While Heaven Wept – Vast Oceans Lachrymose

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychokiller):
8 / 10

On apprend à tout âge, c’est un fait établi. On ne peut pas tout connaître, cela en est un autre. L’inter dépendance de ces deux éléments fait que la planète Metal est tout simplement un puit sans fond ni fin, où tout à chacun quelque soit l’immensité de sa culture musicale, pourra éternellement dénicher et découvrir des talents dont jusqu’alors il avait pu passer à côté. Et While Heaven Wept faisait pour moi partie intégrante de ces illustres combos ne pouvant susciter aucun émoi ni désaffection, car s’avérant viscéralement inconnu de mes modestes compétences. Une simple demande de review de label suite à la sortie chez Cruz Del Sur d’un nouveau release, va non seulement combler cette lacune, mais en plus me faire intégrer les rangs des conquis par ce groupe existant depuis plus de deux décennies, soit 1989.

Et en attendant d’entamer le cheminement de l’assimilation auditive de ce « Vast Ocean Lachrymose », autant se livrer à quelques recherches habituelles quant à la future mise en place/cadrage/présentation de la tentative de chronique à venir. Celles-ci s’avéreront d’ailleurs particulièrement plus que judicieuses et utiles… Vu que le chroniqueur est en l’occurrence inculte et ignare. Il en ressortira que notre combo est américain, que le line-up est plus que fluctuant -avec 65 membres différents recensés !!!-, que le moteur de l’attelage est le guitariste/chanteur Tom Phillips, la mélodicité proposée serait du doom épique, et la discographie ne compterait donc dorénavant que trois albums. Le précédent « Of Empires Forlorn », datant de 2003, ayant comme particularité d’avoir été encensé unanimement par les critiques. Dont acte.

Le premier élément digne d’éloges et catalyseur d’agrément sera l’artwork cover majestueux délivré. La grandeur des éléments déchaînés dans toute leur splendeur et leur dangerosité, la noirceur glaciale mélancolique de l’incommensurable domaine de Poséidon, le dérisoire combat d’un frêle esquif humain perdu en son sein… Et dans le lointain, illuminé par l’astre de vie et symbole du Salut, une citée mystérieuse. Mysticité, essence divine, nimbes surnaturelles, spleen poétique ; un ressac de flots de sentiments surgissent en vous à la contemplation d’un tel visuel. Une fois n’est donc pas coutume pour prendre le temps de saluer comme il se doit le somptueux travail de « The Great Gustave Dore », qui illustre aussi bien les Paradise Lost, que la divine Comédie de Dante ou encore… La bible.

Encore faut-il pour ne pas rompre la magie de l’effet initial que le contenu soit en équation avec le contenant ; ce qui sera le cas avec un inaugural « The Furthest Shore » de près de seize minutes et suintant l’excellence de toutes parts. Immédiatement, nous viendra à l’esprit un sentiment profond ; celui que l’étiquette Doom accolée au groupe ne lui sied point à merveille. Certes la musicalité proposée est empreinte de mélancolie, de tristesse, de sentiments, d’émotionnel, de chants clairs et de plages parcimonieuses aux tempos plus lents ; et à fortiori la comparaison occasionnelle avec un Candlemass paraîtra parfois justifiée. Quant à contrario celle avec Dream Theater et James LaBrie ne sera pas non plus dénuée de bon sens. Mais ce sous style Metal, n’est en fait qu’une des composantes –réductrices- de l’alchimie concoctée et assénée. L’entité « While Heaven Wept », est beaucoup plus complexe que cette schématisation erronée de labels à des fins de classification pure et dure. Epic Metal, Dark Symphonic Rock, Progressif, Metal Néo classique, Power ou foncièrement Heavy de par l’artillerie lourde de sortie intermittente, les Virginiens de Dale sont une pieuvre monstrueuse aux multiples tentacules démesurés.

En seulement six titres et quarante minutes, dont près de la moitié pour le titre précité, préparez vous à plonger en plein aventure épique océanique. De ressacs acoustiques en volutes organiques, d’accélérations frénétiques mais maîtrisées à la perfection, de lignes de chant expressives et mettant obligatoirement à contribution vos émotions ; les compositions à tiroir proposées vous captivent et séduisent. Et ce jusqu’à l’immersion totale en pleine odyssée, dans ce voyage auditif et sensoriel ou règne la toute puissance divine… Ce que l’on fera sans effort tant l’offrande des américains est finement ficelée et ciselée, jusqu’à ce final atmosphérique « Epilogue » où les vagues viendront apaiser votre esprit et vous mettre du baume au corps. Notez que lorsqu’est suggéré le perfectionnisme atteint –particulièrement sur The Furthest Shore- il ne s’agit point de paroles en l’air ; mais de véritable état de fait. Tom Phillips, chanteur historique du combo, n’ayant pas hésité à se retirer pour confier les lignes vocales à Rain Irving, estimant que celui-ci serait plus apte à les mettre en exergue sur les compos proposées.

