Procession – Destroyers of the faith

Procession – Destroyers of the faith

Note du Soil chroniqueur (Gwenn) : 6,5/10

Le Chili, tendre pays grouillant de groupes de métal. Je ne suis absolument pas experte en matière de métal chilien d’où le choix de Destroyers of the Faith pour débuter ma petite étude. Un groupe de Doom composé de trois gars apparemment bien motivés à sortir des rangs des inconnus. L’Art Work rappelle un peu les disques de la vieille génération, un brin diabolique, un brin morbide. Un ange de la mort tient dans ses mains ensanglantées une tête de mort et me regarde avec insistance. Procession en est au stade du départ sur la scène internationale et jusqu’à présent, peu de choses disponibles si ce n’est que deux démos (Burn, et Burn + alive), un EP (The Cult of Disease) et enfin, le full-lenght qui tourne sur mon lecteur.

Alors quand je lis le qualificatif de Doom sur la musique de Procession, je vous rassure entièrement, c’est le cas. On est complètement plongés dans des riffs qui se trouvent à l’antipode de ceux que l’on peut trouver dans le black métal le plus représentatif du style. Ensuite évidemment, les falaises du Doom se construisent, selon mon opinion, dans des structures vertigineuses, et sans que mon avis soit totalement objectif je pense que des choses sont encore à creuser pour entrer dans des grottes si profondes qu’une fois arrivés dedans, on y devinerait la chaleur du noyau central de la planète.

« Hypérion » donne le ton rythmique, vocal, tonal de l’album, ce n’est qu’une intro. Quand le disque démarre vraiment avec « Destroyers of the Faith », j’hésite à faire la relation avec Candlemass ou non. Le chant est clair, modulé, très intéressant, et je vous laisse comparer les deux groupes et ainsi juger. Quand le rythme s’intensifie, c’est là qu’il manque la puissance et les surprises habituellement relatives au Doom mais encore une fois on retrouve le système « Guitare-chant…. Guitare-chant… Riff » qu’à exploité Candlemass pour ne citer que cet exemple marquant. Quoi qu’il en soit le morceau est tout à fait plaisant. Je précise qu’il n’y a que six morceaux dans cet album mais leurs durées (entre 7 et 10 minutes environ) justifient ce choix.

« The Road the Gravegarden » se veut plus lent, plus lourd, poussif, épris de riffs intéressants toujours manquant de profondeur (attention à ça car sans profondeur on tombe dans la simplicité). Comment décrire l’effet que ce morceau me fait… Du plaisir certes car j’apprécie le style, mais par exemple… un pavé de lieu jaune sans sa sauce délicate, citronnée, beurrée et un brin acide. J’exagère, évidemment, mais ça n’était que pour traduire. On imagine sans peine sur ce morceau des gens affamés, obnubilés par ce même but, ces tombes, cette nuit, cette lueur blafarde balancée par la lune. Ils marchent, déambulent, et couplant dans ma tête le titre du morceau avec la musique, j’hésite encore entre une comparaison visuelle avec Thriller, ou bien ce fameux clip de Candlemass, « Bewitched ». Encore eux décidément…

Avec « Chance of the Nameless » à mon sens, on entre dans le vrai souci du groupe qui est de rester, mais vraiment, dans les mêmes tonalités. Mêmes gammes et tempos similaires aux précédents. Ce n’est qu’un ressenti, un musicien averti saura peut-être me rendre la raison. La voix est claire et juste et il y a une belle relation entre la musique et le chant. A la décharge de Procession, ils ne sont nés qu’en 2008, et il est vrai qu’on trouve dans l’ensemble une jolie maturité. J’attends sans doute trop d’un album de Doom. Mes goules de Thriller ne sont pas rendus de sitôt, cependant.

« Tomb of Doom », presque neuf minutes également, quand même, prenant la suite des précédents, grignotant encore quelques kilomètres vers l’Eldorado sombre tant désiré.

La conclusion de l’album se fera dans ce cercueil blanc. « White Coffin », débutant sur une basse lente et lourde, achèvera d’étonner toutes ces créatures ayant fait tant de chemin pour en arriver là. De la lumière dans un cercueil ? Paradoxalement et bien que ce morceau respecte les modalités structurelles des précédents, on a une profondeur différente et quelque chose de plus langoureux, plus plaintif. Un morceau qui donne beaucoup d’espoirs dans l’écoute des réalisations futures de Procession.

Cette marche, ce thème, le nom du groupe, évoluent dans un lien unique, la cohérence. La progression lente, sombre, noire, des pas lourds dans la boue, des habits sales et des corps torturés. Tout cela est évoqué dans cet album et c’est déjà une belle prouesse de la part de Procession de nous donner ça en trois ans d’existence. Quoi dire pour terminer ? Il me manque la profondeur, peut-être le tressaillement de mon corps sous l’effet de la surprise auditive. Mais j’ai entièrement confiance pour la suite.

