Dvne – Etemen Ænka

Le 1 avril 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Dudley Tait : Batterie
  • Victor Vicart : Guitare, chant, claviers
  • Dan Barter : Guitare, chant
  • Greg Armstrong : Basse
  • Evelyn May : Claviers
  • Guests : Lissa Robertson - Chant sur 5 et 9, voix sur 4.

Style:

Sludge Progressif / Stoner

Date de sortie:

19 mars 2021

Label:

Metal Blade Records

Note du SoilChroniqueur (Kenpachi) : 9/10

 » La musique d’aujourd’hui adoucit les mœurs et rend sourd.  »
Frédéric Dard

Il y a des chroniques plus facilement abordables que d’autres, des groupes plus facilement digestes que d’autres, et, il faut l’avouer, certains albums ne méritent pas une, ni deux, ni trois écoutes, mais de bonnes dizaines pour en saisir toute la quintessence. Ici, c’est le cas. C’est la raison pour laquelle l’auteur de cette chronique n’a pu livrer son avis au plus tôt : plutôt que de tomber dans la facilité et l’avis trop immédiat, il a préféré pouvoir s’imprégner totalement de ce nouvel album complexe qu’est celui de Dvne, Etemen Ænka. Le combo écossais (Edimbourg), n’en est pas à son premier essai et signe ici son deuxième album après un excellent Asheran sorti en 2017 qui avait déjà fait grand bruit, ainsi que trois EP (Progenitor, 2013 ; Aurora Majesty, 2014 ; Omega Severer, 2020) tout aussi bons. Il faut dire que, bien que la génèse du groupe ne tire ses racine qu’en 2013 (de 2013 à 2015, sous le nom de Dune, puis sous le nom actuel), ils ont déjà été passablement prolifiques. C’est donc après une certaine expérience non-négligeable que nous aborderont ici ce nouvel opus.

Le nom du groupe fait référence au roman intemporel de science-fiction Dune, de Frank Herbert, tirant son inspiration d’un article que l’auteur voulait écrire en tant que journaliste indépendant à Florence, dans l’Oregon portant sur les Oregon Dunes (la plus grande étendue de sables côtière des USA), mais qu’il n’a jamais fini de rédiger. Dvne s’inspirent donc de ce contexte de science-fiction tant dans leur musique que dans leurs textes, Etemen Ænka se concentrant essentiellement sur des problématiques sociales et plus spécifiquement sur les inégalités et les relations qu’ont les hommes avec le pouvoir. De leurs propres mots : « Même dans le groupe, nous avons notre propre interprétation de ce que chaque événement de la trame narrative de l’album signifie pour nous. Cela dit, l’histoire suit une civilisation à travers des siècles. Cette société a été construite sur l’orgueil de transcender les limites et la douleur associées à la nature humaine. Dans l’histoire, cette vision est finalement réalisée par le processus de l’ascension. Grâce à la technologie, les ascensionnés – nous les appelons «célestes» – sont devenus des êtres supérieurs mais se sont lentement détachés de ce qui les rendait humains. Cette base de l’histoire nous a permis d’explorer quelques problématiques intéressantes, telles que la façon dont les célestes dominent leur société afin de poursuivre leur vision utopique ». Nous pouvons donc dire sans nul doute qu’il s’agit bien d’un concept album tant musicalement que dans ses textes.

