’est pas loin du doom type funeral.
Dés les débuts de Stalingrad, on sent le morceau engagé, et on comprend mieux la manière dont les Finlandais ont choisi d’aborder la Russie. Force est de constater que tout est entraînant dans ce morceau, et on se surprend à chanter « Stalingrad » avec eux.
Ambiance plus triste et plus nostalgique, normal, c’est Ne prosti (Do not forgive). Les progressions ne changent pas beaucoup, mais dans le Doom c’est fréquent. Il faut alors jouer sur autre chose, comme le chant, les arrangements, les changements de rythme. Ici c’est plutôt réussi.
L’arrivée de Ocherednye (The Usual) conforte l’album dans un bain plus noir et plus déprimant que jamais. Encore une fois, le son est vraiment énorme. Quelle production !
Odin den iz Zhizni Yegora Kuznetsova (One day in the life of Yegor Kuznetsov). Mais c’est qui celui là pour être un thème d’un morceau de Doom ? c’est le directeur des relations avec les analystes et les médias pour Brainware. Hmmm, c’est pas très convaincant, hein ? Bah vous chercherez vous-même alors.
On arrive déjà à la fin ! Dommage, car Demon partait avec une note d’espoir. On profitera alors d‘un morceau pas franchement original, mais on sent que le groupe fait des efforts pour bien nous faire ressentir ce qui veulent qu’on ressente.

Un an d’existence, un très bon album avec une production époustouflante, une seule chose à dire : jetez vous dessus ! N’ayez pas peur du chant en russe, c’est une langue qui se marie merveilleusement bien avec ce style. Le coup de cœur doom de l’année je pense.

SON.

Candlemass – King of the Grey Islands

Candlemass. Une légende du doom au travers des décennies. Candlemass ou l’art de changer de chanteur de façon plutôt « expéditive ». Après les déboires connus avec Messiah Marcolin (chanteur de l’album éponyme et de Nightfall notamment) selon lesquels le chanteur serait stressé d’enregistrer en studio, le groupe décida de se priver de ses services et fit appel au chanteur Robert Lowe, aussi connu pour être l’homme de voix de Solitude Aeternus (autre groupe de Doom). Voyons donc ce que nous réserve King Of The Grey Islands.

Débutons directement avec une question qui taraude les fans depuis un bon moment déjà : Robert Lowe pourra-t-il être à la hauteur de Messiah ? Réponse : oui.

A l’image du chant de Lowe, cet album se veut plus sombre, plus lent, avec beaucoup moins de passages « speeds » que ne le proposait l’album éponyme. Ici, on ne retrouve plus de gros riffs percutants à la Black Dwarf mais beaucoup plus des riffs filés, c’est-à-dire des riffs usés à leur maximum tout au long d’une chanson.

Bien que le style pratiqué soit du Doom, cela n’empêche en aucune façon le groupe de proposer des titres avec des refrains mémorables (Emperor Of The void, Of Stars And Smoke…) Le groupe alterne titres heavy (Devil Seed) à d’autres titres, à l’ambiance plus prononcée (Embracing The Styx). Le groupe tranche dans le vif d’avec son précédent album qui se voulait plus « joyeux » d’où la pochette blanche de Candlemass et la pochette beaucoup plus sombre de King Of The Grey Islands.

La technique est, bien sûr, au rendez-vous. Les soli sont exécutés de très belle manière. Robert Lowe arrive à faire oublier le moine Marcolin sans problème. Rien à redire sur les rythmiques, simplement Doomesque.

La production est très bonne et correspond réellement à la musique que propose Candlemass. La production se veut lourde, pesante, bien axée sur les guitares et la voix de Lowe, un vrai retour aux sources!

Les dix titres composant cette galette sont donc dans l’ensemble très bon et confirment le retour aux affaires de Candlemass après un passage à vide dû au départ de Marcolin. L’album est très bon, pas plus ni moins que le précédent cependant.

Un album qui ne plaira sans doute pas seulement qu’aux puristes de l’univers Doom.

Colosseum – Chapter one : Delirium

Amis de Mickey Mouse et âmes sensibles s’abstenir ! Vous risqueriez de vous perdre et de laisser votre âme dans un univers malsain, sombre, et guttural (un peu trop d’ailleurs) sans jamais pouvoir revenir. Vous entreriez dans le monde de Colosseum, groupe finlandais de doom extrême mélangeant esprit funeral et ambiances orchestrales assez dark. Autant dire que ça laisse des traces. Encore un, vous allez me dire. Oui mais bon, comme le dit le proverbe, quand on aime on ne compte pas.

Formé en 2006 par Juhani Palomäki, leader d’un projet presque solo intitulé Yearning et qui n’a plus besoin de se présenter sur la scène scandinave (plusieurs albums tendance progressif/dark/ambiance/musique classique sortis sous Holy Records), Colosseum sort ici son premier album (concept) qui vu le nombre laisse présager une suite.