Au final, cette fresque Metal épique de bravoure, se révélera être un pur bonheur tout simplement. Pas besoin de sortir des myriades de qualificatifs, on appréciera et on en redemande dès que possible, en espérant ne pas avoir à patienter six longues années cette fois ci. Un seul bémol à vous soumettre pour être sincère et ne pas paraître à la fois chroniqueur et Fan inconditionnel. Ce « Vast Oceans Lachrymose », de par l’énormité délicieuse de son « Highlight » initial, souffre somme toute à mon sens d’une impression de déséquilibre. Pour imager ses propos, disons que la cerise est plus grosse que le gâteau et qu’elle a tendance à l’écraser.

MetalPsychokiller

Decayor – Reccuring Times of Grief

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller):
8 / 10

Decayor est un trident irlandais nous venant de Donegal, formé en 2005, et ayant pondu une démo cinq titres en 2008, « Welcome The Stench Of Betrayal« . Rien de viscéralement transcendant dans ce premier essai, si ce n’est un « Silent Hill » du feu de dieu et particulièrement réussi, laissant entrevoir un potentiel plus que prometteur. Restait cependant à fourbir ses armes et prendre de la maturité, ce que le trio fera dans son île du « Figthing Spirit » aux cotés des Abaddon Incarnate, Overoth, Scald, Ground of Ruin ou autres Mass Extinction. Et en se confrontant avec des pointures ayant pour noms Paradise Lost, Rotting Christ, Desaster, Thurisaz, voir même les roumains de Negura Bunget.

C’est en forgeant que l’on devient forgeron, parait-il ; et les trois Irish l’ont bien assimilé et nous reviennent donc avec une seconde démo « Recurring Times Of Grief », profitant du coup de pouce de l’excellente société de promotion espagnole spécialisée pour dénicher les nouveaux talents : Lugga Music. Ce petit coup de pub pour la team d’Adrian De Buitlear sera d’ailleurs un réel plaisir perso, tant leurs dernières releases, telles les On Evil Days de « Liquid Graveyard » et autres Imago de « Nova Orbis » valent le détour.

Revenons-en donc à nos moutons, qui tiennent plus des loups cependant que des fournisseurs grégaires de laines, ne serait-ce déjà que par la ressemblance entre le guitariste chanteur Paulic Gallagher et le frontman d’Amon Amarth, Johan Hegg.

Les trois compères proposent donc trente-deux minutes d’un Doom/Death, sommes toutes foncièrement conventionnel, et introduit par une mise en place ambiante ou le son de l’orage se duplique avec un piano évanescent « Stir Of Echoes ». Une intro assez Pagan comme mise en bouche, digne d’un Winter des teutons d’ « Helfahrt », avant d’entrer directement dans le bois dur et lourd d’un « Veil Of Despair » énorme. Mélodie sombre et froide, emphase magistrale et majestueuse, nappage de prog et sonorités diversifiées où l’amidonné syncopé de la rythmique alterne avec la clarté cristalline des lignes de guitares, Chant Death jouissif virant au Black criard au fur et à mesure que montera l’adrénaline, break titanesque… De l’excellence tout simplement, la preuve en étant que les douze minutes de la plage vous sembleront bien courtes…

Car à l’image par exemple des saoudiens de « Grieving Age », Decayor affiche une facilité déconcertante à générer des titres développés de plus de dix minutes. Là ou un « Syrach » se fendra péniblement et exceptionnellement d’un « A Mourner’s Kiss » de plus de onze minutes ; nos irlandais emplis par la fougue de la jeunesse et foisonnants de riffs parfois Thrashy vous subjuguent en plus d’une demie-heure en trois titres seulement. Ainsi, « The Sacred Heart Is Bleeding », véritable satellite de la plage précédente et profitant de la même alchimie, passera avec un agrément presque semblable dans vos cages à miel. Le pont avant le retour au thème vaudra tout particulièrement le détour, tant ses tintements épileptiques et entêtants avant une arrivée de vocalises « claires » seront ciselés et marquants.

Le « Weeping Willows » de clôture se démarquera subtilement par son intro de lead guitare épique et lancinante alternant avec la grandiloquence des percussions mises en avant. Tout cela précèdera un alternatif progueux aux consonances à la Pink Floyd –remises au goût du jour néanmoins- avant un final en forme de déluge apocalyptique ou grawls et soli de grattes se répondront sur un martèlement infernal du bucheron derrière les fûts.

