Odin’s Court – Human Life In Motion

Odin’s Court – Human Life In Motion

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller) : 8,5 / 10

Le troisième album d’un combo est toujours le plus intéressant à disséquer. Incontestablement.

En effet, si le premier opus d’un groupe est toujours celui engendrant chez nous la découverte d’une nouvelle alchimie musicale, forte est notre tolérance à souvent faire fi des imperfections. Fougue de la jeunesse, manque de maturité, expérience toute relative à éviter les écueils, excitation à voir enfin le projet de musiciens passionnés retranscrits dans une galette plastronnant dans des bacs… Rares sont les coups de maitre pour un premier effort tant la profusion de releases actuelles en tous genres déclenchent aisément des buzzs plus ou moins conséquents de par les myriades de nouvelles technologies actuelles permettant leurs diffusions. Finies les seventies, ou un vinyle était l’aboutissement d’une décennie de galère pour des bands dont les premières pontes matérielles correspondaient souvent à l’âge d’or… Le second opus marque souvent une dualité opposable : mieux finalisé certes, mais moins intéressant car souvent moins inspiré par la faute d’une certaine urgence des compositions délivrées. Et la confirmation, devient donc souvent infirmation voir déception, avant que le combo ne retourne à ses forces vives et prenne le temps de peaufiner une offrande suivante qui elle reflétera l’essence profonde et le potentiel réel du combo.

Et « Odin’s Court », quatuor de Lexington Park, Maryland, en est justement à ce stade de son cheminement musical. En dix ans d’existence, nos américains ont initialement offert un autoproduit en 2006, « Redriven By Fate », passé inaperçu en nos contrées sauf pour les progueux passionnés et curieux ; puis un « Deathanity » qui profita déjà de la diffusion de ProgRock Records pour créer son petit effet. Potentiellement intéressant avec des séquences parfois frisant l’excellence les musiciens d’outre Atlantique nous laissait néanmoins présager d’augures captivants avant l’arrivée de ce « Human Life In Motion » concluant la triplette de leur décennie musicale. Et ne vous faisons pas languir, quand bien même le groupe a réduit son line up avec le départ du claviste Palumbo, cet opus est une réelle réussite. Un aboutissement, une finalisation subtile d’un dosage musical savamment concocté et exécuté avec maestria.

Car « Odin’s Court » pourrait caractériser à lui seul le pourquoi du comment de la réussite d’un sous style Metal planétairement adulé par des légions d’aficionados ; ou rejeté par des cohortes de sclérosés dogmatiques des conduits auditifs. En onze titres diversifiés et accrocheurs dont la trame des lyrics traite de l’existentialisme de la condition humaine, la bande à Matt Brookins sidère par son inspiration à nous pondre des tracks en lames de fonds ravageuses, et des ilots épars de quiétude subjuguant par leur raffinement. Si le fil rouge des compositions proposé restera accrocheur, énergique et résolument Metal, l’écrin de ces brulots sera pour sa part toujours empreint de mélodicité, de subtilités harmoniques conquérantes, d’un travail de chant sublime ou le timbre de voix callera un excellent rendu vous asseyant dans votre agrément se dévoilant croissement. Quand l’onctuosité ne le rend qu’à l’âpreté, tous les amateurs de Prog se délectent, et à ce petit jeu « Human Life » est un petit bijou. Forcément, quand on a partagé la scène avec des pointures aussi diverses et intéressantes que les Symphony X, Kamelot, Sonata Arctica, Helloween, Jon Oliva Paindouleur, Circle II Circle, Devin Townsend… C’est que l’on dispose dans sa musette de quelques atouts de haute tenue !

Ces derniers se situent quelques parts entre les influences d’illustres anciennes gloires à la Pink Floyd, Yes, Boston et des pointures actuelles manière Type O Negative ou Porcupine Tree. Odin’s Court ayant cependant une réelle unicité ne permettant que de lui coller certaines influences, et non d’en faire des caricatures. Finis les guests du « Deathanity » précédent tels Tom Englund (Evergrey) et Tony Kakko (Sonata Arctica), ou l’ajout d’un saxo et de chœurs féminins ; « Human Life » se recentre sur la pureté raffinée du Prog. Une tracklist sans temps morts ni faibles ou émergeront de surcroit des Highlights d’exception tels l’impact inaltérable du « Addict Us » d’entame, la volatilité d’un « Animus », des soli de guitare dantesque sur « The Wrong Turn », des harmonies faramineuses sur « Frustror », un « Insania » hymnéen syncopé géant… Une liste non exhaustive d’éléments d’appréciation et d’agréments qui font classer irrémédiablement cette sortie dans la caste très fermée des « à découvrir absolument », « à ne manquer sous aucun prétexte », « valeur sure sur laquelle investir son faible écot » !!!