Ce nouvel album se démarque du précédent surtout par l’adjonction des claviers à leur musique, leur donnant un coté encore plus épique, une dimension encore plus proche de leur univers de science-fiction (cela me rappelle vraiment les grands classiques cinématographiques des années 70-80’s), et des possibilités de composition encore plus grandes en y ajoutant des textures intéressantes. En parlant de textures… sur cet album, plus que jamais, j’y retrouve des sonorités proches du groupe de metal progressif des Pays-Bas, Textures, tant au niveau du chant que des compos. Il faut dire qu’ils avaient marqué leur temps et étaient devenus un grand nom de la scène progressive, et, à n’en point douter, une source d’inspiration aussi pour de nombreux groupes. En plus de cette inspiration musicale, l’oreille tendue de l’auditeur saura retrouver une poignée de Mastodon, ainsi qu’une autre de Elder. C’est au fil de 10 titres oscillant entre 3 et 11 minutes que les écossais nous délivrent des morceaux tant divers que variés tout en gardant une étonnante homogénéité tout au long de l’album. La composition de chaque titre fait preuve d’une incroyable capacité à ne laisser aucune place à l’ennui durant la totalité de ces longs morceaux, tant la narration musicale nous emmène au gré de l’histoire racontée par le quintet. La première démonstration de ce talent nous vient de l’excellent titre Towers, qui, fort de ses 9 minutes oscille entre, épique, claviers, mélodie, solo, chant clair, chant growlé, violence et douceur, et tout cela d’une manière absolument maitrisée de bout en bout. L’explosion vers la fin du morceau est absolument imparable et laisse place à un Metal quasi popisant sans tomber dans la facilité et le racolage pour autant. Ça s’imprime intelligemment tant dans la tête que dans chaque cellule du corps, donnant envie d’exploser et de vivre cette musique animé par la même vie qui habite les instruments. Une puissance quasi jouissive, dès le deuxième morceau. Hormis le chant et les cris masculins, Lissa Robertson est en guest sur « Omega Severer » et « Asphodel », et prêtant sa voix parlée sur « Weighing Of The Heart », donnant une touche féminine des plus appréciables aux dits morceaux, et apportant douceur et un souffle bien mérité entre les différents passages rouleaux-compresseurs auxquels l’auditeur doit se frotter. En effet, après une fin extrêmement lourde, puissante et oppressante de « Court of the Matriarch », n’ayant rien à envier à un Mastodon en grande forme, Dvne s’offre le luxe d’un quasi silence de près de 20-30 secondes pour que nous puissions reprendre notre souffle lors d’un « spoken words » bienvenu de la part de Lissa avec la tension augmentant de plus en plus au fil du morceau. Ceci juste avant d’enchainer avec « Omega Severer » où le morceau oscille avec intelligence entre violence et douceur, entre lourdeur et légèreté, entre le chant guttural masculin et la puissante envolée éthéréenne de Lissa dans un chant lyrique incroyable avant de reprendre de manière violente et chaotique. C’est conscient de la puissance de l’enchainement que le combo s’offre à nouveau le luxe de nous laisser respirer pas loin de 1 minute 30 dans un nouveau quasi-silence et un morceau instrumental très léger, psychédélique avant d’enchainer 3 minutes plus tard avec l’un des morceaux phares et des plus puissants de l’album, « Sì-XIV ». La même mécanique de composition se retrouve une dernière fois après le titre « Mleccha », avec « Asphodel », où Larissa prête à nouveau sa voix sur un morceau quasi-silencieux de près de 5 minutes avant d’enchainer sur un puissant « Satuya » s’essoufflant finalement sur la fin de l’album, tout en douceur. Vous l’aurez compris, l’intelligence de cet album fait aussi partie intégrante de ce qui pourrait rebuter de nombreux auditeurs : cet enchaînement entre violence et répit, entre chaos et néant, entre musique et silence, à l’image d’un long et éprouvant voyage. Pour ma part, j’y vois là un moyen de pouvoir reprendre son souffle avant de se faire prendre à nouveau aux tripes par l’intensité de la musique, la puissance et l’émotion dégagée par chaque titre, par chaque histoire racontée par le groupe, mais il se peut aussi que certains auditeurs puissent y voir, à tort à mon avis, une sorte de bricolage à rallonge. Toutefois, dans l’ensemble, le groupe ne pourra nier appartenir à la scène Post-Metal, avec des rapprochements musicaux que nous pouvons aisément faire avec des groupes tels que The Ocean Collective ou Herod, ou encore une touche expérimentale à la Nero di Marte, qui sont tout à fait appréciables tout au long de titres dépassant les formats radio-formatés les plus communs.

Dans l’ensemble, il s’agit donc d’un album qui fera sans le moindre doute partie de mes préférences de cette année 2021, oscillant entre chaos et maîtrise, violence et douceur, essoufflement et respiration, voyage et écrasement sur place, tout cela mis de manière très pointilleuse, intelligente et délicate des deux côtés d’une balance savamment domptée. De la folie dans leur sagesse, ou de la sagesse dans leur folie, peu importe, puisqu’au final c’est le plaisir qui l’emporte haut la main !

Tracklist :

1. Enûma Eliš (4:38)
2. Towers (9:05)
3. Court of the Matriarch (7:13)
4. Weighing of the Heart (3:05)
5. Omega Severer (9:42)
6. Adræden (3:13)
7. Sì-XIV (6:22)
8. Mleccha (8:09)
9. Asphodel (4:41)
10. Satuya (11:06)

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