Vous l’avez bien saisi, cette démo possède de sacrées qualités intrinsèques et annonce des lendemains prometteurs pour le trident irlandais. Reste à savoir si, sur la longueur d’un opus, le combo assurera avec la même aisance et une réussite semblable ; le risque étant de tomber dans la linéarité où la réitération. Pour ma part, et quoiqu’un chroniqueur ne doit pas en théorie s’engager, je suis prêt à prendre les paris sur le la prochaine offrande délivrée. Ce sera une tuerie !!!

Site Internet : www.bebo.com/decayor
MySpace : www.myspace.com/decayordie

MetalPsychoKiller

Longing for Dawn – Between elation and despair

Note du Soilchroniqueur (Son):
8 / 10

CHRO EXPRESS
Plus vite tu lis, plus ou moins vite tu ecouteras…

C’est l’album de la consécration, l’album de la maturité. Autant être clair tout de suite ! Après leur premier skeud A Lonely Path en 2005 édité en 1000 exemplaires chez Twilight Foudation et un second deux ans après, A treacherous Ascension, sorti chez leur label actuel Grau Records, les canadiens de Longing for Dawn nous présentent leur nouveau bijou intitulé Between elation and despair.

Alors qu’il est difficile de trouver ses marques dans le Doom, nos compères ont su trouver les notes justes en nous assenant une fois encore leurs mélodies mélancoliques et désespérantes sous fond d’une rythmique toujours aussi forte et puissante. C’est dans une ambiance presque indus que s’égrainent quatre morceaux froids, sombres, insistants, persistants dans leur profondeur neurasthénique.

La différence avec les précédents albums ? Une poigne plus forte au niveau du mix, un acharnement à mettre en avant les parties les plus prenantes, les plus trippantes, et un soin particulier sur les arrangements atmosphériques, récurrents et abrasifs.

Son

Reflection – When shadows fall

Note du Soilchroniqueur (Son):
8 / 10

Oui, l’Epic Doom, ca existe ! Nan, ce n’est pas une chanteuse lyrique déprimée qui growle son désespoir dans une fosse sans fin remplie de dragons et de beaux chevaliers imberbes et sans reproche. Ce n’est pas non plus une musique dans laquelle on a oublié de baisser le son de la basse au mix et pour laquelle il a fallu tuer le claviériste afin qu’on arrête enfin l’enregistrement. L’Epic Doom, un genre un peu oublié (faut dire que les mélanges, bon, attention aux polyconsommations !), mérite son appellation quand on écoute le nouvel album de Reflection, groupe grec qui depuis 17 ans survit afin de prouver à la face du monde que les cases, ca sert à rien, et que si on joue un truc et que c’est bien, il faut les croire.

Un intro légèrement hispanisante (grecquisante plutôt) débute de ce deuxième gros opus d’une longue carrière. A première vue, on s’attend plutôt à entendre du heavy ou un truc dans le genre. Oui mais mesdames et messieurs, le Epic Doom existe pour nous brouiller les pistes. Des morceaux comme Mistress of Sea et Ghost Ship ont de quoi dérouter (arf arf arf), mais ils permettent d’apprécier effectivement le mélange subtil opéré entre des rythmes langoureux et des riffs triomphants, tout ca sans mixeur s’il vous plait. En parlant de mix, il est très appréciable d’écouter une harmonie presque parfaite entre les instruments, rien ne brouille l’autre.

Vous savez, la Grèce, c’est ce pays où y’a la mer, pleins d’iles, et toute une tripotée de bateaux. D’ou le côté Epic rappelant la virée entre potes qu’entreprit Ulysse il y a quelques années de cela. Des titres comme When Shadows Fall ou Soul Salvation, franchement plus heavy en surface, laissent toutefois après plusieurs écoutes un gout (plutôt salé) sombre nous rappelant des sons bien caractéristiques du doom mid tempo, on frôle même le funeral par moment.

Conforté dans l’idée que Reflection connaît parfaitement la route de ce style quand même difficile à cerner, c’est avec un timide plaisir que nous retrouvons tantôt dans Desert Land l’ambiance authentique d’un esprit conquérant de la plus pure tradition, et tantôt un lourd et puissant Eyes of the night bien dark. A quoi les grecs jouent ils ? En opposant deux styles dans un même cd, peut on dire au final qu’on compose un mélange des deux ? Kingdom of Fire vient nous rassurer sur ce plan.