Pas besoin de conclusion donc, tant tout amateur de Prog Us de qualité sera comblé par ce « Human Life In Motion ». On ne pourra cependant pas évité de délivrer des mentions spéciales à la fois à la production parfaite (rec/mix/mast) des compères Matt Brookins et Chris Brown d’une part. Et de l’autre à leur travail sur les lignes de chant qui surfent allègrement et continuellement dans la perfection donnant à l’ensemble mélodique et musical une cohérence d’exception et d’excellence indubitablement conquérante.

Ce troisième opus est un pur moment féerique de consécration de bonheur simple.

Site Internet : http://www.odinscourtband.com/
Facebook : http://www.facebook.com/odins.court
Myspace : http://www.myspace.com/odinscourt

 

1 : Affect Us (Affectus)
2 : Blue Line 5:30 Am (Inops)
3 : Can’t Forgive Me (Invidia)
4 : There Then Here Again (Frustror)
5 : Blacktop Southbound (Animus)
6 : Silent Revolution (Insania)
7 : TheWrong Turn At The Right Time (Oneiroi)
8 : Red Glow Dreaming (Laetitia°
9 : The Echo Of Chaos (Poena)
10 : Feathered We Fly (Termanation)
11 : Leaving Chicago (Moestitia)

Dagara – La Règle Du Je

Dagara – La Règle Du Je

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller) : 07 / 10

 

Allez pour une fois, votre sophiste préféré de chroniqueur va laisser dans sa musette son langage châtié et son français hautement classique si souvent vanné par ses collègues d’écurie Soilchronienne pour vous délivrer un ressenti en argot de la rue purement métaleux. Cela évitera à certains sycophantes du monde de la chronique d’avoir à se torturer en une sinécure épileptique le bulbe rachidien pour saisir mes propos d’une part. Et de l’autre, la démarche originale et unique de cette review (pas de gabegies, je ne vais pas mettre ma plume à la griffe stylistique légendaire aux oubliettes !) pourra peut-être éviter aux louves et louveteaux taquins scribouillards de notre petite famille des chroniqueurs du terroir d’arrêter certaines puérilités quant à l’âge canonique du dunedain rôdeur… Évoluer entre premier et second degré parait déjà mettre les méninges de certains lecteurs en surchauffe, alors passons direct aux aveux en vocabulaire djeuns !

Votre Metalpsychokiller a un caractère de merde, est coléreux, rancunier et sa mauvaise humeur, -particulièrement au réveil-, le cale irrémédiablement dans le gang des « cas soces » à éviter. No life, pas intéressant, le gars se lève à deux heures de l’après midi… Café/clopes (avant la mousse qui ne va pas tarder !), se fout devant l’ordi… Et se goinfre d’emblée en poussant à donf le caisson de basse d’un Ep de Dagara qui déchire sa race ! Ma fille monte le son du plasma et mon fils celui-du line7 pour sa Viper, ma femme fait la gueule et ferme la porte, mon chien hurle la mort, et les voisins se gavent de Valium car les décibels du taré tatoué sont de retour. Fuck the neighbors mes potos, le Metal est une religion ancrée dans mon sang bleu d’alcool, non de royauté.

L’endorphine du vieux ne se déclenche qu’avec ce genre de brulot plein de hargne, de couilles et de testostérones lâchés en cadence Kalachnikov telles des rafales de pets sataniques martyrisant le boyau culier d’un moine moyenâgeux vérolé syphilitique. Car Dagara crée en 2007, tout jeune combo qu’il est et n’ayant à son actif qu’un Ep éponyme en 2008, s’y entend à martyriser vos esgourdes et faire monter votre adrénaline. Un metalcore hexagonal ravageur, destructeur, compact et bigrement bien ficelé ! Une rythmique d’acier poudrant sans failles, une énergie incandescente en trame musicale ou la dualité riffs incisifs/chant frénétique hurlé fait son effet perpétuel, des lyrics assénés en frenchies et traitant de l’existentialisme, une prod presque sur mesure (guitares prenant à mon sens parfois la primauté au chant)… Perso, la règle du Je, je la kiffe et l’adopte ! Sans protestations, sans réserves rédhibitoires et surtout sans retenues.