The Gate of Adar débute par un souffle guttural et l’on se retrouve rapidement dans l’ambiance familière du doom classique. Très bonne prod au premier coup d’oreille, voir un peu trop notamment sur le chant, où il est difficile de saisir correctement les paroles. Cette porte d’Adar a visiblement été ouverte pour de mauvaises intentions, au vue des mélodies inquiétantes.

Le « single » et le morceau le plus abordable est sans aucun doute Corridors of Desolation, où l’effet orchestral est le plus intéressant et le plus attirant, même si mélodiquement c’est du déjà entendu. Une guitare lead vient s’exprimer de temps à autre, sans plus.

Petit changement rythmique histoire de ne pas se lasser avec un jeu de cymbales récurent. Weathered est plus triste et plus sombre que ces prédécesseurs. Au passage, la basse est bien noyée dans un enchevêtrement de plages de synthé, de sons gutturaux, et de grosses guitares saturées. On se contenterait bien d’un morceau de 6min, mais non ça fait le double. En parlant de double, serait ce une double pédale que j’entends en fin de morceaux ?

Dans le même esprit, Saturnine Vastness vient nous confirmer que Colosseum réussit très bien dans son style, mais aussi qu’un peu plus de maturité et d’originalité ne ferait pas de mal (ce n’est pas parce qu’on fait du doom qu’il faut absolument faire des morceaux fleuves et les mêmes célèbres progressions).

Référence ? Aesthetics of the Grotesque repose et nous offre une introduction calme et plus douce, avec des petites notes de synthé qui font très bon effet. On sait bien qu’à un moment ou à un autre ça va partir en noisette, alors on en profite. Et boum à 2’28, ready go mon kiki !

Fidele à la tradition, Delirium excède 10min en reprenant ci et là quelques passages de l’album version plus inquiétante, avec en bonus une voix beaucoup plus dark à la limite du black. Un des morceaux les plus aboutis, on dirait presque du prog… mais rien à voir avec Yearning !

6 morceaux pour presque un heure de doom bien dark et extrême au possible, seuls les connaisseurs et les très curieux pourront écouter d’une traite Chapter One : Delirium sans signe de lassitude ou d’agacement. Pas de révolution ici, un concept intéressant avec des thématiques déjà utilisées mais bien maniées ici, c’est un bon album de doom. Mais s’il doit y avoir une suite, on appréciera alors qu’il y’ait un peu plus une patte « Colosseum » pour se démarquer d’un son déjà trop entendu

Cortez – Thunder in a Forgotten town

Cortez, un nom qui m’a fait farfouiller de partout sur le net en esperant trouver un renseignement, rien qu’une assurance pour savoir que je suis le premier chroniqueur à avoir réellement chroniqué ce groupe… Alors tant qu’a faire autant en profiter.

Cortez est un groupe de Stoner Doom, sous style que je ne connaissais pas avant, après quelques recherches et de nombreuses écoutes pour bien se le mettre en tête, j’ai conclu que les américains de Cortez remplissent parfaitement leur devoir en tant que Doomeurs : Ambiance lourde par le biais du rythme très peu mouvementé et d’une guitare braillarde à souhait, riffs peu nombreux et simples mais très accrocheurs, des refrains « rock » et un chant plaintif, voila ce qui décrirait ce Thunder in a forgotten town.
Cortez est une sorte de groupe de garage, sortant une musique qui n’a rien de profond, ils se contentent juste d’aligner quelques riffs basiques et de placer un super refrain, ce qui rend très bien et se laisse facilement écouter avec le sourire sur les lèvres sans pour autant rester gravé sagement dans la mémoire : à peine la piste finie le thème nous a totalement échappé.
A part ça j’ai pas grand chose à redire, peut etre quelques remarques sur la voix totalement en retrait coté son, peut être à cause de la production ou c’est simplement fait exprès mais il est difficile d’entendre le chanteur tant la nuance volume instruments/chant est élevée… ou alors le manque d’originalité du guitariste, toujours à balancer du gros son gras et grésillant.

J’aime cet album, les musiques sont sympathiques. Malheureusement cela ne suffit pas à rendre ce Thunder in a Forgotten town inoubliable, le courte durée et le manque d’originalité dans les riffs fait devenir la plaquette lassante, et si ce n’est pas encore fait pour ma part, je ne tarderais pas à me fatiguer des répétitives parties de guitares et du manque du punch. Ce ne sont pas des paroles de Doomeur mais je sais reconnaitre ce qui plaira et ce qui ne plaira pas, Cortez fait parti de ce qui plait. Pour leur premier album ils réussissent à sortir du tout bon, et pour la suite de la carrière c’est tant mieux.