Alors, Epic Doom ou Doom Epic ? Grec avec ou sans oignon ? Je fais le pari que Reflection a cette fois ci vraiment joué carte sur table en revendiquant un mélange bien dosé et parfois surprenant (l’épique considéré comme optimiste à l’opposé du doom, musique défaitiste au possible), ce qui qui est osé, il faut l’admettre aujourd’hui, dans un milieu très critique à qui s’écarte des sentiers battus. Enfin avec 17 ans de carrière, un line up récemment reboosté, franchement, cela serait pernicieux que d’être sévère avec un groupe qui sort un album de grande qualité et qui mérite de l’attention. Un reproche : la voix, étrangement mat et manquant d’aigu, ce qui donne l’impression que le chanteur a enregistré depuis un fond de cale. Prod volontaire ou pas ? Cela dessert beaucoup à la musique malheureusement.

Son

Octavia Sperati – Grace Submerged

La Norvège n’est pas qu’un pays de Black Métalleux en tout genre. La preuve avec Octavia Sperati, groupe mélangeant allègrement le Doom et le Gothic Metal, et qui, de surcroît est uniquement composé de filles (excepté le batteur, mais apparemment c’est dur pour Octavia Sperati d’avoir un batteur fixe, vu que c’est le quatrième du groupe depuis sa création). Octavia Sperati revient sur le devant la scène métal avec cet album, Grace Submerged, à peine deux ans après leur début album Winter Enclosure. Un album très bien accueilli par la presse norvégienne, puisqu’ils ont été classés dans le Top 10 des groupes débutants en 2005 par Terrorizer Magazine. Un bon début donc, surtout dans un pays comme la Norvège, où 95% de la production métal est surtout très orientée extrême. A la production de ce nouvel album, on retrouve quelques têtes connues, à savoir Herbrand Larsen (claviériste de Enslaved et ex-membre de Audrey Horne) et Arve Isdal (lead-guitariste de I, Enslaved et Audrey Horne)

A la différence de beaucoup de groupe de Métal à voix féminine, Octavia Sperati ne mise pas tout sur le chant de Silje Wergeland, mais bien sûr une symbiose entre la rythmique et les lignes vocales. Cette symbiose est déjà utilisée avec succès par The Gathering et la douce voix d’Anneke Van Giesbergen. Ainsi, la chanteuse n’a pas besoin de démontrer des performances vocales exceptionnelles, le mélange avec la musique s’accordant presque « parfaitement ». C’est ce que l’on retrouve tout au long de l’écoute de ce nouvel album. C’est le cas avec des titres comme Guilty Am I, Provenance of Hate ou encore Moonlit où, passée l’intro aux riffs lourds, la voix de Silje Wergeland se fait plus douce, plus atmosphérique. Cela fait partie des raisons qui font que j’aime la musique de ce groupe, et que ce n’est pas « à mon avis », une énième production Métal à voix féminine, copiant de ce que font les autres formations existantes.

Avec Don’t Believe a Word, Octavia Sperati a choisi de reprendre une chanson bien connue des hard-rockers des années 70-80, le groupe Thin Lizzy avec cette voix si particulière de Phil Lynott. Pour se l’approprier, et ne pas faire qu’une simple copie, les filles d’Octavia en ont fait une ballade au piano, tout en sensibilité. Magnifique. Le titre …And Then the World Froze est peut être le moins adapté à la voix douce de Silje Wergeland. L’instrumentation est très lourde, très pesante, dans le plus pur style « Doom ». Le mélange avec la voix est très bon, mais peut-être moins adapté au style musical. Par opposition, The Final Rest et Deprivation sont selon les meilleurs titres de cet album, tant le mélange voix-instrumentation s’écoute sans retenue, avec appréciation. L’album se termine avec le titre « presque » éponyme de l’album, Submerged, comme si le groupe voulait nous recouvrir de sa musique, pour ne plus jamais l’oublier.

Pour conclure, avec ce deuxième album, Octavia Sperati continue son chemin vers la douceur et la sensibilité, couplé au tempo ultra lourd de la musique métal. Il n’y a pas de réelles nouveautés par rapport au premier album, Grace Submerged est plutôt vu comme une sorte de prolongement de Winter Enclosure. Les quatre filles d’Octavia (ainsi que le monsieur à la batterie, mais je ne crois pas qu’il participe à l’écriture des compositions) ont beaucoup de talent, et sûrement un autre message à passer que le traditionnel message des groupes norvégiens de Métal extrême. Un bon album à mon avis, que je vous conseille. Cela n’augure que du bon pour la suite.

Note du Soilchroniqueur (Nico):
7 / 10