Car nos « Dagoba coreux » en juste cinq titres démontrent non seulement un savoir faire certain ; mais plus encore un potentiel énorme. Les gars en ont sous la pédale, indéniablement, et on prendrait même les paris sur une réussite à tenir aisément la distance sur la longueur d’un album car nos Dagos affichent une réelle personnalité, une vraie unicité. Un nappage mélodique en filigrane ou encore les percussions du Max étant par exemple autant d’éléments rajoutant à la plus value musicale des parisiens. Quand bien même l’entame d’ « Anesthésie » pourra faire penser à certains d’entre vous au « Un Jour en France » de « Noir Désir », quand bien même la tuerie ouvrant cet Ep pourra vous remémorer « Silmarils » et sa fusion… Dagara a du caractère, une démarche cohérente et prometteuse. Putain de France de Nico qui recèle de nouveaux talents à foison à l’image des T.A.N.K, 6 :33, Absurdity, Unsafe et autres Bad Tripes ou Bawdy Festival

Pour conclure, Dagara m’a foutu mon intraveineuse, et le vieil MPK est maintenant de bonne humeur. Requinqué, apaisé, satisfait, que demander de plus les blaireaux ? Ah ouep, un album plutôt qu’un cinq titres ce qui évitera déjà de limiter ma notation de prosélyte des dagos. Mais bon, malgré tout dans ce monde de brutes, tout viendra à qui sait attendre, le déclenche et surtout le mérite. Alors les potos, 2012 fin du monde, mon C.. ! Premier opus de Dagara, cela va le faire incontestablement !!! On parie les djeuns ???

 

Tracklist :

1 : La Règle Du Je
2 : Anesthésie
3 : L’Envers Du Décor
4 : Azerty
5 : Prosélyte

 

Myspace : http://www.myspace.com/dagaramusic

Trivium – In Waves

Trivium – In Waves

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller) : 8,5 / 10

 

Noirceur, explosion, risques et périls; Trivium est de retour pour une, voir la sortie majeure Metal de cette période estivale touchant à sa fin. En un peu plus d’une décennie et avec maintenant cinq opus à leur actif, les quatre d’Orlando pointent depuis déjà un certain temps dans la caste si sélective et si enviée des pointures internationales de notre planète auditive préférée. Produit par Colin Richardson et enregistré aux « Audiohammer Studios », ce « In Waves » nous arrive en pleine face trois ans après un « Shogun » ayant laissé les aficionados du combo dans l’expectative devant, -entre autres surprises-, ses facettes techniques démonstratives. On ne réécrira pas l’historique complet des floridiens, mais pour schématiser un tant soi peu et satisfaire la curiosité des néophytes, résumons grossièrement ainsi la carrière du Band de Matt Heafy…

Des débuts fracassants dans un pur style Metalcore sans concessions avec à la clef des « Ember To Inferno » en 2003 et « Ascendancy » en 2005 affichant un potentiel et un éclat fréquentiel permettant immédiatement à Trivium de percer mondialement. Et de s’entourer d’un auditoire fidèle. Le buzz est fait, la machine destructrice est en branle et impossible à stopper. La notoriété est déjà là, et un « The Crusade » plus Thrash arrive dans la foulée qui désarçonne quelque peu les fans de la première heure. A la stagnation, engendrant inévitablement à mon sens la régression et la lassitude, à la facilité de persister et se complaire dans une recette fonctionnelle et porteuse le quatuor préfère se faire plaisir et donner libre cours à ses évolutions musicales et envies du moment. Et forcément le « Shogun » plus Heavy et technique déboulant en 2008 va être toute à la fois critiqué par le public de la première heure clamant la haute trahison et rameuter de nouveaux adeptes moins sclérosés dans le Core. Pour en finir, notez cependant que chaque album n’évoluait pas de manière tranchée dans un des styles précités, mais plutôt dans des nappages d’emprunts, différence notoire permettant une cohérence du cheminement musical du Band.