Myspace : http://www.myspace.com/processionburn

Cathedral – The Guessing Game

Cathedral – The Guessing Game


Note du Soilchroniqueur (Gwenn):

9 / 10

Fondé dans les années 90, le groupe anglais s’inscrit de suite dans un style Doom, avec notamment le fameux « Forest of Equilibrium ». Plus précisément, leurs recherches musicales se classent dans ce qu’on appelle le « Stoner Doom », à savoir un mélange entre le Doom traditionnel et le Stoner Rock lui-même inspiré par définition des sonorités psychédéliques des années 70. Après huit albums qui ont chacun montré une facette différente du groupe, Cathedral affiche sa maturité et une nouvelle jeunesse avec « The Guessing Game ». Leur talent qui n’est plus à démontrer paraît maintenant laisser porte ouverte au jeu et à la dérision. Jetons un œil sur l’Art-work de la pochette, qui contient deux Cds. Magnifique représentation claire de ce qui pourrait ressembler à une forme d’Eden. L’Art et la musique se mêlent, l’innocence enfantine et la sage expérience également.

Je ne vais, dans cette chronique, ni faire ma maligne ni tenter une analyse trop poussée de chaque morceau. La première écoute réserve un effet assez magique, bousculé, surprenant.

Une intro longue, suivie immédiatement de « Funeral of Dreams », un voyage dans les époques et les styles tant ce morceau est varié. On a ce chant très spécial spécifique à Lee mais la musique se fait plus éclectique et pleine de transitions. « Painting in the Dark » s’inscrit dans des couleurs très « metal des années 80 » avec son côté Old School carrément agréable ! « Death of an Anarchist », dans la veine du heavy, se voudrait « simple » mais réalisé avec tellement de maturité qu’il en est génial ! « The Guessing Game » porte bien son nom, presque…« absurde », une impro/intro de « Edwige’s Eyes » qui lui se fait doom et cadencé avec son chant espiègle et joueur… « Cat’s, Incense, Candles, Wine » est au contraire une promenade acidulée, fraîche et souriante ! « One Dimensional People », Doom comme pas possible au début, un déééélice pour les fans, glissant sur les cordes des guitares avec volupté avant de virer dans des riffs plus thrash. Avec « La Noche del Buque maldito » qui frise les sons de guitares les plus graves qu’il m’ait été donné d’entendre, on est dans la caricature de Cathedral. Jeux sonores, vocaux, tout y est. Terrible ! « The running Man », longue, étrange et utilisant des sons d’orgue, charismatique et douce et d’une qualité exceptionnelle dans les superpositions sonores. Hymne doom puissant, « Requiem for the Voiceless » s’avère être toute la magnifique maturité de Cathedral. « Journey into Jade » (célébration des 20 ans du groupe) conclut ce monstre d’album en cherchant toujours cette perfection instrumentale et dans ses effets.

Conclure ? Que conclure ? « The Guessing Game » est un album devant lequel je me fais toute petite. Respect les mecs. J’adore Cathedral depuis un bon moment, ce n’est pas demain que ça va changer. Jeux des sons, des couleurs, des formes et de la voix, cet album est la définition même de la musique dans son ensemble et ses époques. Qui peut définir ce qu’est le « doom », le « psychédélique », le « metal » ? Je viens d’écouter la preuve de la liberté totale dans l’exercice de l’Art.

Site officiel : http://wwww.cathedralcoven.com/

MySpace : http://www.myspace.com/cathedral

Gwenn

Swallow the Sun – New Moon

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller):
9 / 10

En dix ans d’existence et dorénavant quatre albums au compteur -pour pratiquement autant de chefs d’œuvre-, Swallow The Sun risque de marquer indélébilement la décennie s’annonçant ; comme la précédente s’achevant a vu les finlandais montés en puissance exponentielle.