Et donc, inévitablement le premier propos à éclaircir sur ce « In Waves » s’imposera d’emblée : Evolution, révolution, retour en arrière, immobilisme… Et personnellement je me mouillerai en explicitant que cet opus est celui de la maturité et la consécration car affichant un peu de tout ces éléments. Trivium délivre dorénavant son Metal, unique, fruit des quatre albums précédents, et ou s’entrelacent et s’entrechoquent les sous styles précités que sont le Core, le Thrash, le Heavy… Voir le Death ! Une alchimie parfaite pour peu que l’auditeur ne soit pas enferré dans des dogmes insurmontables et appréciant une mélodicité dorénavant intrinsèquement plus présente. Facette que l’on ne pourra en aucun cas imputer au crédit du nouveau bûcheron derrière les futs, le sieur Nick Augusto remplaçant Mister Travis Smith.

Pour entrer dans le bois dur (poudré !!!), et n’étant pas adepte dur track by track que certains chroniqueurs vous délivrent inévitablement pour pondre des reviews donnant dans le roman fleuve, voici une petite liste non exhaustive d’éléments expliquant le pourquoi du comment de mon ressenti quasi jouissif à cet opus. En tête de gondole, après le savant dosage des compositions délivrées dont nous avons déjà parlé, viendra immédiatement à l’esprit le sublime travail des chants. Nos trois compères, chacun dans leur registre s’en donnent à cœur joie et sont au sommet de leur forme, indubitablement. Le père Matt, on le savait et ce n’est plus une surprise ; mais les deux autres se mettent au diapason… Et forcément on acquiesce et en redemande. Cela d’autant plus, qu’au niveau production sonore, le « sur mesure » ne le rend qu’ « aux petits oignons » ; autant dire que l’on donne dans le pêcher !!! Parallèlement la tracklist s’avère presque sans faille, et surtout trustée de highlights. Entre l’hyper énergétique fracassant titre éponyme, des « Black » et « Built To Fall » corrosifs syncopés aux refrains hymniques s’ancrant viscéralement dans votre encéphale ou des échevelés « Chaos Reigns » tout au taquet ; les morceaux de bravoure sont légions.

Mention spéciale à un « Caustic Are the Ties That Bind», pur moment d’anthologie et exemple parfait du talent de composition du Trivium de cet an de grâce 2011. Dans une même plage arriver à nous scotcher avec des relents de lignes de guitares à la Running Wild façon « The Rivalry », nous faire nous remémorer deux décennies plus tard un Black Album à la Metallica, nous sidérer par des voix et arpèges claires avant de relancer la sauce manière Prog et de nous lâcher les chevaux dessus puis nous pulvériser par une dualité d’exception des soli de grattes… Pfffff, Halte au feu. Ce « Caustic » est plus qu’une boucherie, une pure tuerie. Une véritable perle au milieu d’un écrin de saveurs ; le genre de titre qui justifie à lui seul l’investissement d’un faible écot qu’on ne filera pas à Sarko. Maintenant, si vous faites partie des nantis qui se moquent de la taxe « canettes », le « In Waves » en édition spéciale contient un excellent cover des frères Cavalera, « Slave New World ». Devinez voir quel exemplaire trône dans ma petite collection ???

Pas besoin de conclusion, vous l’avez bien compris. Ce Trivium est un opus indispensable en attendant plus qu’impatiemment la sortie du prochain Machine Head qui ne saurait tarder. « Burn My Eyes », « The Blackening »…. Des albums cultes. « In Waves » n’en n’est pas si éloigné…

 

Tracklist :

1. Capsizing the Sea
2. In Waves
3. Inception of the End
4. Watch the World Burn
5. Dusk Dismantled
6. Black
7. Built to Fall
8. Caustic Are the Ties That Bind
9. A Skyline’s Severance
10. Forsake Not the Dream
11. Chaos Reigns
12. Of All These Yesterdays
13. Leaving This World Behind

 

Site Officiel : http://www.trivium.org/
Myspace : http://www.myspace.com/trivium
Facebook : http://www.facebook.com/TriviumOfficial

Unsafe – Masterpiece Of The Absurd

Unsafe – Masterpiece Of The Absurd

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller) : 8/10

 

De l’aube des temps à nos jours, et plus encore depuis la théorie d’un certain Albert Einstein, l’évolution a toujours été sujette à caution ambivalente quant à symboliser la progression ou la régression. Le fait que rien ne reste figé en ce bas monde, l’affirmation que tout élément ne disparaisse point mais génère ou dégénère, est une constante qui ne peut être niée et qui pourrait être calée et calquée sur les pléthores de légions de combos composant notre planète Metal toujours en mouvance et en fusion…

Unsafe, groupe de Limoges fondé en 1998, pourrait ainsi en représenter un véritable cliché stéréotypé tant la trame historique aboutissant à la sortie de ce second opus chez M & O Music symbolise l’évolutif bouillonnement constant du Metal. Et particulièrement celui du magma hexagonal… De démos diverses en fluctuations de line up, Unsafe accouchera néanmoins d’un premier Lp en 2009 ; un « Manipulate Progress » au Thrash mécanique massif, potentiellement intéressant mais nimbé cependant d’une certaine linéarité. Cette dernière, -il y a tout juste deux ans !-, a du décourager bon nombre d’aficionados du style, voir même en rebuter carrément certains. A titre personnel puisque faisant partie de l’ancienne école des chroniqueurs n’hésitant pas à se mouiller, l’intérêt de ce premier release m’apparut bien relatif et synonyme de premier « jet » d’un groupe paraissant chercher tout à la fois sa voie et son unicité. Autant vous dire que la sortie de ce second opus engendrait dans mon bulbe dégénéré, plus que de l’attente impatiente, de la curiosité modérée.

Il n’empêchera donc que ce « Masterpiece Of The Absurd » à l’artwork cover très réussi et délivrée par la chanteuse Stéphanie sera, disons le d’emblée, une certaine surprise et une réussite certaine ! La trame musicale du combo évoluera résolument dans la veine actuelle ou les anciens sous styles (power-Thrash-death, voir Prog) deviennent inter dépendants les uns des autres et entrelacés ou imbriqués jusqu’à ne faire au final qu’un produit que l’on pourrait dénommer Metal moderne. L’ensemble musical ainsi concocté, plus que cohérent, s’avérera irrémédiablement conquérant et destructeur à l’image de la doublette d’entame « Revolution » et « Destruction » qui permettront aux limougeauds de gagner la partie d’entrée. Capter et séduire son auditoire de prime abord est une chose ; mais conserver son attention en est une autre. Et autant le clamer sans concessions, à ce petit jeu là Unsafe maîtrise sa recette à la perfection en poudrant certes… Mais aussi en saupoudrant : Une intro groovie, corrosive, syncopée sur « Keep Your Mouth Shut », une dualité guitare claire volatile /rythmique massive sur le progressif instrumental « Close To The End», un tonitruant virevoltant et déjanté « Fire » suivi d’un martial « Blockhead Nations »… Cessons le track by track tout en savourant indéniablement notre plaisir.

Et ce quand bien même un cordon ombilical entre les suédois d’Arch Enemy de la divine Angela Gossow et nos hexagonaux d’Unsafe parait transparaître par instants ; voir même être omniprésent sur l’excellent « Blockhead » précité. Entre le timbre de voix de la miss Stéphanie et le jeu de guitare affiché, le Death mélodique des frères Amott sort de l’ombre sur ce titre pour s’afficher en pleine lumière. Mais l’influence des scandinaves, quoique encore présente sur le « A Place In Heaven » suivant, voir le « Good For Nothing », ne se voudra et montrera ni sous forme de plagiat, ni sous celle de la régurgitation. Plutôt en filigrane partiel et séquentiel. Nos frenchies se permettront ainsi de terminer leur exercice de style en roue libre et de clôturer un opus sans faille par un « Metaluna » aux facettes épileptiques s’ancrant en vos neurones tel un chancre mou sur la bite vérolée d’un moine moyenâgeux.