Car si la première offrande éponyme au combo s’avéra potentiellement prometteuse ; les suivantes « Ghosts of Loss »de 2003 et « ‘Hope » de 2005 ; flirtèrent tout simplement avec l’excellence. Ne leurs manquait qu’une once de ce que l’on pourrait s’essayer à qualifier de maturité, si l’on ne craignait de se voir affubler de prétentieux ou vaniteux à se permettre de jauger, et pis encore juger la mélodicité assénée tant celle-ci tient plus de la poésie auditive… Que d’un groupe de potes numérisant leurs délires au fond d’un garage… Non pas que l’un ou l’autre de ces états de faits soient comparativement dépréciatifs, tant l’océan Metal est composé de myriades de kaléidoscopes de gouttes de consistances et genèses différentes, mais plus simplement parce que les six de Jyväskylä sont empreints d’une musicalité à la réelle unicité labélisée par la magnificence. Telle est la différence entre le « Critique » et « l’artiste », dont le premier n’a bien souvent que son sophisme littéraire pour valoriser ou contester le talent secrètement jalousé et inhérent au second. Et dans le cas de Swallow The Sun, véritables ménestrels dépressifs, mon intime conviction d’amateur passionné, me forcera à réitérer le terme de Poésie…

Pourquoi un tel laïus en introduction, si ce n’est pour essayer d’emblée, de vous faire toucher du doigt, vous préparer par une approche toute en douceur à votre prochaine confrontation avec la  sauvagerie et l’esthétisme de la plénitude et la profondeur du ressenti délivré par ce New Moon. En totale opposition avec l’hégémonie actuelle des produits allégés, calibrés, alésés et stéréotypés ; cet album est une pure mise en exergue de la puissance de création de Juha Raivio. Un total libre cours à ses humeurs et inspirations profondes, ou l’alchimie concoctée et assénée est marquée du sceau de l’équilibre parfait.

Emphatiquement et résolument Doom, structurellement et viscéralement Heavy, teinté de gothique et empruntant conjoncturellement des ingrédients au Death et au black particulièrement dans les lignes vocales ; les scandinaves ont franchi un pas dans leur musicalité. Une évolution ou le « doom » mélodique classique, s’est docilement estompé derrière un « Doom » Magistral et viscéralement émotionnel de par la réalité des sentiments suggérés et suscités. On atteint ainsi de manière grandiloquente l’extase ou la jouissance des profondeurs en quittant les rivages des poncifs inhérents souvent à ce style pour s’immerger dans les abymes de l’émotivité. Noirceurs, froideurs et obscurités s’avèrent en lutte perpétuelle et manichéenne avec la lumière, la chaleur et par la-même le salut. Le sempiternel filigrane du combat perpétuel entre la mort et la vie, ou le sous genre Metal choisi s’efface voluptueusement en ne restant qu’un support au message délivré.

A l’image par exemple d’un « Falling World » dans la droite lignée d’un « She dies » des Draconian ; Swallow the Sun réussit le tour de force de ne jamais s’empêtrer dans les sentiers  balisés en proposant une parfaite osmose entre ressacs puissants et alternatives plus subtiles et calme. Mieux maitrisé, mieux canalisé, structurellement plus épuré et moins touffu que le « The Morning Never Came » initial de 2003 ; le sentiment de linéarité souvent inhérent au doom est ici totalement écarté par un éventail ciselé d’originalités et de diversités déployé à bon escient.

Que ce soit sur une intro en arpèges et chant susurré annonçant une dualité de vocalises black et death sur « These Woods Breathe Evil », que ce soit par des leads guitares lancinantes, insidieuses, mélodiquement subtiles et vous imprégnant inexorablement par leurs froideurs mélancoliques. Ou bien encore par des claviers utilisés en nappage ou en véritables lignes organiques ; tout concourt à la grandeur de l’édifice méritant une mention toute spéciale pour l’énorme travail accompli au niveau du panel vocal. Voix cristalline et féminine envoutante sur le somptueux « Lights on the Lake », ou chœurs quasi religieux sur le«Weight of the Dead » de clôture, la liste est non exhaustive, loin s’en faut tant un « Sleepless Swans» tout en nuances voluptueuses, suggestives et suggérées par un chant clair brumeux se targuera d’atours semblables.

Cet avatar à l’univers subliminal se dévoilant graduellement, ce dark doom sympho de ménestrels empli de spleen mystique fera naitre des relents de puissance émotionnelle, ou selon votre sensibilité et les plages délivrées, les puissances « Black » sataniques vous prendront aux trippes quand l’instant d’après vous seriez enclin à vous trancher les veines dans un accès dépressif gothique. Quelles que soient les desseins des compositions délivrées, ceux ci sont atteints sans coups férir ne vous laissant ni échappatoire, ni rémission. Du grand « Art » tout simplement.

Paradoxalement, l’arrivée derrière les futs du batteur de Wintersun, l’excellent Kai Hahto, tout comme la production sur mesure d’un Jens Bogren que l’on ne présente plus, n’instaureront aucune dépréciation… quand à ma tentative maladroite pour tresser une couronne de lauriers à ce « New Moon » exacerbant tous vos sens et qui est le véritable premier « Coup de pied au cul» de cette nouvelle année.

Site Internet : http://www.swallowthesun.net/site/

Myspace : http://www.myspace.com/swallowthesundoom

MetalPsychoKiller