Plus qu’intéressant, plus que bien ficelé, plus que couillu ; ce « Masterpiece Of The Absurd » est à découvrir. Les lacunes redondantes du précédent opus ont disparu, la tracklist est plus mature et plus convaincante… Et dès lors, Unsafe séduit tout simplement ! Faute avouée étant parait-il à moitié pardonnée, je vous concède que je guetterai plus attentivement la sortie du prochain scud de nos limougeauds…

 

Myspace : http://www.myspace.com/unsafemetal

Pagan’s Mind – Heavenly Ecstasy

Pagan’s Mind – Heavenly Ecstasy

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller) : 9 / 10

Un peu plus d’une décennie et cinq opus plus tard, Pagan’s Mind, combo formé par la triplette des ex Silverspoon, Nils K. Rue, Thorstein Aaby et Stian Kristoffersen, est une des pointures mondiales du style Prog/Heavy power mélodique et symphonique. Le combo norvégien de Skien doit cette stature indiscutable à divers éléments que l’on va détailler plus après, mais dont les deux constantes principales sont d’une part la stabilité du line-up n’ayant vu depuis la genèse que le seul départ du guitariste décédé d’une longue maladie T. Aaby. Et de l’autre la qualité des opus délivrés jusqu’alors et véritables offrandes pour tous les aficionados de ce sous style Metal dont les lettres de noblesse se déclinent cousues de fils d’or quand un tel niveau d’excellence est continuellement atteint.

Pour vous résumer le cheminement discographique de nos cinq norvégiens, disons juste que l’ « Infinity Divine » de 2000 (ré enregistré et ressorti en 2004 avec un bleu de cover légèrement différent) jeta les pierres de l’édifice. Le « Celestial Entrance » de 2002 fit connaitre mondialement le groupe avec le monstrueux « Through Osiris Eyes » que suivit en 2005 un « Enigmatic Calling » montant encore en puissance et accouchant d’une tracklist somptueuse : ou « Le Son » et la musicalité de Pagan’s Mind trouvent leur maturités et mises en place définitives.  L’accouchement du « God’s Equation » en 2007 sera alors un pur moment de jouissance auditive tant l’osmose entre instrumentistes donnera un rendu parfait d’agrément : Du titre éponyme à l’album et véritable tuerie en passant par un cosmique « United Alliance » ou un frénétique et mélodique « Atomic Firelight », aucun temps mort, aucune faute de gout. En attesteront d’ailleurs encore par exemple, un expérimental et subtil « Hallo Spaceboy » tout viscéralement dantesque dans sa dualité ravageuse et mélodieuse, et… Osiris pourra même se permettre un retour triomphal tonitruant.

Se passeront ensuite alors quatre années avant que ne nous déboule dessus ce « Heavenly Ecstasy » dont tous les amateurs du groupe noteront d’emblée évidemment que l’Artwork Cover usité a pour la première fois mis de coté les teintes bleutées, froides, cosmiques et mystérieuses jusqu’alors toujours utilisées. Et ce au profit de couleurs rouge et orangées, -quand bien même la trame stylistique de la donzelle demeure dans une veine semblable-, plus chaudes et enflammées. La glace après le feu, la chaleur après le froid, une révolution ou une évolution, le coffret limité Cd/Dvds du Fantastique « Live Equation » paru en 2009 comme pur joyau et jalon visuel des prestations scéniques d’exception de P’sM avait cependant ouvert la brèche avec une Box de couleur noire. En aparté pour ceux qui découvriraient seulement nos divins scandinaves, le conseil de vous offrir cette équation en public sera on ne peut plus judicieux et économique pour vous permettre de saisir et apprécier tous les talents du combo de Nils K Rue. Un condensé, un concentré, une pure tuerie indispensable !

Bon, je m’égare encore dans mon éloge de la folie de chroniqueur passionné, et Erasme va encore brailler que je lui donne du travail, alors revenons à nos petits moutons norvégiens qui eux n’ont pas besoin de corpse paint pour se démarquer. Car pour les ignares invétérés, sachez que P’sM est avant tout une alchimie parfaite d’ingrédients sublime séparément :des claviers aériens ou plus insidieux, une basse bourrue ou tranchante et incisive, des riffs discrets ou crevant le devant de scène tous comme les soli d’exception du sieur Viggo, une assise de batterie colossale ou le bucheron n’en rajoute que rarement…Autant d’éléments finement dosés et exécutés passants au second plan dès que le chanteur d’exception dans la veine qualitative des Roy Khan ou Dio, arrive et écrase tout sur son passage. Tout cela sans un talent subtile de la composition et de l’arrangement ne servirait à rien, et P’sM parallèlement ne perdra jamais de vue la mélodicité tout d’abord, le ressac d’intensité en suite, et enfin l’originalité sous jacente à chaque track. Vu leur succès, il serait cependant aisé de se laisser soumettre à la tentation de l’auto plagiat comme d’autres combos ayant trouvé un filon audio et l’usant jusqu’à plus soif ; mais nos scandinaves relèvent le gant et osent faire évoluer leur musicalité.

Pas de ruptures nettes ou fractures néanmoins, mais plutôt des convulsions homéopathiques qui voient les empreintes des sieurs clavistes Ronny Tegner et du shredder Jørn Viggo Lofstad s’affirmer exponentiellement. Ce dernier (ce mec est un dieu, ndlr !) qui a officié avec Jorn ou Beautiful Sin est tout simplement et viscéralement un tueur dont l’art du riff et du solo sont sidérants et rarement égalés. Sa marque grandissante sur les compositions délivrées enferre celles-ci dans le firmament des structures de hautes tenues, qui plus est continuellement rehaussées par les lignes organiques et volutes d’un claviste devenant petit à petit omniprésent. L’entité, d’hybride prometteur, est devenue un monstre conquérant, un véritable bulldozer dévastant vos cages à miels de somptueux brulots et dont la prestation vocale hors norme du frontman est le nec plus ultra. Ajoutez à cela, une limpidité et une puissance sonore sur mesure depuis l’ « Enigmatic Calling » de 2005, et vous saisirez l’unicité et l’essence même et profonde du label Pagan’s Mind.

La tracklist de ce « Heavenly Ecstasy » se conformera aux précédentes entames d’opus du combo avec un premier « Contact » dans la pure lignée des « Approaching », « Conception (s) » ou autres « Prelud to Pagan », quoique plus épuré sur la longueur. Histoire de ne pas trop nous faire languir et de poudrer et submerger immédiatement et irrémédiablement vos petits neurones effarouchés par une paire colossale (sans jeu de mots !), « Eyes Of Fire »et « Intermission ». Deux titres pêchus et mélodiques qui se montreront sans fards tels les meilleures titres assénés par P’sM et dignes des « Osiris » et autres « God’s Equation ». La recette est maitrisée et excellemment concoctée, et bon nombre de groupes se contenteraient de surfer sur leur vague porteuse sans aller chercher plus loin. Mais les comparses de Nils sauront toute à la fois œuvrer dans leur terrain de prédilection, à l’exemple de l’un des highlights “Revelation To The End” à la dualité ciselée des lignes organiques et de chants, et s’en écarter par un surprenant “Live Your Life Like A Dream” flirtant sommes toutes avec l’Aor. Et ce quand dans l’instant d’après… Un déjanté speedé expérimental et syncopé de soubresauts “The Master’s Voice” vous skotchera sur votre séant endolori, un peu à la manière d’un passé « Hallo Spaceboy ».

Au final, ce « Heavenly Ecstasy » qui se terminera par une Pagan’s Mind pur jus avec le « Never Walk Alone » de clôture, se dévoilera dans les mêmes sillons appréciatifs et qualificatifs que le culte « God’s Equation ». Ce dernier marquait une apogée, un nirvana atteint, une quête du Graal conquis et cette suite s’en inspire tout en y ajoutant de parcimonieuses nouveautés. Réussir deux coups de maitre d’affilée tient du prodige en soi et démontre que Pagan’s Mind devient un monument incontournable. Contrairement à ce satané « When Angels Unite », avant dernier titre de la tracklist, dont je me demande bien comment une souris aussi chétive geignarde et irritante a pu passer à travers les mailles du forceps d’acier ! La perfection n’est pas de ce monde parait-il, et « God’s Equation » en était la preuve du contraire. « Heavenly Ecstasy » est juste un ton –moindre- au dessous… N’empêche que nous avons ici en mains le meilleur album sorti pour l’instant en cet an de grâce 2011…

Enfin à mon sens, car Pagan’s Mind je vous dois de l’avouer pour être impartial, est comme vous vous en êtes surement légèrement aperçu mon groupe de prédilection. Je suis tombé dans la marmite il y a sept ans, et depuis lors n’ai pas cherché à nager pour m’en extraire… Encore seize jours à attendre la réception du coffret commandé en pré-order chez les teutons. Rha Lovely !!!!!

 

Myspace : http://www.myspace.com/pagansmind